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sur 793 notes
Que pèse un papillon ? Presque rien, et pourtant il est celui qui va faire trébucher définitivement l'homme, « plume ajoutée au poids des ans »

La montagne.
Un chamois, maitre de sa harde depuis des années, plus grand, plus fort, plus entreprenant, plus audacieux, mais vieux à présent.
Un homme, un braconnier, solitaire, vivant à l'écart des hommes dans une cabane sans confort, mené par l'espoir d'enfin abattre celui qui lui a toujours échappé. Lui aussi est vieux à présent.

Leur histoire va se nouer en une journée. Une journée merveilleusement relatée par les mots d'Erri de Luca. Une écriture poétique, doucement nostalgique, tragiquement descriptive. Les mots se mêlent aux images d'Andrea Serio pour mieux nous évoquer ces montagnes, la fierté sauvage de cet animal splendide, l'eau qui coule furieusement, l'homme et son fusil.

Et se mêlent à cette évocation de cette journée d'automne, réflexions sur la vie, comment elle nous façonne, ce qu'on en attend , le déclin qui s'amorce, l'acceptation de ce qui viendra inéluctablement.

Un livre que j'ai découvert grâce à la merveilleuse critique de mon ami Eric (CasusBelli) que je vous invite à aller lire (la critique, le livre aussi d'ailleurs). Celui-ci est classé, à tort je pense, dans le rayon jeunesse de ma bibliothèque. Je ne l'y aurais jamais trouvé.
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Je ne connaissais que très peu d'écrits d'Erri de Luca mais les rares que j'avais lus de lui jusqu'à présent m'avaient profondément marqué. C'est donc tout naturellement qu'en me rendant à la médiathèque, je n'ai pas hésité à emprunter cet ouvrage afin de combler un peu mes manques de savoir. Tant de choses à lire et si peu de temps . Qu'est-ce qu'une vie après tout en comparaison de tous les ouvrages qui sortent chaque année et que l'on sait pertinemment que l'on ne pourra probablement jais lire. Certes, certains diront que je suis encore jeune et que j'ai toute la vie devant moi et pourtant, je suis bien consciente que celle-ci ne me suffira pas...

Bref, passons mais c'est en lisant cet ouvrage que je me suis rendue doublement compte (j'en avais déjà bien conscience auparavant) de la fragilité de la vie. Ici, cela va peut-être vous paraître paradoxal, mais Erri de Luca, en nous parlant "du roi des chamois", le maître absolu qui a su acquérir une certaine renommée et se faire respecter de tous ses semblables et d'un homme, chasseur qui plus est, qui est à sa poursuite depuis des années - eh bien, en nous narrant tout cela, l'auteur en réalité nous raconte une extraordinaire histoire d'amour, de passion dirais-je même ! Certes, il y a le le traqué et celui qui traque sans vergogne et tue sans état d'âme (ou presque) mais le lien qui relie ces deux êtres, le chamois et la chasseur, est bien plus puissant encore !

Cela a également fait remonter en moi des souvenirs d'enfance lorsque j'allais, avec l'école, en classe verte dans les mes chers montagnes aux alentours de Bayasse et pour tout cela, je veux dire merci à l'auteur et merci à vous, chers lecteurs, pour avoir eu la patience de me lire, pour une critique qui ne rend malheureusement pas toute la gloire à son auteur, ni même au livre en lui-même à mon grand regret. AUne petite perle. A découvrir et à faire découvrir !
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Après l'excellent roman graphique 'Le loup' de Rochette, je retrouve le combat, l'admiration, la solitude, la contemplation de la montagne acec sa faune et sa flore et surtout la fascination d'un homme vieillissant contre l'animal, ici un chamois, vieillissant aussi. Un papillon qui se pose à droite à gauche à la façon de Jiminy Cricket. Ma lecture à moi s'est posée sur ce magnifique roman grâce à Rabanne et à sa critique enthousiaste.
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Posé sur l'une des cornes du roi des montagnes, le papillon s'élance suivant des trajectoires imprévisibles, contrairement à la balle d'un fusil.

Le chamois est d'une taille exceptionnelle, son chasseur le traque depuis des années pour en faire un trophée.

C'est une métaphore de la dernière rage de vivre, du dernier galop avant le déclin, de l'âge atteint qui sursoit à la volonté de monter jusqu'aux cimes.
Pour l'illustrer, Erri oppose un surhomme à un sur-animal, l'un, jusqu'auboutiste avec son fusil, l'autre, majestueux, défiant la gravité et tous les dangers à flanc de montagne, malgré sa taille hors norme.

