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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mona Chollet est en train de prendre une place à part dans l'édition française et on ne va pas s'en plaindre car la dame a la plume alerte et un certain talent pour synthétiser les problématiques dans l'air du temps.
Ah et puis zut, si, quand même, on va s'en plaindre (un peu).
Monet Chollet est une journaliste de gauche, ca c'est certain, mais pour qui écrit-elle ? Son premier chapitre se veut une vengeance contre ceux (notamment ses collègues et son compagnon) qui se moquent de son tempérament casanier. Mais la valorisation de l'aventurier ne vaut que pour un petit milieu, le sien. Aimer sa maison, n'accepter de s'en éloigner que pour un temps circonscrit et un exotisme limité est le choix d'une majorité de Français qui n'ont aucune envie de ressembler à Nicolas Bouvier.
Mona Chollet écrit donc pour ses pairs et son discours ressemble parfois et sans mauvais jeu de mots à un plaidoyer pro domo. le 2nd chapitre ressemble assez à cet égard aux conversations d'une soirée de copines: j'ai-encore-trop-regardé-Instagram-mais-j'ai-quand-même-réussi-à-finir-mon-article. Eh bien, on est content pour elle, mais en gros on s'en fiche.
Écrire pour ses pairs, pourquoi pas? Reste la posture.
Souvent, Chollet fait dans la connivence et l'auto-dérision, c'est assez drôle: « Moi, en revanche, je reste toujours admirative devant un salon cosy ou une décoration de Noël réussie. Je pourrais fonder un nouveau courant du féminisme : le courant « poule mouillée ». Mais il y a déjà beaucoup de livres de « bonnes copines » et on attend autre chose d'une journaliste du « Diplo ».
On attend l'acuité d'un regard neuf et la balle tirée contre son camp, parce qu'on ne lit pas uniquement pour se satisfaire de certitudes béates. Souvent, là encore, Chollet fait mouche. Quand les tenants de la sobriété heureuse vantent la tiny house et le refus de tout superflu, elle les renvoie dans les cordes d'une pichenette: « Les adeptes du small living occupent donc exactement la place qu'un ordre social inique leur assigne. Ils se contorsionnent pour entrer dans le placard qu'on veut bien leur laisser et prétendent réaliser par là leurs désirs les plus profonds. »
Mais au fur et à mesure que les chapitres défilent, il faut bien avouer qu'on lit surtout ce qu'on veut entendre (quand on vote à gauche). Il faudrait pouvoir travailler moins. Les hommes font moins souvent le ménage que les femmes. La colocation, c'est bien. Il faut une politique sociale du logement. le thé, c'est chouette, Desesperate housewives c'est nul. Il ne faut pas avoir peur des squatteurs, d'ailleurs mon frère en est un.
Et de fait , on lit beaucoup ce qu'on a envie de lire et surtout on lit ce qu'on sait déjà. La bibliographie est copieuse mais à la manière de Wikipedia. Des références universitaires, un peu, et beaucoup d'articles (Le Monde, Libération, Elle). En y cherchant ce que je pourrais lire de vraiment consistant, je ne suis tombée que sur des valeurs sûres: Bachelard, Woolfe, les Pinçon-Charlot…
Et je me suis fait la réflexion que Mona Chollet, pour les professions intellectuelles intermédiaires, c'était comme le blog de Mimi Thorisson pour les mères de famille : un idéal presque accessible. On pourrait presque faire la même tarte aux pommes après s'être promené dans les bois en cueillant des champignons si on n'avait pas un Picard au coin de la rue. On pourrait presque faire le même livre que « Chez soi » avec un bon fil rss si on n'utilisait pas son ordinateur surtout pour vérifier que les amis sur Babelio nous ont bien likés. Mona Chollet, finalement, c'est la copine qui a réussi. Si j'ose dire: c'est nous, en mieux.
