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3,28

sur 192 notes
Pour la petite histoire, j'ai acheté ce livre sans en connaître ni le titre ni l'auteur. Ma libraire avait emballé des livres avant Noël et le hasard était de mise. Expérience à refaire sans hésitation.

Mon opinion:

L'auteur veut en découdre avec Paol, ce grand-père inconnu, dont on ne parle jamais. Ce grand-père, arrêté par la Gestapo, en Bretagne, sur dénonciation, en 1943, pour “raison inconnue”.
Ce grand-père, qui sera “interrogé”, enfermé, déporté.
Ce grand-père qui connaîtra les camps de Buchenwald, Bergen-Belsen et Dora d'où il ne reviendra jamais.

Jean-Luc Coatalem, se lance dans une enquête fastidieuse pour faire revivre ce grand-père dont personne ne parle et qui commence par sombrer dans l'oubli.
Des recherches faites à travers des photos, des archives et quelques témoignages. Des visites dans les camps où son grand-père est passé. Notamment celui de Dora.

L'auteur met un coup de projecteur sur le camp de Dora, le moins connu mais qui aura, pourtant, un grand impact sur la grande histoire. Je suis déconcertée, stupéfaite d'apprendre ça !!! Wernher von Braun, la part sombre de la conquête spatiale (un SS qui devient directeur du centre de vol spatial de la NASA) !!!

Un récit basé sur des faits réels avec des passages inventés.
Une belle histoire mais j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans à cause de l'écriture. J'ai également été perturbé par les retours dans le passé (notamment lors de la guerre d' Indochine), qui m'ont obligés à revenir en arrière pour reprendre le fil des recherches.
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La part du fils
Jean-Luc Coatalem
roman, 2919, Stock, 263p


J'ai vu à Aix-en-Provence, au festival des Ecrivains du Sud, Jean-Luc Coatalem, un homme d'abord très agréable, simple, attentif à ses lecteurs.
Paule Constant, qui regrettait que le livre n'eût pas obtenu le prix Goncourt, et qui voulait qu'il eût le prix Giono, ne tarissait pas d'éloges.
Jean-Luc Coatalem va d'abord à la recherche de son grand-père, mort en 1943 dans le camp de Bergen-Belsen à 49ans, après avoir été arrêté sur dénonciation, mais surtout d'un homme dont la famille conservatrice, emmurée dans sa tristesse, ne veut pas parler, en particulier son fils cadet, père de l'auteur, et le fils aîné, son oncle.
On connaîtra l'histoire de cet oncle, parti rallier l'Angleterre un peu avant l'arrestation de son père, qui déserta quelques années plus tard,-pourquoi ? cela reste un secret- puis devint légionnaire, valeureux au combat. C'est un aventurier, dont le destin a peut-être à voir avec l'arrestation du père, lui qui avait ensuite perdu sa soeur emportée par une pneumonie à l'âge de 16ans.
Pierre, le fils cadet, a 12 ans quand son père est arrêté. Il est resté seul avec sa mère et son chagrin, voire sa sidération.
Paol- c'est le prénom du grand-père- va revivre, retrouver un peu de son identité, sous la plume de J-L Coatalem qui revendique la part de fiction de son récit, puisqu'il inventera tout ce qu'il ne sait pas, et se demandera si écrire n'est pas trahir, trahir les siens qui veulent garder le silence, trahir une vérité puisque tout ne sera pas dévoilé.
Quoi qu'il en soit, c'est la quête d'un petit-fils, sensible, « insolé » qui aura mal sur les traces de son grand-père, et qui devra chercher l'aide d'un psychologue.
La quête est difficile. Jean-Luc est seul, et les souvenirs qu'il remue sont douloureux, bien qu'il sache que Paol fût un homme d'honneur, pas un milicien, pas un collabo. Mais quelle différence de destin entre un forçat anonyme qui à Dora (Deutsche Organisation Reichs Arbeit), creusa, humilié, affamé, dans l'eau et le froid, les tunnels aménagés pour la construction des missiles, "armes de représailles" et Wernher von Braum, un des principaux ingénieur qui permit le vol des fusées allemandes V2 et récupéré par les Américains, joua un rôle majeur dans la conquête spatiale et les missions Apollo. le bourreau est célébré comme un héros.
Paol était un jeune homme vigoureux, un militaire d'infanterie, qui a été muté à Saigon comme officier de réserve, laissant pendant plus de deux ans sa Bretagne, sa femme et ses deux enfants, un séjour qui l'a changé. Alors Pierre, l'enfant du bonheur, né après le retour de Paol, n'a pas le même père que ses aînés , un père retourné à la routine, mais qui s'est retrouvé dans la Résistance, et qui est mort pour la France.
L'écriture du livre est belle, émouvante, souvent poétique, faisant sourdre les difficultés de la quête, dues au silence du père, au désaccord de la famille qui ne souhaite pas que l'auteur fasse des recherches, à sa propre sensibilité qui le pousse à aller jusqu'au bout de son projet. Il faut apaiser Paol, et l'on saura qui l'a dénoncé, et lui permettre de revenir en Bretagne, là où le roi Marc'h a sa tombe.
L'évocation de la Bretagne, l'Iroise, les embruns, la grotte Absinthe, suscite le rêve et des images joyeuses de la famille au complet.
On voit aussi, et c'est très intéressant, le travail de reconstitution d'une vie, et la construction d'un livre, comment les informations sont distillées, viennent en leur temps, comment le petit-fils, pour qui, à l'âge qu'il a, le grand-père devient un cadet, comble le « blanc » des conversations et la part manquante, veut croire que sa fascination pour l'Est lui vient de Paol, et rencontre le père de son père, qui récitait peut-être des vers de Tristan Corbière.
On avait déjà lu deux fois l'écrivain, dont le parcours nourrissait la curiosité, et lire ce livre poursuit la rencontre et permet de mieux connaître et l'écrivain et l'homme, qui lisent Supervieille, Louis Brauquier, Henry Jean-Marie Levet, et le livre de François le Lionnais, La Peinture à Dora.
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Nous partons à la recherche du passé, des non-dits. Un petit fils veut savoir ce qui est arrivé à son grand-père durant la guerre 39-45. Un père qui ne veut pas ou ne peut pas parler de cela.

