Celles ou ceux qui me suivent régulièrement connaissent la place particulière que tient Maxime Chattam dans ma bibliothèque. Depuis février 2018 où, grâce à sa trilogie sur la Section de Recherches de Paris, je découvrais en compagnie de @lireencore93420 un auteur talentueux, brillantissime, qui, malgré sa parfaite maîtrise des rouages du thriller, n'hésitait pas à sortir de sa zone de confort pour nous offrir avec « L'appel du Néant » une intrigue plus axée sur le documentaire. « Les arcanes du chaos » et « le signal » n'ont fait que conforter mon impression d'excellence. Au point que, comme Nathalie, je me demande s'il me décevra un jour.
Les louanges sur la trilogie du mal se succédant les unes aux autres sur les réseaux sociaux, je me devais de m'y essayer. Escortée de mon acolyte, Je décidais donc de faire route vers L'Âme du mal, premier opus de cette série paru en 2002 aux éditions Michel Lafon et qui a reçu le Grand Prix Sang d'Encre la même année. Motivée à l'idée de retrouver le romancier, je me lançais avec joie, curiosité et l'espoir de dénicher une perle éventuelle.
Très vite, dans une ambiance sombre sur un rythme trépidant, nous plongeons dans l'univers glauque, nauséabond des serial killers. J'ai alors su que je ne m'étais pas trompée. Je renouais avec le style si particulier, si envoûtant de l'auteur. Des heures de plaisir se profilaient.
Quelques jours plus tard, malgré la lourdeur et la barbarie du thème, je ressortais de cette lecture avec un sentiment de plénitude, conquise par l'ensemble, en ayant la certitude de continuer de lire ce maître du roman policier français.
Je souhaitais également savoir si ce tome 1, publié pour la première fois sous le pseudonyme de « Chattam », était digne de ses successeurs tant dans la distillation de l'horreur que dans l'intérêt ou encore dans la manière de mener l'intrigue. Je suis ravie ! C'est un coup d'essai réussi.
Bienvenue au purgatoire ! L'ancien étudiant en criminologie nous amène effectivement dans un monde aux esprits torturés où cohabitent le machiavélisme, l'insoutenable, l'abomination à l'état pur. Nous voyageons au cœur de la noirceur humaine.
Le corps d'une femme affreusement mutilée repêchée dans une rivière de Portland. Précédemment, deux autres cadavres découverts atrocement torturés. Voilà autant de cas curieux que l'on doit affronter lorsque l'on rencontre véritablement Joshua Brolin, inspecteur au sein de la police de cette grande ville de l'Oregon.
Rompu aux enquêtes délicates par sa capacité à cerner la nature criminelle, ce profileur transfuge du FBI se prépare pourtant au pire. Un tueur abattu semble avoir ressuscité, massacrant ses proies de manière rituelle, laissant des indices issus de la Divine Comédie.
Pas plus que sa jeune assistante, étudiante en psychologie, le jeune flic ne pense que les tueurs en série reviennent d'outre-tombe. Fût-il le monstrueux bourreau de Portland qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de les découper avec précision. Mais il est mort et le carnage se poursuit, identique : un même cérémonial horrible. le nouveau criminel agit-il seul ou fait-il partie d'une secte ? Pure sauvagerie ou magie noire ? Brolin a peur. Cette affaire dépasse tout ce qu'on lui a enseigné. Aidé de sa comparse, il commence une enquête difficile. S'immerger complètement dans la psychologie d'un monstre, le comprendre afin de le cerner et de prévoir ses crimes, devenir un monstre soi-même, tels sont les moindres risques de son métier, tandis que la police scientifique et la médecine légale se perdent en conjectures.
Progressivement, va surgir un secret effroyable que nos limiers devront affronter au péril de leur âme. Quel est-il ? A quoi vont-ils se mesurer ? Les embûches seront-elles nombreuses ? Que vont-ils combattre ? Un psychopathe ? Une organisation ésotérique ? le diable ? Tomberont-ils en enfer ?
Pénétrez à votre tour dans cette Âme du mal qui ne vous laissera pas reprendre votre souffle et vous saurez…
Trame divisée en trois parties dans lesquelles l'homme de lettres incorpore, à chaque fois, de nouvelles composantes, de nouveaux rebondissements afin que nous spéculions sans cesse sur le dénouement ainsi que sur l'identité du coupable. Nous sommes pris d'entrée de jeu dans les mailles de cet ouvrage que nous ne pourrons plus lâcher.
Nous tentons aux côtés de nos héros d'élucider cette affaire complexe aux connotations d'occultisme.
