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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un titre qui a fait grand bruit lors de sa sortie. Sur le moment, j'avoue que c'est surtout sa belle couverture aux chaleureuses couleurs vertes et le ton paisible qui s'en dégageait qui m'attirait. Puis quand j'ai lu qu'il s'inscrivait dans un projet d'écriture à quatre main entre deux auteurs, chacun ayant en charge l'écriture d'un pan géographique de l'univers, j'ai été très intriguée. Il n'en fallait pas plus que m'engager dans l'aventure.

Cependant, je ne lis ce premier tome qu'alors que le second est sur le point de sortir. Pourquoi ? Parce que j'appréhendais l'aura qui lui était attachée. A raison ? Pas du tout, car dès les premières pages, j'ai été happée par le style simple mais entraînant, appétissant et plein de mystères de Guillaume Chamanadjian avec qui je découvre les éditions Aux Forges de Vulcain, et je dois dire que je suis conquise.

J'ai cru retrouver dans ce roman, un petit peu de ce que j'ai tant aimé chez Robin Hobb et sa célèbre saga l'Assassin Royal. En effet, l'auteur nous met dans les pas du jeune Nox, à qui on ne donne pas d'âge au début. Celui-ci évolue comme coursier un peu spécial dans la ville de Gemina, une ville dont les habitants ne prononcent jamais le nom entre eux, une ville pleine de mystères qui va se dévoiler au fil des pages. le début est assez brumeux. On a l'impression d'être dans une histoire somme toute banale et sans relief, mais avec un héros très dynamique qui évolue entre les différentes familles importantes de la ville et qui par son métier nous donne très faim.

Cependant les mystères pointent très vite. Qui sont véritablement Nox et sa dangereuse soeur Daphné ? Quel est le passé de cette ville ? Pourquoi Nox a-t-il des liens avec certains ducs ? Et quel est ce montre entre deux qu'il semble être le seul à percevoir ? J'avoue que cela m'a totalement happée au fil des pages. J'ai adoré suivre les aventures de Nox, un héros entraînant, qui n'a rien du pleurnichard Fitz, mais qui comme lui, n'est pas celui qu'il semble être et va se découvrir certains pouvoirs que n'ont pas les autres. A ses côtés, nous allons donc arpenter la ville, faire la connaissance des familles qui la peuplent et découvrir leurs relations compliquées. Nox va être le trait d'union entre plein de projets à flux tendus et va se retrouver embarquer dans certains qui le dépassent, son protecteur ayant de sacrées ambitions pour lui.

Là où l'auteur est malin, c'est d'une part qu'il a su créer un héros qui parait simple et normal, comme nous, puisqu'on le voit se faire des amis, déambuler dans la ville avec eux, leur faisant découvrir les spécialités culinaires de celle-ci. Mais en même temps, au fil des pages, on sent s'opérer un glissement et on découvre que la ville cache bien des mystères. Ce voile nous happe peu à peu, il nous intrigue beaucoup et quand on vient à parler des parents de Nox, quand on en vient à voir son pouvoir sur les mots et les rythmes naître et lui échapper, quand on découvre Nihilo, c'est trop tard, on est ferré et on ne peut plus lâcher !

Jusqu'au bout, j'ai été entraînée dans cette histoire qui se dévoile intelligemment et révèle des complots entre grandes familles, un projet urbain pharamineux avec de lourdes conséquences, des tractations humaines qui ne disent pas leur nom. C'était passionnant. Pour cela, l'auteur use de cordes classiques déjà employées par d'autres dans leurs récits de fantasy urbaines avec assassins et complots familiaux, mais qu'importe quand c'est bien fait. le rythme se veut lent au début pour accélérer progressivement et se terminer par un final bien stressant et explosif comme on aime en avoir dans ces cas-là. Il y a certes des facilités, des moments forts peu crédibles par rapport aux portraits dressés des personnages et bien des questions qui restent en suspens pour appâter le lecteur et lui faire lire la suite, si le premier est dommageable et aurait pu être évité, le second est malin car je compte bien me jeter et sur la suite et sur le roman siamois de celui-ci écrit par Claire Duvivier.

