Un des lieux communs de la presse branchée : ces interviews de portiers de boîtes, qui prétendent « savoir à qui ils ont affaire au premier coup d’œil » . Et d’ajouter, généralement, que ce n’est pas une affaire de fringues, mais de « regard ». Diable ! l’assurance, peut-être ? Cet éclat particulier au winner qu’on prête aux abonnés de Chez Castel ? Mais ce sont les pires des ringards - seules les filles qui les accompagnent ne le sont pas toujours. Ils ont quarante balais et se munissent dès l’entrée d’un sourire imperturbable et dominateur qui dévoile leurs dents refaites et carnassières (signification : ça marche très fort pour moi, je fais un max de tunes et je me paye une nouvelle Jaguar le mois prochain, quand j’aurai réglé mes impôts).
Le séduisant Maneval, qui débute en outre son émission hebdomadaire de rock branché sur TF 1 (Mégahertz) réunit tout le réseau lors d’une mémorable partie de campagne à 200 km de Paris. Souvenir inoubliable ! On pensait bien avoir définitivement gagné la partie. De ce côté aussi c’était l’état de grâce. Pacadis monte sur le podium pour chanter du disco (!), Maneval distribue des centaines de disques à ses 300 invités. Un ultra léger motorisé (ULM) survole la kermesse en rase-mottes. De part et d’autre d’un filet de volley-ball, je reconnais à grand-peine certains Bains-Douchards - que je n’avais jamais vus en plein jour : finalement ils ne sont pas si pâles...
Ce qui m’énerve ce sont les lois bêtes et méchantes du genre limitation du nombre des parties gratuites sur les flippers, qui ne servent qu’à emmerder le monde. Ils n’ont rien de plus urgent à faire voter ?
Karl Lagerfeld, un jour, de la mode fifties : « A part Hollywood et quelques putes, personne ne s’habillait comme ça. La rue était sinistre, les gens étaient sales. Ça n’a rien à voir avec l’extrapolation amusante qu’on en a faite par la suite. »
Sur le plan pratique, les lunettes noires furent aussi à l’origine de chutes autant spectaculaires qu’inesthétiques dans cet escalier meurtrier du Palace - celui qui relie le bar du premier au premier balcon.
Dans "OK millennials !" (L'Observatoire, 2021), le journaliste Brice Couturier retrace l'histoire de ce qu'on nomme la révolution culturelle "woke" à partir de l'histoire étasunienne récente.