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Le thème et l'intrigue m'ont plu. J'ai aimé suivre ce nazi en fuite, ce monstre qui croit n'avoir pour tort que de faire partie des vaincus. J'ai jubilé de le voir en stress permanent, devenu paranoïaque avec les années. le fait que sa chute soit liée à la culture qu'il a voulu éradiquer est comme un retour de karma, très jouissif.

J'ai également aimé le style d'Erri de Luca, plein de poésie mais aussi très authentique dans le vécu et le ressenti. Je trouve qu'il sonne comme un souvenir, à la fois doux et très nostalgique.

La première partie m'a par contre ennuyée et perdue par moments. Je me suis sentie noyée par le texte auquel le narrateur fait référence et que je ne connaissais pas; pour moi c'était trop long.
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La (brève) rencontre entre un criminel de guerre nazi peu tourmenté par ses remords mais obligé de se cacher, et un écrivain étudiant le yiddish. Cette rencontre provoquera chez le criminel de guerre la peur irrépressible d'être retrouvé par ses poursuivants.
A travers une approche du yiddish, du judaïsme et de la Kabbale, Erri de Luca évoque également la difficile position des enfants de criminels et du poids qu'ils ont a porter...
Certainement pas le meilleur d'Erri de Luca, malgré ses 88 pages, j'ai réussi à m'ennuyer...
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Ce court roman d'Erri de Luca rappelle la puissance de son écriture, forme de poésie explorant les tréfonds de la réalité. Construit en deux parties, ce texte s'intéresse d'abord au traducteur puis à la fille du criminel. Ces deux êtes portent une part de l'Histoire et sont en quête des mots, vecteurs d'une meilleure compréhension du monde. le traducteur est obsédé par ce que révèlent les mots quand la jeune femme est marquée par le silence qui a caché le passé de son père, les mots qui n'ont jamais été prononcés. le traducteur est en quête de vérité et la femme de réalité. Les mots sont alors, dans l'histoire et dans la manière de De Luca, une sorte de lumière. Leur choix est soigné et en aucun cas anodin. Ainsi les paragraphes concernant le choix d'Isaac Bashevis Singer de faire varier la fin de son roman, La famille Moskat, selon son lectorat (yiddish ou non) sont absolument passionnants. Dans la version yiddish, c'est une fin pleine d'espoir. Dans la seconde, complètement désespérée. De Luca place, au coeur de son roman, le pouvoir révélateur et libérateur des mots. Attentif au monde et à la nature, Erri de Luca compose un roman bouleversant où se mêlent les création de la nature et la littérature. A cette union, symbole d'un rapport au monde généreux et humaniste, se pose le criminel de guerre, personnage jamais caricatural. L'auteur l'aborde comme un serviteur zélé dont la perception de la réalité passe par les mots, mais ceux des ordres. le devoir, l'aveuglement de l'obéissance et l'oubli des autres habitent ce vieil homme. La négation de la réalité semble marquer la vie de cet homme et par conséquent celle de sa fille, victime collatérale. Cette position face au monde, ce non-rapport aux autres apportent une dimension tragique au texte.
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Un roman étonnant avec deux narrateurs.
Le premier est Erri de Luca lui-même, qui nous relate son apprentissage du yiddish et le jour où, plongé dans sa traduction, il est assis près d'un père et sa fille dans un restaurant de montagne. Après une visite du ghetto de Varsovie reconstruit et à Auschwitz-Birkenau, il a décidé d'apprendre le yiddish pour traduire en italien les textes juifs peu connus, en mémoire de ces onze millions de personnes qui le parlaient dans les pays de l'Est avant la Seconde Guerre mondiale.
Le second est la fille en question : lorsque sa mère décide de partir refaire sa vie, elle découvre, à 20 ans, que son grand-père est en fait son père ET un criminel de guerre nazi. Ayant changé de nom, il vit clandestinement. Horrifiée par cette nouvelle, la jeune fille décide de ne pas avoir d'enfant et se fait opérer. La jeune femme reste pourtant avec son père, qui est persuadé d'être recherché par les chasseurs de nazis. Lui est facteur, notamment pour le centre Wiesenthal juste à côté de chez lui et parle à voix basse, discrètement, pour ne pas se faire remarquer. Elle pose en tant que modèle pour les peintres des Beaux-Arts, une statue muette.
Lors de cette brève rencontre au restaurant, le père entend l'auteur prononcer un mot en yiddish et se croit repéré. Il se suicide alors au volant de sa voiture en sautant dans un ravin … avec sa fille.
Le tort du soldat étant d'avoir perdu la guerre, le père n'a aucun remords, aucune culpabilité …
Un petit livre, très dense pourtant. Une très belle écriture faite de sous- entendus, de ressentis.
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Deux voix, deux destins qui ne devaient pas forcément se croiser, mais qui le feront sous la plume brève et acérée de Erri de Luca.

