Dans un article du 5 septembre 2012,
Marius Chivu considère que ce livre ”a du rythme et de la verve”, mais que ”la formule anything goes est risquée”. Je me range quant à moi plutôt du côté de l'ami Țăndărică, à qui je dois cette lecture et de
Paul Cernat, repris par le premier:
Morții mă-tii est le manifeste d'un rebelle au grand coeur (”manifest al unui rebel sufletist”). Dans le paysage des lettres roumaines, d'après ce que j'en sais tout du moins, c'est un livre osé qui constitue une preuve de liberté réellement exercée. Comme les parallèles permettent parfois, et en l'absence de traduction, de se faire une idée, j'ajoute, car le récit fictionnel importe peu au fond, comme une sorte de réponse du berger à la bergère, une citation du respectable
Milan Kundera, extraite de
L'Insoutenable légèreté de l'être:
”Sans la moindre préparation théologique, spontanément, l'enfant que j'étais alors comprenait donc déjà qu'il y a incompatibilité entre la merde et Dieu et, par conséquent, la fragilité de la thèse fondamentale de l'anthropologie chrétienne selon laquelle l'homme a été créé à l'image de Dieu. de deux choses l'une : ou bien l'homme a été créé à l'image de Dieu et alors Dieu a des intestins, ou bien Dieu n'a pas d'intestins et l'homme ne lui ressemble pas.
Les anciens gnostiques le sentaient aussi clairement que moi dans ma cinquième année. Pour trancher ce problème maudit, Valentin, Grand Maître de la Gnose du deuxième siècle, affirmait que Jésus ”mangeait, buvait, mais ne déféquait point”.
La merde est un problème théologique plus ardu que le mal. Dieu a donné la liberté à l'homme et on peut donc admettre qu'il n'est pas responsable des crimes de l'humanité. Mais la responsabilité de la merde incombe entièrement à celui qui a créé l'homme, et à lui seul.” (p. 352-353, Folio N°2077)