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"Mistral, cigales et tambourins, à toutes mes chansons, donnent un même refrain.
Et quand vous l'entendez chanter, dans mes paroles, tous les mots que je dis, dansent la farandole." Fernandel citant Zamacoïs.

Il se nomme Lou, et il n'en peut plus, la langue pendante, écartelé, coquin de sort! Toute la nuit, elle a fait des cabrioles, elle voulait tout essayer et quand il voulait se sauver, elle le rattrapait par la...

Pour Lou, elle s'était enfuie par la fenêtre...
"Ah, qu'elle était jolie la petite chèvre de Mr Seguin... Presque aussi charmante que la cabri d'Esmeralda."
Lou en avait entendu parler, à des lieues à la ronde, peuchère... Lou avait chanté, à la nuit tombée, sous la lune ronde (car il en avait envoûté d'autres, dont la Renaude...)

" Jamais les sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre, pour la caresser du bout de leurs branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient."

"Et quelle herbe! Et les fleurs donc! de grandes campanules bleues, des digitales de pourpre à longs calices"... Oui, elle a bu tout l'élixir, la liqueur, tout le calice... de Lou! Et en fumant son herbe...

Et le chamois, dont parle l'auteur? Il n'en fut pas question longtemps...
"Elle regardait les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait":
- Pourvu qu'il tienne jusqu'à l'aube..."(pas comme le chamois, trop rapide et inexpérimenté!)

Maintenant, elle veut faire connaissance avec la meute. Seigneur, quel couillon, je suis! Moi qui croyais que cette Blanchette n'y connaissait rien (j'ignorais qu'il y avait un bouc à la ferme! C'est relou(p)...

Et voilà, qu'elle a remplacé sa tenue blanche, par un chaperon rouge...
" Je me suis fait tout petit devant une poupée
Qui ferme les yeux quand on la touche.
J'avais des dents d'loup,
Je les ai changées pour des quenottes." Georges Brassens.

-Ah, mais ce n'est pas ainsi que ça finit?
-Alors, parce que Môssieur est de la ville, qu'il sait tout! Il connaît nos contes de Provence? Tu sais, tu m'escagasses. Môssieur le cacou, ô le fada, tu m'enboucanes...
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Aujourd'hui, Nastasia mène l'enquête... la dernière fois c'était pour Nuées D'Oiseaux Blancs de Kawabata, parfois, ça me prend...
Lettres de Mon Moulin. Voyons, voyons... Tout le monde connaît, au moins pour partie car on a tous eu une de ces nouvelles ou un extrait d'un des textes sous les yeux à l'école, ne serait-ce que pour une leçon d'orthographe ou de grammaire. Mais malgré cette étonnante popularité, ceux qui les ont lues en entier sont déjà moins nombreux, un peu comme pour les Fables de la Fontaine.
Poursuivons, ça date de quand les Lettres de Mon Moulin ? Et bien là, figurez-vous, ce n'est pas si facile que cela à dire. Première publication en 1869 avec 17 nouvelles (Ballades En Prose est comptée comme une seule et Installation est assimilable à La Diligence de Beaucaire). Mais dix ans plus tard, en 1879, une seconde publication, celle que nous connaissons désormais en ajoute 6 de plus.
C'est quoi les Lettres de Mon Moulin ? On serait tenté de répondre à la hâte et du tac au tac qu'il s'agit de nouvelles ayant toutes pour dénominateur commun l'arrière pays provençal dans le piémont des Alpes. Mais si l'on y regarde de plus près, c'est loin d'être seulement le cas : trois nouvelles corses, deux algériennes, une nouvelle vaguement allemande, deux ou trois autres encore qui ne cadrent pas trop avec la Provence telle qu'on se l'imagine.
Alors une communauté de facture, de ton, de thème, d'époque, de propos, de style ? Vous seriez, là encore, bien en peine d'en répondre.
La vérité, c'est qu'elles ont toutes, ces nouvelles constitutives, déjà vécu leur vie propre lors de publications autonomes au sein de journaux. Elles n'ont donc pas nécessairement grand-chose à voir entre-elles. Certaines sont des récits de voyage, d'autres s'apparentent à des contes ou légendes traditionnels, d'autres encore ressemblent à des nouvelles du format " Maupassant ", bref, un assemblage hétéroclite et opportuniste.
Attardons-nous, si vous le voulez bien, aux dates de publication primaires dans les journaux de l'époque :