Le sang de la cité est ce que j'appellerais un très bon page turner dans un univers classique de fantasy urbaine avec complots et assassins. C'est un roman aux influences italiennes appétissant et entraînant qui cache bien son jeu aux débuts, un roman où la ville prend littéralement vie au fil des pages et de notre découverte du héros et de son environnement. Pour ma part, j'ai été happé par la plume de l'auteur et les enjeux de son histoire. C'est exactement le genre de fantasy que j'aime et je n'ai qu'une hâte poursuivre l'expérience avec le tome 2 !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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En commençant cette série je m'attendais à de la fantasy avec de l'action et un univers compliqué, et finalement ce n'est pas du tout ça et j'ai vraiment apprécié.

L'auteur prend vraiment le temps de nous faire découvrir son univers, la cité est un personnage à part entière avec son histoire, ses clans et leurs manoeuvres politiques.
On assiste à peu d'action au début mais l'écriture de l'auteur fait que je me suis laissée entraîner dans cette cité.

Et les personnages font également partie de ce qui rend ce roman attachant. On assiste à la quête de soi de Nohamux qui va découvrir des amis et également certaines vérités sur ses proches. Il va se retrouver mêler malgré lui aux intrigues politiques du duc de la Couanne. C'est vraiment un personnage attachant tout comme les personnages secondaires, j'ai hâte de connaître la suite des aventures de Nox
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Je ne vais pas vous mentir, j'ai au démarrage été attirée par ce livre grâce à sa très jolie couverture (aux éditions Aux forges de Vulcain). Ensuite, le résumé sur la quatrième de couv' m'a quand même plu (je n'aurais pas été folle au point d'acheter ce roman UNIQUEMENT pour sa couverture). Enfin, l'originalité de cette saga a fini de me convaincre: deux trilogies indépendantes mais entrelacées, écrites par deux auteurs, avec pour point commun principal qu'elles se déroulent dans le même univers. le cycle dit de la tour de garde était née.

J'ai dans ma PAL le premier tome de l'autre trilogie (Capitale du Nord, écrite pas Claire Duvivier), qui, de prime abord, m'interpelle davantage. J'ai quand même finalement choisi de débuter par ce roman car c'est, chronologiquement, le premier à avoir été publié.

Ce premier tome explore la capitale du sud, soit la ville de Gemina, qui pourrait faire penser à la Florence du 17ème ou 18ème siècle. Nous suivons particulièrement Nox, un commis d'épicerie, relié à un duché et élevé presque comme un noble. Il a 18 ans et son avenir est en train de basculer car on souhaite lui donner davantage de responsabilités, en soi l'entraîner à devenir un "assassin ducal".
A cela, vous ajoutez des querelles entre duchés, frôlant parfois l'animosité, des rivalités, des personnages un peu fous, et vous voici presque plongés dans un univers à la Game of throne (le sexe en moins).

Je ne suis pas adepte de fantasy, c'est un genre qui ne me plaît que moyennement car j'ai beaucoup de mal à y entrer. Et aussi à m'habituer aux noms des personnages qui à l'exception d'un ou deux sont très particuliers. L'erreur que j'ai d'ailleurs commise ici est de lire avant de débuter ma lecture le nom des personnages, et leurs caractéristiques principales, plutôt que de me plonger dans le récit et de me laisser progressivement guider.
J'ai eu aussi beaucoup de mal à entrer dans l'histoire car le prologue m'a semblé confus et pas très intéressant. Ce qui fait que j'ai "senti" presque douloureusement passer ma lecture sur la première moitié, d'autant que je trouvais parfois l'intrigue un peu plate, les personnages un peu nigauds et le rythme un peu lent. Heureusement, cela s'accélère et la dernière partie m'a donné envie de poursuivre.

Enfin, un point essentiel pour moi qui ne lit que très très peu de fantasy, j'ai trouvé l'écriture facile (ce qui ne veut pas dire faible) et l'histoire accessible malgré les complots de cour inhérents à ce genre de littérature.

En bref, un roman qui a démarré lentement pour moi mais qui s'est révélé dans ses dernières pages. Je pense continuer mais avant cela je lirai le premier tome de l'autre trilogie.

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Ma foi, voilà un personnage bien attachant que ce petit Nox. Il est aussi sympathique que sa soeur est obscure et un peu effrayante. En revanche, c'est un peu long à démarrer au niveau de l'action. On ne sait pas trop où tout cela va nous mener... C'est indubitablement un tome 1. Mais c'est plaisant à lire et assez prenant. J'ai également hâte de lire l'articulation avec Capitale du Nord.