J'ai eu du mal avec la façon dont est écrit le récit. Impossible de savoir ou l'on est, vers ou l'on va. Les retours dans le passé sont dans les moments présents. C'était assez perturbant.

Aimant les livres sur la 2éme guerre mondiale, j'ai aimé les descriptions, la vie dans le camps, les agissements de la police française, les SS. Je suis mitigée sur ce livre... Quelle dommage
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Je me suis passionnée pour cet ouvrage, emprunté au hasard parmi les nouveautés de ma petite médiathèque rurale.
L'écriture est belle, teintée de poésie, ce qui adoucit la dureté de la quête de l'auteur. La conduite du "roman" est à l'image de la recherche de Mr Coatalem, un peu discontinue mais cohérente, terrible tant on sent qu'elle lui tient à coeur. j'aime l'extrait de la 4ème de couverture.
Je rapproche ce livre du film documentaire de Vincent Jaglin "la découverte ou l'ignorance- histoire de mes fantômes bretons" (prix du documentaire historique 2014) . A l'inverse de Mr Coatalem, Vincent Jaglin a recherché à reconstituer l'itinéraire de deux nationalistes bretons engagés dans la Waffen SS, membres peu glorieux de sa famille.
Mais la démarche est la même : l'interrogation des proches, la collecte des photos, les recherches aux archives départementales, le déplacement en Allemagne sur des lieux ignorés par les proches...La 1ère génération ne parle pas ou peu.
Oui, je pense, comme il est écrit en 4ème de couverture, que "c'est le grand livre que Mr Coatalem portait en lui".En tant qu'écrivain, artiste de l'écriture, il lui fallait l'écrire. Je souhaite que cet ouvrage a eu pour lui une vertu cathartique. le chapître 36, tellement inattendu, le laisse supposer
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Page 236 : "Allant vers lui, j'avais fait au mieux un peu de chemin vers moi..."
Tout est dit dans cette phrase qui apparaît vers la fin du roman.
La quatrième de couverture est très trompeuse : "Sous le régime de Vichy, une lettre de dénonciation aura suffit. le grand-père de l'auteur est arrêté, déporté et mourra dans un camp de travail.; et l'on croit que l'auteur part à la recherche de ce dénonciateur ; tout le début du roman nous l'indique.
En fait, ce sont les rapports entre le romancier et son père taiseux qui nous sont commentés, analysés ; cela ressort davantage à une sorte d'autobiographie et le grand-père déporté n'apparaît plus qu'en toile de fond, au point que l'identité du dénonciateur, enfin connue, est expédiée en quelques lignes et l'auteur ne s'y attarde plus.
Quelques pages de description sur le transport en wagon de marchandise pour les prisonniers, sur le travail dans le camp de Dora, sur von Braun (mais pour qui s'intéresse à L Histoire, rien de nouveau.
L'expression littéraire est très recherchée : pourquoi ? Sur un tel sujet, cela me semble inapproprié (ce ne l'était pas pour son livre sur Segalen, autrement intéressant !) : simplicité et sobriété s'imposaient et l'émotion aurait été là.
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Vraiment un très gros coup de coeur.♥️♥️♥️
Une magnifique prose à la fois classique et conventionnelle ce qui sied à ravir à ce roman intimiste et puissant. Un roman fort et émouvant, un livre sur le deuil mais empli de vie. Des descriptions d'une rare beauté, poésie et d'une authentique véracité.
Un récit en forme de quête, quête de l'autre, quête de ce parent inconnu et pourtant si proche, une quête de soi à travers le silence des autres qu'il veut briser. Une famille orpheline qui s'est muée dans le mutisme. Un petit fils qui redonne vie à son grand père.

