AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 248 notes
5
27 avis
4
25 avis
3
19 avis
2
5 avis
1
0 avis
Un tortionnaire nazi "qui n'a fait qu'obéir aux ordres" fuit la vengeance des enquêteurs juifs qui traquent les criminels de guerre survivants. Il n'a jamais osé avouer son passé à sa fille avec laquelle il vit seul, se dissimulant sous les traits d'un honnête facteur retraité et mutique. Dans une auberge de montagne, il rencontre un habitué dont le passe-temps est de lire la Bible en hébreu (comme c'est le cas d'Erri de Luca). Affolé, se sentant pris au piège, il fuit et rencontre son destin.... Sur le thème de l'holocauste, du nazisme et de l'impossible remords, car, comme le soldat, son seul tort, selon lui, a été d'être vaincu, une variation mineure, bien moins convaincante que les autres romans de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          40
Dans la 1ère partie, le narrateur expose une commande qu'il vient d'accepter, à savoir la traduction de textes en yiddish.
Alors qu'il fait une halte dans une auberge en pleine montagne et qu'il travaille à son texte, un vieil homme et sa fille prennent place à une table voisine.
C'est la voix de la jeune femme qui prend le relais dans la 2ème partie. Elle raconte son enfance, ce moment où, jeune adulte, elle apprend que son père est en fait un ancien criminel de guerre nazi qui passera sa vie à essayer de "leur" échapper (le nom du peuple juif n'étant pas formellement évoqué).
Pour lui, "le tort du soldat est la défaite"; par ces mots, le vieil homme absout ses fautes passées.
Quel sera l'impact de cette rencontre pour chacun des personnages?
Commenter  J’apprécie          30
Ce court roman met en scène le romancier et un couple étrange composé d'un vieux monsieur et d'une jeune femme. La rencontre des trois protagonistes est un moment très éphémère dans la salle d'une pension au pied des Dolomites.
L'auteur raconte d'abord sa vision du couple installé dans la salle, la beauté de la femme, son sourire, son trouble, puis la replongée dans ses pensées studieuses autour de traductions en yiddish, activité qu'il chérit particulièrement.
Le jeune femme, que l'on découvre être la fille du vieux Monsieur intervient ensuite, elle raconte d'abord sa vie, sa mère, son père, sa place très singulière de fille d'un homme assez particulier qui à la fin de sa vie trouve au hasard d'une lettre portée dans un centre culturel (il est facteur) une forme de rédemption dans la lecture de la kabbale.
Le fin du roman revient comme une boucle qui se referme, sur l'entrevue fugace dans l'auberge dolomitaine, cette fois du point de vue de la jeune femme.
Ce court roman est, une fois encore, un exercice de style parfaitement réussit. De Luca parvient en quelques lignes, sans emphase, à présenter les plus grands drames humains, les pires angoisses, et à laisser dans le même temps le lecteur faire ses choix, se plonger ou pas dans les nécessaires interrogations.
J'ai aimé les métaphores, le symbolisme et l'immersion très réussie de l'écrivain dans la psychologie féminine.
J'ai aimé son rapport avec l'eau, j'ai aime qu'une fois encore (il avait commencé dans Montedidio) qu'il décrive l'amour physique comme une "nage" entre deux eaux, entre deux corps.
Sans avoir l'étoffe de "Trois chevaux", ce petit roman est une nouvelle pépite littéraire que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          30
Le regard te caresse ou te ronge. Pendant les heures de pose, ma peau sentait la caresse ou les brûlures.
Commenter  J’apprécie          30
J'avais apprécié cet auteur voici dix ans déjà à la lecture du « Noyau d'olive » ; quelle force et quelle exigence ! Je le redécouvre toujours aussi fortement engagé et parfois passionné lorsqu'il s'agit d'intervenir pour défendre la nature ou plus encore une communauté comme citoyen. Et pourtant son engagement s'affine et devient par la même encore plus mystérieux et plus puissant à la fois ! Comme il l'a dit lors d'une interview, « J'écris pour rendre présents ceux qui ne sont plus là » et à la dernière page de ce bref récit p. 88, il prend rendez-vous avec le destin. Une lecture tout à la fois puissante et réservée. Un vrai bonheur de lecture d'un auteur qui connaît beaucoup de langues dont l'hébreu. JP.
Commenter  J’apprécie          30
Erri de luca nous raconte deux histoires, :
celle d'un homme amoureux de la langue yddish, " le yiddish a été mon éntêtement" , une maison d'édition lui propose de traduire des textes pour en faire un recueil des oeuvres de Singer, il nous rappelle une partie de cette vilaine guerre et la destruction du peuple juif.
et celle d'une jeune femme qu vit avec son père. Longtemps elle a cru que son père était son grand père, celui-ci criminel de guerre nazi a changé de nom et de traits, jamais elle ne saura son vrai nom, mais elle vit avec lui par devoir. Cet homme ne voulait pas reconnaître la responsabilité de ses actes et il fuyait " la majeure partie de sa vie, mon père a regardé derrière lui"
ce livre nous incite au travail de mémoire, de nous responsabilités.à souvent ignorer l'autre.
Les paragraphes sont courts et percutants, on a envie de continuer, continuer pour "savoir" ce morceau de vie.
Commenter  J’apprécie          30
Est-ce-que tout a été écrit sur l extermination des juifs par les nazis?