Les phrases d'Erri de Luca suivent un chemin de randonnée peu fréquenté. Sa façon d'approcher cet humain est méticuleuse et ne laisse pas de place à l'improvisation par contre, le roi des montagnes a le droit à un traitement plus subtil et poétique.
Erri de Luca est tenté par l'anthropomorphisme. Céder à cette tentation m'aurait déçu.
Il garde heureusement cette distance mêlée de crainte et de respect pour la bête. Presque comme l'oeil du chasseur impuissant à poursuivre une chimère.
L'on trouvera des similitudes avec d'autres auteurs. Ceux qui me viennent à l'esprit sont Curwood et London.
Pour eux, la nature n'est pas douce ou féroce, elle n'est pas gentille ou méchante et elle n'est pas seulement un cadre, c'est aussi un personnage omniprésent et complexe du récit.
La brièveté du récit en fait une oeuvre pleine, sans fioritures. Un cheminement sobre, où l'on ne mangerait pas de gâteau à la myrtille dans une ascension exigeante mais seulement des myrtilles un peu amères.
Pas de trophée pour Erri de Luca, une simple couronne de laurier.
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Dans les Alpes italiennes, deux personnalités se croisent depuis 20 ans. L'une est un braconnier qui a quitté la ville , la civilisation et qui répond aux questions du bistrot de la vallée à coup d'harmonica.
L'autre est un chamois, le roi des chamois. Orphelin, sa mère a été tuée par le braconnier, il impose sa stature , sa force à sa harde pendant deux décennies. mais comme pour le chasseur , l'heure de la sortie approche.
Erri de Luca est tout le temps bon , mais en montagne , il est excellent. Il est chez lui et sa vision d'un arbre par exemple fait passer un nature writer de Gallmeister pour un écolo qui jette des papiers gras par la fenêtre de son SUV diesel. (j'aime beaucoup ce que fait Gallmeister cependant !).
Erri de Luca est un génie de la montagne. Il l'aime , la vit , la respire .Il est suspendu à une branche et dit "l'air libre sur des centaines de mètres vient chatouiller mes pieds nus". L'air libre...
Avant cela , il y a l'apologie de la bête si supérieure à l'homme , même ce braconnier , émouvant de solitude et qui respecte l'animal. Il y a ces questions sur l'être qui se délite à travers le temps et voit ses jours comptés, cherchant une sortie digne de son existence .
L'histoire fait 80 pages , même là Erri de Luca est un écolo. Je tairai le rôle du papillon , cette métaphore finale d'une histoire où la beauté est magnifiée par le génie d'un écrivain , où l'émouvant est sublimé par des mots idoines qui se posent eux aussi comme un papillon sur la vie et qui envoient le lecteur hors du temps, bercée par une écriture si singulière.
Une merveille absolue.
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Un chamois, un chasseur et un papillon…

Le chamois et le chasseur sont tous les deux surnommés le Roi des chamois, l'un par sa meute, l'autre par les hommes. Ils ont la force, la ruse et l'agilité. le chamois surpasse l'homme par sa souplesse, sa grandeur, sa précision. Il est parfait pour ce milieu.

Ils sont solitaires. À l'automne de leur vie, ils ne demandent plus qu'à s'éteindre. Leurs vies sont mêlées et ils savent qu'ils vont devoir s'affronter dans un dernier combat. Comme pour clore une histoire depuis longtemps commencée.

L'homme est isolé dans ce milieu, entouré de beautés et de forces naturelles. Il pèse peu de poids face à cette nature. Il ne peut qu'admirer et jouir de ce tableau de couleurs et d'odeurs, et reconnaître son privilège d'être accepté sur cette scène. Il prend alors conscience de sa moindre importance sur cette Terre ; il n'est qu'un locataire de passage. le chamois a beaucoup à lui apprendre, et les animaux, en général ont des leçons à donner aux hommes.

L'homme a l'intelligence mais non la sagesse et l'humilité, pour apprécier pleinement la vie à sa juste valeur. Il se met au-dessus des autres, créant des avalanches et des éboulis, piétinant ce qu'il y a de plus beau. Il grimpe tellement haut qu'il ne sait plus d'où il vient, ni comment redescendre pour se rappeler qui il est. Il court après la vie sans vraiment la vivre. Il s'essouffle.

Le papillon, compagnon fidèle, virevolte avec insouciance. Il est là pour amener de la douceur, de la légèreté, de la poésie dans ce monde féroce. Il vit le présent avec grâce, même s'il ne dure que le temps de quelques battements d'ailes. le poids des ans, le poids des regrets, pèsent sur les épaules de l'homme, et bientôt, l'aile du papillon, aussi légère soit-elle, suffira à le faire ployer, avec douceur.

Des mots qui nous content une histoire simple et belle, qui évoquent en nous des images, des pensées, sans forcément avoir le même sens pour chacun d'entre nous. Il n'y a pas de leçon à retenir, pas de morale, juste des mots aussi légers qu'un envol de papillons, qui virevoltent passant d'une idée à une autre, sans but précis, juste pour nous raconter la vie, pour nous murmurer que la nature est belle, qu'il faudrait prendre le temps de la regarder, de l'écouter. Elle a tant de choses à nous apprendre. Tant de choses que nous avons oubliées.
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Voici une nouvelle d'une grande poésie qui conte la confrontation entre le roi des chamois, un mâle dominant, majestueux, qui règne depuis de nombreuses années sur son harem et ses fils et un braconnier, chasseur de chamois, vivant en ermite dans la forêt au pied des Alpes. le temps est venu pour chacun d'eux de tirer sa révérence et le faire en beauté.
C'est très beau et le poids du papillon donnera un final brillant.

