AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 500 notes
Interrompu ! Impossible d'aller au-delà des 60 premières pages. Déçu ? Pas vraiment. Après le bouleversement ressenti il y a une dizaine d'années à la lecture de Voyage, je n'avais pas relu autre chose de Céline.

Une envie d'en connaître davantage, quelques achats compulsifs d'autres ouvrages de cet écrivain inclassable et je commençai ce roman.

Et là, choc, surprise, difficulté d'adhérer et d'entrer dans le texte. Ce style, déstructuré, où les points de suspension se succèdent les uns aux autres, où les expressions mêlent langage châtier et argot voire vulgarité… On sent dans les quelques pages l'amertume de Céline, une volonté de s'auto-réhabiliter après son retour d'exil danois, mais en 60 pages on ne voit rien d'autre, pas de but, pas de fil, pas de chemin.

Céline disait, semble-t-il, qu'il n'était et ne prétendait pas être un auteur à messages. C'est réussi… ou alors je n'avais ni l'esprit, ni l'humeur pour affronter et peut-être goûter une simple mais tellement originale figure de style ?

A voir, dans quelques temps, dans quelques années peut-être ?
Commenter  J’apprécie          121
Si vous connaissez l'histoire de cette période, Alors un grand bonheur de lecture vous attend.
Du grand Céline !
Commenter  J’apprécie          110
Faudrait-il encore parler du style de Céline ? de cette créativité enthousiasmante, des superbes fulgurances, des mots inventés à propos et qui sonnent comme s'ils avaient logiquement toujours existé ou comme s'ils devenaient soudain nécessaires à exprimer une idée. Cet art de transcrire la langue parlée, cette illusion de facilité d'écriture, de faux « naturel » qui ferait presque oublier le travail d'écriture, le labeur que cela suppose.
Ah, Céline ! Oserais-je dire qu'il a été avant tout hué et montré du doigts par les résistants de la dernière heure, plus lâches que lui en ce qu'ils n'ont absolument pas choisi leur camps avant de savoir avec certitude qui l'emporterait ? Voilà un Céline bien amer, et pour cause : le voici devenu sous-homme, monstre que les braves gens sont près à lyncher, tout légitime qu'ils sont à lui cracher dessus à présent que la guerre est gagnée.
Céline, tel un paria, se retranche dans son « château », son logement de Meudon où est installé son cabinet médical. Ah, Céline ! Quelle mauvaise foi, quand même ! C'est qu'il faut oser, avoir un incroyable toupet, pour s'aventurer dans une oeuvre qui hurle à quel point le monde est injuste et cruel envers lui. Mais pourquoi donc cet acharnement ? La terre entière le méprise, lui qui n'a absolument rien fait ni rien écrit de mal. Voilà : il a tout à fait oublié ses écrits, son antisémitisme, ses positions accablantes, ses relations pendant la guerre. Mais non, cela reste injuste quand même et le laisse bien aigri. Alors, il écrit sa révolte, il gueule comme le monde entier est contre lui.
Même ses patients se méfient de lui, même les pauvres le prennent de haut. Les éditeurs ? Peuh ! Ils le ruineront, le tueront et danseront sur sa pauvre tombe d'artiste laborieux et pauvre. Quant à ses pairs… Sartre, Malraux, il les déteste tous. Non, vraiment, quelle vie de malheur pour un homme qui n'a rien à se reprocher !
Il faut sacrément aimer Céline pour sourire avec tendresse de ces plaintes éhontées. On se dit alors : « Il a osé ça, le bougre ! », et on est partagé entre une légère indignation et une admiration au moins pour l'audace. Céline est décidément à part, inclassable, aussi vil qu'admirable, détestable et splendide. Cette première partie est une sorte de pamphlet outré, de procès à charge contre ses détracteurs, contre la terre entière ou presque, contre ses rivaux surtout, nombreux et féroces.
Et soudain, il tombe malade, comme si la vie ne l'accablait pas déjà suffisamment. Il est décidément maudit. La fièvre le ramène à l'autre château : à Sigmaringen. Il rêve, il hallucine, il se souvient, on ne sait pas bien. Il est emporté là, dans ce château, et ses souvenirs vont venir se glisser entre deux motifs de plaintes. C'est que lui aussi a fui, le lâche, pour s'éviter l'importunité réservée aux collaborateurs. C'est avec les derniers fidèles à Pétain qu'il part se réfugier à Sigmaringen, avec tous ses semblables, pauvres réfugiés presque innocents, rescapés du lynchage public. Là-bas, on espère tous ensemble, comme en colonie de vacances, tandis que les Américains se rapprochent, que les russes avancent. Que c'est beau cet ultime élan, cette façon d'espérer encore, cette foi indéfectible alors que tout est déjà perdu !
