AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 793 notes
Troisième livre d'Erri de Luca :
Et je ressens l'émerveillement d'un enfant lorsqu'on lui conte une belle histoire !
Car Erri de Luca est un conteur magique !
D'une main de maître il sait l'économie des mots pour galvaniser les émotions !
L'alpiniste chevronné, amoureux de la montagne, nous
transporte vers des sommets magnifiques.
Chaque phrase est une formule poétique, une réflexion philosophique, une prise de conscience :
Sa vision de l'homme et de la nature !
Je me suis surprise à relire, méditer ...
Ce voyage est aussi une belle découverte du monde animal. La justesse et la beauté de certaines images suspendent le temps de ce récit.

Un silence magnifique entre deux solitudes, deux géants de la montagne : un homme et un chamois.
Le chasseur braconnier, se dit voleur de bétail
et le roi des chamois, mâle procréateur respecté.
Tous les deux savent que l'âge les gagne, sentent leur fin proche. Leurs règnes respectifs arrivent à leurs termes.
Le récit alterne entre le point de vue de l'animal et celui de l'homme, tous deux dans une sorte de proximité,
de défi !
Un duel entre l'homme et l'animal : un très beau portrait.
Il y a du respect entre ces deux êtres ! Il savent l'affrontement inévitable.
Le braconnier est un alpiniste pour qui la chasse est un art. Il ressent une dévotion envers la nature et le monde animal.
Le chamois offre sa mort au chasseur :
"La bête l'avait épargné, lui non. Il n'avait rien compris de ce présent qui était déjà perdu. C'est à ce moment que la chasse prit fin pour lui aussi. Il ne tirerait plus jamais sur d'autres animaux."
De la poésie mais aussi un regard lucide sur la vieillesse et la mort !
L'humilité nécessaire de l'homme face au monde animal révèle sa fragilité sur sa conscience du temps qui passe ...
C'est beau, c'est pur ! Une ode à la rêverie, la pensée :
Un regard lumineux d'humanité !
Commenter  J’apprécie          4111
Voici une nouvelle, un conte philosophique, tout en finesse, rédigé d'une belle écriture poétique et situé dans un cadre grandiose ; les montagnes, hauts sommets où règne un chamois majestueux, le roi de la horde, et, en face, un chasseur qui rêve d'abattre ce dernier et beau trophée.
Deux êtres solitaires, qui s'affrontent dans la solitude et la beauté de la nature ! L'homme, « voleur de bétail » et habile braconnier, en face, la bête puissante majestueuse, et aérienne sur les pentes escarpées : «Les sabots des chamois sont les quatre doigts d'un violoniste. Ils vont à l'aveuglette sans se tromper d'un millimètre. Ils giclent sur des a-pics, jongleurs en montée, acrobates en descente, ce sont des artistes de cirque pour le public des montagnes. Les sabots des chamois s'agrippent à l'air. le cal en forme de coussinet sert de silencieux quand il veut, sinon l'ongle divisé en deux est une castagnette de flamenco. Les sabots des chamois sont quatre as dans la poche d'un tricheur. Avec eux, la pesanteur est une variante du thème, pas une loi ».
Tous les deux ont vécu l'embellie de leur vie, ont connu l'amour, puis la vieillesse avec sa solitude et enfin l'incertitude de la mort. D'instinct la bête sait que le jour est venu… l'homme, lui, est dans l'incertitude … Je vous livre ces deux citations qui résument bien une belle philosophie de vie : « le roi des chamois sut brusquement que c'était le jour. Les animaux vivent dans le présent comme du vin en bouteille, prêts à sortir. Les animaux savent le temps à temps, quand il est utile de le savoir. Y penser avant est la ruine de l'homme et ne prépare pas à être prêt ». Et « l'homme savait prévoir, croiser l'avenir en conjuguant sens et hypothèses, son jeu préféré. Mais l'homme ne comprend rien au présent. le présent était roi au-dessus de lui. »
Un très beau récit sur la beauté de la nature et la fragilité de la vie










