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EAN : 9782876951082
Comics USA (12/08/1992)
5/5   2 notes
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Ce tome comprend le début d'une minisérie en 4 épisodes, parue en 1986 et qui forme une histoire complète et indépendante. le scénario et les illustrations sont d'Howard Chaykin. Bizarrement, l'éditeur français a choisi de l'éditer en 3 tomes : (1) celui-ci, (2) Shadowmania et (3) Sang et jugement.

Quelque part en Californie dans une demeure cossue, un écrivain de renom a organisé une enquête sous forme de jeu de rôle grandeur nature. L'individu ayant payé pour incarner l'inspecteur retrouve le cadavre de Clyde Burke (le romancier) cloué au mur par un tison fiché au travers de la gorge, les pieds ne touchant plus le sol. À New York, 2 voyous des rues immolent par le feu un SDF après s'être assurés de son identité. Une secrétaire découvre Clifford Marsland tassé dans la bonbonne d'une fontaine à eau dont le robinet laisse s'écouler le sang du cadavre. Des individus sont en train d'exécuter un à un les anciens agents du Shadow. Ce dernier sort de sa retraite népalaise pour revenir à la civilisation avec ses 2 fils pour arrêter le massacre. Il reprend contact avec Margo Lane et Harry Vincent accompagné par Mavis (sa fille, agent du F.B.I.).

Le 31 juillet 1930, une voix d'outre-tombe (incarnant un personnage appelé The Shadow) commence à introduire des histoires radiophoniques adaptées de magazines bon marché (les pulps). Les lecteurs réclament vite que cette voix dispose à son tour de ses propres histoires. En avril 1931 parait le premier roman consacré au Shadow, écrit par Walter B. Gibson. Il en écrira 282 sur les 325 qui seront publiés dans les 20 années suivantes. Puis le personnage est adapté en comics par différents éditeurs dont DC Comics une première fois en 1973 (scénario de Dennis O'Neill et illustrations de Mike Kaluta). Cette minisérie correspond à une nouvelle version pour laquelle il est demandé à Howard Chaykin d'amener le Shadow à l'époque contemporaine.

Un chapeau de feutre à larges bords, une écharpe rouge et 2 pistolets mitrailleurs, un rire tonitruant de dément : le Shadow. Il est possible da rajouter un ou deux accessoires tels qu'un girasol monté en bague et un nez aquilin. Et vous obtenez un personnage prêt à débiter du criminel. Confiez le tout à Howard Chaykin (après qu'il ait écrit et dessiné American Flagg) et vous obtenez un personnage haut en couleurs. Chaykin apporte son goût immodéré pour l'ultra-violence bien trempée dans l'humour très noir (impossible d'oublier cette fontaine à eau/sang) et les dialogues cyniques et pince-sans-rire (les 2 petites frappes en train de s'engueuler sur la qualité de leur travail pour faire cramer un clodo).

Pour cette histoire, Howard Chaykin a ramassé son propos pour un résultat très réussi. Il ne se limite pas à des horreurs grotesques, il développe également la confrontation d'un homme qui a gardé des valeurs des années 1940 (dont un sexisme bien affirmé), avec celle d'une femme libérée (Mavis qui ne peut pas croire quelqu'un puisse se faire appeler Maître). La réunion avec Margo Lane est plus amère que prévue. Il intègre son affection pour les années 1920/30 avec une scène dans une maison close de Shanghai. Il décrit des criminels bêtes et méchants, en particulier le cerveau derrière l'affaire dont la femme est une ex-animatrice de jeu télévisée avec un gros appétit pour le sexe et les tenues affriolantes. Mais Howard Chaykin n'écrit pas que pour flatter les bas instincts de ses lecteurs, il est passé maître pour faire exister ses personnages et pour en créer qui sortent de l'ordinaire. En particulier, il sait donner une place de choix aux vieux (Margo Lane et Harry Vincent) en en faisant des individus dessalés aguerris par l'âge. Il développe également des thématiques plus inattendues comme celles du mythe de Shamballa. Et il montre un individu capable d'en fédérer d'autres autour de lui pour l'épauler, malgré leurs réticences.

Howard Chaykin a également illustré cette histoire, avec son style si particulier, et si affirmé. Il n'a pas pour ambition de flatter l'oeil du lecteur. Il préfère camper des personnages crédibles et concevoir des pages efficaces. C'est ainsi que chaque personnage a une vraie gueule pas forcément flatteuse. En particulier, Chaykin retranscrit avec honnêteté l'asymétrie réelle des visages, par exemple dans des yeux de proportions légèrement différentes. Il met en scène des individus avec un langage corporel expressif sans être exagéré. Impossible d'oublier la première apparition de Kent Allard dans la demeure de Margo Lane : joli costume noir, avec une cravate rouge et une pochette assortie, un verre à la main et un sourire satisfait et ambigu sur les lèvres. Voilà un homme plein d'assurance, avec une bonne dose d'autosatisfaction. Impossible de ne pas l'aimer pour toutes ses qualités bien qu'il soit légèrement imbu de lui-même. Cette apparition est rendue d'autant plus dramatique qu'elle est précédée par une case peu commune : les 3 visages des présents (Margo, Harry et Mavis), chacun distordu par la surprise (avec une mention spéciale pour le coté vulgaire de Mavis avec son rouge à lèvre trop vif et sa clope au bec) avec le rire du Shadow en trame de fond.

Déjà à cette époque, Chaykin envisageait le lettrage comme une partie de l'illustration à part entière. Il a travaillé pendant des années avec Ken Bruzenak qui a réussi à faire du lettrage un élément graphique intégré au dessin, qu'il s'agisse de ce rire, ou du bruit des armes à feu. Dans le troisième épisode, le Shadow extermine de la racaille avec ses automatiques et la composition repose en partie sur son rire et le bruit des pistolets mitrailleurs pour ajouter à l'absence de pitié du Shadow tuant comme une machine.

Enfin Chaykin emmène ses lecteurs dans des endroits réalistes et bien rendus. le voyage de retour de Ying Ko à travers les paysages de l'Himalaya donnent envie d'y faire un trekking. La chambre d'hôpital sent le désinfectant, l'open-space de Mavis donne le cafard, le manoir de Margo Lane est richement meublé et décoré, etc.

Howard chaykin écrit histoire violente, brutale, pince-sans-rire, intelligente, rehaussé par un humour noir, de cynisme et de dérision. Parfait.
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