À Milianah, La Revue Nouvelle du 1er février 1864

L'Arlésienne, L'Événement du 31 août 1866
Nostalgies de Caserne, L'Événement du 7 septembre 1866
La Chèvre de Monsieur Seguin, L'Événement du 14 septembre 1866
Le Poète Mistral, L'Événement du 21 septembre 1866
La Légende de L'Homme À La Cervelle D'Or, L'Événement du 29 septembre 1866
L'Agonie de la Sémillante, L'Événement du 7 octobre 1866
Ballades En Prose (La Mort du Dauphin & le Sous-Préfet Aux Champs), L'Événement du 13 octobre 1866
Le Secret de Maître Cornille, L'Événement du 20 octobre 1866
Le Curé de Cucugnan, L'Événement du 28 octobre 1866

La Diligence de Beaucaire, le Figaro du 16 octobre 1868
Les Vieux, le Figaro du 23 octobre 1868
La Mule du Pape, le Figaro du 30 octobre 1868
Le Portefeuille de Bixiou, le Figaro du 17 novembre 1868
Les Deux Auberges, le Figaro du 17 novembre 1868

Le Phare Des Sanguinaires, le Figaro du 22 août 1869
L'Élixir du Révérend Père Gaucher, le Figaro du 2 octobre 1869

Les Douaniers, le Bien Public du 11 février 1873
Les Sauterelles, le Bien Public du 25 mars 1873
Les Étoiles, le Bien Public du 8 avril 1873
Les Oranges, le Bien Public du 10 juin 1873
En Camargue, le Bien Public des 24 juin et 8 juillet 1873