Commenter  J’apprécie          412
Les Alpes qui m'entourent sont peuplées de chamois que j'admire parfois au détour d'un sentier, levant les yeux lors d'une randonnée.
Les amis qui m'entourent ont comme loisirs d'observer les bêtes dans leurs jeux, leurs courses, leurs ébats, leurs chants, leurs habitudes et en tirer des clichés exceptionnels.
Quelques amis qui m'entourent osent braver les avis des bien-pensants de la plaine pour chasser le temps d'une saison ces agiles et magnifiques spécimens.
Et il a fallu Erri de Luca et sa plume superbe, poétique, délicieusement descriptive, enchanteresse et puissante pour me permettre de plonger corps et âme au coeur de cette montagne que j'aime tant pour partager de l'intérieur l'âme d'un roi, la vulnérabilité d'un troupeau, la voracité des prédateurs et le coeur d'un chasseur.
Le poids du papillon est une histoire d'amour émouvante entre un chef animal et son comparse humain. Ils se tracent, s'épient, se défient, se cherchent, s'observent, se trouvent, se complètent. Parfaitement.
Une oeuvre de toute beauté que la Nature nous révèle sous l'écriture délicate de cet auteur qui nous prête tous ses sens pour nous permettre de toucher à l'indicible. Et on goûte au miracle et à la force de la Vie...
Commenter  J’apprécie          410
Erri de Luca nous offre là un texte court mais dense, un texte où chaque mot compte et est à sa place. Il a la même précision et la même puissante beauté que les gestes (que l'auteur connaît bien) du grimpeur à mains nues qui s'élève tout en souplesse en harmonie avec la paroi. 

Deux solitaires vont se mesurer : le roi d'une harde de chamois qui sent son déclin et qu'est arrivée pour lui sa dernière saison de domination et un braconnier qui, lui aussi, la fatigue le gagnant, compte terminer en beauté en ramenant comme trophée la barbe et les cornes de ce roi majestueux qui le nargue depuis des années.
Au cours des journées qui précèdent leur ultime rencontre nous apprenons à les connaître, partageons avec eux leur approche de la nature, comment ils s'y intègrent l'un et l'autre, comment ils rusent, se préparent, prennent la mesure de leur force et de celle de l'adversaire. 
«Il ne dormait pas avec le troupeau, pas même pendant l'automne de l'accouplement...Il descendait vers la harde à des heures différentes, avec le brouillard, avant l'aube, après le coucher du soleil. Il ne donnait à personne la chance de le prévoir.»
« L'homme ... était incapable de leur complicité avec la hauteur. Eux vivaient dans son intimité, lui n'était qu'un voleur de passage.
Il avait vu les chamois franchir les précipices en pleine course, l'un derrière l'autre, exécutant une séquence de pas identique dans leur prise d'élan.Leur saut était un raccommodage entre deux bords, un point de suture au-dessus du vide. Il enviait la supériorité de l'animal,...»
Et la force de l'animal est surtout d'être entièrement présent à chaque instant.
«Les animaux savent le temps à temps, quand il est utile de le savoir. Y penser avant est la ruine de l'homme et ne prépare pas à être prêt.»
On n'assiste pas à un affrontement entre l'animal et l'homme, plutôt une élévation de l'un par l'autre et... qui aurait pu penser qu'un papillon allait peser d'un tel poids ?.... Je n'irai pas plus loin car cette histoire pleine de poésie sait aussi tenir en haleine.
Un petit texte, «Visite à un arbre», complète ce volume en nous contant la rencontre de l'auteur et d'un pin des Alpes, penché sur le vide : «Une fois par an, je monte saluer l'arbre, j'emporte de quoi écrire et je m'assieds à son pied......Un arbre solitaire a une clôture invisible, aussi large que son ombre à poser tout autour. Avant d'y entrer, je retire mes sandales. Je m'allonge sous sa lumière.»
Commenter  J’apprécie          410
Il suffit parfois de quelques mots pour atteindre le sublime. Erri de Luca fait partie de ces écrivains qui séduisent les lecteurs par leur écriture sensible et poétique.
Nul besoin, ici, de long discours pour appréhender la nature humaine.
Dans cette nouvelle, nous retrouvons face à face le chasseur et le chamois qui s'observent depuis de longues années, s'affrontent, et d'une certaine façon se respectent. Mais lorsque la fin sera proche, lequel des deux se montrera le plus noble ?

