Roman typiquement "Amérique profonde" , celle des petites villes et des églises et surtout des pasteurs omnipuissants .
Ainsi le pasteur Chambliss, un prédicateur énigmatique au passé trouble et au corps brûlé fascine sa paroisse malgré ses pratiques violentes pour extirper le mal de la ville.
Et puis un jour un jeune garçon muet décède dans des conditions troubles au cours d'une cérémonie religieuse .
Le récit est constitué des témoignages de trois personnages inoubliables : une religieuse, le shériff qui traine également un lourd secret et Jess, un petit garçon de 9 ans frère du gamin décédé et dont la famille va être détruite par les agissements du pasteur.
Roman choral donc avec trois styles de récits , trois visions des faits qui s'entremêlent pour arriver à la vérité ou plutôt une vérité parce que rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Un roman fort et émouvant qui dénonce également les dégâts de tous les fanatismes et principalement religieux dans cette Amérique profonde qui foisonne de prophètes .
Un grand moment de lecture .
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Pour les gens du coin, la religion c’est comme une drogue : ils sont si accros qu’il sont capables de se plier à tous les diktats de ces petites Églises de campagne. Au nom de leur foi, ils sont prêts à tout : à s’entretuer, à foutre leurs mômes à la porte, à tromper leurs maris ou leurs femmes et détruire leurs familles par la même occasion.
Quand on regarde de près, on trouve pratiquement tout ce qu’il faut dans les bois de la montagne, et quand on est pauvre on regarde vraiment de très près. Le gingembre sauvage calme la coqueluche, la balsamine fauve les irritations causées par le sumac vénéneux et, si on a envie de conter fleurette, mieux vaut utiliser de la bergamote qui vous fera l’haleine fraîche et de belles dents bien solides.
Depuis, j’ai appris à prendre la vie comme elle vient sans me préoccuper de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Il n’y a que comme ça que les choses peuvent prendre un peu de sens.
Laver, c’est drôlement dur pour les mains. Quand elles restent mouillées trop longtemps, elles pèlent pareil qu’un oignon. Ça fait les mains douces, mais après qu’on a passé du temps à frotter et à savonner, bon Dieu ! on souffre l’enfer. Je détestais cette besogne, mais j’avais pas trop le choix.
Est-ce que c’était ça qu’on éprouvait quand on voyait un mirage dans le désert après qu’on s’était perdu, qu’on avait rien bu du tout et qu’on était à deux doigts de mourir ? J’imagine que, quand on est aussi mal, notre esprit peut nous faire voir pratiquement tout ce qu’il veut qu’on voie.