Tout du long, nous alternons avec des périodes ténébreuses, d'autres d'investigations policières intenses sans oublier la touche de romantisme. Je n'en dévoilerai pas plus. 😉
En préface, Maxine nous indique qu'il a tenté d'écrire ce roman en étant le plus près possible de la réalité. Qu'elle dépasse la fiction. Au terme de cette épopée lugubre, je vous certifie qu'il dit vrai. En s'appuyant sur ses deux années d'analyse des méthodes de police scientifique, de physiologie, de médecine légale et de psychiatrie criminelle, il ne pouvait que nous offrir un écrit bluffant de réalisme, de justesse. Magistralement documenté, basé sur des explications non fastidieuses car simples et compréhensibles par tous. En décrivant avec force détails les différences scènes de violence, de torture, d'homicide, il ne nous épargne rien. L'atrocité n'a plus de limite. Nous rentrons dans la tête du meurtrier, nous devenons lui en quelque sorte, surtout après avoir lu les déductions de Brolin.
A travers une course poursuite menée sur le fil du rasoir, à la recherche de l'un des tueurs les plus célèbres et impitoyables. Grâce à des situations imprévisibles mais totalement réalistes, à une cadence effrénée, à une dose élevée de suspense et de morbide, M.C. a réussi à me donner ce que je recherche dans des romans de ce type : la peur, le frisson qui parcourt l'échine, celui qui vous empêche d'éteindre la lumière après avoir fermé le livre, celui qui vous fait voir une ombre qui en réalité n'est pas là, celle qui reste attachée à vous pendant longtemps.
L'ambiance monte en tension peu à peu au fil de l'avancée pour atteindre son paroxysme dans les derniers passages jusqu'à la chute finale. Chute finale stupéfiante que je n'avais nullement imaginée. Ici et là, je me suis doutée néanmoins de certains faits.
L'épilogue, quant à lui, est énigmatique et habillement amené. Je préciserai juste qu'il se termine sur une fin ouverte qui laisse place à des supputations diverses et variées. Je pense avoir compris dans les grandes lignes…
Plume fluide, agréable, tranchante qui sert le tempo effréné de l'histoire.
Les personnages, qu'en dire ?
Le duo d'enquêteurs, que je considère comme la clef de voûte de ce volet, est un binôme des plus attachants qu'il m'ait été donné de rencontrer. J'ai immédiatement éprouvé de l'affection de l'empathie pour eux. Ils sont intelligents, professionnels, pragmatiques et tellement courageux (surtout Juliette).
Joshua, jeune trentenaire d'une grande compétence, sûr de son savoir, n'est pas pour autant imbu de sa personne. Il écoute, accepte d'être contredit et ne refuse aucune aide. Il m'est également apparue comme un être gentil, sensible. Belle découverte !
Juliette possède une force de caractère incroyable. Volontaire, audacieuse, elle est, en outre, très cultivée. Elle épaule Brolin efficacement et précieusement. Leur entente sans pareil est remarquable. Jolie amitié avec Camelia.
Les protagonistes secondaires ne sont pas en reste. Tout en étant moins développés, j'ai aimé les accompagner. Ils sont, eux aussi, consciencieux, déterminés et attendrissants. J'ai eu un faible pour Larry Salhindro. Il possède un côté paternaliste qui m'a enchantée.
En conclusion, ce récit est l'occasion de faire connaissance avec l'ange du mal. C'est addictif, flippant (âmes sensibles s'abstenir) mais nous ne demandons qu'à poursuivre l'aventure à la fin.
Un des meilleurs livres, selon moi, de l'écrivain. Il accouche avec brio d'un scénario mélangeant l'horreur absolue avec une idylle des plus tendres.
Bien que ce bouquin soit brutal, ignoble par moment. Bien que les sujets qu'il traite ne soient pas des plus agréables, ni des plus faciles, nous apprenons beaucoup, au-delà des explications techniques et scientifiques. En clair, c'est du Chattam ! Un thriller psychologique que je qualifierai de sensationnel, qui possède le caractère sombre et sublime de l'oeuvre de Dante.
Mon avis : Une histoire parfaitement construite, parfaitement maîtrisée. Noire, macabre, angoissante au possible, hautement recommandée à tous les amateurs du genre. Aux lecteurs intéressés par la criminologie, la médecine légale, que les descriptions pointues ne rebutent pas. Si vous êtes concernés, des heures de plaisir vous attendent. Vous ne serez pas déçus. Sachez toutefois que vous devrez avoir les nerfs solides.
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