Vasco, tome 21 : Le clan Mac Douglas

Ce tome 21 paru en 2005 et intitulé "Le Clan Mac Douglas" est pas mal du tout, car nous sommes dans un récit de cape et l'épée à l'ancienne certes mais amélioré… Et malheureusement, il s’agit du dernier album de la série dessinée par Gilles Chaillet, car après son magistral "Dans la Rome des Césars", il commencer à perdre son combat contre « une longue et terrible maladie »… (quand je pense qu’il y eut des prescripteurs d’opinion ayant pignon sur rue qui se moquer de lui alors que mourant il continuait de faire vivre ses nombreuses séries et projets : le manque d’humanité de certaines est décidément à gerber!)

Nous sommes en Écosse au XIVe siècle et tout oppose le roi David et sa soeur Marjorie tous les deux en fin de vie et tous les deux enfants de Robert Bruce, le libérateur de l'Écosse successeur du déjà légendaire William Wallace :
- David sans descendance collabore avec les Anglais et il n'a pas hésité à vendre son pays à l'ennemi honni : à sa mort l'Écosse deviendra définitivement anglaise
- Marjorie qui compte toujours sur son fils Robert Stuart qui a su se faire oublier des Rosbifs, est elle au contraire l'âme et le coeur de la résistance à l'occupant anglais
Collabos ou résistants, tous les clans écossais retiennent leur souffle car le roi David II est mourant et quoi qu'il arrive il y aura du grabuge dans les Lowlands comme dans les Highlands. Mais Majorie a pris les devant : elle compte dans un premier temps sur William Douglas le plus puissant des chefs de clans qui se voit déjà roi d'Écosse pour prendre les armes, et elle compte dans un deuxième temps sur la Banque Tolomeï pour lui fournir lesdites armes non contre argent sonnant et trébuchant mais contre crédits sur l'avenir !

C'est là qu'interviennent Vasco et son oncle Tolomeo pour la première fois réunis qui rivalisent de ruse pour mener à bien leur mission (si les Écossais l'emportent c'est jackpot, si les Anglais l'emportent de toutes les manières ils sont déjà barrés par leurs concurrents génois). Il faut livrer armes et canons aux résistants écossais avant que ne meurt le roi d'Écosse, mais tous leurs efforts sont contrecarré par un mystérieux espion et les suspects ne manquent pas (d'autant plus que plusieurs personnages semblent jouer double jeu, et qu'un non moins mystérieux agent double informe les insurgés) : le Baron van Loo vieil ami du Clan Douglas comme des Godons, William Douglas dindon de la farce du plan de Marjorie, son fils qui est en froid avec lui, sa maîtresse qui semble être prête à tout et reste pour assurer et renforcer sa position…

Franchement un bon tome, mais malédiction du format 48 pages oblige on manque de place et de temps pour bien développer toutes les fausses pistes proposées par Gilles Chaillet. Néanmoins on ne dénote à ce niveau-là aucune fausse note, et c'est peut-être assez rare pour le signaler !
Après, et c'est juste pour approfondir, j'ai eu accès aux crayonnés de l'auteur et force est de constater qu'ils dégagent plus de force que le rendu final. Comme je n'accuserai jamais sa compagne coloriste Chantal Defachelle-Chaillet de tirer son travail vers le bas (car bien au contraire ses esquisses colorisées sont magnifiques), je me demande pourquoi le brouillon est plus réussi que le produit fini ? Faut-il finalement accuser éditeurs ou imprimeurs ???

L'aventure continue. Cette fois, Gilles Chaillet nous transporte en Écosse. Là, le roi David se meurt et les Anglais n'attendent que cette occasion pour s'emparer de la couronne. Mais c'était sans compter sur les clans écossais, entre celui de William Mac Douglas, ainsi que sur la princesse Marjorie et, surtout, le bon Vasco et son soncle Tolomeï. Ce sont ces derniers qui doivent livrer les armes dont les nationalistes ont tant besoin pour se débarrasser des Anglais et placer sur le trône un des leurs.

Ce vingt-et-unième tome est un de mes préférés. D'abord, il nous présente dans un royaume écossais médiéval aux paysages accidentés et déchiquetés mais vaguement romantiques avec ses vieux châteaux, ses montagnes, ses lochs et toute cette grisaille. Les dessins de Gilles Chaillet réussissent à recréer l'atmosphère qui convient à cette histoire. Surtout, cet album nous plonge au coeur d'une intrigue politique comme je les adore. Espionnage, secrets et trahisons sont du lot. Dans les deux camps, qui peuvent rapidement devenir trois ou quatre factions, les agendas et les rivalités s'affrontent.

Ainsi, Vasco, tout comme le lecteur, ne sait plus sur qui il peut compter, à qui il peut accorder sa confiance. Son oncle le richissime banquier veut-il accumuler des richesses au profit des Écossais ? Son grand ami le baron van Loo (toujours avec son sourire avide accroché au visage) espère-t-il obtenir des propriétés anglaises en échange de quelques révélations ? Son contact James Mac Douglas veut-il se venger de son père volage ? Avec tout cela, partout des Anglais qui les talonnent, le capitaine Stafford en tête.

Ces personnages, et plusieurs autres, sont très convaincants, tant au niveau de leurs caractéristiques que de leur physique. Ici aussi, le talent de Chaillet se fait sentir. Petite déception, presque rien : j'aurais aimé voir le prétendant Robert Stuart puisqu'une bonne partie de l'intrigue consiste à le retrouver pour essayer de le placer sur le trône. Pour le reste, action, aventures et rebondissements complètent merveilleusement bien l'album.