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4,27

sur 3173 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman de Sorj Chalandon, auteur que je suis depuis quelques livres, ancien grand reporter, notamment en Irlande du Nord et au Liban, nous raconte sur un ton plutôt léger, au début, l'histoire de Georges qui, pour respecter les volontés de son ami (mentor aussi) Sam, mourant, va essayer de monter Antigone d'Anouilh en pleine guerre du Liban (1982) en prenant un acteur dans chaque camp. Sam a préparé le terrain, y a plus qu'à. Mais Georges sera happé par la guerre et ses protagonistes, et la fin est ... wouf ! sidérante.
Avec une écriture superbe, Chalandon nous emmène au coeur des familles, du danger, de l'horreur. Je n'avais jamais aussi bien compris la guerre du Liban et ses enjeux, même si c'est d'abord une histoire d'hommes (et de femmes), avec Georges qui est en quelque sorte notre Candide. le livre pose plein de questions, il m'a bouleversée.
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« Ouvre l'oeil et regarde, tu verras ton visage dans tous les visages. Tends l'oreille et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix. » Khalil GIBRAN – poète et peintre libanais.
*
Le quatrième mur est un roman tragique et puissant.

« Une volée de marches, un drapé de rideau, une colonne antique. C'est le dépouillement, la beauté pure ».
Résistante et fière Antigone.

La fraternité et l'amour - La liberté et la lutte – La violence et la douleur – Un décor de feu et de sang, de larmes et de terre. Réalité de la guerre dans toute son horreur.

« Tu as croisé la mort, mais tu n'as pas tué, a murmuré le vieil homme (…) Et je n'ai pas osé lui dire qu'il se trompait ».

Qu'adviendra-t-il d'un rêve de scène dans une ville théâtre de tragédie …

« J'étais entrée en violence pour défendre l'humanité ». Son ami lui rétorquait « La violence est une faiblesse ».
Georges a la hargne de défendre ses idées, atteint physiquement, sa colère reste intacte.
Il était chagrin et colère, Samuel, son ami, son frère, gaîté et sagesse.

Le Liban - Beyrouth - Au coeur d'une ville qui n'est alors que le théâtre de la violence et des combats, mettre en scène « Antigone » d'Anouilh semblait ubuesque, Georges portera cette idée belle et folle héritée de son ami Samuel. « C'était sublime. C'était impensable, impossible, grotesque ». Mais c'était une promesse faite à un frère.

« La guerre était folie ? Sam disait que la paix devait l'être aussi. »
Imaginer une scène sur une ligne de front. le théâtre pour faire taire la guerre quelques instants...
Une représentation – instant de trêve – dans une ville puzzle, une pièce avec des acteurs de tous les camps pour une suspension du temps dans une ville fragmentée.

« Retrancher un soldat de chaque camp pour jouer à la paix. Faire monter cette armée sur scène (…)
Demander à Créon, acteur chrétien, de condamner à mort Antigone, actrice palestinienne. Proposer à un chiite d'être le page d'un maronite. »

L'espoir d'un répit dans la tourmente des combats et de la mort qui rôde…
Mais les bombardements vont faire de Beyrouth un théâtre de martyrs suppliciés dans un décor meurtri, de débris d'obus, de massacres, de destruction – pays exsangue et dévasté aux cèdres spectateurs silencieux du désastre.

Un quatrième mur pour se protéger de la peur, de la mort…
Mais qu'en sera-t-il des rêves, des promesses, des traumatismes, au milieu de cette guerre…

L'analogie avec « Antigone » est très troublante et magnifique, une violence inouïe.
C'est d'une poésie désespérée et d'une beauté tragique.
*
Quelle découverte ! Quelle sensibilité chez cet auteur que je commence à peine à lire.
C'est d'une intensité redoutable.
J'ai trouvé ce roman bouleversant, j'ai ressenti de profondes émotions lors de ma lecture. J'en ressors ébranlée.
*
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Ce livre terrible m'a donné des frissons.
Pour honorer la promesse faite à un mourant, un acteur part monter une pièce de théâtre dans Beyrouth en guerre. Il réunit des personnes différentes, issues des nombreuses factions du conflit. Il y parvient à grand peine, pour un seul instant de grâce, et puis....
Les massacres de Sabra et Chatila le rendront différent à tout jamais.
Cette pièce, c'est l'Antigone de Jean Anouilh, inaugurée en 1942 : les deux guerres se confondent alors.
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J'ai beau avoir lu quand même quelques livres dans ma vie, il me faut avouer humblement que cette lecture-ci ne m'a pas laissée indemne et a marqué mon âme pour toujours.

La plume est magnifique, poétique, presque chantante, pleine d'amour.

Mais elle est au service d'une horreur sourde, d'une souffrance qui dépasse l'entendement, d'images qui hantent.

