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EAN : 9782070742646
128 pages
Gallimard (14/11/1995)
4/5   3 notes
Résumé :
Entre les darses fétides et les marais salants le fin écoulement d'une eau vive enfouie Avant l'embouchure au seuil de la perte et de l'oubli le fleuve reprend racine en souvenir de toutes les sources (Extrait de L'approche du delta.)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le Roi errant de Jean-Pierre Chambon est le très beau recueil de poésie sur un roi imaginaire, originaire d'un temps ancien, d'un lieu lointain.

Divisé en trois parties comme en autant de nuances (de la Chine au Moyen-Orient traditionnels jusqu'à la Renaissance), au fil des lignes apparaît le portrait d'un roi (jamais nommé) à la stature partagée entre le devoir, les contraintes du pouvoir et les effets du temps qui passe, la grandeur immuable d'une nature soulignant l'impermanence, la vacuité de l'être, aussi prestigieux soit-il.

"Sachant que la durée
roule sa meule inexorable
Que notre oeuvre la plus ferme
est périssable
Que tout enfin retourne
au sable insaisissable

Il nous faut néanmoins souder
les grains de sable
Et avec la pierre branlante
Et la colonne instable
Fonder la maison et le temple
contre le flux inlassable."

D'images en symboles, il y a dans les très belles pages de ce recueil toute la sensibilité et la beauté d'un conte mis en poésie, les marques d'une sagesse et d'un mystère qui donnent au récit toute ses teintes de douceur et de gravité. Une conque qui va au fil de l'eau, une caravane de marchands traversant la grandeur du désert, des salamandres sculptées sur les murs d'un château,… Autant de paysages et de singularités qui narrent toute l'errance, l'inquiétude d'un homme seul, représentant d'un royaume aux contours incertains, fragiles…

"J'ai posé le calme
et éteint la lampe

La lune boit l'encre
Des signes que je n'ai pu tracer
Pour mes enfants
Qui grandissent là-bas
Aux confins du royaume

Vers eux je fixe mes pensées
Mais le rêve déjà les édulcore et les trahit
Et leurs visages brouillés se muent
En d'autres simulacres"

À la beauté des mots se lient le temps, les paysages et les saveurs. Couleurs invisibles pour faire le portrait saisissant et poétique, celui d'un Roi errant.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Aucun versant ne me retient.
Je n'appartiens à aucune rive.
Au long des cols ou au milieu du fleuve,
la brusque espérance tempère
en moi la longue amertume.

Que je rôde en barque le soir
autour des îlots boisés,
guidé par l'onde rampante des feux,
ou qu'à l'aube, vêtu de brume phosphorescente
je franchisse le damier scintillant des étangs,
j'éprouve la même infime sensation d'un vertige.

Touché par les larmes d'une joie infinie
que je sens infusée par tout l'espace vacant,
j'ai le sentiment alors de frôler la lisière
d'un monde au revers du monde, plus vaste
que celui-ci, plus allègre, et dont le rapide
reflet étincelle encore autour des choses muettes.
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A des limailles grenues accrochées à la haie,
aux veinules de vif-argent dévalant la ravine,
à tant d'indices dérisoires mais insistants
je crois déceler partout
jusque dans la crispation
de la matière les traces
de la métamorphose et de la migration.

Mais je ne parviens pas à reformuler
en ses termes l'appel dont l'écho assourdi
s'épuise sans fin sous ma peau - et combien demeure fugace la sensation d'avoir entrevu
un passage à travers la masse de brume
et de pierre soulevée par la parole.

Il me faut encore confier mes pas
à l'étoile errante.

(extrait de "Pensées du passeur") - p. 101
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La queue du dragon


REGARDANT COULER LE FLEUVE

Gelée en hiver
et dure comme le jade,
l'eau ressemble
à la pierre du tombeau :
à la fonte des neiges,
impétueux,
impraticable, le flot
brise les digues.

Le fleuve est l'image
du temps insaisissable,
il est l'instant qui étincelle
et déjà se dissout :
donnant l'idée
de la vanité du passage,
il suscite en son cours
celle de l'éternité.

Qu'il me soit ici permis
d'évoquer le souvenir
des noyés légendaires,
de Qu Yuan, de Li bai :
la trame de mes jours
est tissée de leurs chants,
leur modèle infléchit
le cours de mes pensées.

Contemplant le fleuve,
à travers eux je pense
au court bonheur de vivre,
au tourment de la mort.

p.21
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Entre les darses fétides et les marais salants
le fin écoulement d'une eau vive
enfouie

Avant l'embouchure
au seuil de la perte et de l'oubli
le fleuve reprend racine
en souvenir de toutes les sources
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Pensées du passeur


Il y a parmi les ombres
une ombre plus sombre qui m'intrigue
et le jour semble empreint d'une étrange clarté
où, vaine enveloppe, vacillement de spectre,
se dilue doucement le contour du monde.

Là-haut, dans les colonnes de nuées
qui font ressembler le ciel à un pays de craie,
cligne une aile et son ombre petite
palpite longtemps ici bas,
au sein des herbes, à travers la ramure.

Il est l'heure, il est temps de partir.
Au-devant de mes pas le vent
chasse le duvet des rêves.

p.95
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