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Paula Modersohn-Becker est peintre au début des années 1900. Elle peint beaucoup la maternité, les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes. On retrouve une forme de modernité dans son art de l'époque, elle ne dessine pas la femme comme une madone mais plutôt sous des traits voluptueux mais sans érotisme, naturels.

Elle a un parcours bref car elle meurt à 31 ans en donnant la vie alors qu'elle a encore tellement à vivre. Cette mort est un paradoxe, elle qui a tant peint la vie, la maternité.
Elle est grande amie de Rainer Maria Rilke qui a écrit son chef d'oeuvre « Requiem pour une amie » pour elle, c'est Paula l'amie dans ce magnifique poème issu de Requiem.
Marie Darrieussecq rassemble les correspondances, le journal intime de Paula Modersohn-Becker et écrit « Être ici est une splendeur », un livre sur sa vie qui fut courte néanmoins extrêmement intense.

On y découvre des dualités chez Paula, entre conjugalité et liberté, entre vie rurale allemande et modernité urbaine parisienne, une ville que Paula adore.
Elle vient d'un petit village près de Brème et se rend à Paris la première fois en 1900.
Sa peinture est féminine et dans sa biographie on trouve également une ambivalence entre le désir d'enfant et le fait de rester femme sans contrainte, ambivalence aussi entre l'amitié et l'amour.

Elle a peint presque mille tableaux et en aurait peint encore beaucoup si elle n'était pas partie si jeune à l'aube du cubisme, mouvement qu'elle aurait sans doute suivi et dans lequel elle aurait excellé.

Paula Modersohn-Becker est très connue en Allemagne mais très peu en France. L'auteur voue une passion pour cette femme et a le profond désir de lui rendre hommage et lui donner une place qui lui revient au milieu des peintres français de son époque.
Rilke est amoureux de Paula qui lui résiste car elle est fiancée à Oto Modersohn, son futur époux. Ce dernier est également peintre, son aura est bien moindre à côté de celui de Paula.