Céline délire, et dans son délire il rit de lui et des autres, revient avec humour sur cette débâcle, sur cette absurde déroute. le récit prend un forme extrêmement comique. C'est une bande de bouffons perdus, d'illuminés retranchés dans l'espoir fou que leur destin va s'améliorer par l'oeuvre de je ne sais quelle magie. Et c'est magnifique : avec un beau recul, il décrit le grotesque de leur situation d'alors, eux les pauvres vichystes en exil. Les descriptions sont divines, drôles, caustiques. Leur existence à tous prend un tournant ridicule, du protocole des promenades quotidiennes de Pétain à la nourriture hautement laxative, et puis les allemands, l'espoir fou qu'ils peuvent encore gagner, que la nouvelle Europe est à deux pas du triomphe. Ah, c'est loufoque ! Et c'est beau, ce recul sur leur ridicule condition d'alors. Une débâcle racontée avec un bel humour, une saine autodérision.
D'un château l'autre … sans ordre, sans lien évident, sans transitions, un récit dénué de chronologie, de suite logique entre les différents événements, souvent des scènes de vie au château que Céline écrit comme elles lui viennent, comme un délire de fièvre. Aucune ligne narrative sinon une sorte de délire de la mémoire. Il est malade, c'est tout, et sa maladie est provisoire, une diminution passagère. Voilà là le superbe parallèle, l'élément liant : la vie à Sigmaringen était aussi une régression, une parenthèse dans la vie, une sorte de maladie, de fièvre, dont il s'est rétabli. La maladie tout comme l'exil ne sont que des parenthèses, un petit détail historique, une chimère que l'on oublie bien vite une fois que l'on en est sorti.
Céline sait être tendre, aussi. Il aime son épouse, femme douce et compagne de toujours, qu'il protège même en idée, à qui il pense sans cesse. Que deviendra-t-elle ? Il s'en soucie beaucoup. Il y a aussi le chat, animal sans attache, peu fidèle, solitaire et fier, qui lui correspond assez. Et enfin, quelques patients fidèles, des nécessiteux et des souffrants, juste de quoi s'assurer que non, Céline n'est pas un monstre : il élit, sélectionne, jauge. Il hait les intellectuels qui le lui rendent bien mais éprouve une infinie tendresse pour Mme Niçois, sa voisine et patiente, femme simple et fragile. Il choisit, selon ses propres critères, qui il aime et qui il voudrait voir mort. Céline est entier, voilà. Cruel sans doute, froid, rude, mais encore capable d'amour. Céline est duel, et surtout un peu fou, j'y songe à chaque fois que je le lis. de cette sorte de folie, d'illumination élevée de celui qui a compris la vie sans jamais prendre la posture hautaine d'un sage pour autant. de cette sorte de fou supérieur à qui j'aimerais beaucoup serrer la main.
Commenter  J’apprécie          82
Céline raconte comment il s'est replié avec Petain et tous les collaborateurs vers l'Allemagne, après la libération de la France. Il raconte aussi ses années de captivité pour expier ses fautes. Il se fait un chroniqueur de cette période, avec ironie, dégoût et moquerie. C'est assez intéressant pour retrouver la plume de Céline et comprendre cette période, du point de vue des vaincus, mais ça n'a pas de grandre valeur.
Commenter  J’apprécie          70
Céline sur la route de la débâcle, celle d'après la libération, celle des puissants déchus ! C'est drôle et pitoyable à la fois, c'est monstrueux et dérisoire ; une fuite vers nulle part, vers le Danemark, pour rien. La langue est complètement hachée, ponctuée de borborygmes, on chute, on se relève, ça hurle, ça fait mal ! après 40 ans, l'impression de ce livre est toujours présente dans ma mémoire !
Commenter  J’apprécie          60
Céline antisémite. Mince ! Comment un type pareil a pu tomber dans le panneau ! Quelle écriture ! J'ai voulu savoir ce qu'il en avait écrit de Sigmaringen. Sigmaringen, c'est là où toute la clique à Pétain s'est réfugiée en Allemagne à la fin de la guerre. Je n'ai pas été déçu. Livre à classer absolument dans les "gothiques". Et cet humour sans en avoir l'air...
Commenter  J’apprécie          50
Un morceau d'homme, un morceau d'histoire. Cette trilogie est complètement folle. Style et récit complètement radicalisés. Je lis dans les critiques qu'il faut juger l'oeuvre et non l'homme. J'ai quand même le sentiment que LF Céline nous livre un bout de son âme et de son histoire. Moi, je juge l'homme également. On devrait pouvoir le juger au regard d'une morale alternative, Nietzchéenne en quelque sorte. Par ce prisme, on lirait dans son défaitisme, sa passivité, son flegme, les traits les plus caractéristique des anti-surhommes. le minable par excellence! Et pourtant, LF Céline (l'auteur ou le narrateur, qu'importe!), homme de tous les vices politiques, est sacrément sympathique! Effet d'une prime à l'authenticité, certainement.
Commenter  J’apprécie          50
Mon second Céline après 4ans et la claque fangeuse et brutale que je me suis prise avec Voyage au bout de la nuit. Des Lectures sont passées et ont continués à forger mon esprit de lecteur, comme si toutes ces lectures avaient qu'un seul et unique but, celui de me refaire lire un Céline. Mais j'ai compris maintenant, je sais comment aborder un LFC .

