Vous aimez les grands espaces, la nature, le silence, la solitude .... Ce livre est pour vous. Pour ma part dès que j'en ai entendu (ou lu) parler j'ai su qu'il était fait pour moi.
L'auteur, à travers le personnage de Pietro, nous parle de la montagne, de Sa Montagne. Pas celle des pistes de ski, des stations à la mode, non non, mais la sienne, sa montagne rurale, sauvage et inconnue de la foule à part quelques randonneurs. Mais il nous parle aussi de ses parents, son père principalement, Giovanni, homme solitaire, taiseux, chimiste dont le travail l'oblige à vivre à Milan dans un immeuble où il étouffe
Dans la philosophie qui était la sienne (du père), qui consistait à monter et à descendre, ou plutôt à fuir en haut tout ce qui lui empoisonnait la vie en bas, après la saison de la légèreté venait forcément celle de la gravité : c'était le temps du travail, de la vie en plaine et de l'humeur noire.(p47)
mais qui tiendra grâce à des étés à Grana dans le Piémont, où il pourra parcourir tous les sentiers, les faire connaître à son fils, y laissera des traces de son passage bien longtemps après. Cet homme qui cache une blessure ancienne et dont il ne guérira jamais
Sa mère, infirmière, femme discrète mais très impliquée dans le social, sera celle qui temporise son mari, son fils et construira sa vie parallèlement à ses deux hommes, conciliant leur amour de la nature et son besoin de venir en aide aux autres
Ma mère intervenait alors, elle qui s'était retrouvée avec entre autres devoirs conjugaux, celui de l'apaiser, d'amortir les coups dans la rixe entre mon père et le monde. (p8)
Une relation entre un père peu bavard, proposant à son fils, Pietro de découvrir la vie, son sens à travers paysages et marches sur les sentiers escarpés.
Le glacier c'est le souvenir des hivers anciens que la montagne garde pour nous. passé une certaine hauteur, elle en conserve le souvenir, et si on veut retrouver un hiver lointain, c'est là-haut qu'il faut le chercher.(p40)
C'est aussi l'histoire d'une amitié entre deux hommes, virile, forte et pudique. Bruno, l'enfant de la montagne, le berger. Ils passeront de magnifiques moments de complicité mais aussi de longues périodes sans se voir ni se parler mais sachant que l'autre est toujours là, il y aura de la distance à l'adolescence, quand on se cherche, que l'on devient autre mais se retrouveront car ce ne sont pas des hommes à être autres que ce qu'ils sont vraiment.
J'avais l'impression d'être passé à côté du plus important, pendant que je me consacrais à d'autres choses si futiles que je n'aurais même pas su dire ce que c'était.(p100)
Il y aura des tours, des détours, des voyages lointains (mais toujours proches de la montagne), il y aura des amours, du travail, des retrouvailles et des absences mais l'amitié restera par un simple appel, un regard, un silence
Je me rappelais plus très bien les raisons qui m'avaient fait m'éloigner de la montagne, ni ce que j'avais aimé d'autre quand je ne l'avais plus aimée elle, mais j'avais l'impression, en la remontant chaque matin en solitaire, que nous faisions lentement la paix. (p103)
Au-delà d'un magnifique roman sur l'amour de la montagne, de la nature, c'est l'histoire d'un père et d'un fils qui n'ont pas réussi à se trouver, ou trop tard, car trop semblables, avec des zones d'ombre qui ne s'éclairciront que longtemps après.
En grande partie autobiographique, l'auteur, cinéaste documentaire, se révèle à travers ce roman, peut-être parce qu'il est plus facile d'écrire que de parler, récit clair, limpide mais d'une grande sensibilité effleurée, à peine visible mais si présente.
L'été efface les souvenirs de la même façon qu'il fait fondre la neige, mais le glacier renferme la neige des hivers lointaines, c'est un souvenir d'hiver qui refuse qu'on l'oublie.(p111)
Pour moi qui aime la nature, qui savoure chaque jour de vivre au milieu d'elle, d'avoir découvert les bienfaits et parfois les réponses qu'elle m'apporte sur tous les plans, les paysages, les bienfaits d'une vie simple allant à l'essentiel, le silence, ce roman m'a conforté et a souvent rejoint ma façon de penser.
Les choses qu'on ne peut pas utiliser on ne s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien.(p129)
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, l'auteur m'a emmenée dans sa montagne, dans son refuge "sa petite maison", construite grâce à l'amour silencieux d'un père, l'amitié de deux hommes et il me conforte dans le fait qu'il faut parfois un chemin long, tortueux pour trouver le lieu de notre bonheur.
Ce livre a obtenu le Prix Médicis Etranger 2017
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