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4,16

sur 1609 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les Alpes italiennes comme décor, Pietro et Bruno sont deux amis, deux hommes quasi frères, liés par le père et la montagne. De leur enfance à leur quarantaine, suivons les dans leurs chemins. C'est Pietro qui raconte la cordée de leurs vies parallèles, Bruno est toujours là ou presque.
Marcher en cordée sur un glacier, ou simplement musarder dans les alpages, ou cheminer en raquettes en hiver, et même charrier des vivres et matériaux avec un mulet. Paolo Cognetti fait briller les facettes de tant de façon qu'a l'homme d'étreindre la montagne. Et ça fait de ce livre une merveille, avec des personnages comme des cristaux de calcite dans la blanche dolomie des pages.
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Il y a bien longtemps que je n'ai pas pris un tel plaisir à lire un roman contemporain. Les critiques positives et le bouche à oreille qui ont poussé ce livre vers moi sont amplement justifiés.
Autrefois, je fus un montagnard accompli à l'image de ce père de notre héros, il n'y avait pas de weekend sans que j'embarque mon barda pour les Pyrénées. Puis l'armée est arrivée et ce n'était pas comme mon meilleur ami et compagnon de grimpe dans les Chasseurs alpins mais dans le Génie. Je n'ai pas osé demander ce corps d'élite, pensant que je n'en avais pas la capacité physique. J'ai donc compensé en dévorant dans ma chambrée puante des livres de montagne et d'air pur.
Ce livre a ainsi ravivé bien des souvenirs en moi. 
Clair comme l'eau d'un torrent, fluide et limpide, l'écriture nous emporte sous son charme. Et on est pris par cette histoire simple mais à la très grande finesse psychologique. Une très belle réussite.
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La première fois que Pietro, petit milanais de onze ans, découvre les montagnes, c'est dans le Val d'Aoste. Ses parents, originaires de Vénétie, se prennent de passion pour la montagne, chacun à sa manière et viennent y passer toutes leurs vacances d'été. Pendant que son père randonne infatigablement vers les sommets, Pietro fait la connaissance de Bruno, un jeune de son âge avec lequel il explore les cabanes abandonnées, les forêts et les alpages. Les différences qui devraient les opposer leur apportent beaucoup l'un à l'autre, sans doute davantage au petit citadin qui est encore un enfant, par bien des côtés.

J'ai tout aimé dans ce roman, de l'apprentissage de la montagne par le jeune Pietro à la relation père-fils, de la philosophie des alpages à l'histoire d'amitié entre Pietro et Bruno. Lorsque le jeune homme devenu cinéaste documentaire, plus attiré par les montagnes lointaines que par celles de son enfance, revient dans le Val d'Aoste, c'est après la mort de son père, et beaucoup de choses ont changé. Il revoit à cette occasion Bruno.

Les descriptions, qui ne s'embarrassent pas de lyrisme inutile, sonnent juste, et posent une belle atmosphère montagnarde. C'est le genre de roman pour lequel on a envie de donner à lire quantité de citations plutôt que de s'étaler à le décrire. Il ne faut pas s'attendre à une action trépidante, mais même sans être complètement fanatique de marche en montagne, on ne peut qu'apprécier l'écriture impeccable, sans oublier la traduction, et la mélodie de la montagne, qui m'a rappelé bien souvent L'iris de Suse, le dernier livre de Giono que j'ai lu. Une comparaison tout à fait méritée pour ce beau roman !
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Je viens de passer quelques jours dans les montagnes italiennes du Val d'Aoste, avec Paolo Cognetti pour guide. En réalité, le narrateur du roman Les huit montagnes est Pietro, le personnage principal. Mais l'auteur et le narrateur semblent se confondre, tant les sentiments et les situations sont évoqués avec précision et sincérité, comme seule une personne les ayant ressentis et vécues peut le faire.

L'intrigue peut paraître simple. Et pourtant, j'ai été profondément émue par cette histoire, celle d'une rencontre entre un jeune adolescent et la montagne, celle aussi entre deux garçons qui vont devenir amis.

