Ce petit recueil, c'est comme cela que je le désigne, n'est pas un roman.
C'est un témoignage poignant et authentique de ce qui s'est passé dans cet hôpital psychiatrique à cette époque.
Ce sont des moments forts qui grâce au duo exceptionnel Bonnafé et Tosquelles (comme il serait bon d'en avoir encore de nos jours) vont bouleverser les pratiques en psychiatrie, en faisant émerger la psychothérapie institutionnelle.
Les réelles avancées sur l'accompagnement des "malades" possédant encore une certaine autonomie, sont très bien décrites et tellement pleines de bon sens !
On leur confiait alors des tâches en quelques sorte "occupationnelles" qui les valorisaient : jardinage, accueil tél et physique ou autres activités qu'on appelle à présent "ergothérapie".
Ils savaient prendre du temps, sans compter, pour écouter les "malades" et ça fonctionnait aussi bien que de prendre des médicaments.
Dans un article j'ai lu que l'auteur
Didier Daeninckx, disait son admiration pour ces deux précurseurs qui proposaient "un théâtre, un ciné-club ou une bibliothèque" à leurs pensionnaires (les malades).
De même que les enfants Tosquelles qui ont grandit à l'asile, s'émerveillaient de cette période (on est bien pendant la seconde guerre mondiale) où tous les soirs il y avait "danse, chorale, jeux psychomoteurs.
A ce jour, quel bilan pourrions nous faire de ces bonnes pratiques ?
Il en subsiste bien entendu encore et heureusement et sont pour certaines améliorées.
Mais cependant, l'aspect "chaleur humaine, convivialité, écoute surtout et proximité avec les "malades" , tels que les repas pris ensemble" n'existent plus , à quelques exceptions peut être dans quelques très rares hôpitaux bien trop discrets et ou anonymes.
Tout est quand même bien cloisonné, portes fermées la plupart du temps, pas assez de libre-circulation, ce qui est le contraire absolu des bonnes pratiques relevées dans ce recueil.
Manque de temps, de moyens financiers et de personnel ?
Beaucoup trop de rigidité dans les multiples procédures "sous couvert de précaution" ?
Et ainsi tout le monde devient "frileux" et surtout trop bureaucratique.
On traite ici avec des humains pas avec des bilans financiers, et de la rentabilité.
Ces procédures étant donc respectées, il n'y a pratiquement plus aucun discernement entre les pathologies des uns et des autres. Tous à la même enseigne, c'est beaucoup plus simple à "gérer".
Je ne parle pas ici des cas les plus aigus qui existent certes, mais sont minoritaires (et là aussi il y aurait beaucoup à dire sur leur prise en charge)
J'évoque uniquement la prise en charge du plus grand nombre de ces "malades" le tout-venant en quelque sorte.
En 2020, la psychiatrie est en danger par manque de moyen et le constat est clair : absence réelle d'intérêt et d'écoute de la part des gouvernements successifs, alors que tous les clignotants sont en alerte depuis si longtemps,
Et l'on assiste, impuissant, à cette longue dégradation.