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Ce livre dresse tout d'abord un éloge du casanier, de la manière dont il est perçu comme replié sur lui-même et peu ouvert aux autres, alors que c'est tout le contraire, nous dit l'auteure qui montre la place des nouvelles technologies dans l'univers domestique. Elle explique aussi comment nos sociétés contemporaines laissent peu d'espace, et surtout peu de temps pour « se poser » chez soi, elle parcourt un éventail de solutions pour trouver ce temps.
Le livre est parsemé de très nombreuses et intéressantes références, (il faudrait tout noter !) de Xavier de Maistre à Sophie Divry, de Nicolas Bouvier à Dorothy Parker, en passant par Gaston Bachelard et Bill Bryson.
Certaines pages parleront plus au grand lecteur comme celles sur les coins destinés à s'installer pour lire, celles sur les dessins de maisons dans la littérature jeunesse ou le cinéma : maison ambulante, Arbre-Maison qui font rêver petits et grands enfants.
D'autres pages sont tout aussi passionnantes sur la fascination d'Internet (« une foule dans mon salon »), l'intelligence collective des réseaux sociaux, le bovarysme immobilier, les micro-maisons ou la recherche de temps libre pour profiter enfin de son intérieur. D'autres pages m'ont un peu moins passionnée comme les réflexions sur le ménage, et qui s'occupe du dépoussiérage et autres joies ménagères, mais l'ensemble bien construit permet de s'attarder sur les chapitres qui trouvent le plus d'écho dans la vie privée ou l'imaginaire de chacun.
L'écriture est très accessible, la journaliste ne se place pas en juge, mais en observatrice, et n'hésite pas à partager ses propres expériences. Un livre à lire dans un petit coin douillet et confortable de son chez-soi, bien sûr !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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C'est les vacances. J'ai acheté pour une semaine de riz, de pâtes et de légumes frais (le resteront-ils assez longtemps?), de quoi tenir une bonne semaine sans - si possible - sortir de chez moi. J'aime mon chez moi mais j'avoue avoir toujours du mal à prétexter qu'on est mieux chez soi tout seul pour décliner une invitation à manger ou pour un film au cinéma, une pièce de théâtre... - c'est toujours carrément mal vu. Cet essai de la Genevoise (résidant maintenant à Paris) Mona Chollet tombe à pic. Elle y exprime "la sagesse des casaniers, injustement dénigrés", en citant pêle-mêle des blogs, des sociologues, des ethnologues, en passant par la littérature - Gontcharov et son fameux Oblomov, Alberto Manguel, Xavier de Maistre (auteur du Voyage autour de ma chambre), Chantal Thomas, ... -, sans oublier de parler de la difficulté aujourd'hui de trouver un logement décent, pas trop éloigné de son travail, et à prix correct. Quel rapport entretenons-nous avec le "chez soi" quand, effectivement, on passe environ 12 heures à l'extérieur de ce dernier et que la vie prend une tournure métro-boulot-dodo. Mona Chollet se penche aussi sur Internet, qui loin de nous désolidariser du monde, nous ouvre en effet les portes de celui-ci, dans le confort de notre chez nous. Bémol toutefois : Internet est aussi un objet de distraction, et entraine souvent la procrastination. Qui n'a pas arrêté la rédaction d'un texte pour aller "surfer" un peu, ou, en quête d'informations sur, par exemple, Marie Stuart, ne s'est pas retrouvé, de liens en liens, de rebondissements et rebondissements, à regarder une vidéo musicale sur YouTube ? qui n'a finalement aucun rapport avec Marie Stuart ! L'architecture, la sociologie, la philosophie, etc. Mona Chollet prend toutes les routes possibles pour tenter une ébauche d'explication du "chez soi" aujourd'hui ; sa valeur, son coût aussi. Un essai intelligent, comme je les aime.
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Avec la lecture de Chez soi, publié en 2015 avant que Mona Chollet ne devienne une star des librairies, je termine le cycle de ses 4 livres emblématiques. Cette critique portera donc plus globalement sur son approche en général que sur ce livre en particulier.