La part du fils est une histoire familiale, mais plus encore, c'est une recherche pour comprendre par un jeu de regard, de miroir, de fictions, de réalités, de certitudes, de doute, de tatonnements. Une histoire qui passe par la Bretagne, l'Indochine et surtout fini dans les camps de déportation et de longues pages sont dédiées à ces hommes qui ne sont jamais revenus.
L'auteur Jean Luc Coatalem nous transporte en 1919 à Verdun, en 1929 à Saigon, en 1943 dans ce train du non retour, un travail de documentation, mêlé à un ressenti intérieur pour combler les vide et les blancs
Jean Luc n'a pas connu ces temps là, mais il nous en parle avec une flamme intérieure évocatrice d'un flot d'émotions.Il évoque ce héros, ce grand père, un portrait quasi fantasmé. Mais aussi, il nous parle de Pierre son père, de ses relations difficiles avec son frère, de ces silences pesant.

Paol dans le roman est Camille Coatalem né en 1894 à Brest...il a connu Verdun, Officier de réserve, il ira en Indochine. En 1943, il se trouve dans sa maison dans le Finistère, quand une voiture de la Gestapo vient l'arrêter sur dénonciation comme résistant, ce sera la déportation dont il ne reviendra pas.
L'auteur part sur les traces de son grand père, remontant le temps, essayant d'obtenir, des réponses, des vérités sur ce sujet tabou, un sujet complexe, rempli de non dit et de douleurs que le temps n'a pas effacé.

Un excellent et brillantissime roman, une très belle oeuvre littéraire nommée pour le prix goncourt et le prix goncourt des lycéens 2019, pour le prix Renaudot et le prix Renaudot des lycéens 2019.
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Paol, le grand-père de l'auteur, a été déporté et n'est pas revenu des camps.
Comment ? Pourquoi ? C'est à cette double question que l'auteur tente de répondre. Car, dans cette famille conservatrice, le silence règne.
Il mène donc son enquête, interroge les témoins survivants, les archives officielles, refait le dernier voyage de son grand-père de Brest au camp de Compiègne puis en Allemagne jusqu'au camp de Dora-Mittelwerk où il dut travailler comme un forçat avant de perdre la vie à Bergen Belsen.
Cette quête s'achève avec la rencontre inattendue, surprenante, avec un témoin indirect qui lui apprendra le pourquoi de cette arrestation.
Un beau livre sensible.
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Merci à Netgalley et aux éditions Stock pour cette lecture. La part du fils est le premier roman de la rentrée littéraire 2019, à paraître le 21 août 2019, que j'ai eu la chance de découvrir.

