Victor Chevrillon est un jeune entrepreneur aujourd'hui actif dans le domaine de la gestion forestière. Son nom vous est sûrement familier, c'est parce qu'effectivement, il est le neveu de la journaliste iconique de BFM TV. Après ses études à HEC et une expérience dans la "legaltech" il décide de partir pour un voyage sur
les routes du cachemire. le livre qu'il a probablement co-écrit avec François Roche, publié en septembre 2020, est issu de ce voyage initiatique, à la fois historique, pittoresque, économique et industriel.
François Roche est un journaliste économique qui a travaillé pour les titres la Tribune et L'Expansion.
Le lecteur suit donc les pérégrinations de l'auteur depuis les steppes mongoles jusqu'aux usines écossaises ou italiennes des marques de luxe, en passant par les fermes et usines chinoises. On découvre aussi les efforts de structuration d'une filière mongole qui valoriserait mieux cette ressource unique au monde pour le pays.
J'ai apprécié cette lecture très instructive même si j'ai trouvé souvent déstabilisant le mélange récit de voyage et enquête. L'auteur n'est pas journaliste et ça se sent, il ne va pas toujours à l'essentiel. Mais il transmet aussi des sensations, une ambiance, qui permet de voyager avec lui.
J'ai repensé à ce livre dont j'avais entendu parler dans un podcast après avoir vu un mini reportage sur la laine vigogne péruvienne, matière extrêmement luxueuse et chère. le cachemire, matière autrefois luxueuse elle aussi, s'est énormément banalisé depuis quelques décennies : la lecture du livre permet de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là, et quelles sont les conséquences de cette mass marketisation d'une matière qui devrait, pour des raisons écologiques, être produite en quantité modeste.
Une lecture qui permet de s'informer et de réfléchir sur l'impact de nos choix de consommation, mais aussi sur l'illusion de la société de consommation de masse. le propos du livre est sans concession sur le rôle que joue l'industrie chinoise, subventionnée par son état, dans ce jeu malhonnête. Mais il y a aussi des consommateurs qui ne se posent pas de questions au bout de la chaîne.
Et en ce qui concerne les marques de luxe, on constate que Hermès reste fidèle à sa vocation de promouvoir un artisanat d'exception, en étant le seul à vendre un cachemire travaillé par l'homme, sans mécanisation et automatisation. Un luxe qui n'a pas de prix.