Les personnages ont une personnalité complexe et attachante. Je me suis un peu retrouvée dans certains d'entre eux, ceux qui n'arrivent pas à s'adapter au monde qui les entoure et trouvent refuge dans un ailleurs sans artifices, ici la montagne.

À travers les yeux de Pietro, j'ai découvert ce milieu que je connais peu. Les descriptions sont particulièrement immersives. Attention, il ne s'agit pas là de la montagne des skieurs et des télésièges, mais de celle des randonneurs, des grimpeurs et des locaux, celle de ceux qui l'éprouvent dans leur corps et leur quotidien. La montagne apparaît sublime, multiple, impressionnante, intransigeante et parfois dangereuse.

Ce qui m'a surtout touchée dans ce roman, c'est cette amitié entre les deux personnages principaux. Celle-ci est d'autant plus belle qu'elle s'est construite en partie sur les non-dits de ces deux taiseux et qu'elle est restée intacte malgré une longue absence.

Un roman émouvant et dépaysant.
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Vous aimez les grands espaces, la nature, le silence, la solitude .... Ce livre est pour vous. Pour ma part dès que j'en ai entendu (ou lu) parler j'ai su qu'il était fait pour moi.

L'auteur, à travers le personnage de Pietro, nous parle de la montagne, de Sa Montagne. Pas celle des pistes de ski, des stations à la mode, non non, mais la sienne, sa montagne rurale, sauvage et inconnue de la foule à part quelques randonneurs. Mais il nous parle aussi de ses parents, son père principalement, Giovanni, homme solitaire, taiseux, chimiste dont le travail l'oblige à vivre à Milan dans un immeuble où il étouffe

Dans la philosophie qui était la sienne (du père), qui consistait à monter et à descendre, ou plutôt à fuir en haut tout ce qui lui empoisonnait la vie en bas, après la saison de la légèreté venait forcément celle de la gravité  : c'était le temps du travail, de la vie en plaine et de l'humeur noire.(p47)

mais qui tiendra grâce à des étés à Grana dans le Piémont, où il pourra parcourir tous les sentiers, les faire connaître à son fils, y laissera des traces de son passage bien longtemps après. Cet homme qui cache une blessure ancienne et dont il ne guérira jamais

Sa mère, infirmière, femme discrète mais très impliquée dans le social, sera celle qui temporise son mari, son fils et construira sa vie parallèlement à ses deux hommes, conciliant leur amour de la nature et son besoin de venir en aide aux autres

Ma mère intervenait alors, elle qui s'était retrouvée avec entre autres devoirs conjugaux, celui de l'apaiser, d'amortir les coups dans la rixe entre mon père et le monde. (p8)

Une relation entre un père peu bavard, proposant à son fils, Pietro de découvrir la vie, son sens à travers paysages et marches sur les sentiers escarpés.

Le glacier c'est le souvenir des hivers anciens que la montagne garde pour nous. passé une certaine hauteur, elle en conserve le souvenir, et si on veut retrouver un hiver lointain, c'est là-haut qu'il faut le chercher.(p40)

C'est aussi l'histoire d'une amitié entre deux hommes, virile, forte et pudique. Bruno, l'enfant de la montagne, le berger. Ils passeront de magnifiques moments de complicité mais aussi de longues périodes sans se voir ni se parler mais sachant que l'autre est toujours là, il y aura de la distance à l'adolescence, quand on se cherche, que l'on devient autre mais se retrouveront car ce ne sont pas des hommes à être autres que ce qu'ils sont vraiment.

J'avais l'impression d'être passé à côté du plus important, pendant que je me consacrais à d'autres choses si futiles que je n'aurais même pas su dire ce que c'était.(p100)

Il y aura des tours, des détours, des voyages lointains (mais toujours proches de la montagne), il y aura des amours, du travail, des retrouvailles et des absences mais l'amitié restera par un simple appel, un regard, un silence

Je me rappelais plus très bien les raisons qui m'avaient fait m'éloigner de la montagne, ni ce que j'avais aimé d'autre quand je ne l'avais plus aimée elle, mais j'avais l'impression, en la remontant chaque matin en solitaire, que nous faisions lentement la paix. (p103)

Au-delà d'un magnifique roman sur l'amour de la montagne, de la nature, c'est l'histoire d'un père et d'un fils qui n'ont pas réussi à se trouver, ou trop tard, car trop semblables, avec des zones d'ombre qui ne s'éclairciront que longtemps après.