« Être ici est une splendeur » est une phrase tirée d'un écrit de Rilke profondément amoureux de Paula, cette femme qui se plaisait tant à vivre ici et pourtant partie trop tôt.
Une très belle biographie bien menée par Marie Darrieussecq. de petits paragraphes écrits avec des mots justes, retracent la vie d'une femme d'exception.
A lire et surtout il faut découvrir l'oeuvre de Paula Modersohn-Becker.
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Voici une fois encore, une belle découverte, je dirais même double découverte. La première, l'auteure, et la deuxième, une femme peintre dont je n'avais encore jamais croisé ni le nom ni même un seul de ses tableaux ! Paula Modersohn Becker. Dans ce court texte, dont le titre (emprunt du poète Rikle Rainer) m'avait attirée comme une abeille à une fleur, se cache, une vie d'une artiste, peu connue en France du moins.
Nous découvrons une période avant guerre, l'époque de la grande Allemagne, et aussi Paris durant la fameuse exposition universelle. Paula navigue entre ces deux pays, elle décrit un PAris très romantique avec les quais de la Seine et ses bouquinistes, le paris des artistes, mais tout cela reste succincte, elle livre plutôt ce besoin de voir le printemps renaître chaque année à PAris.
Paula Modersohn Becker, devient amie avec le poète Rikle, qui a su la définir telle qu'elle le souhaitait, ni Modersohn, ni Becker, mais elle-même, être ce qu'elle aspirait à être, peintre avant tout et reconnue en tant que telle.
Elle fut la première femme à peindre son autoportrait nue, et ce qui fait toute la différence, comme l'explique si bien l'auteure, le regard d'une femme retranscrire dans une peinture d'elle-même ou d'autre femme est bien différent que tout ceux des peintres du genre masculin, évident à comprendre. Elle fut aussi la première à peindre la femme enceinte toujours en autoportrait.
Au-delà de la vie de cette femme qui m'interpelle, on peut découvrir, l'évolution de la place de la femme dans un monde très fermé, l'homme veut se réserver la plus belle place, la plus grosse part du gâteau, mettant des barrières au début du parcours en doublant les prix des cours pour les femmes ! Les salles d'exposition ne s'ouvraient pas aux femmes aussi facilement, et cela relevait de l'exceptionnel.
J'ai apprécié cette découverte, et l'auteure a su titiller ma curiosité, elle a su retranscrire une belle ambiance, une belle personne, de plus, on peut aussi découvrir une facette du poète Rilke, qui n'a jamais nommé son amie, dans ses écrits. Il lui fit pourtant un hommage en écrivant :Requiem pour une amie.
Une belle lecture, intéressante et instructive, poétique et artistique, une belle découverte, il me reste plus qu'à poursuivre celle ci en découvrant les tableaux de Paula Modersohn Becker.
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En 2010, Marie Darrieussecq reçoit une invitation pour un colloque de psychanalyse sur la maternité. Son regard est immédiatement attiré par la petite reproduction d'un tableau dans un coin : une femme allongée allaitant son enfant. La position est juste, vraie. Un homme n'a pu voir cela. En effet, c'est une femme qui a peint le tableau : Paula M. Becker.
Marie commence des recherches, est éblouie devant les reproductions qu'elle découvre et s'interroge : pourquoi cette femme peintre n'est-elle pas plus connue, pourquoi ne voit-on pas ou si peu ses tableaux ? Etrange.
Elle se rend à Essen dans la Ruhr au musée Folkwang. Elle veut voir l'un des autoportraits de Paula. Il faut descendre au sous-sol, l'informe le directeur. Il y a beaucoup d'oeuvres de femmes au sous-sol. Celles des hommes sont à la lumière. Derrière une vieille télé, l'Autoportrait à la branche de camélia.
Paula Becker n'aime qu'une chose : « Oh, peindre, peindre, peindre ! ».
Ses amis sont Clara Westhoff et Rainer Maria Rilke. Clara est sculptrice, Rilke est poète. Paula décide de quitter Worpswede pour Paris : elle s'inscrit à l'Académie Colarossi et suit des cours d'anatomie à l'Ecole des Beaux-Arts. Elle fréquente le Louvre. Elle adore Monet, Cézanne, Gauguin. Elle aimerait montrer toutes les merveilles qu'elle découvre à Otto Modersohn, un autre ami peintre. Il finit par venir mais repart aussitôt, sa femme vient de mourir. « A Worpswede, elle peint l'écorce noir et blanc des bouleaux, la tourbe des marais. » On est en 1900, Paula a vingt-quatre ans. Elle peint des paysannes, des jeunes filles, des voisins, des vieillards, des arbres…
1901- Paula épouse Otto et Clara, Rilke. Les parents de Paula acceptent ce mariage à condition que leur fille prenne des cours de cuisine : une femme doit « savoir nourrir son mari ». Paula part à Berlin pendant deux mois, période qu'elle appellera son « siècle culinaire ». Mais son âme « meurt de faim ». Elle ne supporte pas les situations qui lui « prennent de l'air ». Elle veut peindre. Elle n'est pas heureuse : « La routine, la cuisine. La matérialité des choses… »
Elle repart à Paris, puis revient. Otto s'inquiète et écrit dans son journal que « son intérêt pour la famille et sa relation à la maison est trop faible » et en matière de peinture, elle ne veut, hélas, écouter aucun conseil. Lui, au moins, vend des tableaux.
Personne ne voit les peintures de Paula. Une femme artiste, c'est une femme qui n'est pas à sa place, c'est un être déplacé, « dégénéré » diront certains bientôt…
A travers cette biographie, Marie Darrieussecq redonne vie à Paula, la place dans la lumière, celle qu'on lui a toujours refusée, parce qu'elle était une femme...
Marie voulait « lui rendre plus que la justice…. l'être-là, la splendeur. »
C'est réussi et nous irons voir ses tableaux et nous resterons longtemps à les contempler.
Peut-être rattraperons-nous ainsi le temps perdu, si c'est encore possible…