Les Trois Messes Basses, issue des Contes du Lundi publiés en 1875

Votre oeil sagace aura donc remarqué que dans la salve de 1866, les nouvelles paraissent à un rythme étourdissant d'une par semaine. Gageure que peu d'écrivains sont capables de soutenir avec un niveau de qualité acceptable. Autre fait étonnant, du 7 au 13 octobre 1866, comme si l'écriture d'une nouvelle ne lui suffisait pas, l'auteur s'est mis en tête d'en écrire deux, sur des thèmes qui n'ont rien à voir.
On constate le même genre de tirs groupés en 1868 avec la notable différence que la publication du 6 novembre est ratée (pas tenu les délais) et celle du 13 novembre aussi, moyennant quoi, on tente de sauver l'honneur en en livrant deux le 17 novembre. Et ce sera tout pour cette année-là.
On sait que ce genre de retard est dommageable pour les ventes du journal car les habitués sont désappointés. On sait aussi que les écrivains terminaient leurs brouillons à l'arrache, la nuit même où le journal allait passer sous presse.
Qu'en déduire ? Un tel rythme paraît tout simplement impossible à tenir. La Chèvre de Monsieur Seguin aurait donc été écrite en une semaine à peine du 7 au 13 septembre 1866, de même que le Secret de Maître Cornille du 13 au 19 octobre 1866. Certaines nouvelles sont deux fois plus longues que d'autres. Pourquoi s'infliger le supplice d'écrire deux nouvelles en une semaine quand une seule ferait parfaitement l'affaire ?
C'est de qui les Lettres de Mon Moulin ? Vous avez remarqué que jusqu'à présent, je n'ai pas encore mentionné le nom de l'auteur, car il y a fort à parier que les deux salves de nouvelles de 1866 et 1868 aient été écrites à quatre mains. Les deux premières sont, bien évidemment celles d'un dénommé Alphonse Daudet et pour les deux autres, Octave Mirbeau (Merci la Normandie) nous apprend qu'elles sont très probablement celles d'un bon écrivain resté dans l'ombre de son volumineux ami, un certain Paul Arène, qui n'a pas eu le loisir de trop le fouler, le sol de l'arène littéraire.
Remarquez, rien d'étonnant à ce qu'il nous prenne pour des bourricots et qu'il nous parle d'histoires de mules et de sentiers caillouteux, l'ami Alphonse, lui qui a un nom hybride entre " baudet " et " dos d'âne ".
C'est dommage car j'aurais bien aimé savoir lequel des deux a su insuffler le plus de pétillance dans le style, le plus de belle magie dans les histoires car je ne vous cache pas que l'essentiel des nouvelles que je préfère, dans ce recueil, font partie de celles qui ont été écrites à quatre mains.
Si j'arrive à faire abstraction de ce comportement d'appropriation du travail d'autrui qui m'exaspère, je dirais que ce recueil, malgré son hétérogénéité se lit avec plaisir et conserve une belle fraîcheur.
J'y aime particulièrement le Secret de Maître Cornille qui peut m'émouvoir jusqu'aux larmes, j'adore aussi L'Arlésienne et éprouve un franc penchant pour une nouvelle authentiquement Daudésienne, à savoir L'Élixir du Révérend Père Gaucher.
Il y a encore deux ou trois véritables petits joyaux dissimulés ici ou là, que je vous invite à venir découvrir comme Les Vieux, L'agonie de la Sémillante ou bien sûr l'incontournable Chèvre de Monsieur Seguin.
Un bon recueil donc, pas exceptionnel de bout en bout, mais fort agréable, ma foi, sur l'essentiel de la distance.
Néanmoins, ce n'est là qu'un avis qui s'agite comme les ailes au vent d'un moulin délabré, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Eh non, je ne les avais pas encore lu les lettres de mon moulin ! Et pourtant, j'ai beaucoup entendu parler de la chèvre de monsieur Seguin à l'école et je me rappelle encore ma belle-mère raconter en riant l'abbé de Cucugnan essayant de sauver les âmes de sa paroisse ! Beaucoup de ces nouvelles m'ont plu… Les petits vieux, entre autres, je l'ai trouvé très touchant et l'histoire a résonné en moi d'une façon particulière : elle m'a rappelé les grand-parents d'amis en Lozère qui nous accueillaient toujours comme des rois. La mule du pape ou comment tout vient à qui sait attendre, m'a bien fait rire avec le caractère résolu de l'animal !
D'autres sont plus sombres comme les Sauterelles, d'autres carrément obscures, impossibles de rentrer dedans. le style de Daudet change d'une histoire à l'autre, on passe de la joie au désenchantement. Contente d'avoir découvert ce classique de la littérature française, d'avoir pénétré dans la campagne française (un peu bout de Paris aussi et d'Algérie) et goûté cette fraicheur. Je me tâte à poursuivre ma découverte de l'auteur avec le Petit Chose ou Tartarin de Tarascon
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Les lettres de mon moulin de Daudet est un recueil de contes et nouvelles glanés dans le Sud de la France, principalement en Provence et en Corse parfois.
Le narrateur, nous conte tout d'abord son installation dans son moulin, endroit d'où il va écrire ses fameuses lettres. Il décrit admirablement bien les paysages de Provence qui serviront de toile de fond aux récits. C'est ainsi qu'on fait la connaissance des campagnes, des villes et villages de Provence tels qu'Avignon, Beaucaire, Tarascon ainsi que de leurs habitants. Les mentalités de ces derniers sont mises en valeur dans les différents contes et nouvelles avec l'accent du Sud et les tournures langagières de l'époque colorant ainsi la narration du caractère typique du Sud de l'époque.
Ces lettres sont tour à tour tragiques, dramatiques ou comiques ; tragiques comme la chèvre de Monsieur Seguin ou l'Arlésienne pour ne citer que les plus connus ou comiques comme le Curé de Cucugnan. Elles restent gravées dans les mémoires des années après les avoir entendues ou lues.
Elles sont courtes et elliptiques, chaque récit peut être lu indépendamment des autres, chaque lettre en est rendue plus frappante, d'autant plus que la morale finale tombe comme un couperet.
Daudet s'attache à décrire la vie des gens du peuple, celle des propriétaires terriens, des bourgeois et aussi des ecclésiastes. C'est ainsi qu'on y trouve autant de superstitions, de morale religieuse sur laquelle Daudet ironise mais aussi des ragots que l'on colporte ainsi que des caractères que le narrateur grossit tels que la concupiscence, la folie, l'envie, la jalousie, la rébellion, la cruauté, la cupidité. le travail de l'écrivain y est aussi évoqué ainsi que la morale religieuse que le narrateur met à mal.
C'est ainsi que pour le plus grand plaisir des lecteurs tous ces ingrédients que le narrateur capte au détour d'une discussion avec les êtres sont transformés en jolis contes et nouvelles qui se transmettent de génération en génération.
Je découvre encore aujourd'hui certaines lettres qui m'étaient inconnues. C'est un recueil facile d'accès ,on peut ainsi lire uniquement celles qui nous intéressent et revenir plus tard sur les autres.
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En 1864 Alphonse Daudet s'installe dans son moulin près de Fontvieille.

