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4,02

sur 4341 notes
Lu il y a une dizaine d'années, ce livre me fait toujours la même impression à chaque fois que mes yeux tombent sur sa couverture.
Hypnotique s'il en est, ce roman d'amour, cet exercice périlleux de la vie, cette lumière si profonde et pourtant douce amère que suivent les amants héros, ne peut que remuer l'âme de tout lecteur. L'amour est-il un miracle épouvantable ?
Cohen, faut-il le rappeler est un magicien qui depuis Mangeclous a révolutionné tout ce qui était révolutionnable, à commencer par les discours de paix et les histoires d'amours.
J'ai beau fermer les yeux quand je passe devant, ce livre me fait encore frissonner.
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Un roman culte, long mais si beau, si fort et si puissant de charme, de profondeur.
C'est toute une époque qui est retranscrite, dans une société si critique et critiquable, et au milieu, une histoire d'amour impossible qui montre jusqu'où l'homme peut aller pour glorifier la femme qu'il aime.
C'est surtout très bien écrit, avec style. Un classique de la littérature mondiale, peut-être un peu ardu à aborder mais tellement enrichissant et envoutant.
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Belle du seigneur ....
Ce titre restera gravé dans ma mémoire. Quel chef-d'oeuvre! Un véritable monument !

Cette histoire d'Ariane et de Solal, cette histoire d'amour de ses débuts magiques à sa fin inéluctable. Deux amants auteurs de leur propre malheur d'avoir voulu jouer le jeu de la passion que la réalité rattrape. Nous ne pouvons pas y rester indifférent.

J'ai été très surprise de découvrir que ce roman , que je croyais être dédié à la célébration d'un amour idéal et absolu est avant tout une violente charge contre la passion. Nous y retrouvons la splendeur et l'horreur de la lucidité : celle de Solal sur lui même , sur les autres, sur l'amour ( le discours du Ritz est une petite merveille)
La splendeur et l'horreur de la passion qui étouffe, qui écrase ...

Autour de ses deux personnages principaux s'articule une magistrale galerie de portraits : les Valeureux, Mariette, Adrien Deume le mari et sa famille. Des vies polarisées par le désir de reconnaissance, d'amour, de tendresse, d'élévation sociale... Toute la société y est remise en question.

Cohen manie un français splendide qui rend vivant ses personnages, auxquels on s'attache. Nous sommes ivre de ses mots parfois drôles, parfois cruels. Cela en est parfois dérangeant et terrifiant. Que d'émotions !

Je pense que cette lecture comprend différents niveaux de lecture et mériterait d'être lu à différent moment de la vie.
Pour les plus romantiques, l'un des plus beaux romans d'amour, les moins sensibles un réjouissant roman à l'ironie sarcastique.

Il est très dur de parler de ce roman donc un conseil plonger ou plonger à nouveau dans cette belle histoire pour la vivre.


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Si, à la suite d'un désastre quelconque,
- incendie dévastateur ou déluge planétaire -,
il ne devait rester qu'un roman,
un seul roman,
Je prie le ciel et puis la terre que ce soit celui-là :
Belle du Seigneur d'Albert Cohen.


Plus de mille pages de rage et de passion,
de larmes et de langueurs.
Mille pages ahurissantes de grâce,
de fougue et de tourments.
Mille pages peinturlurées de folie
Drapées dans rien de moins que la plus belle langue qu'il m'ait été donnée de lire.


Certains diront qu'elles sont datées,
surannées,
qu'elles fleurent la naphtaline et le pétrole lampé,
Mais personne ne saurait remettre en cause leur insondable beauté, leur glorieux mystère, leur effroyable intensité.


Belle du Seigneur, c'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui s'aiment au-delà de toute raison. Exclusivement. Magnifiquement.
Qui s'aiment comme ils n'ont jamais aimé. D'un amour des plus purs. de celui pour lequel il n'existe pas de mots.