Plus d'une fois mon coeur a manqué un battement, et je crois n'avoir pas respiré une seule fois dans les cinquante dernières pages.

Impossible de résumer l'histoire, de vous parler des personnages, je laisse indemne ce qui peut l'être et, aujourd'hui et les jours suivants, je pleurerai Antigone.
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Tellement d'actualité ce roman qui nous plonge dans le conflit dont est encore aujourd'hui victime une population civile palestinienne massacrée. Avec comme toile de fond la difficile coexistence du patchwork confessionnel et ethnique de Beyrouth, il fait vivre la tragédie humaine qui se répète comme la pièce d'Antigone qui fait la trame du récit.
Un roman qui prend aux tripes et ne laisse qu'une lueur de désespoir, comme le néant absolu d'humanité maintenant à l'oeuvre dans cette région.
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1982 - A cause d'une promesse faite à son ami mourant, Georges, ancien étudiant militant parisien dont les luttes se limitaient au 6ème arrondissement, se retrouve à Beyrouth en pleine guerre du Liban. Il s'efforce d'exaucer un rêve fou, offrir une trêve de quelques heures en mettant en scène Antigone dont chaque rôle serait tenu par un des adversaires aux combats qui mettent le pays à feu et à sang.

Sorj Chalandon délivre un récit poignant, des personnages riches et tourmentés, des scènes où mort côtoie l'amour, où la fraternité est si proche de la haine, une vision empathique d'hommes et de femmes meurtris, un portrait violent d'une guerre qui dépasse les frontières du Liban. Ce roman est une formidable claque, un coup de poing indispensable et bouleversant pour ceux qui, comme moi, n'ont connu cette guerre qu'en fond sonore au journal de 20 heures quand ils étaient enfants. Un roman marquant, intelligent, blessant, auquel on pense longtemps après l'avoir refermé.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Bouleversant. Poignant. Saisissant. le quatrième mur de Sorj Chalandon m'a percutée de plein fouet, mon coeur et mon esprit étant ressortis tout meurtris. Ce roman fait mal, en effet. Il heurte. Il marque. Il blesse. Il fait pleuvoir les balles et les bombes. Il fait tomber les corps, petits et grands; de femmes et enfants. Sans censure, il montre l'effroyable guerre; celle que se mènent les hommes inlassablement. Ici, au Liban.

Sorj Chalandon nous invite, en effet, à suivre son personnage principal dans ce bout de territoire miné par les luttes identitaires, ethniques et/ou religieuses. Druzes, Chrétiens, Chiites, Palestiniens, ils construisent leur vie dans le chaos qu'ils ont eux-mêmes nourri et construit; un chaos apparemment idéal pour une pièce de théâtre qui, pour exister, exige la paix. Pour son meilleur et vieil ami, Georges va ainsi tenter de mettre un terme à la guerre. Pour quelques minutes, quelques heures, il veut faire jouer ensemble, sur une même scène, ces ennemi(e)s de tous les jours. Rien de plus difficile: il faut pouvoir passer les frontières et les barbelés que ces hommes et ces femmes ont implantés. Au sens propre comme au sens figuré. On en rit de tristesse. Malheureusement, le théâtre libanais a été plus fort et plus affirmé. C'est lui qui a fait jouer Georges dans sa terrible tragédie. Et nous sommes, lecteurs, émus et ravis par ce spectacle intelligemment produit par les Hommes doués pour le drame.

Émue, en effet. Ce roman raconte le pire; celui qu'on entend mais ne voit pas; celui qu'on imagine mais ne connait pas. Il nous dit ce qui est. C'est la guerre; celle qu'on ne comprend toujours pas. Pourquoi? Pourquoi cette haine qui fait des ravages par milliers? Sorj Chalandon raconte avec tant d'efficacité que la douleur ne peut s'éviter. Elle s'impose doucement et le coeur endolori a envie de pleurer ces morts injustifiés causés par la barbarie qui n'a d'autre nom que l'humanité. Il a envie de pleurer parce qu'il n'a pas d'autre réponse aux milles questions posées par ce roman d'une grande et réelle beauté. La tragédie fait son effet.
Lien : http://mezelamin.blogspot.fr..
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Quelle claque! Je suis entré de plein pied dans la guerre du Liban des années 80 et j'en ai gardé des séquelles...de celles qui, sous la plume d'un maestro du style, vous font prendre conscience que nous sommes bien protégés de ces crimes affreux dans notre pays, même si nous connaissons une période troublée par les attentats terroristes. J'avais beaucoup apprécié l'oeuvre de Jean Anouilh, Antigone, et l'analogie de ce roman avec son histoire est tellement juste, tellement pertinente, qu'elle force l'admiration. La construction est parfaite. Sorj Chalandon est un grand écrivain.
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J'aurais du me douter qu'en ayant pour trame de fond la tragédie Antigone d'Anouilh, ce livre allait me bouleverser... A chaque Chalandon que je lis, je me surprend à ralentir mon rythme de lecture pour ne pas finir trop vite !
C'est très difficile de faire une critique d'un livre qui vous bouleverse autant.

