Novembre 2012/2014
11 nov. 2012. Vu hier au musée des Beaux-Arts de Chambéry, dans l’exposition consacrée à Laurent Pécheux (l’un de ces petits maîtres du XVIIIe que l’on oublie dans les rétrospectives, qui fut pourtant un peintre délicat et l’inventeur du néo-classicisme), une toile représentant Minerve voilée, la taille prise dans une draperie mauve, assise au chevet d’un lit où une jeune femme nue, allongée dans la pose de la Vénus d’Urbino, nous regarde en rêvant, indifférente aux leçons de sa demi-sœur, effleurant d’une main une couronne de roses et froissant de l’autre un coin de drap entre ses cuisses, tandis qu’une bande d’amours chasse au filet des colombes égarées dans les courtines. Voilà : le lecteur est Minerve, la vierge sage, et l’auteur cette courtisane abandonnée aux plaisirs de l’instant, et d’abord à celui de l’imagination, le premier des péchés.
Novembre 2012/2014
15 nov. 2014. De mon ancienne vie, il ne me reste presque rien. un nom gravé au fer rouge au linteau de ma porte : LIVIA. Une dizaine de caisses au galetas, remplies de planches colorées où la même oie naïve court de place en place sur des spirales de bandes dessinées. Et un amas de papiers disparates : des liasses dactylographiées, incrustées d’extraits de plans et de coupures de journaux, parfois furieusement annotées, des feuilles pliées en quatre couvertes d’une fine écriture, des bribes sans emploi, des tableaux chronologiques… Il faudrait retrouver la folie qui m’animait. Tenter d’oublier la question qui me taraude. Car oui, à quoi bon ?