Et dés les premières lignes, il nous illumine par tout son talent….

Ce sont les lapins qui ont été étonnés !… Depuis si longtemps qu'ils voyaient la porte du moulin fermée, les murs et la plate-forme envahis par les herbes, ils avaient fini par croire que la race des meuniers était éteinte, et, trouvant la place bonne, ils en avaient fait quelque chose comme un quartier général, un centre d'opérations stratégiques : le moulin de Jemmapes des lapins… La nuit de mon arrivée, il y en avait bien, sans mentir, une vingtaine assis en rond sur la plate-forme, en train de se chauffer les pattes à un rayon de lune… le temps d'entrouvrir une lucarne, frrt ! voilà le bivouac en déroute, et tous ces petits derrières blancs qui détalent, la queue en l'air, dans le fourré. J'espère bien qu'ils reviendront.

Quelqu'un de très étonné aussi, en me voyant, c'est le locataire du premier, un vieux hibou sinistre, à tête de penseur, qui habite le moulin depuis plus de vingt ans. Je l'ai trouvé dans la chambre du haut, immobile et droit sur l'arbre de couche, au milieu des plâtras, des tuiles tombées. Il m'a regardé un moment avec son oeil rond ; puis, tout effaré de ne pas me reconnaître, il s'est mis à faire : « Hou ! hou ! » et à secouer péniblement ses ailes grises de poussière ; — ces diables de penseurs ! ça ne se brosse jamais… N'importe ! tel qu'il est, avec ses yeux clignotants et sa mine renfrognée, ce locataire silencieux me plaît encore mieux qu'un autre, et je me suis empressé de lui renouveler son bail. Il garde comme dans le passé tout le haut du moulin avec une entrée par le toit ; moi je me réserve la pièce du bas, une petite pièce blanchie à la chaux, basse et voûtée comme un réfectoire de couvent.
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Ce petit livre est un grand classique de la littérature française. Je l'ai lu d'une traite même si j'ai trouvé que la cadence ralentissait dans les cinquante dernières pages. L'auteur nous immerge dans plusieurs décors : la Provence, la Corse et l'Algérie. le Sud est une découverte pour certains mais une nostalgie naissante pour d'autres. Je connaissais la Chèvre de M.Seguin de nom mais l'histoire m'était tout à fait inconnue (shame on me), j'ai pu y remédier grâce à cette lecture. J'aurais pu avoir un véritable coup de coeur pour ce livre si les dernières pages n'avaient pas été aussi lentes pour moi. Néanmoins, l'auteur a un style ciselé, poétique et frappant, les mots sont touchants et les lignes inoubliables. Alphonse Daudet nous livre ses souvenirs, ses impressions, ses émotions mais aussi quelques anecdotes comme dans le Poète Mistral. La Mule du Pape et le Curé de Cucugnan m'ont beaucoup amusée. Ce livre peut-être lu par tous, on plonge dans la Belle Provence avec des histoires pleines de vie et de senteurs.
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Ma très chère Hélène,

Ce 1er mars je suis allée faire un petit tour à EMMAÜS. J'aime chiner dans ce grand bazar toujours à l'affût du coup de coeur qui va illuminer ma journée. La semaine dernière j'avais remarqué des petits classiques très anciens de la LIBRAIRIE HACHETTE. Mon attention s'est néanmoins, furtivement, portée sur autre chose mais depuis je n'ai cessé de penser à cette petite collection. Quel regret ! Alors j'y suis retournée avec l'espoir de trouver mon bonheur et un partage, clin d'oeil, pour une personne qui m'est très chère.