Suit une seconde nouvelle de moins de dix pages « Visite à un arbre » qui dénote tout le respect d'un homme envers un pin des Alpes.

Une lecture émotion.
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Un chamois qui règne sur sa harde depuis bientôt vingt ans, après un combat victorieux qui a vu les ailes d’un papillon blanc se coller sur sa corne ensanglantée, sait d’instinct et de mémoire le danger du contact avec l’homme, depuis que, petit, il a vu sa mère se faire tuer. Un jour, il sent que la fin de son règne approche…Un chasseur vieillissant ayant tué plus de trois cents chamois dans sa vie le recherche dans la montagne pour en faire son ultime trophée. Le face à face finira par se produire, dans une scène sublime et tragique, qui ne sera pourtant pas le point final de ce drame.

Erri de Luca signe une nouvelle fois un texte splendide. L'écriture est saturée de poésie (comme l'a merveilleusement exprimé Moovanse dans sa critique si appréciée !).
Le cadre naturel, la montagne, l’homme, l’animal tiennent du meilleur nature writing américain.

L’histoire est une forme de fable à valeur universelle et intemporelle qui unit l’homme chasseur à l’animal chassé…J’emploie le terme « unit » à dessein, car l’auteur rend hommage à la bête, ce « roi des chamois », dépeint non seulement comme majestueux, mais aussi véritablement intelligent, tout en montrant un homme non dépourvu d’humanité, de doutes, fragilités, questionnements (notamment dans son rapport à la femme), d’admiration pour cet animal superbe, comme si la barrière entre l’homme et l’animal s’estompait. Ce portrait croisé permanent des deux protagonistes ne cesse de les rapprocher, jusqu’à parfois les confondre dans leurs forces, leurs faiblesses, leurs stratégies, et au final dans le scellement de leurs destins respectifs…

Etonnants parallèles en effet, sur leur perception du temps qui passe, de la vieillesse, de la puissance, du sexe opposé (femme ou femelle).
Ce livre concentre en peu de pages une rare richesse spirituelle ! C’est un hymne à la nature, à la vie en symbiose avec elle, dans le respect d’un équilibre écologique…c’est aussi une invitation à la sagesse, en acceptant dans l’apaisement son destin, dans une ronde éternelle qui n’est rien moins que le cycle de la vie, ou peut-être la patte du Tout-Puissant.

Tel Christian Bobin, Erri de Luca tisse année après année, avec application, une fine toile soyeuse pour nous envoûter de ses ambiances poétiques et oniriques. Chacun de ses petits livres constitue un nouveau joyau, à lire avec délectation au cœur d’un jardin luxuriant et coloré...
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Dans les Alpes italiennes, un petit chamois orphelin grandit dans la solitude. Devenu adulte, il est le plus beau et le plus grand et devient le Roi.
Le désir du braconnier qui a tué la mère de l'orphelin est, à l'aube de sa propre mort, de tuer le Roi qu'est devenu le chamois.
Un livre que l'on garde à portée de main, un livre que j'aimerai relire tant il m'a apporté de sérénité. Que de poésie dans cette belle écriture !
Le poids du papillon, une aventure merveilleusement contée.
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Très beau et court récit qui relate le dernier face à face entre deux vieux solitaires fatigués, un chasseur, alpiniste chevronné mais vieillissant, et un vieux mâle chamois. Ils sentent leur fin approcher et savent que cet hiver sera leur dernier sur les sommets des Alpes. le chamois domine sa harde depuis des années, il ressent pourtant le poids des ans et sait que sa suprématie est aujourd'hui menacée par les plus jeunes qui vont désormais vouloir le détrôner. Ce chamois, souvent deviné, parfois aperçu, mais jamais à portée de fusil du chasseur braconnier qui pourtant n'a jamais hésité à tuer. Tous deux - chacun à sa manière roi de la montagne – possèdent une connaissance exceptionnelle de leur milieu et vont enfin se retrouver face à face pour une ultime possibilité de combat…

Le chasseur et le chassé se confondent parfois et on pense au capitaine Achab qui combat Moby Dick, la célèbre baleine blanche d'Herman Melville.
Un texte poétique riche en symbolique, sans un mot superflu, où Erri De Luca nous fait entrer dans l'univers de la montagne avec sa beauté et ses règles. Il fait un parallèle entre un homme vieillissant et un vieux mâle chamois, nous emmenant jusqu'au crépuscule de leur vie, et propose une réflexion sur la beauté de la nature, la solitude, la vie, la vieillesse et la mort. Un très beau texte.
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