En grande partie autobiographique, l'auteur, cinéaste documentaire, se révèle à travers ce roman, peut-être parce qu'il est plus facile d'écrire que de parler,  récit clair, limpide mais d'une grande sensibilité effleurée, à peine visible mais si présente.

L'été efface les souvenirs de la même façon qu'il fait fondre la neige, mais le glacier renferme la neige des hivers lointaines, c'est un souvenir d'hiver qui refuse qu'on l'oublie.(p111)

Pour moi qui aime la nature, qui savoure chaque jour de vivre au milieu d'elle, d'avoir découvert les bienfaits et parfois les réponses qu'elle m'apporte sur tous les plans, les paysages, les bienfaits d'une vie simple allant à l'essentiel, le silence, ce roman m'a conforté et a souvent rejoint ma façon de penser. 

Les choses qu'on ne peut pas utiliser on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien.(p129)

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, l'auteur m'a emmenée dans sa montagne, dans son refuge "sa petite maison", construite grâce à l'amour silencieux d'un père, l'amitié de deux hommes et il me conforte dans le fait qu'il faut parfois un chemin long, tortueux pour trouver le lieu de notre bonheur. 

Ce livre a obtenu le Prix Médicis Etranger 2017
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Coup de coeur pour ce petit roman qui m'est tombé par hasard entre les mains.

C'est l'histoire de Pietro, qui est né et a grandit à Milan. Ses parents, amoureux de la montagne, ont dû s'installer en ville pour avoir du travail. L'été de ses 11 ans, ils louent une maison à Grana, un petit hameau de la vallée d'Aoste. Pietro y suit les escapades montagnardes de son père mais surtout il y rencontre Bruno, un gamin de son age qui vit dans le village.
La famille de Pietro retournera à Grana chaque été, et chaque été Pietro retrouvera Bruno et les montagnes. C'est une magnifique histoire d'amitié, de ces amitiés d'enfance qui tissent des liens fraternels, entre ce môme de la ville et celui des alpages. Une amitié discrète qui durera plus de 30 ans entre ces deux hommes qui ne se reverront ensuite que par intermittence.
C'est aussi une histoire de relation père-fils complexe, rigide et sans dialogue, où les liens ne pourront se tisser qu'à travers l'ascension de cette nature immense.
Enfin, c'est une ode splendide à la montagne et aux relations entre l'humain et la nature.

« Et il disait : c'est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. Autant de choses qu'on peut montrer du doigt. Qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien. »

Une grande sensibilité pour ce roman qui a reçu le prix Strega (Goncourt Italien) en 2017 et dont une adaptation sortira au cinéma en décembre prochain.
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Il est des romans que l'on attend avec impatience et d'autres que l'on découvre, un peu par hasard, au détour d'une librairie, auxquels on finit par donner une chance comme ça, pour voir.

Paolo Cognetti a su m'attraper au vol, m'entraîner à sa suite, moi la citadine, dans ses montagnes italiennes.

Val d'Aoste, Grana, 1984. Pietro, accompagne ses parents pour un séjour alpin.

Viendra la rencontre avec Bruno, jeune montagnard, une amitié naît sous nos yeux nostalgiques de ces fraternités d'été.

Viendra aussi la rencontre avec la montagne, l'alpage, les lacs, la neige, les ruines d'un mode de vie révolu.

Les années passent, les vies se tissent ensemble puis les liens se délient.

C'est une ode à l'amitié qui nous est offerte ici, pudique et forte. de celle qui offre un refuge lorsque l'on s'égare.

Ode également aux sommets, à l'alpage, à cette nature incontrôlable, âpre et vraie.