Le Liban : je connaissais évidemment un peu, mais en fait pas du tout. Pour moi la guerre opposait un camp à un autre, ici c'est beaucoup plus complexe tant de communautés différentes y vive. Georges non plus ne connaissait pas le Liban sauf ce qu'il lisait dans les journaux et pour exhausser le souhait de son ami malade il va tenter de faire jouer Antigone au milieu de cette guerre, en prenant un acteur de chaque communauté. Le but : voler un instant de paix grâce au théâtre. Malheureusement la guerre s’immisce dans cette belle entreprise.

Chalandon est un ancien journaliste de guerre et cela se ressent dans ses descriptions, sa manière de parler des massacres, des combats...Il nous fait ressentir des choses que les photos ou vidéos ne font pas.

A lire, vraiment ! Ce livre a reçu le prix Goncourt des Lycéens, cela m'étonne à chaque fois que je lis un livre ayant reçu ce prix de constater qu'ils sont aussi exigeants (et surement plus objectifs) que leur "pairs" du Goncourt général.

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J'entre par ce quatrième mur sur la scène littéraire de Sorj Chalandon. Sur la pointe des pieds, je fais le tour des personnages qui s'agitent sur la scène parisienne : Georges, l'anarchiste militant de toutes les manifestations, son ami Samuel immigré politique grec et tous leurs camarades. L'engagement est pour Georges la valeur fondamentale de son existence. Lorsqu'il se marie et devient père, il décide de s'écarter du devant de la scène de toutes les luttes politiques et sociales qui l'animaient jusqu'alors. C'est sans compter son ami Samuel. Celui qui l'épaule et qu'il admire depuis toujours est en train de mourir d'un cancer. Ne pouvant laisser son projet d'une vie inachevé, il demande l'aide de Georges qui devra le concrétiser et le mener à terme à sa place : monter l'Antigone d'Anouilh sur une scène de décombres et de larmes, celle de Beyrouth en 1982 quand les affrontements entre palestiniens, druzes, chrétiens, chiite et chaldéens font rage. Cette tragédie sera l'écho de toutes les tragédies, celle de tous les pays en guerre, celle de tous les civils pris en étau et devenus cibles des armées en présence. Elle réunira sur la ligne de front pour une seule représentation un comédien issu de chacune des armées qui s'affrontent dans ce théâtre de guerre au Liban. Contre tout sens commun, portant sa naïveté et sa colère en étendard, Georges le jeune metteur en scène s'engage à coeur et à corps perdu dans ce projet insensé. La vraie guerre, celle qui tue, qui désarme l'âme, qui met à nu le coeur et la chair de l'homme va terrasser tous les idéaux de Georges. Toutes ses certitudes vont s'embourber dans cette terre libanaise gorgée du sang des victimes de massacres perpétrés sans relâche par tous les camps. Comment rester de marbre à la lecture d'une telle oeuvre qui même si elle se réclame « de fiction » dresse les oripeaux de toutes les victimes innocentes de ces tragédies bien réelles : celles du massacre des camps de Sabra et Chatila que Sorj Chalandon a couvert en tant que journaliste au moment des faits. Impossible de ne pas entendre la voix du jeune reporter dans celle de Georges, sa sidération devant toutes ces horreurs. C'est comme si dans ce roman, au sein même de la fiction, Sorj Chalendon pouvait enfin expurger tout le mal qu'il a côtoyé alors, vomir tout le poison que la guerre lui avait fait alors avaler de force. La tragédie se déroule sous nos yeux, sans surprise, ceux qui doivent mourir, meurent, comme annoncer dans le prologue d'Anouilh. Mais de cette noirceur, le lecteur ne retient qu'une incroyable lumière, celle de la vie qui impose ses droits même dans les recoins les plus sombres du monde et telle un petit bourgeon de printemps pousse malgré tout sur un talus de décombres. Une écriture dont la puissance nous emporte tel le souffle d'une bombe explosant dans la rue à côté. J'en ressors éprouvée, pantelante mais riche d'une vérité essentielle : l'écriture donne sens, ouvre l'esprit à la réflexion profonde, fait entendre sagesse et différence. Elle est exutoire et thérapeutique. Et surtout, elle nous ramène humblement à notre place, celle d'un acteur-spectateur emporté malgré lui au sein d'un théâtre dont il ne peut maîtriser les rouages.
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