D'un château l'autre c'est cet ami, enfin cette connaissance adossée au bar, celle qui a bu plus que de raisons et que tu ne connais que d'après les autres : "mais oui, il est fou. On ne comprend rien, son parler est désastreux, c'est un pauvre type !!!". Alors toi, tu t'approches parce que les gens torturés c'est ta came et tu entends quelque chose "...". Ces trois petits points qui vont te changer ta vision de l'écriture, du roman et de la littérature. .

Il va se passer quelque chose, une soudaine fascination prendra forme, de la peur et surtout beaucoup d'incompréhension. Toujours accoudé au bar cet individu va commencer à te parler et ne va plus s'arrêter, un flot continu de paroles ponctuées de manière très aléatoire, c'est faux. Au fil de son discours tu perçois une cohérence, des noms qui reviennent, des endroits, des esquisses de descriptions pour planter un décor bien trop sombre déjà. Une fusion entre toi et ton interlocuteur s'installe et tu es happés. .

Il va te débiter soixante et trois ans d'histoire, dans les grands lignes, tout en prenant bien soin de te perdre deux trois fois, pour savoir si tu suis et bien sûr que tu le suis. Tu ne le lâches plus. Ce que tu prenais pour du charabia prend la forme d'une poésie, de phrases claires... et voilà que se dessine, l'amour, le vrai, l'amitié, les trahisons et L Histoire celle de la Guerre, celle de Céline. Cet individu qui se vide plus que de raisons et qui ne cessera de parler qu'une fois que le glas aura sonné... Il ira cassé sa pipe au Nord et d'un Château L'autre il s'en ira avec Lili et ses chiens pour son plus beau Voyage au bout de la nuit. .

Céline c'est ce compagnon étrange qui n'est intéressant que si on s'intéresse à lui. .
Commenter  J’apprécie          50
Céline avec cet oeuvre nous donne des clef sur ce qu'est un Road Movie ! Céline a donné beaucoup de clef en creux par sa vie aussi !
Commenter  J’apprécie          50
Un livre qu'on n'envoie pas paître uniquement parce que Céline...parce que le génie messieurs dames...même en voie d'extinction... même crispé parce qu' à bout se souffle... parce que traqué... même terré dans son antre comme une vieille bête... peut ressortir ses crocs et son oeil luisant...dans une errance nocturne...par fulgurances filantes... pour régler leur compte à quelques brebis...dernières morsures... mais sans classe...sans conviction...sans appétit... dans un coup de vent qui fait s'envoler les dernières miettes de son instinct sauvage...


Deux étoiles tout de même, une pour chaque oeil luisant.

Un Céline sans grande inspiration qui nous étouffe dans une histoire sans fil conducteur. le Voyage devient ici un lointain souvenir car ce livre n'est malheureusement que le récit embrouillé d'un "Louis Ferdinand Sénile" qui se pose en victime expiatoire. Répertoire des saloperies, des crasses et des lâchetés des uns et des autres dans une époque bien trouble. Tout le monde y passe, des politiciens aux petites gens sans oublier les éditeurs. Les rescapés sont rares. Seuls sa femme Lili et les animaux sont innocentés.

Pas de Génie de Céline sans l'expérience de 14/18. Mais pas de Démence non plus. Il en a trop vu dans les tranchées!
Commenter  J’apprécie          30





Lecteurs (1484) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz Voyage au bout de la nuit

Comment s'appelle le héros qui raconte son expérience de la 1ère guerre mondiale

Bardamu
Bardamur
Barudamurad
Barudabadumarad
Rudaba Abarmadabudabar

9 questions
1301 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand CélineCréer un quiz sur ce livre

{* *}