Revue Dada, n°278 : Censuré ? Art et liberté d'expression

Religion, politique, pouvoir, bonnes moeurs, argent, etc., tout ou presque peut conduire à la censure.

Montrer pourquoi et comment la censure, parfois l'autocensure, s'exercent, du Moyen-âge aux carricatures de Mahomet, là est le grand intérêt de cet exemplaire de la revue Dada. Plus de 25 pages y sont consacrées.

La revue fait également oeuvre de pédagogie, en montrant comment identifier la censure, comment certains artistes ont réussi à la contourner et comment on peut encore le faire.

Un numéro très intéressant et utile pour les lecteurs, notamment les plus jeunes.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..

Comme toute forme d'expression, l'art est surveillé et soumis à la censure.
Ceci par les instances au pouvoir (religieuses, politiques, économiques - les 3 allant de pair), et parfois par des groupes de citoyens.
C'est ce que montre ce numéro de la revue Dada avec des exemples variés et, comme toujours, en images.
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El Greco (XVIe siècle) a été prié de rhabiller les impudiques acteurs/spectateurs du martyre de Saint Maurice, et Michel-Ange les nus du 'Jugement dernier' (XVIe siècle ). Millais (XIXe siècle) a manqué de respect à la Sainte Famille en les représentant dans une scène du quotidien, comme de simples mortels ; son oeuvre a été dissimulée au public.
On évite aussi de représenter l'extrême laideur ou, à l'inverse, la nudité troublante et la sexualité.
Autre commandement : les mutilations et morts de la guerre (côté front) et ses enjeux économiques (côté diplomatie/stratégie), tu passeras sous silence.
Il conviendra également de ne pas s'éloigner du discours ambiant, ceci d'autant plus que les dirigeants sont susceptibles ou soumis à des lois supérieures (religion, lobbies...).
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La revue montre comment ce qui dérange est muselé, caché, déformé, détruit. Et indique également des formes de riposte, des façons de dénoncer la censure et/ou de la contourner.
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Un grand MERCI à Babelio et à Dada pour cette MC.

En quelques pages, la revue Dada parcourt la censure sous différentes formes.
Les jeunes adolescents peuvent ainsi prendre conscience des limites établies par l' obscurantisme à travers les temps.

La liberté bafouée.
Les oeuvres vandalisées, détruites, cachées parfois pendant des décennies.
Des artistes sous surveillance, exclus qui revendiqueront encore plus cette liberté qu'on leur refuse.
D'autres comme Botticelli se soumettront sous une peur ou une auto-censure regrettable.
Et la stupidité des algorithmes qui censurent sur internet, ne faisant aucune différence entre l'art et un univers malsain gratuit.

L'incorrect dénoncé en peinture (laideur, nudité, religion…) et de même dans tous les arts dont le cinéma évoqué ici.

Conséquence de cette chasse aux sorcières : la créativité encore plus présente des artistes revendiquant la liberté d'expression sous toutes ses formes : une liberté d'expression mise aux fers encore de nos jours.
Je citerai en exemple la superbe représentation de Banksy à Clacton-on-Sea en 2014 : « L'Hirondelle » et qu'une municipalité conservatrice a détruit : « raciste et offensant » dixit ces bien-pensants alors que l'oeuvre dénonce tout le contraire!!!

Voilà de quoi informer, discuter, échanger, attirer l'attention, etc… avec les jeunes lecteurs en proie aux questionnements.

Merci à Babelio et à la Revue Dada qui, comme souvent, permet découvertes et réflexions.

Fi de l'auto-censure dans ce billet ! On y parle de sexe, de religions, et de politique...

Alors que Guillaume Meurice est victime des tentatives de censure de la part de son employeur, ce sujet est d'actualité. Il est reproché à l'humoriste d'avoir constaté que le premier ministre israélien se comporte à l'égard des Palestiniens de la bande de Gaza et de ceux de la Cisjordanie d'une manière incluant des abus autrefois commis par les nazis.

Malheureusement, le sujet de la censure est continuellement d'actualité.
Comme l'explique la revue, elle est souvent imputable aux pouvoirs politiques et à des autorités religieuses (ainsi qu'à quelques "fidèles") de confessions diverses.

Ainsi, les musulmans ont l'interdiction de représenter des images de Mahomet (570-632), et certains d'entre eux étendent cet interdit à tous...
La revue montre que l'iconoclasme était aussi de mise pour certains protestants, comme en témoignent des statues de saints décapités sur la cathédrale Saint Jean-Baptiste de Lyon. Il s'agit bien de mutilations, mais symboliques celles-ci. Ailleurs, ce sont les seins qui sont proscrits ("Absurde censure" de Charlotte Abramow en 2018).

La revue montre la toile "Le Christ dans la maison de ses parents" (1850) du peintre anglais John Everett Millais, qui fut décrochée de l'exposition à la Royal Academy, car elle montrait le Christ et ses proches sous un aspect trop humain. A moins que ce ne soit parce que le titre de l'oeuvre pouvait laisser supposer que Joseph aurait été le père biologique de Jésus ? La revue n'avance pas cette hypothèse.

L' "Icône Caviar" (1996) d'Alexander Koslapov représentée dans la revue dénonce avec habilité la collusion des représentants de la religion orthodoxe en Russie avec le pouvoir politique de ce pays.

Comme indiqué au début de ce billet, la censure n'est pas l'apanage des dictatures : le dessin "L'Hirondelle" de Banksy" (2014) fut effacé des murs d'une station balnéaire anglaise par la municipalité conservatrice.
De gros pigeons faisant face à une frêle hirondelle y manifestaient avec des panneaux "Migrants not welcome", "Go back to Africa" (tiens, cela me rappelle les propos d'un député d'extrême droite française sur un banc de l'AN...), et "Keep off our worms" (Laissez-nous nos vers de terre).

Les dessins "Tracer une ligne" (2006) de Ann Telnaes, et "Climat tendu après l'incendie criminel des locaux de Charlie Hebdo" (2012) de Bénédicte sont particulièrement subtils et méritent d'être vus (vous pouvez les rechercher sur internet).

La censure est atemporelle et omniprésente, et cette revue nous rappelle avec force que l'on peut compter sur le génie des artistes (et sur le courage de certains d'entre eux) pour nous inviter à réfléchir.
Bravo à eux et à Dada !