Non évidemment et ne le sera sans doute jamais.



Je remarque qu'annoncer qu'un roman traite de ce sujet attire souvent la remarque :"encore!"



Oui, encore et encore une fois, j ai été émue et touchée.

Pas seulement parce que l'écrivain a trouvé un angle original pour nous transmettre ces horreurs du passé, mais parce qu'il m'a bouleversée à l évocation d'Auschwitz et de la liquidation du ghetto de Varsovie.

C'est important qu'un écrivain trouve, aujourd'hui encore, les mots et les phrases pour réveiller ma conscience qui préfère s'endormir. D'autres violences humaines sont venues après la Shoah, mais celle là fut si terrible qu'elle a une place à part dans ma mémoire.

L originalité du roman?

C'est de se mettre dans la conscience d'une fille de criminel de guerre qui, tout le reste de sa vie, a fuit la justice.

Le seul tort que cet homme se reconnaisse c'est d'avoir perdu la guerre (d'où le titre du livre).



Le point de vue de cette jeune femme est très intéressant et je comprends très bien ce qu'elle veut dire en parlant de trace de "rouille" dans son sang



Sa réaction a été de ne plus jamais transmettre la vie pour que cette lignée de criminels s'arrête avec elle:dur mais compréhensible



Un récit poignant qui me trotte dans la tête


Lien : http://luocine.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          31
Le narrateur, homme amoureux de la nature et passionné de la langue yiddish, croise le sourire d'une femme dans un café.

C'est cette dernière qui reprend la voix du récit et nous raconte son père, un ancien nazi devenu facteur. Malgré ce passé terrible dont elle ne veut pas connaître les détails, elle s'occupe du vieil homme qu'est devenu ce père. Quant à lui, il estime que son seul tort est d'avoir perdu la guerre. Paranoïaque, il développe une véritable obsession pour la kabbale à travers laquelle il pense lire des signes...

Ce récit est court, trop court. A peine 100 pages pour aborder un sujet si lourd et dédoubler le narrateur (le lien entre ces deux voix est d'ailleurs vraiment ténu...), c'est peu. Beaucoup de sujets sont évoqués, à peine effleurés par l'auteur. Les pistes de réflexions sur la langue yiddish, la shoah, la responsabilité intergénérationnelle sont intéressantes mais pas assez approfondies à mon goût.

J'ai tout de même eu plaisir à retrouver l'écriture si poétique de l'auteur, notamment lors de ces descriptions de la nature. Un moment de lecture plaisant, qui laisse de nombreux questionnements en suspend...

