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Très, très grand roman d'une jeune écrivaine, son premier! Puisse-t-elle écrire encore, encore et encore et avec tant de qualités!

C'est un roman de sang, de sauvagerie, de survie, de haine, de violence, d'amour fraternel, de mystère, dans un cadre naturel qu'il imprègne de tout le sang versé, nourrissant une terre hostile, avec de courtes et heureusement nombreuses descriptions de terre et ciel, étoiles et soleil, chaleur et froid.

Rae DelBianco installe son histoire dans le cadre désertique de l'Utah et entraîne ses lecteurs dans une fantastique poursuite d'un garçon après une fille qui a tué plusieurs animaux de son ranch. Il veut récupérer l'équivalent de cette perte financière qu'elle lui a causée, rien de plus.

A partir de ce thème qui peut paraître banal, une construction élaborée d'une histoire qui va s'emballer, où le suspense et l'action vont côtoyer la méditation sur la destinée humaine, les origines, l'aboutissement dans la mort, la gémellité, le parricide.

Ce que j'ai particulièrement aimé ce sont les zones d'ombre que Rae DelBianco laisse s'installer dans l'histoire, permettant au lecteur de peupler son imaginaire et son interprétation, sachant que le mystérieux ne peut jamais être expliqué, mais approché avec prudence ou violence, ainsi qu'en témoignent les deux, voire les trois, héros du livre.

La relation de poursuite va devenir une relation de survie, la fille et le garçon devant faire cause commune et boire le même sang. Rae DelBianco ne s'attarde pas sur les explications de détail, elle est dans le mouvement de cette histoire qu'elle porte dans une écriture où le rythme sait s'accorder avec le vécu : frénésie de l'action violente, calme et lenteur des temps d'échange sur le destin entre la fille et le garçon. Ces deux personnages en deviennent très attachants et ils conduisent le lecteur jusqu'au bout du livre, indispensables qu'ils sont jusqu'au terme de cette épopée.

La nature est bien sûr très présente à travers le désert, les coyotes, les chevaux, le vent, les odeurs du sang, de la sueur, des animaux, de la douleur et de l'espoir.

Un premier roman fabuleux!
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Sur les terres arides et incultivables de l'Utah, Wyatt et Lucy, jumeaux fusionnels tout juste sortis de l'adolescence, tentent de s'en sortir seuls depuis la mort de leur père. Tué. D'un coup de fusil. Par Lucy…

Quand « la fille », une gamine qui n'en est plus une débarque et abat froidement six de leurs bêtes, Wyatt sent le drame et la faillite arriver, et n'a d'autre choix que de se lancer à sa poursuite pour récupérer son préjudice. de son départ à son retour, Wyatt ne rencontrera que le désert, les gangs, la drogue, la soif, la violence. Et le sang, celui qui coule, celui qui nourrit, celui qui est transmis.

Attendu avec impatience en raison des avis flatteurs lus pendant l'été, À sang perdu de Rae DelBianco traduit par Théophile Sersiron m'a finalement laissé sur une impression mitigée… Pourtant j'étais le bon client pour ce roman bien noir où la violence, physique et morale est omniprésente, conditionnant sous des angles différents les vies de Wyatt et de « la fille ». Mais aussi pour ces approches nature writing du désert ou des forêts de l'Utah. Et également pour ces portraits d'écorchés vifs confrontés au deal binaire de tuer ou d'être tués. Sans oublier cette atmosphère brûlante et étouffante que l'environnement désertique fait régner tout au long du livre.