Dans ce roman, hors du commun, qualifié du roman "d'une vie" pour son auteur , on découvre un héros en quête de ses origines. le voilà donc lancé avec peu d'indices et beaucoup d'espoir sur les traces de ce grand-père prénommé Paol, victime de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce livre me laisse au final un sentiment mitigé . J'ai été conquise par l'histoire en elle-même et le pitch du roman, qui aborde des thèmes que j'ai toujours apprécié. L'époque d'abord, puisque c'est un bout de Seconde Guerre Mondiale qui est raconté ici, à travers cet histoire familiale. La recherche de ses racines et du passé familial est ensuite un thème que j'ai toujours apprécié et qui m'a toujours attirée dans des romans, on le retrouve bien ici.

Malheureusement j'ai eu plus de mal avec le style dépouillé et direct de l'auteur , auquel j'ai eu du mal à accrocher, tout comme avec le fond du récit, qui pour moi manquait un peu de profondeur. J'attendais tellement de cette histoire, que le peu de détails , m'a laissé sur ma faim. S'il avait fait une centaine de pages supplémentaires, j'y aurais peut-être trouvé mon compte.

A vous de vous faire une idée dès fin août.
Lien : http://livresforfun.overblog..
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Un récit doux et nostalgique où l'auteur part sur les traces de son grand-père Paol qu'il n'a pas connu car arrêté en juillet 1943 par la Gestapo, il a disparu, volatilisé, mort en déportation selon toute vraisemblance.

De fait, le deuil a été impossible pour ses proches, ses derniers instants de Paol sont restés dans l'ombre, les silences ont pris le dessus.

C'est à l'âge adulte que le petit-fils – et écrivain - prend conscience que ce qui n'a pas été transmis doit être compris, il doit faire la lumière sur ce deuil confisqué par les évènements. D'autant plus que son propre père Pierre (et fils de Paol) a toujours refusé obstinément d'évoquer cette période, traumatisé enfant par cette disparition.

Le récit vogue alors entre réalité et fiction. Tantôt, l'auteur se livre à des enquêtes rigoureuses explorant les archives, les vieux dossiers, ou en allant sur place et notamment dans les camps de concentration. A d'autres moments, le romancier prend le dessus, livrant des pensées, des sensations, des situations devinées. « ce que je ne trouverai pas, de la bouche des derniers témoins ou dans les registres des archives, je l'inventerai. Pour qu'il revive ».

Le récit est merveilleusement bien écrit, la Bretagne, la mer, la côte, l'Indochine. le ton est pudique et mélancolique ouvrant les vannes de l'émotion à la fin du récit.
En postface l'auteur s'attarde sur sa démarche de petit-fils et d'écrivain « en dépit de sa fin tragique, il s'est agi pour moi de lui rendre, par-delà silence ou oubli, un peu de sa vie forte et fragile ».

C'est un très bel hommage qu'il m'a été donné de lire, un récit à juste titre sur la liste des présélections du Goncourt cette année.

Merci à #NetGalleyFrance# et aux #EditionsStock# pour ce voyage.
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« C'est un petit pas pour l'homme, un pas de géant pour l'humanité ». 21 juillet 1969

L'humanité… versus l'inhumanité.

De 1943 à 1945, seront fabriqués les V2, des missiles qui devaient révolutionner la guerre et dont l'armée nazie avait grand besoin. L'un des principaux ingénieurs développe un programme et la fabrication est effectuée par des déportés dans l'enfer impitoyable de Dora, des conditions de vie qui feront des V2 une arme plus destructrice par leur fabrication que par leur utilisation. L'un des ingénieurs responsables de ce programme létal s'appelle Wernher von Braun. Après s'être rendu aux alliés en mai 1945, il s'envole aux Etats-Unis quelques mois plus tard, et, devient l'un des pionniers de la conquête spatiale américaine, il sera, d'ailleurs, naturalisé en 1955. L'un des pères du 21 juillet 1969 est un nazi notoire, responsable de centaines de morts au camp de Dora.
Dora, d'comme Dora. Là, où a été déporté Paol, le grand-père de Jean-Luc Coatalem qui livre sa part dans un récit déchirant, mais également cathartique, sur cet aïeul disparu trop tôt dans le camp de Bergen-Belsen le 12 mai 1944.

