Si vous aimez les romans historiques de
Tracy Chevalier (
La jeune fille à la perle,
La dame à la licorne,
La dernière fugitive), sachez avant de vous décider pour ce livre qu'il s'agit de tout autre chose, ici. Tout aussi bon, peut-être même plus, mais très différent. L'auteur a, en effet, répondu à une demande de sa maison d'édition de transposer une pièce de
Shakespeare, et elle a choisi Othello.
En faisant d'enfants d'une dizaine d'années ses héros, en choisissant le début des années 70 comme époque, elle a à la fois simplifié et durci le propos.
O. un jeune Ghanéen, fils de diplomate, arrive un beau jour dans une école primaire de blancs. Tous les regards se tournent vers lui, ceux des élèves, comme ceux des instituteurs qui ne sont pas les plus tendres. Un noir, à l'école? Heureusement, son attention est attirée par Dee (Desdemone), la petite fille la plus populaire. Une attirance mêlée de complicité les lie très vite. Quant à Ian (Yago), le caïd, le jaloux, il n'aime pas beaucoup qu'on risque de lui usurper son pouvoir.
Un drame en 5 actes pour 5 récréations, à l'ambiance de plus en plus tendue…
Le roman est écrit en phrases courtes et simples pour mieux épouser le langage d'enfants d'une dizaine d'années. Et l'auteure n'a pas sa pareille pour installer une atmosphère à couper au couteau. Mais ce m'a le plus frappée, c'est l'extraordinaire description de la solitude d'O.
Tracy Chevalier se fait très sensible lorsqu'elle évoque sa situation: soumis aux blagues, aux brimades et aux insultes, lorsque la situation s'aggrave, il fait un coupable idéal.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu Othello, et je ne m'attendais donc pas à la fin de l'histoire. Brutale et poignante.
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