Mona Chollet parle beaucoup d'elle même dans ses livres, ce qui rend son propos à la fois touchant par une forme d'intimité qu'elle ouvre au lecteur, et limité car elle ne parle finalement que de son point de vue. Son écriture a les qualités de son métier de journaliste : fluide, nourrie de multiples références issues des sciences humaines, de la littérature ou de la pop culture. Mais ce n'est pas un propos scientifique et il ne faut pas le prendre comme tel.

Si elle se référe à de nombreux historiens, sociologues, géographes et autres, elle ne prétend pas être autre chose que ce qu'elle est.
Quant à leur forme autobiographique, ils donnent à ses livres comme la forme d'une discussion avec une amie intello et cultivée qui a beaucoup lu, beaucoup réfléchi aux questions contemporaines, et besoin d'en parler pendant des heures.

Au final, c'est une autrice que j'apprécie pour sa capacité à synthétiser les grandes problématiques liées à l'intime et au quotidien de notre époque. Je retrouve sous sa plume beaucoup de mes propres réflexions même si je n'en tire par les mêmes conclusions. Ses livres sont un bon carburant pour réfléchir et aller lire... D'autres livres !
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Mona Chollet est journaliste -au Monde diplomatique- un métier pour lequel on considère généralement qu'il faut aller sur le terrain pour faire du travail de valeur. Or Mona Chollet est casanière et entreprend avec Chez soi de réhabiliter le casanier et d'étudier son cadre de vie. En fait tout cela ne sera qu'un prétexte pour aborder de nombreux sujets.

Aujourd'hui le monde entier envahit notre espace privé par le moyen d'internet. Donc pas besoin de sortir, on peut faire du très bon travail en compilant et digérant des sources diverses. Elle nous présente sa pratique des réseaux sociaux et je dois dire que ça ne m'intéresse pas vraiment. C'est le premier reproche que j'ai à faire à cet ouvrage: Mona Chollet parle beaucoup d'elle et pas toujours de façon pertinente, il me semble.

L'ouvrage aborde ensuite tout ce qui nous empêche de jouir à loisir de notre foyer. Il est question des SDF et des mal logés. J'apprends qu'"au début des années 1980, les foyers consacraient 25 % de leurs revenus à l'alimentation et 13 % au logement ; trente ans plus tard, le rapport s'est inversé". Il y a une critique du travail qui ne laisse pas suffisamment de temps pour profiter de son chez soi ou qui n'en laisse pas la force quand il épuise, de toute façon qui aliène quand on en vient à considérer comme glorieux de n'avoir "pas une minute à soi". La solution, pour l'autrice, c'est le revenu de base.

Je suis intéressée aussi par les passages qui traitent des tâches ménagères et de celles et ceux qui les font: domestiques d'hier et d'aujourd'hui, femmes au foyer – avec un historique de l'invention de cette figure-, répartition des corvées à l'intérieur du couple.

"En 1973, au Royaume-Uni, le travail ménager était devenu un châtiment possible pour certains criminels. Un tribunal avait condamné l'un d'eux à nettoyer un foyer pour personnes âgées. Une journaliste avait alors porté à l'attention des juges le fait qu'à travers le pays des milliers de femmes étaient déjà "internées pour des durées plus ou moins longues" et exécutaient "cette nouvelle peine hautement dissuasive baptisée "ménage". Nombre d'entre elles "éprouvaient des difficultés croissantes à se rappeler de quel forfait elles s'étaient rendues coupables, au juste".

Mona Chollet pense qu'il n'est pas acceptable de payer des gens pour faire le ménage. Ils sont mal payés et trop souvent méprisés. Aussi chacun devrait faire son propre ménage, au travail ou à la maison. Cela entraînerait la disparition des maisons trop grandes ou des surfaces trop salissantes. Je ne sais pas si c'est vraiment possible dans tous les milieux de travail mais je trouve ses arguments convaincants. Il est de nouveau question du revenu de base. Elle propose aussi de se tourner vers de nouvelles façons d'habiter: habitat groupé ou colocation.

