Lecture jeune, n°118 - Bruno Castan évoque l’histoire vraie de Victor de l’Aveyron. Au début du XIXe siècle, un enfant sauvage fut capturé et confié à la garde d’un jeune médecin souhaitant faire la preuve de la nécessité de la socialisation dans le développement de l’individu. François Truffaut, à partir des rapports du Dr Itard (1801-1807), a fidèlement adapté à l’écran le récit des observations et tentatives d’éducation du jeune garçon. « Tu n'es plus un sauvage, même si tu n'es pas encore un homme » concluait le personnage du docteur dans le film L’Enfant sauvage. Les questions de culture, d’éducation, de communication et d’humanité sont posées par cette oeuvre forte. Le texte de B. Castan ne fait qu’évoquer les scènes d’expériences à caractère scientifique qui étaient au coeur du projet du cinéaste. L’évolution et l’apprentissage de Victor se font ici dans des instants du quotidien — un bain, le tri d’aliments, une promenade… L’enfant sauvage est peu acteur de l’histoire. Cette extériorité était aussi le parti pris de Truffaut, ce pour mieux renforcer la notion d’objet d’étude. Ici, il s’agit de s’intéresser aux relations qui se nouent avec l’enfant et autour de lui, entre le docteur Villeneuve et sa bonne, madame Guéret. Ce personnage très attachant de femme simple impose au récit sa couleur, celle de la tendresse et de la douceur. Elle constitue une forme de lien nécessaire entre l’état de nature et de culture puisqu’elle-même ne sait ni lire ni écrire et malmène la grammaire française. Une entrée riche, et pleine d’empathie, pour les plus jeunes lecteurs, dans les multiples interrogations amenées par cette histoire. n Hélène Sagnet
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