J'arrive à l'ouverture. Ces allées livresques s'offrent à moi et là je vois le rayon des livres anciens. Je suis déjà toute excitée à l'idée de fouiller et feuilleter. Ma musique dans les oreilles, Chopin est à l'honneur. J'enlève ma veste. Délicieusement je m'assieds en tailleur et là je m'offre ce moment cérémonial : je prends les petits manuels un à un, lentement, doucement et me voilà partie à la recherche du livre qui m'attend depuis tant de temps. Cet instant unique n'appartient qu'à moi.

Mon dévolu tombe rapidement sur un petit recueil de «Poésies choisies» De Lamartine que je connais peu, l'occasion se présente à moi de faire plus ample connaissance. Mais il n'est pas le coup de coeur que j'espérais, alors je continue ma poursuite encore et encore, presque déçue, mais je ne désespère pas, je sais qu'il est là, quelque part entre les pages, les phrases, les mots, les points et les virgules et soudain voilà qu'il vient se poser délicatement , tel un papillon, sur mes mains comme une évidence.

C'est votre livre, Hélène, que j'ai choisi pour mon ami. Ce petit recueil que vous avez choyé avec amour et tendresse. Je le devine par sa qualité. Aucune page cornée, aucune rature. Il ne porte que le poids des années passées et en haut à droite de la première page on peut lire votre prénom écrit de votre main et le chiffre 38. Hélène, quel prénom si doux ! Ce livre vous avez du l'acheter ou peut être vous l'a-t-on offert il y a 75 ans déjà. Nous sommes en 1938, l'année de l'émancipation de la femme mais aussi l'année de la folie des hommes, de ses horreurs et de tous les regrets.

Cette édition date de 1936, adressée à la jeunesse, au vu du questionnaire que l'on peut voir en fin de livre. Étiez-vous écolière en jupe plissée bleue marine, petites socquettes blanches et chaussures vernies ?

Comme c'est émouvant de savoir qu'il est le témoin d'une d'histoire, d'un passé heureux et tragique à la fois. J'ai relu, avec plaisir, quelques lettres au hasard et à chaque fois je reconnais cette joie de vivre et cette solidarité si présente dans le midi. Ce livre était-ce une façon de vous évader du tumulte de la guerre ?

Les lettres de mon moulin me remémorent mon enfance. A chaque histoire une petite morale à retenir. On y découvre la soif de liberté de «La Chèvre de Monsieur Seguin», un des sept péchés capitaux est à l'honneur dans «Les trois messes basses», et confirme que la gourmandise vient quand on a plus faim. Et ce lien humain qui pousse les gens à s'entraider dans «Le Secret de Maître Cornille», Que c'est beau ! Tous les sentiments d'amour et de haine sont présents dans ce recueil et nous rappelle combien l'homme peut être fort et si vulnérable.

Je les connais pour les avoir aimées et étudiées à l'école mais également pour avoir habité durant des années non loin de ce Moulin à Fontvieille. J'y suis allée maintes fois me ressourcer au pied de ce bâtiment aux quatre ailes de géant. J'ai flâné sur les traces de Daudet là où son inspiration fut si féconde. Comme je comprends, il fait tellement bon se reposer à Fontvieille. Quand le Mistral fait des siennes, son souffle nous ramène les vestiges du passé, alors on peut entendre le joueur de fifre et la voix de monsieur Seguin «reviiiiiiens Blanquette reviiiiiiens» et cet accent du midi si chantant à mes oreilles et si doux à mon coeur. Ces jolis contes sont immortalisés dans de très beaux films de Marcel Pagnol avec Fernandel et bien d'autres enfants du pays. Comme je regrette la Provence, le chant des cigales, l'écho des Alpilles, les oliviers et ses magnifiques sentiers caillouteux qui sentent bon la garrigue, le thym et la lavande.