Mais c'est aussi l'histoire d'une déchéance.
Car aux délices de l'attente et des baisers enflammés succèdent l'ennui, la jalousie et la colère. Mères de tous les vices, sources de tous les maux.
Alors l'amour devient pesant, dévastateur, impossible.
Et toujours plus ardent aussi. Plus incapable.


Roméo et Juliette des temps modernes, Ariane et Solal s'aiment,
à n'en plus pouvoir s'aimer,
à n'en plus pouvoir vivre.

*

Je crois avoir plus ou moins tout entendu au sujet de ce roman, lorsqu'au détour d'un regard ou d'une conversation, Belle du Seigneur venait s'immiscer dans l'oeil ou la bouche de mon interlocuteur :
- « Oh mon dieu, tu lis Belle du Seigneur ! Comment tu fais ?! Je n'en suis jamais venu à bout ! Quel ennui ! »,
- « Mille pages ? Non, mille cent pages ? Où il ne se passe rien, si ?»,
- « Il est sorti en 1968 ce bouquin, tu te rends compte ? Comme s'il n'y avait pas autre chose à lire en 68 ! ».


Deux possibilités donc :
1. Je suis complètement à côté de mes chaussures pour le dire joliment / pas née à la bonne époque / sélectionnez la proposition de votre choix.
2. Toutes ces personnes (elles ont été des dizaines ces dernières semaines à m'interpeller lorsqu'elles voyaient le roman entre mes mains) n'ont jamais ouvert Belle du Seigneur.


Car je mets quiconque au défit de parvenir à poser le roman – ne serait-ce que d'en détacher le regard - entre la page 633 et la page 800. Et entre la page 1 et la page 1100 d'ailleurs, mais ça, c'est une autre affaire.


Tout est annoncé et pourtant ! Chaque événement nous surprend et fait frétiller notre coeur. Avide de sensations. A l'affût de l'Emotion. La grande, la belle, celle qui emplit les poumons et fait perdre la tête.
Croyez-moi, il y a plus de rebondissements entre les pages de ce roman que dans tous les thrillers nordiques publiés ces vingt dernières années réunis - rebondissements de l'âme compris, entends-je !


J'en ai aimé toutes les lignes. Les grandiloquentes et les murmurées, les inventives et les cyniques,
les affligées des plus sombres petitesses et adorables misères.
Toutes magnifiques d'oralité et de regards qui frisent.
Que du beau, de l'admirable,
Saupoudré de ce que le tragique a de plus délicieux.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Ce volumineux roman, lu il y a plus de vingt ans, n'est pas seulement le récit d'une belle histoire d'amour. Sa lecture m'a surtout laissé le souvenir du portrait moqueur d'Adrien, fonctionnaire à la Société des Nations fier de sa réussite sociale, et naïvement cocufié. le décalage entre la manière dont ce personnage se perçoit, et ce qu'en montre l'auteur est amusant. L'analyse psychologique d'Adrien est d'autant plus pertinente que nous avons tous en nous quelque chose qui lui ressemble dans nos représentations de nous mêmes, plus ou moins prononcé selon les personnes, et indépendamment de nos positions sociales. Il suffit pour s'en convaincre d'observer l'arrogance d'un ex-président de la République française jouant des coudes - une centaine (et des poussières) de centimètres au-dessus de ses talonnettes - pour figurer sur le devant de la scène ! Ma comparaison entre lui et le pitoyable Adrien s'arrête là, puisque je ne connais pas les frasques de la chanteuse CB et ne m'en soucie guère…
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Le beau juif Solal, petit salop de macho aux 32 dents parfaites, Sous-Secrétaire Général de la société des Nations de Genève aime les jolis seins d'Ariane, un peu sosotte et sauvée du suicide par son époux Adrien Deume, roi de la procrastination (2 heures pour expliquer qu'il ne fait rien de ses journées) mais qui vient d'obtenir une promotion, justement de Solal, son chef, qu'il invite à un repas royal (2 autres heures pour expliquer la préparation du repas sous la gouverne de la belle mère Antoinette qui se prend pour une mondaine et sait dire 'montrez moi vos jeulis souyés s'il vous polait' et terrorise son petit phoquet zézayeur de mari, plus deux heures d'attente la non venue de Solal).

