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4,08

sur 9993 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plutôt qu'une analyse conventionnelle, une liste d'influences, une liste d'ouvrages qui me sont apparus en filigrane : un Martin Eden banlieusard, une éducation sentimentale revue et corrigée par Zola et Renaud et parfois le loufoque d'un monde selon Garp. ET un style magnifique.
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Séville sous le soleil de l'été. Lorsque les rues sont désertes au moment de la sieste. Quelque part dans un jardin d'orangers. C'est là que j'ai lu et aimé Voyage au bout de la nuit. Par contraste entre le soleil étincelant et l'ombre enveloppe Bardamu. Par réflexion de cette ombre sur cette ville dont le soleil dissimule mal les souffrances. Par la plongée d'un moment au coeur de l'indignation de Céline. Partout où Bardamu traîne son corps, la souffrance de l'autre est là, sous un jour différent, mais projetée par Céline avec violence et rage. Et Bardamu fait ce qu'il peut. Regard cruel et cynique sur un monde qui change.
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Même si vous avez déjà lu ce roman, la version sonore lue par Podalydes vaut vraiment le coup. le langage parlé de Céline s'y prête particulièrement bien, et la lecture sobre qu'en fait le comédien m'a fait redécouvrir la richesse de ce texte, lu il y a longtemps. Superbe. ( pour information: 16 cd d'un peu plus d'une heure chacun).
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Avant d'en faire la lecture je savais que ce livre était sujet à des opinions très contrastées dues aux tendances antisémites de Céline qui ont fortement entaché ses écrits. Mais ce livre mérite une appréciation toute personnelle, une réflexion bien en amont du qu'en-dira-t-on, des rumeurs et autres préjugés véhiculés jusque-là.

Ferdinand Bardamu c'est notre anti-héros, c'est l'incarnation du vice et de la faiblesse mais c'est surtout un bien digne représentant de l'espèce humaine. Lâche quand il s'agit de se battre pour la Nation, d'humeur renfrognée quand il s'agit de partir en "exil". Loin du front, il fuit sa mère avec qui il entretient des rapports conflictuels et s'engage pour l'Afrique dont l'exotisme lui laisse à penser à une échappatoire au soleil.

D'aventure en aventure, les péripéties s'enchainent et Ferdinand est un intrus partout. Il gagne le nouveau continent porteur de l'American dream et se laisse transbahuté dans une vie de débauche et de petit pauvre des bas quartiers.
Mais le pain est toujours meilleur ailleurs alors la nuit s'étire jusqu'en France où notre héros exerce maintenant l'enviable métier de médecin. Peu respecté, en tâtonnement dans sa vie sociale, Ferdinand s'emploie à se faire un nom et une clientèle. Son périple s'étend à Toulouse et la quête d'une installation sereine s'éloigne car tous lieux semblent évocateurs d'une certaine représentation de la bassesse de population.

Et les femmes valsent dans sa vie comme des oiseaux de mauvais augure : Lola, Musyne, Molly... qui ne sont que des apparitions fugitives, des réhausseurs de dignité.
Enfin, il y a le fameux Léon, surnommé Robinson, qui est un compagnon de virée, un confrère d'infortune qui semble lié comme un aimant à une destinée funeste.

Quel oeuvre magistrale ! C'est splendide de descriptions finement ciselées et originales. Point d'ennui, tout est bon pour rire sur les petits travers du quotidien : des femmes rondelettes hantant les pâtisseries à celles vénales et profiteuses. C'est un bel exercice qu'a réalisé Céline, un portrait truculent du genre humain dans tout son égoïsme et sa noirceur.
Il est des âmes qu'il est bon d'exposer au grand jour et c'est en fomentant une échappée dans la nuit profonde que les êtres paraissent plus petits et miséreux.
Qu'ai-je aimé? D'alterner entre sourires et tristesse, d'être surprise par les tournures, par les images et autres figures de style toutes aussi renversantes les unes que les autres. Je ne suis pas d'accord pour qualifier ce livre de vulgaire classique empli de stéréotypes, car la dimension est bien au-delà et on remercierait volontiers Céline de nous terrasser sous cet obus.
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Oui, on connait tous les critiques habituelles sur l'auteur et son antisémitisme, oui certains propos du livre peuvent choquer aujourd'hui mais il serait dommage de passer à côté de ce chef d'oeuvre.
Je n'ai rencontré que deux types de personnes à son sujet : ceux qui détestent et ceux qui adorent. Je fais partie de la seconde catégorie.
Je l'ai lu et relu à des ages différents et je ne sais si cela en est la raison mais à chaque fois j'y trouve quelque chose de nouveau et de touchant, de dur et malheureusement de tellement vrai.
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Oubliez tout ce que vous avez entendu sur la vie de CELINE. Mon livre référence , une peinture réaliste de l'être humain et de ses comportements les plus noirs : de plus en plus d'actualité !!!!
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La nuit de Céline est une insomnie. Elle est longue comme la guerre, froide comme la peur et brulante comme l'exploitation, dans les colonies ou à l'usine. Elle est sale comme un amour tarifé, elle se brise comme une mauvaise amitié. On la traverse, au milieu des autres ou du chaos, mais toujours seul. Elle pose son ombre partout, sur les murs de gratte-ciels astiqués comme au milieu de la brousse ravagée, dans les bordels, les ateliers et les sous-sols des universités. La nuit de Céline est une fausse vie : qu'on y joue ou qu'on y bosse, qu'on y rit, pleure, jouisse, nul n'y rencontre jamais le bonheur authentique, nul n'y trouve la réponse au sens de l'existence. La nuit de Céline est hantée d'êtres hypnotisés qui confondent les rêves qu'on leur sert, à boire ou à manger, à lire autant qu'à visionner, avec la réalité : tout devient fumée… de cigarettes… de cheminées. La nuit de Céline est un cauchemar, qu'on nous éclaire par quelques veilleuses de néons grossiers, rythmé par des contes à dormir debout. On s'y perd, plus qu'on s'y trouve. Mille dangers guettent les éveillés : des pièges savamment posés pour ceux qui refusent de se coucher. Pour les autres, les somnambules, la nuit de Céline est un errement sans fin… jusqu'au trépas. Suicidé, assassiné, décédé, égaré à tout jamais… la belle affaire : cette nuit n'était qu'absurdité, inutilité… folie organisée.

