Qu'il s'agisse de l'histoire, des sentiments, de la place de la nature, de l'époque, des personnages, ce n'est, hélas, ni
Jane Austen, ni Charlotte ou
Emily Brontë, ni
Daphné du Maurier, ni ... ni... ; tout comme les quatre-vingts pages débutant La bicyclette bleue n'étaient pas
Autant en emporte le vent de
Margaret Mitchell !
Aimée, l'héroïne, nous fait instinctivement penser à
Rebecca; et, similaires en action, comportement, sont les personnages annexes; à un point tel, que le suspens n'existe plus, que nous connaissons le coupable de suite; et ce n'est pas une petite divergence finale* qui va offrir un flux nouveau.
Si Candre pourrait, à la rigueur, être comparé à Maxim, Henria est loin d'afficher la prestance aussi raffinée que démoniaque de Mrs Danvers; et Aimée, le cousin, et autres, n'oublions pas le chien, paraissent bien mièvres en regard des personnages secondaires de
Rebecca.
Jusqu'à l'épisode de la robe portée, pauvreté littéraire en une ligne, précisant ainsi au lecteur le plagiat volontaire.
C'est une ironie, si ironie il y a, que, personnellement, je n'apprécie pas.
Quels sont désormais le pouvoir, l'utilité, l'intérêt, la valeur, de ce roman D'avoir nécessité la coupe de nombreux arbres pour son impression ? … Humour noir lorsque l'on sait que Candre est propriétaire terrien, de forêts en particulier !
La nature, souvent omni présente, n'y est pourtant que partiellement mise en relief, littéralement sans queue ni tête : les descriptions manquent, ou de début, ou de fin; simplement plaquées; style abrupt, d'où toute poésie est absente.
Les couleurs des vitraux ne s'animent que lors des enterrements; les éveils sexuels se révèlent au bénéfice d'autres; les personnages entreprennent, mais sans conclure; chacun a un secret celé, des volontés avortées. Et curieusement, c'est un muet qui parle le plus !
Ces différents items, pris au second degré, auraient pu ouvrir un monde original, curieux, déjanté; mais ce n'est pas le cas.
Aucune opposition chez moi à un "remake" : on pourrait même, comme au cinéma, y découvrir des pépites. Mais la fonction première du remake est d'apporter un plus, et non de régresser.
Le XIX° siècle, empreint encore de tabous, d'interdits, n'est pas un justificatif si restreignant, si restrictif; seule, la divergence finale*, amour encensé, saurait-elle justifier l'appartenance de ce roman au Romantisme.
Contrefaçon sans envergure, sans originalité, sans âme !
Pis ! On se pose la question du pourquoi, la parution de ce livre a-t-elle pu, ne serait-ce qu'un instant, avoir été envisagée !