Céline

Lien : http://enlivrezvous.typepad...
Commenter  J’apprécie          30
Un texte en deux parties qui se rencontrent. Un traducteur amoureux de « yiddish » et la fille d'un allemand criminel de guerre recherché se croisent dans une auberge
Un peu d'ésotérisme pour ce traducteur amoureux des mots yiddishs
et de cette langue vernaculaire mélange hébreu biblique avec de l'allemand, de l'araméen, hybridée d'autres langues locales mais appropriée pour une utilisation quotidienne.Fascination pour ses lettres qui en disent plus qu'elle ne le veulent le dire du moins pour celui qui sait les interpréter

Encore un peu d'ésotérisme pour cet allemand criminel de guerre , toujours sur ses gardes, passionné par la qabale, science de l'ennemi, fasciné par cette science occulte qui prédit sa propre chute, fasciné par la numérologie associée aux lettres qui ont tout expliqué ! le zohar à l'aura mystérieuse Criminel de guerre qui n'a qu'un regret, par soucis du travail bien fait (encore un Rudolf Hoess) , n'avoir pas terminé l'extermination des juifs


Texte quelque peu décousu dont on ignore finalement le but, heurté, haché, des souvenirs qui refluent et viennent percuter le présent une idée énoncée chasse l'autre mais toujours avec un petit coté bien léché c'est à dire bien tourné Ces idées ne sont pas forcement dans le prolongement des unes et des autres il en ressort une confusion qui laisse, comme une phrase interrompue parce qu'une autre arrive et qu'on ne sait comment la proposer, un sentiment de mal fini

J'ai trouvé dans cet ouvrage une volonté de couvrir par une belle écriture , le mot est un peu fort disons plutôt recherchée voir précieuse,
une indigence du sujet celui toujours rebattu , mais mal, de la shoah et de ses survivants avec en plus un coté sociologique s' intéressant à la « réinsertion » ou devenir des méchants et surtout de leurs descendants
Il y a quelque chose d'artificiel qui ne convient pas à la gravité du sujet
Mettre bout à bout un alphabet intrigant, un livre mytique : le zohar , la shoah, la montagne, le criminel de guerre bref des sujets à part entière ne suffit pas a faire un bon bouquin La preuve
On oubliera vite ce malentendu de De Luca
Commenter  J’apprécie          20
Il y avait donc un Erri de Luca que je n'avais pas lu...
Lors de ma dernière récolte à La Librairie du Channel / Actes Sud, après avoir discuté avec ma charmante libraire du Erri de Luca, paru quelques semaines plus tôt, « le tour de l'oie », j'ai acheté sa dernière parution « Europe, mes mises à feu », puis je me suis trouvé ébahi devant un livre de la collection folio écrit par lui en 2012 "Le tort du soldat".
Je ne le connaissais pas.
J'ai attendu pour lire car je ne sais lire cet auteur qui parle directement à mes sens, à mon coeur que lorsque je peux complètement m'y abandonner.

J'avais un besoin vital de respirer, je savais qu'Erri était très engagé, d'une humanité sans borne, d'une empathie envers les rejetés, concerné (j'aime ce mot) par les drames de notre époque, par cette « mare nostrum » cimetière de notre temps.
« La Méditerranée est le laboratoire le plus intensif de transformation de corps humains en plancton. Aujourd'hui, les corps des êtres humains sont entrés dans le cycle alimentaire, à travers les poissons, les marchés, les cuisines. »
Qu'il « déplore une Europe qui s'imagine verrouillée pour vieillir dans son hospice de luxe ».
Déjà et encore là aussi cette fascination pour les vers d'Yitskhok Katzenelson, ce poète yiddish qui écrivit un long poème « le chant du peuple juif assassiné » de 800 vers et l'enfouit entre les racines d'un arbre au camp d'internement de Vittel où il se trouvait « parce que les combattants du ghetto de Varsovie l'avaient fait sortir avec de faux papiers ».
Après la guerre, une femme, une ancienne prisonnière, creuse et récupère ces vers qu'Erri a traduit.
Je savais, mais j'ai quand même été happé par la lecture, fracassé par ses mots, sur nos maux.
Je n'ai pas ouvert « La mort du soldat » tout de suite, mon cerveau n'était pas libre, encombré qu'il était par mes colères.
Toujours mes colères, mes indignations, à cela aucun remède.
Le temps peut-être.
Parfois elles me laissent un peu désespéré sur le bord du chemin et je peux de nouveau m'adonner tout entier à la lecture.
Alors je suis passé par d'autres livres achetés, comme « les nouveaux anarchistes » de Francis Dupuis-Déri, l'auteur/chercheur canadien « spécialiste » (je déteste ce mot) de l'histoire de l'anarchie, ou encore le numéro 4 de « La revue Lundimatin papier » consacré aux gilets jaunes.
Le temps s'écoulait, j'attendais pour lire « le tort du soldat ».
Patiemment.
Et pourtant lire un Erri de Luca me rend fébrile dès que j'ouvre un nouvel opus. La magie fonctionne toujours, m'arrêtant souvent au cours de ma lecture, je me répète des phrases entières pendant de longues minutes, je fais rouler les mots dans ma bouche, mon cerveau vagabonde avec lui, avec sa profondeur, avec sa poésie.
Je l'ai ouvert aujourd'hui.
J'ai retrouvé entre les pages, ses mots sur le ghetto de Varsovie, sur les vers de Katzenelson, sur l'histoire de son apprentissage de la langue Yiddish. Sur son travail de traduction du « di Familie Mushkat » le roman d'Israel Joshua Singer.
Erri dit « le Yiddish a été mon entêtement de colère et de réponse. Une langue n'est pas morte si un seul homme au monde peut encore l'agiter entre son palais et ses dents, la lire, la marmonner, l'accompagner sur un instrument à cordes. »
Et puis, j'aime la montagne, mais pas comme Erri, je suis incapable de la gravir, sa présence m'apaise, j'y vois l'écoulement lent du temps.
Erri dit « Escalader est le plus lent déplacement du corps humain. le poids sur chaque prise est une syllabe pensée, en gagnant des centimètres.