Dommage pour les premières heures assez chiantes ainsi que quelques longueurs car le reste est savoureux, remarquablement raconté, économie de mots merveilleusement choisis, humour (juif?) excellent!, et je ne vous ai pas encore parlé des autres babouins gravitant autour de la Société des Nations aussi inutiles qu'imbus de leur personne, des impayables cousins juifs, ni du soliloque de Solal (deux autres heures) sur les onze manèges de la séduction des babouines et autres petites araignées,
amours phéromonées, éphémères futilités,
amours chimiques, muses prolifiques...
détresse des amours éteintes.
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Lu une première fois à 25 ans, relu aujourd'hui 40 ans plus tard....

Là où, à l'époque, je n'avais vu qu'une extraordinaire histoire d'amour , je n'ai vu aujourd'hui que l'histoire pitoyable et peu envieuse de deux êtres inintéressants, passant totalement à coté de leur vie.
Cohen décrit leur lente descente aux enfers avec minutie, en passant de la phase séduction à celle de la destruction, avec son cortège de sentiments parfois peu glorieux.
On y croise des personnages inimaginables et improbables qui rajoutent une note particulière à ce roman.

J'ai retrouvé, et même d'avantage apprécié, le charme de l'écriture de Cohen et son humour merveilleux.
Ce livre se dévore avec plaisir et ravissement et nous emmène dans une société suisse bourgeoise et fonctionnaire, qui semble bien dépassée de nos jours.

C'est un livre que je recommande, même si son volume peut faire peur.

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Un homme et une femme s'aiment éperdument.
Solal a une beauté aussi solaire que son prénom, Ariane est belle à faire damner un saint.
Solal est juif et haut fonctionnaire. Ariane est mariée à Adrien Deume, qui travaille sous les ordres de Solal à la Société des nations.
Rien que de banal jusque là sauf que le quotidien tueur fait son oeuvre et que les choses se gâtent lentement.
En attendant nous sommes conviés à vivre par procuration des scènes d'une sensualité divine où nous partageons les monologues, les bains, les attentes, les désirs des amoureux fous.
Belle du seigneur est le roman d'une passion qui va jusqu'au bout de sa folie.
Et j'ai été subjuguée. Un point c'est tout.




