Troisième tome de Céline auquel j'ai eu le plaisir de lire jusqu'à présent et, pour moi, c'est une réussite.
Le titre est souvent souligné comme étant suggestif du format de la narration et, de fait, dans ce bouquin on passe souvent d'un château à l'autre de la vie de l'écrivain. D'abord son château à Meudon, où vit Céline avec sa compagne et une horde de chiens qui lui servent de protection/compagnie, dans la misère la plus sale et rejeté de son voisinage qui garde souvenir de son passé collaborationniste. Céline vit ainsi des minces profits de ces bouquins et des certaines consultations ci et là par la rarissime clientèle locale qui daigne lui demander service.
C'est dans cette partie du bouquin qui tient lieu la plus grande partie des discours aigris et incendiaires de l'écrivain contre ses détracteurs,
Sartre, Breton et
Roger Vailland d'entre autres. Céline se révolte aussi contre
Gaston Gallimard qui prend la plus grande partie du gâteau lui laissant dans la misère absolue. Si certes il est possible de voir dans ces propos des jérémiades ennuyeuses, la sincérité des critiques et aussi le fait qu'on puisse voir le côté du "méchant" dans toute cette suite d'événements finit par les rendre intéressantes à mon avis. Il est aussi digne de remarquer que le tout est rempli d'un humour très réussi.
Après s'ensuit des confessions choquantes sur son passage en prison au danemark, et finalement son séjour à Siegmaringen avec Lily et le chat Bebert. À ce stade du livre, j'ai cru retrouver une certaine similitude de ton avec
Mort à Crédit, en ce que la trame devient un enchaînement d'anecdotes sur les hôtes de Siegmaringen et sur ce lieu. Or, cela étant exactement ce qui m'avait donné du mal dans
mort à crédit, à voir la succession d'anecdotes cocasses plus ou moins connectés les unes aux autres, cette partie du récit m'a moins satisfait que la "première moitié" on pourrait dire.
Il vaut la peine aussi de mentionner un passage au milieu du livre quand l'écrivain se déclare prit de fièvre, et à partir de laquelle la narration devient de plus en plus et délirante. L'effet stylistique est absolument prenant, même si j'ai eu du mal à m'y mettre dans certains pages où ça devient trop bordélique et la divagation de l'auteur en plus de la succession frénétique des sujets m'ont donne du fil à retordre. le tout c'est un chapitre qui m'a laissé essouflé.