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EAN : 9791038801189
138 pages
Ex Aequo (04/04/2021)
4.8/5   27 notes
Résumé :
 Il gèle à pierre fendre. À mesure que la nuit approche, s’empare de la forêt, enveloppe arbres et bêtes, elle vient à lui. À l’aveugle, il poursuit, sans fil. La fine pellicule de gel craquelle sous ses talons, frappant pierre et terre. » Nivôse – An X : quel est le secret de la disparition de Pierre François sur les sentes enneigées de cette forêt de Moselle ?

À partir d’archives exhumées, le lecteur plongera dans un univers trouble : ru... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Nivôse An X. Olivier Chartier 2021 Ex Æquo Editions
Il est de petits livres que l'on ne quitte pas volontiers. L'auteur nous a présenté Pierre François, un soldat de si peu d'âge avec deux enfants. On sait presque tout de lui, il s'enrôle dans la guerre contre l'Autriche, année 1800. Chez le garçon, plus l'envie de vivre à Pagny, de s'y reproduire entre soi, de se taire toujours. Des amis d'enfance, dont on saura, qu'en amitié, ils sont capables de bien peu. Et puis le récit, mené au scalpel, d'une société de personnes petites, moins par leur difformité que par leur conscience ; qui pratique le sexe sans joie, le vol sur les cadavres, la délation, la violence de l'homme qui s'acharne sur qui est faible ou différent, un animal, un autre homme. Une saleté en couches stratifiées depuis tant de générations…
On ne quitte pas le livre un instant. Olivier Chartier est maître dans la description de lieux lugubres, du givre étendu sur les plaines, du corps qui se pétrifie sous son action. L'auteur sait voir aussi au-delà des pratiques humaines.
Pas un polar, pas une enquête policière, pas une recherche qui durerait. Non ; un récit serré, aux mots puissants et visuels, une histoire où les enseignements de l'église montreront leurs limites, où ceux de l'armée seront écharpés au mousquet du langage d'Olivier Chartier, doué pour la peinture sociale qui pointe la multitude comme le faisaient Breughel , le Caravage ou l'allemand Egger-Lienz .
Il reste, et c'est beau, la force de l'animal, cette « bête argentée qui rôde » dont on pense, avec Chartier, qu'elle a, elle, une âme même si la cruauté de sa race est présente. Un récit d'homme que l'on prend en pleine conscience et qui fouaille, le temps de la lecture, et au delà, notre pensée d'homme, en l'occurrence de femme puisque j'en suis.
Une lecture forte à conseiller absolument ! À mettre entre toutes les mains- enfin, presque- car c'est ainsi que les hommes vivent.
Un très bon choix de la maison ExAequo !
Élisabeth Fabre Groelly. Mai 21


Lien : https://miscellanees.online
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J'ai été conquise par ce roman pour plusieurs raisons dont la première est qu'ayant pour passion la généalogie je m'intéresse de plus en plus à L Histoire !
L'histoire avec un grand H et cette fois à l'histoire de Pierre François ce jeune homme dont l'auteur, Olivier Chartier, nous a décrit les derniers jours.
Comment ne pas voyager avec Pierre dans cette région que je connais bien ?
Les villes et villages si bien décrits, Nancy, Toul, Dieulouard, Pagny, bref la Lorraine pays de mes ancêtres, différente mais toujours la même.
Certes, l'auteur a romancé la vie de Pierre François mais il nous a rendu le héros de l'histoire touchant, hésitant, jouisseur, décidé, malheureux et finalement malchanceux.
La topographie des lieux, le cadre historique, le climat ... très hostile en hiver, tout y est.
Les différents caractères des protagonistes, amis, traitres, cupides, perfides ou sincères sont parfaitement décrits et nous laissent indécis sur l'identité du coupable car il y en a un, forcément !
A partir de l'acte de décès de Pierre et du procès verbal de l'officier de police qui lui fait suite, l'auteur troublé par cette lecture, a fait un récit palpitant, angoissant et vivant.
Il emploie des mots ou expressions inusités de nos jours mais qui ne nous sont pas inconnus et réveillent le passé.

Des romans comme celui-ci j'en redemande !

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On a un monde des matières miniaturisé... une pièce de monnaie qui pivote au fond d'une poche, des feuilles qui bruissent dans le vent glacial, des pas lourds qui grincent dans la neige, du sang qui s'écoule des champs de bataille, les pistils d'une aigrette qui s'échappent dans l'air, des végétaux et des insectes qui animent la forêt inhospitalière, du givre et des flocons qui glacent les peaux, des flux et des liquides qui se mêlent dans l'amour, dans la bataille.