Une bien belle découverte, couronnée du prix Médicis étranger 2017, que je vous invite à découvrir.
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Un grand merci à Paolo et à sa traductrice Anita Rochedy d'avoir réalisé un tel chef d'oeuvre... Encore un que je vais pouvoir ajouter à mon livre d'or ; sans doute le troisième pour cette année riche en belles lectures. Si je remercie la traductrice, ce que l'on ne pense pas assez souvent à faire, c'est parce que l'auteur a un style remarquable, agréable à lire et chaleureux, et qu'elle a su le mettre en pleine lumière en réécrivant cette belle histoire d'amitié en Français. Que dire de plus si on ne veut pas trop gâcher le plaisir de la découverte, si ce n'est que Paolo Cognetti me paraît être une belle personne, avec de belles idées et de belles actions. J'ai eu grand plaisir à découvrir certains aspects profonds de sa personnalité (que le livre ne permet que d'entrapercevoir) en lisant l'interview que lui a consacré le journal anarchiste italien "A Rivista" dans lequel il a toute sa place. Une lecture incontournable par ces longues soirées d'hivers propices à l'intimité littéraire.
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On entre dans ce livre comme dans un roman initiatique. Pour quelqu'un qui ne connait pas la montagne, le récit de Pietro sur les pas de son père est une métaphore poétique et puissante sur le chemin de la vie, Chaque découverte est aussi une exploration sur l'autre et sur soi-même. Ces sentiers pierreux ou enneigés sont des épreuves physiques et psychiques, surtout pour Pietro qui doit surmonter le mal des montagnes. Il y a une dimension mystique dans ce récit, en approchant des sommets, s'approche-t-on de Dieu . C'est intéressant de voir comment ce garçon des villes se familiarise de plus en plus avec ce milieu plutôt hostile jusqu'à en devenir totalement adepte. Son amitié avec Bruno, le vacher est la clé de cette passion. « Nul ne peut faire comprendre les sensations éprouvées là-haut à celui qui n'est pas sorti de chez lui » L'autobiographie se ressent tout le long de la lecture. On ne raconte jamais aussi bien que des choses vécues. Après la mort du père, Pietro entre dans l'âge d'homme et retourne à Grana, et là un 2ème récit commence avec une redécouverte guidée par Bruno des lieux de leur enfance, une sorte d'identification se fait entre les deux jeunes hommes : ils vont construire leur maison ensemble, ils vont aimer la même femme jusqu'à ce qu'elle devienne officiellement celle de Bruno, mais Pietro ne sera jamais jaloux. Il s'efface devant les choix de vie de Bruno, à tel point que Bruno ne veut plus de son amitié encombrante après sa séparation avec Lara, il a besoin de solitude et fait un choix égoïste en quelque sorte.
Les escapades au Népal de Bruno, pourquoi l'Himalaya ? sont autant d'épreuves qu'il a choisies, mais il finit par revenir à Grana. Ce qu'il apprend sur les montagnes au Népal reste une philosophie qu'il tente d'appliquer à Grana. Il est cependant très différent de son ami, pur, solitaire et fier, qui ne comprend pas quand il l'incite à « descendre ». Cette dernière épreuve - mais en est-ce une vraiment ? - l'avalanche, soudera leur amitié pour l'éternité et ce livre en est l'ultime hommage.
C'est un livre magnifique, très bien écrit, à la fois récit d'aventure et témoignage sincère d'une vie, d'une amitié. J'y ai beaucoup appris, tant sur la montagne et sa rigueur que sur le caractère des hommes qui y vivent.
Le film sort demain : courez y !
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Un livre authentique, simple fort et poignant voila comment je pourrais résume ce livre. Une amitié forte entre deux garçons Pietro et Bruno tout d'abord deux ados qui se cherchent ,puis deux adultes que tout sépare, Pietro se cherche en voyageant , quand à Bruno lui l'indéfectible s'accroche à ses montagnes et à ses racines.
Ils cherchent tout deux ce point d'accroche, à travers leur famille et leur héritage.
Ce livre dégage une certaine sincérité, j'ai quitté ce livre le coeur serré.
Paolo décrit dans ce roman une amitié à toute épreuve
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