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EAN : 978B08NTNV7SG
120 pages
Noir sur blanc (07/01/2021)
3.77/5   15 notes
Résumé :
À Nove Mesto, une petite ville d’Europe centrale, quand Baba accouche d’Elena un premier avril, tout le monde croit à une farce. Baba est tellement grosse que personne n’avait vu qu’elle était enceinte de ce sixième enfant, arrivé vingt ans après les autres.
La fillette grandit dans un monde de femmes, entourée par sa mère et ses sœurs. L’une d’elle, Magda, est partie vivre en France. Elle revient chaque mois d’août avec sa fille, Anna. Une amitié étrange, in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Née vingt ans après les cinq autres enfants d'une mère tellement obèse que personne n'avait remarqué son ultime grossesse, Elena grandit à Nove Mesto, petite ville de ce qui deviendra un jour la Tchéquie. Elle vit dans l'impatience de chaque été, quand enfin sa soeur Magda revient de France pour les vacances, accompagnée de sa fille Anna. Les deux enfants sont en effet très proches. Pourtant, le temps qui passe et leurs vies disjointes, bientôt avec chacune mari et progéniture, les séparent peu à peu.


L'histoire évolue doucement, par petites touches pleines de sensibilité. En très peu de pages, elle parvient à nous immerger dans le cocon tissé par la solidarité des femmes de cette famille, habituées à se serrer les coudes et à se débrouiller sans se plaindre, dans une société soviétique qui use à ce point leurs hommes qu'ils finissent en général par plonger dans l'alcool et l'apathie. Peu à peu, les rêves d'enfant d'Elena perdent de leurs couleurs, au contact d'une réalité qui semble tout émousser. Energie, envies, bonheur : tout file entre les doigts, au long d'insensibles et menus renoncements qui en arrivent à faire perdre le sens de l'existence et à briser des liens jusqu'ici indéfectibles. La désillusion est d'autant plus douloureuse qu'elle se nourrit d'un profond désarroi consécutif aux métamorphoses post-soviétiques, synonymes pour Elena d'éclatement familial et de désarçonnante solitude quand, désormais, il ne faut plus compter qu'avec soi-même.


L'on se demande longtemps où mène la succession des menus faits qui composent la vie d'Elena, jusqu'à ce qu'une révélation contenue dans quatre mots vienne, sans crier gare, bousculer toute la perspective du récit. Les personnages en prennent soudain une épaisseur nouvelle, alors que se dessinent d'un coup des abîmes de non-dits que le texte n'explorera pas, laissant le lecteur sur le seuil de cette porte béante, comme il semble qu'Elena elle-même soit restée.


Une jolie écriture, fine et sensible, porte ce roman mélancolique, habité par de beaux personnages de femmes, étonnants de force et d'émotion retenue. Un bel hommage à l'âme slave.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La belle saison est un joli et court roman qui nous porte de la France à l'URSS.

Il qui nous parle dun quotidien de femmes corsetées dans la torpeur oppressante d un pays soviétique.

Autour de la figure d'Elena, bien d'autres femmes gravitent, à Nove Mesto, une petite ville d'Europe centrale que rien ne distingue d'autres villes de la région.

On sent une menace sourde peser sur ce roman : la fin de l'ère soviétique, Tchernobyl qui approche, un beau parfum de nostalgie et une chronique autour d'une amitié .

Ludmila Charles, par l'élégance et la subtilité de son écriture, fait de cette femme un personnage d'une beauté évidente ou une histoire de famille ?

Malgré un propos un peu ténu et un manque d'épaisseur par moments, ce roman se laisse deviner, vaut le détour, pour sa sensibilité indéniable.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans une petite ville d'Europe centrale, naît Elena d'une mère déjà âgée. Elle arrive bien après son frère et ses soeurs. D'ailleurs elle naît presque au même moment qu'un de ses neveux. C'est l'histoire d'Elena qu'on va suivre dans ce court roman, mais c'est aussi l'histoire de sa soeur Magda dont elle se sent si proche et d'Anna la fille de celle-ci. Magda et Anna vivent en France mais viennent tous les étés retrouver la famille, les liens qui se créent entre ces trois femmes sont, malgré le temps qui passe et les sépare parfois, indéfectibles.

