Tout d'abord merci à la masse critique Babelio et aux Presses universitaires de Paris Nanterre pour ce document.
Ce livre est très documenté, à la lecture, on se rend compte de la somme phénoménale des recherches de son auteure.
Le sommaire résume à lui seul la main mise de la dictature de Salazar et de « l'Estado novo » jusqu'à 1974 :
- Une façade de protection et de promotion du cinéma,
- La mise en place d'une surveillance préventive,
- Messages de résistance.
Lors de la lecture, on peut se rendre compte de l'emprise de l'Estado Novo sur la programmation des ciné-clubs, tout est supervisé ; il y a des subventions mais en contrepartie « pas de vagues », pas de projections « inappropriées » sinon…
Les films étrangers ne sont pas doublés mais sous-titrés, cela permet d'éviter les passages un peu tendancieux (selon les critères de la SNI (secrétariat national de l'information, de la culture populaire et du tourisme)), tout est sous contrôle, les bulletins, la programmation… « démocratie, est un mot interdit ». La censure est omniprésente.
Une résistance se met néanmoins en place, l'auteure cite l'exemple du ciné-club Imagen, qui l'annonce de la programmation de « la traversée de Paris », a ajouté, en dernière page du bulletin le poème « liberté » de
Paul Eluard (en français bien sûr) ; une forme de résistance à l'obscurantisme de la dictature. (il s'agit d'un exemple).
« Un cinéma sans liberté n'est qu'un instrument de spéculation »…
A travers ces ciné-clubs, la dictature avait trouvé un moyen de diffuser ses idées, certains ont fait de la résistance, en qualifiant le cinéma portugais « de citadelle d'analphabètes et de commerçants ».
Le régime en place savait que ces ciné-clubs pouvaient être des sources de rébellion et a tout fait, non pas pour les interdire, mais exercer une censure impitoyable et les utiliser, incidemment comme organes de propagande.
Ce livre s'adresse à des passionnés d'histoire et de cinéma. Il est concis, précis, détaillé et pour chaque fait relaté est étayé par des documents corroborant les faits.
Pour la lectrice lambda que je suis, il m'a fait découvrir le rôle des ciné-clubs portugais sous la dictature, dont j'ignorai jusqu'à là l'existence !