On ne peut faire une critique de ce roman sans évoquer cette capitale du Sud : Gémina. C'est un personnage à part entière. J'ai eu grand plaisir à la découvrir, à arpenter ses ruelles avec Nox, à me perdre dans ses coins secrets. C'est très, très visuel, on imagine la cité, on l'imagine secrète et magnifique. Un peu comme le Mont St Michel. J'ai vraiment aimé m'y promener.

~pioché dans ma pal par basileusa

#Lesangdelacitétourdegardeimaginairecapitaledusudcapitaledunord #NetGalleyFrance
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Un seul univers mais deux grandes cités : Gemina, capitale du sud, et Dehaven, capitale du nord. Deux auteurs, Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier, ayant chacun écrit une trilogie qui se déroule dans une de ces deux capitales. On se retrouve aujourd'hui avec une chronique du premier tome de Capitale du Sud : le sang de la cité, de Guillaume Chamanadjian, paru aux Forges de Vulcain.

Passé un temps, je voyais le sang de la cité et Citadins de demain absolument partout. Difficile de ne pas se laisser tenter mais je suis toujours très méfiante avec ces livres dont on parle trop. Ce n'est pas un gage de qualité et comme, en outre, j'ai tendance à en attendre beaucoup, je suis bien souvent déçue. Alors j'ai attendu que les copines blogueuses s'emparent du phénomène, histoire d'avoir leurs avis sur la question. Vous vous doutez bien que, puisque nous sommes là aujourd'hui, c'est que j'ai fini par craquer.

Le sang de la cité se déroule à Gemina, cette fameuse capitale du Sud, une ville très animée où la plupart des gens sont de bons vivants. Ils sont à la fois gourmets et amateurs de bon vin. La cité est découpée en différents quartiers administrés par des Ducs, qui sont aussi des chefs de clans aux noms d'animaux : la tortue, l'hirondelle, le lion, etc. … On suit les pas de Nox, jeune homme au mystérieux passé puisque sa soeur et lui ont été trouvés et délivrés par le Duc Servaint dans le sous-sol de la cité quand ils étaient petits. Il a choisi de les élever et de prendre soin d'eux presque comme s'ils étaient ses propres enfants.

Nox est un personnage très attachant, bien que très classique. Il est l'archétype du héros de fantasy qui voit un jour le ciel lui tomber sur la tête lorsqu'un étrange pouvoir lui vient. le sien, c'est d'être capable de percevoir le chant de la cité et, grâce à lui, de passer dans un autre monde, un monde où Gemina est différente, déserte de toute vie humaine, mais envahie par une brume qui abrite une créature mortelle. Effrayé tout autant qu'intrigué, il réalise très vite qu'il a tout intérêt à garder ça pour lui, d'autant plus que le Duc Servaint semble s'être mis en tête de le faire participer à ses combines politiques.

Le sang de la cité est ce qu'on appelle un tome d'introduction. le rythme est assez lent, l'auteur cherche avant tout à nous faire découvrir à la fois son univers et la cité de Gemina. Pourtant, on ne s'y ennuie pas. Les personnages sont certes nombreux mais pas trop non plus, les particularités de la ville sont intrigantes, les intrigues politiques bien amenées, et la petite touche de magie apportée par le Nihilo bienvenue. La tension monte tout du long et c'est là que je me félicite : le second tome vient de sortir et je vais pouvoir le découvrir très vite !

Un roman classique par certains côtés mais finalement assez original par d'autres, notamment la cité, qui est vraiment un personnage à part entière. Une cité populaire, animée et qui n'est pas sans danger. Un rythme lent mais des personnages intéressants et une intrigue dont j'ai hâte de découvrir la suite. En somme, un très chouette moment de lecture.
Lien : https://etemporel.blogspot.c..
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Un challenge de lecture qui appelle à lire un livre de Fantasy, voilà qui allait réellement me sortir de ma zone de confort et d'habitudes ! 

J'ai demandé conseil aux amatrices et elles m'ont unanimement conseillé les trilogies Capitale du sud / Capitale du nord, en alternant la lecture des deux ... 

Je me suis donc embarquée pour un long voyage où j'ai nettement apprécié le premier volet: le sang de la Cité.

Je suis rentrée doucement dans la géographie de cette cité aux clans multiples, pointes de magie et me suis trouvée à bien apprécier les aventures de Nox, entre deux mondes, entre petit peuple et gouvernants, qui s'impose de tester la sincérité des amitiés et des donneurs d'ordre.