On suit ces différents personnages pendant un bon bout de chemin, ils nous accompagnent au gré du temps qui passe avec en arrière-fond l'Histoire. On découvre les rêves d'Elena enfant puis jeune fille, ses espoirs confrontés à la réalité, sa vie qui ne prendra pas forcément le chemin qu'elle imaginait…

Tout le charme de ce court roman qui en dit pourtant si long tient dans la poésie de l'écriture, dans son côté très imagé, et dans les courts chapitres qui donnent un rythme au récit. On arrive à la fin sans s'en apercevoir. On aimerait juste continuer encore…

Merci à Babelio et aux éditions Noir sur Blanc (que j'adore !) pour ce joli moment de lecture hors du temps.
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C'est un beau roman que nous propose l'autrice. Ce n'est pas un roman où l'on trouve une intrigue, c'est un roman qui nous porte par sa plume belle mais simple, que l'on contemple. On y suit la vie de plusieurs femmes, notamment Elena que nous voyons grandir. Elena qui semble regarder sa vie défiler passivement, sans y prendre vraiment part. Elena qui est une femme qui n'a pas une eu mauvaise vie, mais pas une vie d'exception non plus. On découvre parfois ses pensées, sa façon de voir les choses, parfois à travers de belles comparaisons. J'ai aperçu quelques fois le soleil de Nove Mesto qui réchauffait les étés qu'Elena passait auprès de sa cousine Anna et de sa soeur Magda, qui sont toutes deux chères à son coeur. Elena qui est enfant, puis une femme, une fille, une soeur, une cousine, puis une mère... C'est un court roman, constitué de courts chapitres ce qui rend la lecture fluide, et on tourne les pages sans s'en rendre compte. C'est aussi un roman dont on savoure les mots, le réalisme et la pensée.
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Ce livre est un peu comme un poème : il faut le lire tranquillement, pour s'en imprégner en le savourant.

C'est un roman dans lequel on découvre les personnages par petites touches.
On devine petit à petit leurs articulations et le tableau qu'ils forment.
On grandit avec l'un ou l'autre des personnages ; on essaie de comprendre ce qu'il découvre et on retrouve notre apprentissage, naif ou innocent, parfois douloureux, bien qu'étant entouré / accompagné d'adultes de la famille.

Et voilà, on arrive aux dernières pages. Les personnages sont devenus adultes, vieux parfois. Nous sommes replongés dans un quotidien plus proche du nôtre, avec sa grisaille et son réalisme.

Vite reprenons du début et savourons encore !

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait pris l’habitude de vivre pour les autres depuis si longtemps ! Ils avaient eu besoin d’elle ; mais Pavel était presque tout le temps en Angleterre, maintenant, et Petra grandissait. Une personne en moins de qui se soucier, c’était comme une perte d’équilibre, et elle éprouva le même vertige qu’après un faux pas, pendant la fraction de seconde où l’on se sent chuter sans plus pouvoir se rattraper à rien.
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Des câbles d’acier obliques, gros comme le bras, reliaient le pont à un pylône énorme. Un soleil de cuivre – disque rouge d’où irradiait une lumière froide – décrivait un cercle parfait dans le ciel sans couleur. Des mouettes immobiles étaient balancées par les remous du fleuve, les branches cassées charriées par le courant s’enchevêtraient contre les piles du pont en un nid monstrueux. Elena s’accouda au parapet. Sur la rive, des grues écrasaient le sol de tout leur poids de ferraille, comme pour résister à l’aspiration qui tirait vers le ciel les bouffées de fumée qui s’échappaient des cheminées d’usine, les nuées grises d’oiseaux. Il lui suffirait de relâcher ses muscles pour être balayée à son tour, comme ces papiers imprimés qui tournoyaient au ras du sol, s’élevaient brusquement dans les airs.
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La mère d’Elena mourut l’année où le pays se scinda en deux. Ce ne fut pas un bouleversement. Elle était vieille, et très malade depuis longtemps. Elena ne se souvenait pas d’elle autrement que fatiguée, le souffle court, en sueur au moindre effort. Mais elle se figea, comme un arbuste qui a subi une gelée au printemps ; ses feuilles sont vertes, il se dresse bien droit, mais il ne pousse plus. Puis ses feuilles dessèchent et jaunissent d’un coup. Cela ne se vit pas tout de suite, parce qu’elle eut beaucoup de choses à faire : il fallait s’occuper de l’enterrement.
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Au lieu de se mettre en colère, elle se dit, et voilà. Il lui semblait que la maladie était le prolongement logique de l'ennui, de ce désoeuvrement qui était désormais tout ce qu'elle avait à donner en partage. Elle ne se révolta pas. Elle essaya de guérir, bien sûr, et fit même un long séjour à l'hôpital.
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Elle cédait par timidité, et pour ne pas dévoiler ses désirs. Il faut être réaliste, lui répondit sa mère lorsque Elena se plaignit des projets que sa soeur avait formés pour elle, ça ne sert à rien de t’entêter. La vieille femme avait l’inertie des roches éboulées : son corps était un bloc de pierre innocemment brutal, indifférent à lui-même comme à ce qu’il écrasait.
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