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Retour de lecture sur « Belle du seigneur », un roman de l'écrivain suisse Albert Cohen publié en 1968. Ce roman, un pavé de plus de 1100 pages, a donc été publié en pleine libération de moeurs, mais n'impressionne absolument pas par son modernisme, notamment dans sa forme, bien au contraire. Cela ne l'empêche pas d'être quelque chose de totalement original, tout en étant devenu depuis sa publication un classique de la littérature du XXe siècle. Il peut être considéré aujourd'hui comme le roman de référence pour l'amour-passion, mais peut avoir plusieurs autres lectures et peut être considéré également comme un pamphlet contre la passion ou un livre sur la solitude et l'incompréhension des êtres. Dans tous les cas, c'est un livre impressionnant, qui fait énormément réfléchir, une claque littéraire comme je n'en ai pas connue depuis "La Montagne magique" de Thomas Man. Un livre que tout simplement tout le monde devrait avoir lu. C'est une description du processus de séduction, du désir et de l'amour faite avec une vérité et une lucidité impressionnantes. L'histoire de ce roman commence dans les années 1930 à Genève, en Suisse. Solal, sous-secrétaire général de la SDN, Société des Nations, s'introduit, déguisé en vieillard juif, chez Ariane Deume, une belle jeune femme qui l'a ébloui lors d'une soirée. Il lui déclare sa flamme, mais Ariane, effrayée, le repousse. Il jure alors de la séduire. Il accorde à Adrien Deume, le mari d'Ariane qui est un de ses subalternes, un déplacement professionnel pour quelques semaines, avec de vagues instructions. Il en profite pour conquérir le coeur d'Ariane qui deviendra ainsi sa belle du seigneur. Ce roman alterne en continu, la passion et le burlesque, le désespoir et l'exaltation du coeur. Basée avant tout sur cette histoire d'amour, cette passion amoureuse, c'est également dans sa première partie une violente critique de la Société des Nations, que Cohen connaît bien pour y avoir travaillé, notamment à travers le portrait d'Adrien Deume, un arriviste qui a un travail totalement vide de sens, entouré de gens pour la plupart aussi stupides que lui. Cet homme évoluant en plus, dans sa vie privée, au sein d'une petite bourgeoisie, protestante et bien-pensante assez pitoyable. 
Cohen dénonce également, à travers le destin de son héros Solal, l'antisémitisme très présent partout en Europe dans ces années, et ne manque jamais l'occasion de proclamer son amour pour le peuple juif. Même si c'est une écriture souvent flamboyante, avec beaucoup  d'humour, ce roman n'est pas particulièrement facile à lire. D'abord par sa longueur, ensuite par un côté très atypique et déstabilisant de son écriture. Cette lecture s'apparente à un marathon. Un peu à la manière de Proust, quelques fois cité dans le roman, mais dans un tout autre style, aucune concession n'est faite pour le lecteur. La ponctuation est souvent absente sur des pages et des pages, tout est très méticuleusement, très longuement détaillé, notamment pour les personnages, leur psychologie, leur passé et d'une manière générale tout leur environnement social. 
Il ne se passe pas grand chose, et toute la deuxième partie du roman est quasiment dédiée à l'histoire de ce couple, pris dans sa passion amoureuse, et qui, pour différentes raisons, finira par vivre totalement replié sur lui-même. On assiste à l'évolution de cette passion qui devient d'un côté de plus en plus violente et d'un autre côté se remplit de vide, on plonge progressivement dans le désespoir et le glauque. L'écriture de Cohen est fantastique pour décrire méticuleusement tout ce processus. La lecture devient elle, de plus en plus difficile, mais en même temps de plus en plus profonde et jouissive. Cohen ne recule devant rien, il n'hésite pas à porter un regard très clinique, à mettre sur le même plan, par exemple, le côté animal qui donne du charisme à un Hitler et ce même côté animal qui intervient dans les jeux de séduction de son héros juif. Il assimile également ces jeux et les codes qui y sont liés, tout au long du roman, à des comportements de singes, des babouineries. Son personnage principal Solal est très ambigu et donne à cette lecture un côté malsain, on navigue entre l'amoureux en quête d'absolu et le pervers narcissique, menteur, violent, calculateur, enfermé dans sa réalité et finalement incapable d'aimer. On termine ce livre épuisé, bouleversé, après avoir pris une immense claque. C'est un livre d'une complexité et d'une puissance extrêmes, capable de modifier notre vision de l'amour, notre perception de la vie, un chef d'oeuvre monumental et absolu.

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"Je t'aime autrefois, maintenant et toujours, et toujours ce sera maintenant, disait-elle. Mais si deux dents de devant m'avaient manqué la nuit du Ritz, deux misérables osselets, serait elle là, sous moi, religieuse ? Deux osselets de trois grammes chacun, donc six grammes. Son amour pèse six grammes, pensait-il, penché sur elle et la maniant, l'adorant."
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Un style inimitable, un chef d'oeuvre de la littérature!

On me l'a offert à ma demande pour mes 20 ans, je l'ai ouvert puis découragée par le style avec lequel je n'arrivais pas à accrocher, j'ai abandonné en me disant que ce serait pour plus tard.

Et trois ans après en effet, j'ai ré-ouvert Belle du Seigneur.. pour ne plus le refermer avant la fin. L'ironie cruelle de Cohen, la force de ses images, et la poésie de son écriture resteront longtemps imprimées en moi. Alors si vous êtes découragés, laissez à ce livre le bénéfice du doute, parfois il faut juste lire le livre au bon moment (qui ne coïncide pas toujours avec le moment où on l'acquiert).
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