L'un a appris sur le tard l'hébreu et est chargé de la traduction de textes en Yiddish, l'autre est un ancien criminel de guerre qui ne regrette pas un seul instant le nazisme mais estime que leur seul défaut consiste à avoir été vaincus. Il croit comprendre pourquoi les nazis ont perdu à travers la Kabbale.

Très court opuscule mais percutant. Sur la culpabilité qui jamais ne se laisse oublier.
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Erri de luca est un grand auteur, discret, singulier, sobre, comme je les aime. Il fouille la mémoire, allant très loin dans ses recherches, ses réflexions, par petites touches, avec des textes courts, brillants intelligents. Celui-ci est percutant, bouscule, nous met mal à l'aise. de multiples questions dans ce court roman nous invite à réfléchir sur les thèmes du bourreau impénitent, des relations de famille basées sur des mensonges, du poids de la filiation, des compromission et, renoncements engendrés. C'est aussi un livre sur la mémoire de la langue, la beauté d'une langue,
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Un opus trés bref mais d'une intensité ... De Luca est un auteur honteusement méconnu alors qu'il parvient ici en quelques dizaines de pages à un sommet de littérature . C'est intelligent , puissant , remarquablement construit . On entre danscette histoire et on ne peut plus s'arréter tellement le niveau de l'art littéraire de cet auteur génial est haut . C'est un trés trés grand moment d'art tout court , que chacun devrait prendre le temps de découvrir .
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Comment vit on quand on a été criminel de guerre ? c'est ce que nous raconte Erri de Lucca dans ce court roman, sans jugement sans interprétation juste, les faits, la vie qui continue, ce que l'on crée, invente ou dissimule pour continuer à avancer et à protéger ceux que l'on aime.

C'est tout simplement beau, fluide poétique et magnifiquement écrit comme d'habitude avec Erri de Luca.
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Il y a celui qui aiment une langue pour ce qu'elle représente au-delà de ce qu'elle est. Il y en a un autre qui s'en sert pour tenter d'expliquer l'inexplicable.

Le premier narrateur est reconnu pour ses traductions yiddish, vous savez cette langue parlée par onze millions de juifs d'Europe de l'Est et «  rendue muette par leur destruction ». Une façon pour lui de leur rendre hommage «  Une langue n'est pas morte si un seul homme au monde peut encore l'agiter entre son palais et ses dents, la lire, la marmonner, l'accompagner sur un instrument à cordes ».

Le second, par la voix de sa fille, est un ancien criminel de guerre nazi. Après la guerre, comme beaucoup, il fuira en Amérique du Sud. La traque des anciens nazis et l'enlèvement d'Eichmann le convaincront de rejoindre l'Europe et de revenir à Vienne. Dans sa nouvelle vie d'homme discret, le hasard l'amène à découvrir un livre présenté comme détenant le secret du peuple juif. Il n'aura alors de cesse de chercher dans la kabbale juive une explication à l'échec du nazisme.

Ces trois protagonistes se retrouvent dans une auberge des Dolomites. le premier est silencieux, le second se sent pourchassé et la dernière semble avoir reconnu celui qui lui a appris à nager et dont elle ressent encore le contact des doigts dans son dos (quel récit ! À vous donner des frissons).