Mais une certaine confusion dans l'écriture m'a malheureusement et souvent perdu, mélangeant dans un même paragraphe des phrases profondes à d'autres particulièrement torturées ; déversant une profusion d'adjectifs là où j'aurais aimé davantage de simplicité ; revenant trop souvent à l'étude psychologique et familiale de ces jumeaux, avec un désagréable sentiment de redites… Bref, un thème mais pas forcément un style pour moi, puisque l'auteure est une des plumes US contemporaines les plus prometteuses. Je réessaierai donc pour son prochain livre.
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Wyatt et Lucy, un frère et une soeur, jumeaux fusionnels, vivent seuls dans un ranch isolé du fin fond de l'Utah. La mère d'abord puis le père sont morts. A peine adulte, ils sont seuls à travailler la terre laissée par leurs ancêtres. La violence du monde extérieur les frappe de plein fouet lorsqu'une adolescente abat sans raison des têtes de bétail en blessant Wyatt. le jeune homme prend en chasse la sauvageonne.
Dans cette course poursuite, Wyatt va rencontrer l'Amérique profonde, l'Amérique de la marge, une Amérique inconnue, pourrissante et florissante, l'Amérique des cartels de la drogue. Un monde perdu entre Phoenix, Albuquerque et Vegas.

Fable initiatique, panthéiste et violente, récit d'apprentissage extrême, la prose de Rae Delbianco, saignante et poussiéreuse entraine le lecteur dans une ballade sauvage.

Jeune écrivaine (26 ans) et déjà à l'égale des vieux routiers, elle écrit sec et syncopé.

Un match de Free-Fight littéraire qui ne s'arrêtera pas au premier sang et qui laissera le lecteur groggy.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Voilà typiquement ce qui peut arriver lorsque vous participez en tant que jurée à un prix de lecteurs : vous recevez un livre sur lequel vous ne vous seriez pas précipitée, vous jetez un oeil sceptique à la quatrième de couverture - "western électrique", "cartels de drogue sanguinaires"... hum... -, vous grimacez ; mais vous vous êtes engagée alors. Alors, vous lisez. Au début vous vous forcez un peu mais vous vous trouvez prise par... un je ne sais quoi, une atmosphère, une tension, un rythme. Vous vous surprenez à avoir envie d'avancer. Vous êtes intriguée, et puis intéressée, et puis sacrément épatée. Et voilà. Vous venez de lire un truc qui n'est pas du tout votre tasse de thé - il est d'ailleurs peu probable que vous cherchiez à réitérer l'expérience - et de trouver ça sacrément bien balancé.

Tout commence par une scène terriblement cinématographique, dans la nuit noire. le calme et l'isolement dans lesquels vivent Wyatt et sa soeur Lucy sont brutalement troublés par l'intrusion d'une jeune femme armée jusqu'aux dents qui abat sans broncher le troupeau du ranch familial. Qui est-elle ? Que cherche-t-elle ? Fou de douleur et de rage, Wyatt se lance à sa poursuite dans le but de récupérer les quelques milliers de dollars que lui auraient rapporté la vente des bêtes et dont dépendent leur survie. le début d'une course poursuite sanglante et pleine de surprises dans des zones arides et désertes de l'Utah, des paysages à couper le souffle.

Le moins que l'on puisse dire c'est que Rae DelBianco sait installer une ambiance, planter un décor. On sent la poussière, la chaleur, la rudesse du désert. Façon western revisité par un Tarentino en grande forme, rapport à la dose d'hémoglobine. La violence est ultra-présente et pourtant, jamais gratuite. Derrière elle affleure un portrait de l'Amérique sauvage, loin des grandes villes policées (quoi que…) où règne encore la loi du plus fort sous l'influence de cartels et autres hors la loi. Ici, on cherche à survivre et pour cela, on n'hésite pas à donner la mort. de cette épopée sauvage émergent deux figures, l'une féminine, dont on ne connaîtra pas le nom, rompue aux rapports de force et passée maîtresse dans l'art de tuer. L'autre, Wyatt, plongé malgré lui dans un engrenage de violence qui va l'obliger à piocher au fond de lui des ressources insoupçonnées. Au centre, la question de la légitimité à tuer. A l'horizon, le point de bascule. L'instant qui vous empêche définitivement de revenir en arrière. Si le roman démarre lentement, le crescendo attache irrémédiablement le lecteur aux pas de Wyatt qui porte en lui le questionnement universel de l'homme qui ferraille pour ne pas perdre sa part d'humanité.