Kergat. L'océan et son infini. L'immensité et ses espoirs. Mais aussi les vents contraires, les vents mauvais venus d'Est et qui vont souffler sur l'Europe dans les années 30 pour se transformer en une tornade destructrice quelques années plus tard ; une noirceur totale avec une grande faucheuse n'ayant aucune pitié pour le commun des mortels… et agitée par des mortels.
Au sein de cette géhenne belliqueuse, l'horreur va supplanter l'horreur avec son lot de crimes, de tortures… et de délations, délations qui arpentent les places, les rues, les ruelles… par vengeance, par jalousie. Paol en sera une victime en ce 1er septembre 1943, emmené sans ménagement par la Gestapo. de Brest, il passe à Compiègne, puis le 20 octobre, affaibli par les privations, les interrogatoires, les coups et autres maltraitances, c'est le départ vers l'Hadès final : Buchenwald, Dora, Bergen-Belsen.
Disparition. Silence. Silence de mort. Deuil inachevé…

Un récit romancé mais qui relate la pérégrination d'un petit-fils pour retrouver une trace de son grand-père dans le dédale de la deuxième guerre mondiale. Un grand-père qu'il n'a jamais connu et même peu entendu parler, son père s'étant enfermé dans le silence du souvenir.
Qui était Paol, né en 1894 ? Un combattant, un homme qui ne reculait devant rien. Il a connu quatre ans de guerre dans les tranchées, le corps à corps, la faim ; se battre dans la boue entouré de rats et de cadavres, parfois ceux de ses compagnons les plus proches. Puis, l'Indochine où il aurait peut-être mieux valu rester même si « le pays ne lui appartenait pas » et enfin le retour en Bretagne où il coulait des jours plus tranquilles en travaillant dans le civil même si la vie l'avait déjà fouetté en lui prenant un de ses enfants. Il restait ses deux fils mais l'un partira en Angleterre combattre et mènera une vie assourdissante, tant, que l'on pourrait croire en un personnage de roman. Et pourtant.
Et puis, il y a le dernier, Pierre qui grandira sans son père, seul avec sa mère Jeanne. Parce qu'il y a cette délation qui va conduire Paol dans un tourbillon mortuaire…

Face à cette tragédie universelle, mais également personnelle pour l'auteur, la narration cogne à chaque mot. Des phrases brèves, certaines elliptiques pour mieux signifier l'absence ou le désastre du parcours du déporté. le train de la déportation où déjà il faut résister, lutter contre le néant qui frappe mais un néant qui fait mal, qui serre, oppresse, humilie. Puis les camps, avec leurs administrations, leurs règlements, leurs cerbères avec tout le raffinement de la torture, des sévices, des crimes indéfinissables… Et le camp de Dora… là où « la conquête spatiale a commencé » selon la phrase de Robert Carrière, rescapé de ce camp créé en 1943 pour la fabrication des V2. Une galerie minière creusée par les déportés pour cacher la production des missiles et qui a été l'une des machines infernales du III° Reich broyant des milliers de vie.

En alternance, le lecteur découvre quelques passages plus légers sur les années asiatiques du grand-père mais aussi du père et du petit-fils. Une chevauchée lointaine comme des respirations nécessaires, celles qu'offrent les grands espaces, les territoires lointains et la référence surprise à Henry Jean-Marie Levet… comme une carte postale lancée depuis Bénarès…

La suite de l'histoire, on ne peut la raconter car elle se lit directement ; elle se lit pour comprendre combien le journaliste a eu envie d'en savoir plus sur cet inconnu dont les gènes sont en lui, pour comprendre le gigantesque travail de recherches effectué, pour comprendre les périodes de trouble, d'effarement mais aussi de retrouvailles par les archives et les mots posés sur des feuilles de papier. Réaliser également que Paol n'était pas seul, des milliers d'humains ont subi le même sort. Au nom d'une idéologie sans nom.

Depuis un crépuscule Jean-Luc Coatalem a semé vers l'aube des lumières des petits cailloux pour retrouver la trace de celui qui est « mort pour la France », pour colmater une douleur qui paraissait inénarrable, pour tendre la main vers l'invisible. Peut-être également pour colmater la souffrance de l'âme et quoi de mieux que la psyché de l'écrit. Parce qu'elle libère, parce qu'elle se partage. Et semer cette mémoire qui ne doit pas s'effacer et même être marquée, comme une pierre de Dora déposée sur la montagne de Menez-Hom…


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