Merci Hélène, ce livre va revivre quelque peu à travers lui. Je vous imagine feuilleter de vos doigts délicats ces pages et sachez que désormais ses traces se mêleront aux vôtres pour mon plus grand plaisir et le sien. J'ai joint un peu de moi dans ce recueil, un petit moment d'égarement de ma vie, pour faire un peu partie de la votre. Où que vous soyez Hélène, ici bas ou ailleurs, soyez sereine, votre recueil est à présent sous le regard bienveillant et les mains affectueuses de cette belle personne.

Je voulais vous rendre ce petit hommage et peut être qu'un jour, qui sait, aurons-nous l'occasion de nous reconnaître au pied de ce moulin. Vous me raconterez ce que fut votre vie et moi je resterai là à boire vos paroles et peut être, nous tiendrons nous la main.

Alors comme aurait pu dire l'auteur du «Le Petit Chose»

A Ben Léu !

Bien à vous

«Où serait le mérite, si les héros n'avaient jamais peur ?»
A-Daudet

Cristina



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Les lettres de mon moulin est un recueil de nouvelles signé d'Alphonse Daudet (enfin, je ne polémiquerai pas sur qui a écrit quoi), et composé de deux parties : Lettres de mon moulin et Ballades en prose. Très populaire, je me rappelle qu'en mon "jeune temps", on en étudiait certaines à l'école primaire, notamment celle qui a bercé mon enfance et a aujourd'hui encore ma préférence : la chèvre de monsieur Seguin.
Les lettres de mon moulin se présentent, comme le nom l'indique, sous forme de lettres envoyées par l'auteur, qui a récemment quitté la capitale pour s'installer en Provence, à son ami Gringoire. Tour à tour drôles, émouvantes (Les vieux, le secret de maitre Cornille), et même romantiques (Lles étoiles, récit d'un berger), elles sont avant tout une ode à la Provence, à sa nature et à ses habitants, des petits bouts de vie qui apportent un petit peu de sagesse à son lecteur, un petit morceau d'humanité, et surtout de jolies histoires sublimées par l'écriture de conteur d'Alphonse Daudet. A lire et à relire une de temps en temps ou tout d'un coup, juste pour le plaisir d'entendre chanter les grillons !
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Des années que je l'avais sous le coude ! Enfin lu les 21 nouvelles. Certaines, en autre avec les curés, sont un peu vieillottes. Pour les autres, il est bon de voyager virtuellement vers les régions et pays méditerranéens. Les odeurs, les oranges, les cigales, la mer. Un mélange de biographie, de légendes, de voyages en Corse, Algérie et autres. Effrayante celle d'invasion de sauterelles. Sympa celle sur Mistral. A découvrir ou à redécouvrir. Un petit proverbe pour finir : « Qui veut ouïr des nouvelles, au four et au moulin on en dit de belles. »
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J'aime beaucoup Alphonse Daudet et je me sens très proche de lui. D'abord, il écrit des nouvelles et j'adore les nouvelles. Mais pas seulement. Il y a encore une fraicheur d'enfance en lui, une ironie légère, une façon charmante de ne pas se prendre au sérieux qui m'enchantent. Un style net, ciselé, souvent poétique et pourtant sans prétention, le fameux français standard que privilégiaient les écoles de la République, pour "Apprendre à lire à tous les petits français". Enfin, dans les "Lettres de mon moulin", il fait revivre avec compassion toute une Provence disparue, un peu douce, un peu triste, "un monde qui n'existe plus". Ce livre que nous connaissons par coeur, dont chaque phrase nous rappelle notre propre enfance, mérite bien d'être gardé dans nos bibliothèques, savouré nouvelles après nouvelles, donné à lire à nos enfants ou petits enfants pour que, comme ma petite de Zouille de quatre ans, ils vibrent d'indignation devant le sort inique de la Chèvre de monsieur Seguin !
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