La fin de l'ouvrage appelle à se plonger rapidement dans les volumes suivants pour découvrir comment la cité pourra se relever des derniers événements qui l'ont endeuillée et comment Nox poursuivra sa quête ... 

Des personnages attachants, la description détaillée d'une cité haute en couleurs, saveurs et odeurs ...

Bref, à suivre bientôt ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Une belle découverte pour cette écriture originale à 4 mains..
Ce premier tome se lit tout seul, l'écriture est efficace, les chapitres bien équilibrés avec une mise en place des personnages et de l'intrigue bien déroulée !
En 400 pages, j'ai eu le temps de m'attacher aux personnages, entre joutes verbales, batailles, descriptions mystérieuses de la cité et magie clairsemée, il y a de quoi trouver son compte.
J'ai beaucoup apprécié Nox, dont la personnalité est curieuse et intègre, je l'ai trouvé touchant sans être parfait, juste ce qu'il faut.
Cette saga fantaisie est prometteuse, les descriptions de combats ne sont pas trop violentes, c'est idéal pour des ado ou des âmes sensibles, pas de scènes nunuches ou oléolés non plus, la plume est soignée et l'univers est riche sans être trop complexe, donc ça m'a plu !
A suivre avec impatience car la fin donne envie d'en savoir plus sur tous les secrets de cette cité et de ses habitants dont les indices sont disséminés durant la lecture, juste assez pour donner envie d'en savoir plus !
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Cette saga de fantasy urbaine française a pas mal fait parler d'elle, et j'ai très vite comprit pourquoi ! le world building de ce livre est vraiment incroyable, même si j'ai eu un petit peu de mal à tout comprendre au début. J'ai quand même très vite réussi à me plonger dans l'histoire et à suivre les aventures de Nox au fils des pages. Même si j'ai trouvé le rythme parfois un peu lent, l'intrigue était vraiment prenante j'ai adoré voir l'évolution des personnages. J'ai beaucoup aimé Nox, ce jeune commit d'épicier au passé assez mystérieux.
Bref, selon moi le gros point fort c'est clairement l'univers du livre, qui est très élaboré et bien construit, j'ai adoré me plonger dans les rues de la cité de Gémina et de ses multiples duchés.
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Nox est sous la protection du duc de la Caouane, Servaint, dans la Cité de Gemina. le jeune homme cherche à en apprendre davantage sur la légende de l'Olivier, arbre centenaire, symbole de la Cité, présent dans différents poèmes et histoires et qui serait porteur de secrets. Il découvre un jour qu'il peut se rendre par magie, dans une Cité parallèle, vide d'habitants et parcourue par une étrange brume: le Nihilo.
Très bon roman de Guillaume Chamanadjian. le monde de Gemina est très bien décrit, on sent les odeurs, on voit les couleurs, on entend les sons, on marche dans les rues encombrées avec Nox. Très agréable à lire, j'ai hâte de lire la suite.
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Gemina et Nox, la Ville et l'Adolescent : le début haletant d'une saga de fantasy qui s'annonce d'emblée d'un souffle puissant et d'une ruse peu commune.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/08/note-de-lecture-le-sang-de-la-cite-capitale-du-sud-1-guillaume-chamanadjian/

Dans « le sang de la cité », premier roman de Guillaume Chamanadjian et premier tome d'une série annoncée chez Aux Forges de Vulcain à partir de cette première publication en avril 2021 (et dont on sait déjà qu'à cette « Capitale du Sud » répondra du tac au tac une autre fresque, confiée à Claire Duvivier, la remarquable autrice de « Un long voyage », sous le titre de « Capitale du Nord »), deux protagonistes principaux rivalisent de charme et d'ingéniosité pour nous séduire.

Le premier héros, primordial en tous les sens du terme, c'est sans doute la ville, Gemina. Énorme cité du Sud, précisément, extraordinaire condensé de tout ce que le Moyen-Âge ou la Renaissance pourraient avoir rêvé à Barcelone, à Gênes, à Naples ou à Marseille, avec ses innombrables corporations marchandes et artisanales, ses quartiers constitués en autant de clans nobiliaires, ses intrigues et ses rivalités, séculaires ou spontanées, Gemina fourmille, bruisse, tonitrue et vit à part entière, entre conseils municipaux et programmes de grands travaux, entre traités commerciaux et luttes d'influence extérieures, sous l'égide de la Recluse, subtile administration de l'équipement, dont les ingénieurs et techniciens disposent pour certains d'étranges pouvoirs telluriques qui introduisent à point nommé une touche d'abord discrète de fantastique, ou de fantasy, dans le décor fictionnel para-historique. Plus réaliste que Lankhmar, moins sinistre que Wastburg, moins tentaculaire tout de même que la Nouvelle-Crobuzon et moins folle en apparence, sans doute, qu'Ambregris, moins pré-industrielle que Foranza et presque aussi exubérante, enfin que Bain, en Olondre, s'inscrivant ainsi d'emblée parmi la crème des grandes cités de l'imaginaire, Gemina a une image-miroir, sombre, vide et mystérieuse, dans laquelle se retrouve un instant plongé, comme par hasard, l'autre héros principal du récit, le jeune Nox, ville-fantôme nocturne qui va proposer l'une des quêtes essentielles de ce premier volume.

