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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Pour toi, toute coïncidence est un hasard, parce que tu ne veux ni voir ni connaître. Et pourtant, tout est écrit dans ces sommes égales. » Ainsi l'ancien criminel de guerre nazi parle-t-il à sa fille de ce qu'il vient de découvrir, dans sa vieillesse : « la kabbale était le noyau ignoré du nazisme ». le tort de ce soldat en est conforté, non pas qu'il regrette ses crimes, mais plutôt son ignorance d'alors, car le Tort du soldat, ce fut la défaite.

Erri de Luca a construit un double récit remarquable dans lequel il n'y a pas de hasard. Sa rencontre dans un refuge de montagne avec ce criminel et sa fille n'est pas fortuite. Amoureux des grands espaces parmi les cimes ou sur les mers où tout semble libre, ce roman est parfaitement ordonné selon des calculs qu'il a fait siens.

« J'ai fermé les yeux, je me suis endormi une minute, car je ne sais pas prier. » Puis, les ayant rouverts, il a écrit cet hommage à un peuple et à une langue, le yiddish, qu'il a voulu apprendre, pas simplement parce qu'elle a de commun, avec son napolitain natal d'être « expertes en misères, émigrations et théâtres. »

Erri de Luca n'est pas croyant, pourtant il a déjà écrit de nombreuses lectio divina, publiées en plusieurs épisodes par Gallimard. La fille du criminel nazi ne croit pas en dieu non plus, mais elle sait qu' « en hébreu, un des noms de la divinité signifie : « Ce qui suffit ». (…) Je ne suis d'aucune foi, mais pouvoir s'adresser à « Ce qui suffit » doit être une bonne ressource. »

C'est également ce que l'on peut dire de ce dernier ouvrage paru d'Erri de Luca, qui a bien mérité le prix Jean Monnet 2014 de littérature européenne.
Lien : http://tmblr.co/Z4Dxcn1MpaUVM
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Quel roman !! c'est passionnant de lire l'histoire de cet homme adepte du yiddish et de cet autre homme qui sans jamais se sentir coupable a participé à l'horreur du siècle dernier (enfin une des horreurs, il y en a tant), sans état d'âme.
Un parallèle qui a finalement un dénominateur commun : la fille du soldat qui crois retrouver un ami d'enfance..
C'est très beau, très rapide à lire et ça fait réfléchir sur beaucoup de sujets, notamment le sort des enfants des tortionnaires
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Un récit lumineux d'Erri de Luca. Texte en 2 parties avec 2 narrateurs différents pour donner à lire les 2 versants de l'histoire.
Les thèmes récurrents chez Erri de Luca sont bien présents et toujours aussi bien traités : l'enfance (la mer, l'apprentissage), le yiddish (l'apprentissage de la langue, sa traduction, son importance), l'Histoire du XXème siècle (la Shoah), l'escalade, le rapport à la nature et bien entendu la notion de "traces".
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Hasard ou nécessité ?


L'auteur-narrateur, parti faire de l'escalade dans les Dolomites croise, un soir, dans une auberge, un couple insolite : un vieil homme et sa fille.

Cette rencontre est la source des deux récits qui s'enchaînent. Dans le premier, Erri de Luca raconte comment un éditeur lui a demandé de choisir et traduire des textes de d'Israel Joshua Singer, frère du Nobel Isaac Bashevis, inconnu du lectorat italien. C'est l'occasion pour lui de relater son parcours : son voyage en Pologne, sa visite du ghetto de Varsovie et celle du camp de Birkenau, son apprentissage de la langue yiddish, dont il dit qu'elle « n'est pas morte si un seul homme au monde peut encore l'agiter entre son palais et ses dents, la lire, la marmonner, l'accompagner sur un instrument à cordes », et ses choix de traducteur.

Le second récit est pris en charge par la jeune femme rencontrée à l'auberge. Elle a vingt ans quand sa mère quitte le foyer ; elle découvre alors que celui qu'elle croyait être son grand-père est en fait son père. C'est son parcours d'ancien criminel nazi qu'elle raconte. Il n'a ni remords ni regrets et estime que son seul « tort de soldat » est d'avoir été du côté des vaincus. Il s'est mis à déchiffrer l'hébreu pour comprendre le mystère de la défaite nazie dont il affirme qu'elle était annoncée dans la Kabbale, le texte mystique de la culture juive.

Deux récits dans lesquels s'expriment donc un rapport différent à la mémoire ainsi qu'à la langue et à l'alphabet hébraïque ; pourtant les deux hommes se réclament d'une même approche de la « pure vérité ».

Tout l'art d'Erri de Luca, simplicité et intensité, en moins de 100 pages !

Ecouter l'auteur parler de son livre dans "Du jour au lendemain", l'émission d'Alain Vienstein sur France Culture :
Lien : http://www.franceculture.fr/..
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Roman bouleversant au propre, les deux pistes amorcées au court du récit se rejoignent dans un final déchirant, comme au figuré, le destin de ce soldat traqué cherchant dans la Kabbale le sens de la défaite nazie remue les tripes.
Erri de Luca est, à l'instar d'un Vassilis Alexakis, un érudit passionné de la langue, estimant que la vérité se situe au niveau de l'os.
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Juste ... Magnifique!
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Quoi ecrire de plus que les excellentes critiques qui ont été mises ! dans ce récit l'auteur nous laisse le soin de ne pas nous expliquer mais de réfléchir
il nous propose ce que nous devinons. j'ai bcp aime
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