En moins de quatre-vingt dix pages, Erri de Luca parvient une fois encore à instiller une atmosphère particulière, où la montagne (et la mer dans une moindre mesure) oblige à être soi-même, vrai. Ce texte à la fois profond, puissant et poétique, revient sur cette tragédie du XX° siècle, ses victimes, ses bourreaux. Et c'est très beau !
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Erri de Luca est l'un des auteurs les plus présents dans ma bibliothèque. Autant dire l'un de mes auteurs préférés. Tout comme Luis Sepulveda, ce n'est pas tant ce qu'il écrit qui me plait mais la façon dont il l'écrit (ce qui, pour moi, est beaucoup plus important). Erri de Luca est aussi un véritable poète et il suffit de lire son magnifique Trois Chevaux pour s'en convaincre. Il est par ailleurs le seul, à mon sens, à savoir parler d'amour : jamais cliché, ni dépassé, ni trop suave, toujours tout en délicatesse, avec émotion, avec pudeur.

Le tort du soldat est un tout petit livre de moins de cent pages (il y en a 87, pour être exacte), un recueil de pensées et de sensations mêlées plutôt qu'un roman. Parfois, il est vrai qu'on s'y perd un peu, se demandant où l'auteur souhaite nous mener, pourquoi tel thème émerge soudain des lignes pour disparaître tout aussi brusquement, sans raison apparente ; il n'y a pas de construction précise à en attendre, il suffit seulement de se laisser porter. Quelques répétitions cassent le rythme, mais ce n'est pas grave.

On retrouve ici plusieurs des thèmes favoris de l'auteur, de ceux qu'il explore régulièrement dans ses écrits : l'enfance, le yiddish, l'escalade… Car ce livre parle bien de lui, d'un moment de vie (réel ou non, je l'ignore) qu'il décide de transmettre. Pour la première partie de l'histoire, en tout cas.
La seconde, clairement plus romancée, emprunte la voix d'une femme qu'il croise brièvement dans une auberge de montagne. Celle-ci, fille d'un criminel de guerre, est prétexte à exprimer deux points de vue sur le sujet, le sien et celui de son père. Ici, l'auteur/narrateur est plus discret, il s'efface derrière ses mots pour laisser parler ses personnages à sa place.

Le vieil homme et lui ont plus en commun qu'on pourrait le croire. Ils partagent une semblable obsession du détail, la manie de traquer les signes et les symboles, et, bien sûr, leur étude appliquée de l'hébreu, même si celle-ci n'est pas motivée par les mêmes causes ni les mêmes buts.
C'est donc la femme qui doit s'opposer à eux, par son caractère, par ses idées et sa façon de décider sa vie. Se présentant comme l'inverse même de son père (et donc, en partie, de l'auteur) elle reste toutefois capable, si elle ne le comprend pas, de l'accepter.

Ce qui m'a le plus gêné, que j'ai le moins apprécié lors de ma lecture, reste le manichéisme dans lequel plonge le récit. Concernant le père, aigri et paranoïaque, je n'ai rien à redire. Son attitude d'ancien nazi considérant que son image de monstre n'est dû qu'au fait d'avoir perdu la guerre est aussi dure qu'elle est finement suggérée. Mais, lorsqu'il parle de façon plus globale de l'Allemagne, qu'il la met par exemple en comparaison avec l'Italie, son pays d'origine, De Luca tombe dans le cliché malheureux : les Italiens sont ouverts et généreux tandis que les Allemands (et on ne parle pas là de nazisme) sont secs et silencieux. Bullshit.

Pour moi, tous les enseignements de ce livre ne sont donc pas bon à prendre. Passés ces petits agacements, la plume de l'auteur est toujours aussi prenante par sa sincérité et c'est surtout pour cela que le tort du soldat vaut la peine d'être lu. Peut-être pas pour une première lecture (sauf si le sujet vous parle particulièrement) mais, si vous avez déjà apprécié l'auteur, n'hésitez pas.
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