Le coeur de l'Angleterre

C'est le 1er livre de Jonathan Coe que j'ai lu, et j'ai été déçue. L'écriture est quelconque, les personnages manquent d'épaisseur, l'histoire est banale. Dans une interview de l'auteur, j'avais compris qu'il traitait de la façon dont le Brexit avait révélé les fractures de la société anglaise ; en fait, cet abord est assez superficiel et plutôt convenu.

Je devais m'attendre à autre chose pour ne pas avoir accroché. Je suis pourtant aller jusqu'au référendum sans trouver beaucoup d'intérêt à la vie de ces personnages malgré l'écriture agréable et l'humour de l'auteur.

Un roman savoureux et authentique qui nous plonge dans le quotidien de britanniques, et qui nous permet d'entrevoir les raisons profondes du brexit : fractures sociales, générationnelles, éducatives, géographiques. Ces mêmes frontières qui ont servi de terreau fertile à la campagne politique du Leave. Un livre donc, aussi intéressant que plaisant à lire.

Une première découverte pour moi de l'auteur et une excellente lecture in fine. Un écrit qui nous transporte dans l'Angleterre moderne mais qui néanmoins n'oublie pas ses racines historiques et son identité si singulière.

Pour les aficionados du Royaume Uni, je pense qu'ils retrouveront ce qu'ils y aiment : le décalage britannique, l'obscurité accueillante et feutrée de la campagne anglaise, la vivacité politique anglaise.

Pour ceux plus neutres à l'égard de l'Ile dont je fais partie, on y trouve une grille de lecture formidablement réaliste (à la manière d'une saga de famille à la Zola) de ces terres anglaises qui ont été secouées par le récent Brexit avec les différents points de vue nombreux des acteurs du récit, selon leur point de vue générationnel.

On regrettera peut être que certains personnages ne soient pas plus poussés (Doug notamment et sa famille) mais peut être cela invite probablement à lire l'ensemble de la saga…

C'est une lecture réaliste, sans complexe qui amène à voir plus loin que le bout de son nez et à se décentrer de notre prisme parfois trop franco centré…

Pour commencer par les côtés positifs, je dirai que l'auteur possède une véritable capacité de narration et l'on se prend au jeu de ces histoires "so british" avec l'humour les accompagne. L'histoire est également intéressante en ce qu'elle restera (je pense) un bon résumé de ce qui a conduit l'Angleterre à choisir le Brexit.
Helas, il y a aussi de nombreux aspects manqués: les personngages sont nombreux, il est souvent difficile de se rappeler qui est qui, et on comprend en cours de lecture que ces personnages ont déjà eu une existence dans des livres précédents. Ensuite, toutes les histoires personnelles ne sont pas pertinentes pour le développement global: à quoi sert l'histoire de la croisière de Sophie, par exemple? Je n'ai pas compris. Pour finir, je dirai que le livre possède bien 100 pages de trop, et c'est vraiment dommage.

Le coeur de l'Angleterre, Jonathan Coe, Editions Gallimard

***

L'Angleterre des années 2010 fait en quelque sorte du street style. Les réseaux sociaux, les tabloïds occupent de manière virale les rues et l'espace public, jusqu'à s'insinuer dans les maisons et appartements. de Londres à Birmingham, le long de la Severn jusqu'à Hartlepool les esprits sont accaparés par l'Histoire en train de s'écrire, la propagande qui trépigne, et la chose politique en mutation.

Le moment d'union nationale des britanniques émerveillés par les représentations symboliques et artistiques de l'identité anglaise lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques - Donnez leur du pain et des jeux ! - est un aparté dans l'embrasure de la porte de l'Europe que l'on essaie de fermer. La campagne référendaire anti-immigration et eurosceptique du UKIP rentre en concurrence directe avec l'euroscepticisme latent des Tories contraints de radicaliser la position conservatrice au détriment d'une coalition avec les libéraux-démocrates. Les travaillistes enchaînent les Badbuzz, une campagne de dénigrement prêtant à leur leader une ascendance marxiste, preuve s'il en fallait du caractère héréditaire de l'idéologie politique. Les raisonnements spécieux trouvent leur terreau. le politiquement correct excède. le cryptoracisme gagne du terrain. La honte fortement corrélée à la descente aux Enfers dans les banques alimentaires laissent aussi gagner l'amertume. Il n'en faut pas plus que des émeutes pour parachever le tableau. Mais cela, c'est la grande histoire.

Sur l'air connu du comment-en-est-on-arrivé-là, Jonathan Coe créé la rétrospective intimiste, littéraire des partisans du Leave et de ceux du Remain, laquelle prend des allures d'autopsie grandeur nature pré-Brexit. Ses personnages bigarrés défilent à coeur battant, témoignant des causes personnelles du retrait, à Londres et dans les Midlands, des frustrations professionnelles à la misère ordinaire. Survient alors l'Angleterre des bassins ouvriers nostalgique d'un passé pas si lointain mystifié oubliant au passage le déclin de l'industrie sidérurgique des années 70, celle des élites urbaines universitaires bien-pensants ou cols blancs de la City calfeutrées dans une idéologie nécrosée, et puis celle éviscérée du progressisme ante #MeToo suspendue au regard de l'Europe.

Mais c'est certainement l'Angleterre contemplative incarnée par l'homme du Booker Prize qui est la plus désarmante pour le lecteur. Celle qui, mutique, se détourne de l'histoire nationale pour se repaître de sa géographie intérieure et poétique autour de la figure romantique d'un amour perdu.
Lien : https://www.facebook.com/Cri..

excellent roman, fluide, vivant, intéressant,
on y voit que le coeur de l'Angleterre ressemble à la France Profonde ...
Je relis les deux premiers tomes :
Bienvenue au Club, et le Cercle fermé.

Jonathan Coe ou l'art de rendre le Brexit romanesque !

J'ai beaucoup aimé ce portrait de la Grande-Bretagne, de ses politiques, de ses citoyens en pleine tourmente du Brexit qui est un véritable tsunami qui n'en finit pas, qui suscite tellement de sentiments négatifs, contradictoires et déraisonnables. Une belle réussite.

Je suis restée sur ma faim avec ce roman qui ne m'a pas permis de retrouver l'auteur phare des années Thatcher...Le Brexit a t-il aussi appauvri le processus créatif de Jonathan Coe? Tout m'a semblé convenu et superficiel dans ce roman, la lecture en a été ennuyeuse. Les personnages, les situations, les dialogues, manquent de relief, s'inscrivent dans une banalité à laquelle le traitement médiatique des actualités du Brexit , nous a habitué ces derniers mois. Il aurait fallu une écriture plus puissante, décalée, imagée, je ne l'ai pas trouvée.