Nox est un narrateur phénoménal, une véritable trouvaille d'auteur, dont seul se rapprocherait peut-être le Syffe de « L'enfant de poussière » de Patrick K. Dewdney, pour des raisons toutefois différentes. Connu de toutes et de tous, ou presque, dans la cité, du fait de ses tragiques origines (évoquées dans la longue citation du prologue ci-dessus, avec sa composante en clin d'oeil à l'un des actes fondateurs de la saga du « Trône de Fer »), Nox, tout en étant suivi de très près, comme sa redoutable soeur hautement instable, par le duc Servaint, mène la vie diurne d'un commis d'épicerie fine, s'occupant principalement de livraisons aux clients et de commandes aux fournisseurs, arpentant vivement – ou plus langoureusement, selon les moments – les moindres recoins de certains quartiers, qu'il connait ainsi encore mieux que sa propre poche – qui aurait été alors revisitée par quelques yamakasi, par exemple -, et permettant à Guillaume Chamanadjian de nous rappeler par tous nos sens – ô combien savoureusement -, quarante ans après la publication de la trilogie « Civilisation matérielle, économie et capitalisme » par Fernand Braudel, à quel point l'infrastructure du quotidien constitue la clé de bien des développements de la superstructure des idées, y compris lorsque ce quotidien semble s'incarner aussi dans du vin, des pâtisseries ou des briques.

Si Gemina et Nox (Nohamux si on utilise son nom plutôt que son surnom) sont bien indéniablement les deux personnages centraux du « Sang de la Cité », il ne faut naturellement pas négliger la qualité fouillée, méticuleuse et attachante de la galerie complète et foisonnante concoctée par Guillaume Chamanadjian : en dehors bien sûr de la soeur du « héros », Daphné, on y trouvera de la haute société avec ses cercles rapprochés (mentionnons par exemple le duc Servaint, son éminence grise Tyssant, la maîtresse d'armes Lotharie, le conseiller Scholas, un certain Carl Russmor annonçant la future présence dans le jeu, à plus d'un titre de la grande cité du Nord, Dehaven, ou encore la demoiselle Guenaillie), en un casting relativement classique dans la fantasy, mais aussi tout un « peuple » petit ou moyen, qui a bien moins souvent les honneurs des projecteurs littéraires dans ce genre-là – ou apparenté -, tels l'épicier Eustaine, l'apprenti tuilier Symètre, le joueur de tour de garde (un jeu en apparence proche des échecs dont on subodore vite qu'il a une importance essentielle dans la saga qui se dessine, même si l'ensemble du projet ne s'appelait pas, précisément, « La tour de garde ») Casimux (faute un temps d'une « véritable » profession), ou bien la dessinatrice Aussilia, pour n'en fournir que quelques exemples. Dans ce qui fait société à Gemina, il existe bien des fleuves souterrains et des voies de communication discrètes entre univers a priori plutôt disjoints

Roman d'apprentissage inhabituel, « le Sang de la Cité » use avant tout d'une belle maîtrise du langage (jouant aussi à l'occasion avec certains médiévalismes charmeurs ou trompeurs, à l'image de la Céline Minard de « Bastard Battle ») et d'une gamme de tonalités pouvant, comme chez le Jack Vance totalement accompli de « Lyonesse », parcourir tout le spectre qui s'étendrait de l'humour bienveillant et du sarcasme assassin jusqu'au sérieux imperturbable de la haute politique ou à l'effroi insidieux de l'inexplicable. Et c'est ainsi que l'on se laisse entraîner avec joie dans les méandres annoncés d'une saga à deux voix dont l'ampleur et le machiavélisme s'annoncent déjà particulièrement gratifiants.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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