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Ce petit livre se présente comme une courte biographie de la peintre Paula Becker épouse Modersohn. L'auteur et narrateur a épluché l'ensemble des correspondances de l'artiste, parcouru son œuvre picturale, pour en extraire - si ce n'est la substantifique moelle - au moins quelques éclats de la vie d'une jeune femme libre, aimée et passionnée de peinture. Les grands bonheurs d'une adolescente espiègle, l'amitié forte entre Paula Becker et le poète Rainer Maria Rilke, les particularités maritales du couple Modersohn-Becker, le rapport à la maternité sont largement développés dans l'ouvrage. Etre ici est une splendeur - titre issu d'un vers de R. M. Rilke - est un petit bijou pour les curieux qui souhaiteraient en savoir d'avantage sur Paula Becker.
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Marie Darrieussecq raconte à sa façon la vie de Paula Modersohn-Becker, une peintre allemande de la fin du XIXe et tout début du XXe siècle, à l'époque quasi inconnue en France, qu'elle a découverte un peu par hasard. le livre alterne, en brefs paragraphes, des extraits du journal et des lettres, écrits par Paula ou par ses proches, avec des passages de la plume de Marie Darrieussecq. Elle y résume quelques faits, mais donne aussi son sentiment sur la vie de Paula, sur la condition de la femme à l'époque, se positionne elle-même. C'est donc une sorte de biographie subjective, qui en dit autant sur son sujet déclaré que sur l'auteur elle-même.

Je me suis intéressée au livre, car j'ai découvert Paula Modersohn-Becker grâce à l'exposition qui lui a été consacré en 2016 par le musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, et qui a été un véritable émerveillement. La lecture du livre de Marie Darrieussecq, qui a oeuvré pour la reconnaissance de sa peinture, me semblait intéressante.

Le procédé d'intercaler les textes m'a paru plutôt convaincant. Paula a tellement écrit, et retrouver sa voix authentique a quelque chose d'émouvant. Marie Darrieussecq trouve aussi des formules, des phrases fortes pour dire ce qu'elle perçoit de cette vie, pour nous traduire l'émotion qu'elle a ressentie face à l'artiste et à la femme.

J'ai toutefois commencé à un peu moins convaincue par ce dispositif au bout d'un moment, peut être parce que cela devenait un peu un procédé, et qu'il devenait difficile de lui garder sa fraîcheur et sa pertinence, ou peut être que l'auteur s'émoussait un tout petit peu au fur et à mesure que la vie de Paula se dirigeait vers sa fin. Mais c'est une petite restriction, j'ai pris un grand plaisir à cette lecture, j'ai aimé passer un moment en compagnie de Paula Modersohn-Becker et de Marie Darrieussecq.
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Je ne peux pas dire que cette lecture m'ait fait sauter à pieds joints d'enthousiasme sans doute à cause du style de l'auteur qui m'a semblé un tantinet trop recherché et qui me l'a rendue fastidieuse.

Toutefois, cette lecture m'a beaucoup intéressée à plus d'un titre. D'abord parce je ne connaissais pas Paula Becker et sa peinture (comme beaucoup de monde en France, car il semble qu'elle soit très connue en Allemagne), ensuite parce que son histoire qui est loin d'être banale pour une jeune femme à l'aube du vingtième siècle est enrichie par l'atmosphère de cette époque que l'auteure a su très bien rendre vivante et documentée.
J'ai apprécié aussi la bonne peinture, sans insistance, de la condition des femmes et des femmes artistes en particulier et il fallait vraiment avoir une personnalité hors du commun pour s'affranchir, gagner son autonomie et assumer ses choix.
Tiens, me revient que, plus modestement tout de même, qu'en 1965 encore, rejoignant mon premier emploi, mon directeur s'amusait de me voir en pantalon, tandis que l'assistante du président observait la bouche pincée que c'est une chose qui ne lui viendrait pas à l'esprit que de venir travailler en pantalon….

M'a plu aussi que l'auteure laisse entrevoir au fil des correspondances ou conversations de Paula d'autres questions intéressantes, telles que les conflits entre l'amour et l'amitié, les synergies entre l'écriture et la peinture par exemples.

Pour adoucir ma réserve faite au style, je dirais que Dame Darrieussecq a très bien su nous communiquer son enthousiasme débordant pour cette artiste et cette femme et son attachement à lui restituer cette vie arrachée. Une histoire d'amour en quelque sorte…

Cette histoire m'a fait songer à celle de Charlotte (Salomon) de David Foenkinos, bien que très différente et sans doute plus tragique encore, le destin tragique d'une artiste totalement oubliée que lui aussi a eu à coeur de faire connaître.
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J'ai découvert la peinture de Paula Modersohn-Becker au détour d'une exposition à Brême, en 2016. J'admire tous les jours une belle carte postale punaisée dans ma chambre.

La même année, j'achète le récit romancé de Marie Darrieussecq qui lui est dédié.

J'ai eu quelques difficultés à accrocher avec le style littéraire et le manque de rythme. Je n'ai pas été emballée par l'écriture découpée en petits paragraphes.