On a un monde social esquissé… un soldat épuisé par les atrocités de la guerre, des camarades de route fatigués par leurs conditions de vie, un ancien marin qui rêve d'îles lointaines, un aubergiste qui s'agite dans les effluves alcoolisées, une fille facile qui exprime tout son plaisir charnel, des combattants blessés qui espèrent la victoire, des enfants fagotés qui trainent dans les rues, des parents âgés qui attendent le retour de leurs fils, des vignerons désespérés qui se raccrochent à leur terre, des épousent délaissées qui recherchent leur jeunesse perdue.

On a un monde historique reconstitué… des soldats et des chevaux qui attendent la mort, des bataillons qui cherchent querelle, des villageois qui font la battue au loup, l'armée révolutionnaire qui enrôle les jeunes gens, des cadavres désarticulés qui attendent le repos éternel, un Officier de Santé qui constate la mort dans la nuit givrée, un Officier de Police qui dresse un procès-verbal…

Ce roman historique décrit si bien ces mondes qui articulent le réel et le fictionnel, le vivant et la mort, le beau et le laid, le faible et l'intense.
Bonne lecture !

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A la croisée du récit, de la peinture sociale, de la nouvelle et de l'enquête historico-policière, Nivôse-An X fait partie de ces petits livres que l'on garde, que l'on recommande, que l'on prête, et surtout qu'on relit...car c'est au moment où on le termine que l'aventure commence vraiment pour le lecteur. On le referme, mais c'est trop tard: l'auteur nous a livré une histoire, son histoire peut-être, mais les faits, les lieux, les personnages principaux sont là, archives à l'appui. Et ce trio de grognards n'est pas loin d'incarner toute l'ambigüité humaine... Mais, bon sang de bois, que diable s'est-il passé sur ce chemin de Lorraine, dans le silence ouaté de la neige, un beau jour de décembre 1801 ? "Qui"...ou "quoi" ? Et pourquoi ? de son écriture tout à la fois incisive et puissamment onirique, l'auteur nous transmet l'émotion et l'attachement qu'il a de toute évidence ressenti à la découverte de ce fait divers. A la fin du livre, on trouve d'ailleurs un ensemble de documents d'archives, offert à la sagacité du lecteur entreprenant. A nous de cogiter...
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Si vous aimez les romans historiques, vous serez ravis, et si vous aimez les enquêtes, vous serez très content, et si de surcroît, vous appréciez la belle écriture vous serez comblés. Olivier Chartier s'est intéressé de près, de très près, à cette personne rencontrée dans des archives datant de la période révolutionnaire. le mystère qui émane de son parcours valait bien que, de cet homme, émane un personnage dont l'histoire vous captive. D'une part parce que vous êtes entouré du décor, grâce au souci du détail dans le choix du vocabulaire, toujours précis sans être pédant, c'est une écriture de joailler, un feu d'artifice de mots, simples et toujours justes qui composent le cadre et viennent titiller votre imagination. En outre, les personnages sont vrais, avec leurs doutes, leurs peurs, leurs défauts. Ce sont surtout trois personnages aux prises avec la violence du monde dont nous mesurons les hésitations, les certitudes, les exploits et les lâchetés. La complexité de la nature humaine est très bien rendue par l'auteur, à travers la beauté du style, le plaisir gourmand des mots en cascade de la première à la dernière page. Un roman à choisir sans hésitation !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le craquement familier de branches et de feuilles avait pourtant accompagné le mouvement de ses mollets pour un temps. Puis la nuit était tombée, lourde et répandue... Il devait poursuivre, pénétrer plus encore dans la forêt, jusqu'au bout. Ne pas s'éloigner de la trace, du chemin ; il n'y avait plus que blancheur et ombres.
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Bien... C'est donc le froid : le froid, ça s'explique, c'est palpable... Personne ne souhaite s'égarer par nuit neigeuse c'est entendu. Mais, dis-moi, s'il t'était arrivé quelque chose , une rencontre, ton couteau, tu t'en serais servi non ? Tu étais bien soldat après tout. Non, tu ne peux pas mourir comme ça...Mais parle-moi bon Dieu, je n'entends rien, je ne vois rien !
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Il prend la pièce de cinq centimes, la fait tourner entre son pouce, son index et son majeur, l'astique nerveusement. Elle brillerait, révélerait peut-être un mystère dont la nature lui échappait encore : son scintillement serait vérité...
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Ce ne sont ni des moissons de blé ni des récoltes de grappes; elles sont de fer et de ris. Chaque ordre signe la perte. Alors, le grondement des machines et le souffle des fifres font vibrer les tripes de tous ces enfants, partis pour garantir le sommeil des adultes et la gloire des puissants.
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