Le point de départ de ce livre est une rencontre, ou plutôt une proximité dans un restaurant.

Petite parenthèse liminaire.
Au moment de la lecture, cela m'a rappelé ce qui nous est arrivé un jour de 2014 à La Gaccily où nous visitions le festival photo. le midi, nous déjeunions à la terrasse d'une brasserie, face à l'entrée des jardins. A la table à côté, bien que n'écoutant pas, nous entendions deux jeunes femmes parler et, dans la même phrase parfois, alterner français et allemand. Très surpris, sans le vouloir nos oreilles étaient attirées par les voix de ces deux femmes, nous avons appris plus tard que c'étaient la mère et la fille, Laurence et Liza, la maman née en Bretagne mais vivant depuis son mariage je crois, en Autriche, et la fille, autrichienne, qui essayait son français.
Une très belle rencontre, très émouvante de deux très belles personnes, rencontre dont je garde le souvenir très présent, ainsi qu'une petite proximité. Nous suivons nos parcours (enfin, moi surtout) et ne désespérons pas de nous revoir un jour...
Refermons cette parenthèse.

Ma rencontre fut plus heureuse que celle d'Erri.
Car le montagnard rugueux traducteur de Yiddish par devoir de mémoire croise le chemin d'un criminel de guerre nazi et de sa fille...
A partir de cette rencontre, le livre est écrit à la première personne du féminin singulier.
Erri n'a pas pour habitude de s'exprimer ainsi, se mettant à la place de l'un de ses personnage féminin pour raconter une autre histoire.
A partir de cette rencontre, c'est elle qui parlera, cette fille de criminel nazi qui ne se voit qu'un seul tort, « le seul tort du soldat, c'est la défaite ».
Je ne vais pas raconter plus.
C'est le livre d'Erri qui m'a le plus troublé, un livre sombre, profond. La barbarie nazie non pas racontée, mais évaluée à hauteur d'homme, à hauteur d'un criminel qui n'en conçoit aucune honte et raconté froidement par sa fille qui ne se sent pas concernée par cette hérédité, elle qui a « reçu un père en héritage du temps précédent ».
Elle qui accepte d'être sa fille.
Cette fille qui croit voir en ce montagnard rencontré dans une auberge, un souvenir d'enfance.

Une réflexion.

Pas celle d'Hanna Harrendt, Erri nous laisse avec des questions
Si la poésie d'Erri se retrouve dans la première partie, je crois qu'elle est complètement absente de la seconde, comme si cette fille ne pouvait être un être à part entière.

J'ai terminé la lecture en quelques heures (j'ai l'impression que ce ne furent que des minutes!) ...
18 avr. 2019 à 19:51
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (460) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
845 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}