J'ai cependant aimé m'imprégner des peines et des joies d'une artiste dont j'avais tant aimé la peinture.

C'est une lecture intéressante.

Lu en août 2016.
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Cette biographie est extremement bien documentée.L'écriture de M.Darrieussecq est élégante .Ses citations et l'angle de son regard témoignent de son féminisme .Elle interroge intelligemment sur la place de la femme dans le monde de l'art, en 1900 certes, mais encore aujourd'hui. Pourtant je n'ai pas eu de réel plaisir à cette lecture certainement parce qu'une certaine distance dans la description empèche l'émotion.M.D a cependant provoqué en moi le désir d'aller voir les oeuvres de Paula M.Becker que je ne connaissais pas ;Son objectif est ainsi atteint puisqu'elle nomme cette volonté de rendre justice à l'artiste et de la faire sortir du sous-sol du musée...
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C'est une vidéo youtube de l'auteur qui m'a donné envie de lire cette biographie. Entendre l'auteure parler de son histoire m'a rendue curieuse, et j'ai voulu en savoir plus. En réalité la peinture de Paula Moderson-Becker ne me plaisait pas vraiment au début, mais l'auteure a su changer mon regard grâce au coeur qu'elle a mis dans ces lignes.

Au début, ce sont les maternités dénudées peintes dans des positions voluptueuses qui ont donné à Marie Darieussecq l'envie d'écrire ce texte. Car l'artiste peintre a été la première femme à se représenter nue enceinte. Donc, l'écrivain a voulu par sa biographie contribuer à l'oeuvre de cette expressionniste allemande peu connue. Une exposition se déroule actuellement à Paris.

Dans une écriture agréable et séduisante, Marie Darieussecq réalise un beau portrait d'une artiste extrêmement poétique, naturelle et excentrique, décédée très jeune, après avoir accouché. Elle entretenait des rapports très proches avec Rainer Maria Rilke dont elle était l'amie, et avec son épouse Clara, sculptrice.

Même si le livre éclaire aussi le poète, ne croyez pas qu'il soit ici toujours à son avantage. Néanmoins, ces pages nous parlent merveilleusement bien de cette simplicité allemande, assez désarmante, de ce « pays « grand, simple et noble », comme l'écrit Rilke. J'ai donc passé un beau moment.
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Peu après avoir rendu visite au Douanier Rousseau je prenais le chemin de la librairie du musée d'Orsay. Je fus immédiatement attiré par ce visage énigmatique et tendre. Je n'ai pas encore lu Marie Darrieussecq et ne connais pas Paula Modersohn-Beckeret, il ne m'aura fallu que quelques phrases pour que Paula reparte avec moi.  
" Rencontrer une femme, c'est pour Rilke un voyage dans l'étrange. Il décolle, comme un aéroplane. Il est pris par quelque chose de plus grand que lui - le ciel, la beauté. II chute vers le haut. »

Un livre passionnant, pour raconter, nous raconter la vie courte, intense, fulgurante de Paula.  Une courte existence de joies, de peines, d'amours et de persévérance.  Être ici est une splendeur est bien plus qu'une biographie, c'est un hymne à la femme,  à cette femme qui posera son regard de femme  à travers la peinture sur la femme, la maternité et des portraits d'enfants.

Marie Darrieussecq par petites touches, à travers  des extraits de lettres, de journaux intimes, de phrases courtes, de réflexions  nous dévoile l'existence de cette artiste. Une femme artiste qui peint ce qu'elle voit.
Au premier abord la lecture est un peu déroutante, surprenante dans le rythme, mais au final elle est fulgurante. 

"Les femmes n'ont pas de nom. Elles ont un prénom. Leur nom est un prêt transitoire, un signe instable, leur éphémère. Elles trouvent d'autre repères. Leur affirmation au monde, leur être là, leur création, leur signature, en sont déterminés. Elle s'inventent dans un monde d'homme, par effraction.

Paula achèvera sa vie à de 31 ans  en prononçant  un seul mot  Schalde ! (Dommage), née à Brême, elle aura fait de nombreux séjour à Paris   et  il faudra attendre 2016 pour que la capitale lui rende hommage  au Musée d'art moderne de la ville de Paris,  Paula Modersohn-Becker L'intensité d'un regard du 8 avril au 21 août 2016.

Lien : https://dunlivrelautre.blogs..
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