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Marcel Cohen (Autre)
EAN : 9782073022578
160 pages
Gallimard (18/05/2023)
4.83/5   3 notes
Résumé :

Romancière française en premier lieu, Clarisse Nicoïdski n'est venue à la poésie qu'à quarante ans , en publiant en judéo-espagnol " Lus Ojus Las Manus La Boca" (" Les yeux les mains la bouche") en 1978. Ce recueil en version bilingue le reprend, y ajoutant " Caminus di Palavras" ( " Chemins de paroles") , paru en 1980.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est des rencontres de hasard fulgurantes. Ce fut le cas pour ce recueil, d'une auteure que je ne connaissais absolument pas. Elle n'a écrit de la poésie qu'à quarante ans, alors qu'elle était avant tout romancière.

La préface très éclairante de Marcel Cohen permet de mieux saisir la symbolique de ces textes. Ecrits au départ en judéo-espagnol et publiés par une petite maison d'édition, ils sont maintenant réhabilités dans cette version bilingue. Séfarade, ses parents étant originaires de Yougoslavie, Clarisse Nicoîdsky , morte en 1998, expliquait que ces poèmes dans la langue qu'elle parlait enfant à la maison, étaient une façon de se relier aux souvenirs, un kaddish pour sa mère.

Je vais difficilement pouvoir évoquer les raisons de mon coup de foudre. C'est presque de l'ordre de l'ineffable... Ce chant, comme l'auteure le nomme, en textes courts , m'a profondément émue. Et pourtant, les associations de mots mystérieuses auraient pu me dérouter . Mais les poèmes vibrants ont résonné en moi, avec lancinance. D'autant plus que des vers se répètent souvent, comme un refrain du passé qu'on ne veut pas laisser partir au vent...

" et comment oublierai-je
vos yeux perdus
et comment oublierai-je
les nuits
quand les miens se fermaient
les vôtres demeuraient ouverts"

Il y a une magie troublante dans les mots, un appel, une musique intérieure :

" la fleur
du vent
tomba
lentement lentement
dans l'eau dormante".

Une auteure francaise polyglotte, dont il me tarde de découvrir aussi les romans.

"adientru di mî
un candil inciendi gritus qui no savis sintir":

" en moi
une lampe allume des cris que tu ne sais entendre"...

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
    
Je t'ai trouvé sur le chemin des mots
    tu m'as fait boire de ton eau
    si chaude qu'elle assoiffe
    tu m'as fait manger de ton pain
    si sec qu'il affame
    tu m'as donné tes chemins
    où s'éveillait une femme oubliée qui appelait
        sienne ta terre
    – elle me ressemblait, dis ? –
et que je n'ai jamais connue
    
-
    
nous resterons ici
attendant
attendant que rien ne vienne
que nul ne nous rencontre
et nous prendrons le temps dans une jarre
nous le boirons
    
demeurera tranquille
ma voix la tienne
nous sommes seuls
    
*
    
Ti incuntrí nil caminu di las palavras
    mi datis a biver tu agua
    tan calienta qui da sed
    mi datis a cumer tu pan
    tan secu qui da fambri
    mi datis tu caminus
    undi si dispartó una mujer sulvidada qui liamava
        suya tu tiarra
    – mi asimijaba, di ? –
i qui yo nunca conicí
 
-
    
mus quidaremus aquí
aspirandu
aspirandu qui nada venga
qui ningunu mus topa
tumaremus il tiempu in un djaru
lu biviremus
    
si quidarán quieta
mi boz y la tuya
stamus solus
    
    
À Federico García Lorca, Raconte-moi la fable ensanglantée qui ouvrira les portes closes, II « Les yeux  Les mains  La bouche » / A Federico García Lorca, Cóntami la cunseja insangritada qui avrirá las puertas sarradas, II « Los ujos  Las manus  La boca », (1978) & « Chemins de paroles, IX / Caminus di palavras », IX (1980).
    
Traduit du judéo-espagnol par Florence Malfatto.
    

        
Te encontré en el camino de las palabras
    me diste de beber tu agua
    tan caliente que da sed
    me diste de comer tu pan
    tan seco que da hambre
    me diste tus caminos
    donde despertó una mujer olvidada que llamó  
        suya su tierra
    – ¿se parecí a a mí, di? –
y que yo nunca conocí
        
-
        
nos detendremos aquí
a esperar
a esperar que nada ocurra
que nadie nos encuentre
tomaremos el tiempo en un jarro
lo beberemos.
     
se quedará quieta
mi voz y la tuya
estamos solos
     
     
A Federico García Lorca, Cuéntame la fábula ensangrentada que abrirá las puertas cerradas, II « Los ojos  Las manos  La boca », (1978) & Caminos de palabras, IX (1980)

« El color del tiempo / La culor dil tiempu », Edición bilingüe (sefardí/español) en traducción al castellano de Ernesto Kavi. Editorial Sexto Piso (Madrid), 2014.
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vois
le matin est venu
la lumière s'arrache des derniers
arbres de ton rêve
laisse tomber les feuilles de l'angoisse
vois
je n'ai plus de nuit dans les yeux
je n'ai plus
rien
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Video de Clarisse Nicoïdski (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Clarisse Nicoïdski

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Jacinta & Sandra Bessis chantent Clarisse Nicoïdski au Musée d'Arts et d'Histoire du Judaïsme, à Paris le 7 avril 2013, à l'occasion du colloque : "L'accent,...
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