La nuit de Céline n'a pas d'aurore, elle a tout pour déprimer. Et pourtant : Céline y jette une pluie d'étoiles en mots de toutes beautés, qui l'éclaire d'un feu brillant, stupéfiant ; qui à lui seul, nous redonnerait presque l'espoir. (D)écrire le voyage au bout de la nuit fut un combat, oui, mais aussi un appel à la fraternité, à une réelle humanité : « tout devient plaisir dès que l'on a pour but d'être seulement bien ensemble, parce qu'alors on dirait qu'on est enfin libres. On oublie sa vie, c'est-à-dire les choses du pognon. »
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Enorme, génial, atroce!
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ce livre est magnifique, lumineux, d'une grâce et d'une poésie inouïe.
c'est drôle, très grave, cru, hilarant, triste ... mais surtout, c'est beau.
La beauté est partout : dans le sombre, dans la lumière qui vient quand on s'y attend le moins, dans chaque mot, chaque verbe, chaque phrase.
Certains passages sont parfois des tableaux, des chants, des sculptures ...
j'ai été émue, bouleversée par tant de beauté de la langue.
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Content d'avoir lu ce roman qui compte dans la littérature française. Je connais l'aura sulfureuse qui plane sur Céline mais je l'ai lu sans aucun aprioris sur l'auteur car je me fout de sa réputation et de ses idées. C'est l'oeuvre qui m'intéresse. Je n'ai de toute façon rien trouvé de réellement choquant en matière de mysoginie, de racisme, antisemisme ou autre. Et ne rien trouver de "réellement choquant" ne veut pas dire tout trouver normal. C'est à dire qu'il faut accepter qu'un personnage soit immoral ou amoral dès lors qu'on nous raconte juste une histoire et que le but n'est pas de nous convaincre d'être ainsi. C'est un roman, donc ça donne à lire les pensées et comportements d'un personnage de fiction. Tout est permis (ou devrait l'être). Ce ne serait pas la même chose s'il s'agissait d'un essai où l'auteur donne sa pensée réelle. Là la condamnation peut être acceptée s'il y a lieu.
Pour en revenir à l'oeuvre, ce que j'y ai vu c'est un jeune homme qui paraît être tout à fait normal au départ, et qui change radicalement après son expérience de la guerre. En fait j'y vois un grand traumatisé de guerre qui bascule même par moments dans la folie. Et qui traînera cette "blessure" tout le reste de sa vie. D'où sa vision du monde et des hommes totalement désabusée. Ce sentiment que l'homme ne donne et n'est jamais rien de bon. D'où son attitude très spectatrice, sans grandes émotions. Ce sentiments de "à quoi bon" perpétuel. L'homme à toujours été dans la fange et ne s'en sortira jamais alors pourquoi intervenir, pourquoi essayer quoi que ce soit ? Pour moi tout ça est le résultat de son traumatisme guerrier. On le voit aussi à sa façon de voir régulièrement les gens comme de la pourriture sur pied, de la chair morte. En fait pour lui les gens sont plus des morts en sursis que des vivants. Voire des déjà morts qui ne le savent pas encore.
C'est assez déprimant comme roman mais ça fait réfléchir.
Et cette façon particulière d'écrire comme le personnage pense ou parle, c'est une belle technique. Ça m'a rappelé le style d'emile Ajar dans " L'angoisse du roi Salomon". Et ce côté spectateur désabusé du personnage m'a rappelé aussi "L'étranger" de Camus.
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