Il est finalement question d'architectes et d'architecture, un chapitre dont le contenu m'agace pour plusieurs raisons. D'abord parce que Mona Chollet n'est pas toujours objective. Par exemple, elle critique l'architecture post-moderne dont certains représentants se flattent de mettre les usagers mal à l'aise. Ainsi Peter Eisenma qui a placé dans une salle à manger une colonne destinée à frustrer la conversation autour de la table du dîner. Au contraire elle porte aux nues l'architecture traditionnelle japonaise et cite Terunobu Fujimori qui a construit une table découpée au ciseau à bois : "Lorsque vous posez une tasse dessus, elle ne tient pas, ce qui est entièrement de votre faute". Sur ce point précis, je ne vois pas bien la différence pour l'usager.

Ensuite je trouve dommage qu'elle aille chercher de nombreux exemples hors de France : Japon, Etats-Unis. Certes, Mona Chollet est Suisse mais elle vit en France et édite en France. Quand elle traite du mouvement des squats à Zurich, c'est pertinent, mais à propos d'habitat auto-construit, on pouvait aussi évoquer Notre-Dames-des Landes ou la jungle de Calais.

Enfin Mona Chollet professe des positions anticapitalistes radicales -sur lesquelles je ne la suis pas à tous les coups- et quand elle traite d'écologie, c'est un peu faible. Elle évoque l'imaginaire écologiste mais sa référence c'est Bambois ou la vie verte en 1973. Ca commence à dater.

C'est donc un livre qui m'a intéressée, qui m'a appris des choses, qui m'a donné à réfléchir mais qui m'a aussi parfois agacée. J'y ai trouvé des faiblesses mais aussi des envies d'autres lectures pour approfondir le propos.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ce livre est un plaidoyer pour ceux qui restent devant leur écran d'ordinateur à longueur de journée, ceux qui posent des congés dans le seul but de traîner à la maison, ceux qui inventent sans cesse de nouvelles excuses pour échapper aux invitations du samedi soir. Pour moi donc !
Mais l'essai de Mona Chollet n'est pas seulement un éloge du foyer. Il fait aussi écho à de nombreuses préoccupations et pose de saines questions sur notre rapport au temps, au travail, à la culture aussi bien qu'à la vie conjugale. Au fil de sept chapitres aux titres savoureux (« L'hypnose du bonheur familial : habiter mais avec qui  ? », « Métamorphoses de la boniche  : la patate chaude du ménage »…), l'auteure analyse les enjeux politiques et sociaux qui s'invitent dans nos salons. Elle montre comment se projettent dans la maison certains problèmes, comme la difficulté à se loger dignement jusqu'au rapport de force féroce qui se nouent autour des questions ménagères. Elle pointe ce qui manque pour profiter pleinement de son chez soi, à savoir du temps pour soi.
Pleine d'autodérision et de profondeur, Mona Chollet m'a plongé dans des réflexions sur l'habitat et m'a fait me souvenir de toutes les maisons où j'ai vécu et qui ont peut-être façonné la personne que je suis aujourd'hui.

Un essai dôle et stimulant.
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Un sujet intéressant, mais en l'écoutant, j'ai eu l'impression qu'on passait du coq à l'âne sans de transition, et cela m'a beaucoup perturbée. Je n'ai pas retenu grand-chose de ce qui a été dit, alors que j'ai terminée le livre il y a seulement quelques jours.
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Mon avis général est plutôt mitigé, j'attendais autre chose de cette lecture. J'espérais en fait approfondir ce que j'avais aimé dans Intérieur de Thomas Clerc. Je regrette que ce livre ne soit pas plus personnel. Mais ce n'était pas vraiment le propos.
Lien : https://sonaltesse.wordpress..
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pas révolutionnairement écrit en soi
mais plein de références
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Lecture intéressante, Mona Chollet aborde l'espace domestique, et interroge : espace de prédilection ou espace de cantonnement de la femme ?
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