Une ode à la vie, à la nature avec une économie de mots, juste une parenthèse...
Lien : http://mes-petites-boites.ov..
Commenter  J’apprécie          394
"Ils n'étaient pas courageux, ils étaient nombreux, valeur qui donne de la force aux plus faibles"

Formidable petit récit, qui relate le dernier combat de deux solitaires, le roi de chamois et un vieux chasseur exilé dans un coin reculé de la montagne. Mais la similitude entre les deux protagonistes ne s'arrête pas là.

Le roi des chamois est fatigué, il sent sa fin approcher et sait que cet hiver sera le dernier. Dans un coin reculé, surplombant la harde, les odeurs de l'homme et de la graisse qui lubrifie le fusil lui parviennent.
Le chasseur sait, lui aussi, que c'est le dernier hiver du chamois, et que le temps presse s'il veut l'abattre. Ce qu'il ne sait pas, ou fait fi de ne pas savoir, c'est que son monde se fissure aussi et que cet hiver sera aussi le dernier pour lui.

C'est une ode magnifique à la montagne, à la vie sauvage et solitaire. Et au présent, que seules les bêtes peuvent appréhender.
Commenter  J’apprécie          372
Comme avec « Impossible », Erri de Luca nous offre un petit livre qui restera longtemps dans nos mémoires.
Cette fois c'est aussi un face-à-face, mais c'est celui entre un vieux chamois, chef de harde, à la fin de sa vie, et un braconnier, lui aussi au crépuscule de son existence, et qui cherche depuis si longtemps à tuer ce chamois.
La confrontation était attendue depuis longtemps par les deux protagonistes, ils savent tous deux que leur temps est passé, et c'est du respect tout autant que de la fatalité que l'on ressent entre les deux.
La langue est sobre et épurée pour évoquer les émotions comme pour décrire la nature environnante.
Le temps est suspendu pendant ces longs instants et la fin nous laisse bouleversés et tristes, mais reconnaissants à De Luca pour sa plume…
Commenter  J’apprécie          362
Un livre très mince, nouvelle, petit roman, conte... difficile à définir. C'est une histoire de traque, entre un braconnier et un chamois vieillissants qui sont rois dans leur domaine. Un livre bien écrit, agréable à lire. Un texte fait pour les gens qui aiment la nature, les animaux, la solitude. A mettre entre toutes les mains.
Lien : http://araucaria20six.fr/
Commenter  J’apprécie          360
Une très belle découverte que celle de cette merveilleuse plume.
C'est le 1er ouvrage que je lis de Erri de Luca et j'ai été particulièrement séduite par la beauté du texte et sa douce poésie.
Enfant, j'avais pleuré en lisant la Chèvre de Monsieur Seguin ( et oui ! l'une de mes 1eres émotions littéraires....) , à peine plus grande j'avais pleuré devant la mort de Bambi, et j'ai retrouvé, ce jour, à la lecture de ce texte la même émotion, la même naïve tristesse devant la fragilité animale face au chasseur, au prédateur.
Tellement différents et pourtant tellement semblables, ce vieux chasseur et ce vieux chamois m'ont littéralement emportés.

Hâte de découvrir d'autres récits de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          3511
Court texte qui se lit comme un poème. Une ode à la nature et à la vie qui suit son cours. Un constat au temps qui passe, la vie qui file et du poids des années qui s'accumulent. Un face à face entre l'homme, poursuivant sans cesse sa chasse, et l'animal, ce roi des chamois, objet de sa quête ; tous deux au crépuscule de leur route, qui se narguent, qui se cherchent et qui se trouvent. Et ce papillon, tout léger, qui virevolte, décentré, à l'opposé de cette balle fatale, qui vise toujours en ligne droite un point précis. Ce papillon donc, qui malgré son innocence et son caractère inoffensif atteindra tout de même sa cible et dont le poids aura raison sur la vie. Très beau conte philosophique, sans un mot ou une ligne de trop. A lire, assurément !
Commenter  J’apprécie          354




Lecteurs (1534) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
832 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..