Récits du demi-loup - Intégrale, tome 2

Contrairement à mon habitude, ce sera un avis long.
Parce que j'aime célébrer les histoires qui m'evadent du monde. Même si ce monde là, par ses turpitudes et dissensions, n'était pas si lointain du mien.
Parce que j'ai vécu le Demi-Loup d'une traite, pendant deux decades.


Veridienne, le premier tome, nous conte et introduit le Demi-Loup, ses traditions, dont les enfants-rois qui, une fois nés, sont élevés avec un autre nourrisson né un jour après lui. Tout le monde fait un peu n'importe quoi, le roi par sa dépression, son fils pour tenter d'être reconnu, les princesses et leurs suivantes par leur désinvolture.

Terre de L'Est nous fait voyager hors du royaume pour réaliser que l'univers de cette épopée de papier, et surtout les enjeux sont bien plus vastes. le n'importe quoi se paye et nos désinvoltes plus ou moins repentis commencent à s'en rendre compte.

Et voilà qu'arrive Mers Brumeuses. Ça commence à barder. Velu. Et chacun des protagonistes est plongé dans les intrigues jusqu'au cou, faisant du mieux qu'il peut avec les informations et les affects qu'il possède. Nous du dessus, on contemple ce qui ressemble au prélude d'un désastre avec un engouement mêlé de crainte. le récit est toujours polyphonique, mélange de lettres et journaux intimes et on accueille parmi les narrateurs Crassu, attachant et agaçant personnage qui a la chance (lui qui s'en sent dépourvu)(oui il râle beaucoup)(un côté Fitz Loinvoyant presque mmmh) de transiter par toutes les factions, de Veridienne aux Eponas en passant par les "insurgés" fomantant leurs complots.
Toujours aussi prenant, le livre se termine magnifiquement et ne donne qu'encore plus envie de tourner la prochaine page, moi la chanceuse qui peut tout lire d'une traite.


Clémente nous soit la pluie clôt cette épopée et ouvrir cet ultime et épais tome, c'est comme dérouler le fil avec la dernière Moire. Terre de l'Est nous soufflait déjà que ça risquait de mal se terminer. Mais le plus éprouvant c'est peut être la construction du récit à mi-roman qui s'arrête à un moment clef pour prendre des chemins détournés pour nous reconstituer tout ce qui s'est ensuite passé. Et à partir de là, de ces dernières 300 pages, j'ai lu beaucoup moins vite. Parce qu'à avoir passé presque 20 jours au royaume du Demi-loup, je n'avais pas envie de le quitter, j'appréhendais aussi beaucoup ce que j'allais lire (un peu comme la musique dramatique qui te fait frétiller et frissonner à un moment donné du film).

Même si parfois il y avait quelques répétitions ou maladresses (et des fautes énormes, rares certes) (changez surtout pas les moutons hein...) , si peu en regard du nombre de pages, j'ai beaucoup aimé cet univers patiemment tissé et documenté. le Demi-Loup qui tente de survivre à ses traditions et son actualité en malmenant son peuple, ses dirigeants, l'Empire voisin qui peut apporter certes renouveau et meilleure qualité de vie aux pays qu'il annexe mais qui restera l'envahisseur. Et toutes les femmes qui ont habité ce roman (mes excuses messieurs mais on vous a vraiment volé la vedette) (et Aldemor tu pues, j't'aime vraiment pas !). Solitaires, unies, fortes, tyranniques, en colère ou simplement dépassées, elles sont aux premières loges, pas forcément avec succès ni honneur, et si certains se plaignent de leur incompétence ce ne sera jamais à cause de leur genre, mais parce que les cartes étaient meilleures dans d'autres mains.

Adieu Demi-loup, clémente vous soit la pluie.
Rebonjour mon réel qui déconne à plein tube, Clément nous soit le réchauffement.