Rae DelBianco est une toute jeune femme au visage d'ange, A sang perdu est son premier roman et tout ceci est très très impressionnant dans sa façon de mêler classique et modernité pour nous parler de l'Amérique. Puissant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Pour être tout à fait honnête avec vous, lors de la dernière Masse Critique Babelio, j'avais sélectionné ce titre pour sa couverture. Sublime. Ensuite seulement, j'ai lu la 4ème de couverture puis pris connaissance de la mini bio de l'auteure. Rae DelBianco, avec son visage d'ange à la Manon des sources m'a intrigué. Comment une jeune femme à l'air aussi candide allait-elle pouvoir me transporter dans un western noir et violent ?
Wyatt vit dans une ferme reculée de l'Utah avec sa soeur jumelle Lucy. Cinq ans plus tôt, Lucy a tué leur père. Accident de chasse en forêt. Depuis ce jour, Lucy est brisée. Wyatt la protège farouchement. Ils se taisent mais n'oublient rien. C'est leur secret. Leur priorité : maintenir le ranch à flots.
Ils y parviennent tant bien que mal jusqu'au où une jeune sauvageonne débarque sur leurs terres et décime plusieurs bêtes à coups de fusil. Wyatt est sonné mais furieux. La mort de ses bêtes représente le déclin de son exploitation. Il se met en tête de poursuivre « la fille » pour récupérer son dû. Commence alors une poursuite sanglante à travers un Utah désertique et hostile.
Même si j'ai trouvé la plume de l'auteure extrêmement belle, j'ai eu beaucoup de mal à terminer ma lecture. Beaucoup de redites, d'invraisemblances dans ce récit. J'ai tout de même voulu aller jusqu'à la fin… et que dire ? pas de surprise. Une fin qui coule de source. La boucle est bouclée, point. Je reste perplexe…
Ce 1er roman n'aura pas fait mouche dans mon coeur de lectrice ; je vous laisse le découvrir et vous faire votre propre avis.
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Un jeune fermier solitaire assiste à l'exécution de son bétail par une gamine. Dévasté par ce carnage, il part à sa poursuite de l'enfant maléfique. Il abandonne au ranch sa soeur jumelle marquée par un terrible secret. Sa quête de vengeance sera contrariée par l'irruption de narcotrafiquants qui tournent autour de la fille. A cheval entre polar, western et road movie initiatique en plein Ouest sauvage, le texte teinté de « nature writing » verse dans une violence parfois inouïe.

L'auteur a choisi de se livrer à une surenchère de descriptions sordides et misérabilistes. Inspirée (peut être) de McCarty ou d'un Don Winslow, l'auteur de A sang perdu malgré l'âpreté de son style n'a malheureusement pas la puissance de ces maîtres, et sombre dans une écriture baroque, tendance rococo sauvage.

« L'eau commença à former une flaque de crasse placentaire noirâtre autour d'elle sur le siège en tissu, il détourna le regard. »

Il faut dire que le titre français a été particulièrement bien trouvé par l'éditeur : le mot « sang » figure presque à chaque page ; quant à « perdu », c'était un peu mon état d'esprit tant j'ai peiné à m'accrocher aux personnages et à leurs péripéties à la logique incertaine : physiques flous et sentiments sommaires calés le plus souvent sur la répulsion, la peur, la culpabilité ou la haine.

Certes, à force de répétitions, on sent le cuir et la transpiration sur la peau tannée à travers un texte très viril et sans subtilité, mais l'ensemble souffre de situations plaquées qui font trop « genre », et accumule des poncifs psychologiques centrés sur la culpabilité et la violence.

« La seule façon d'influencer le destin d'un autre c'est de le détruire. »

Une grosse déception compte tenu des excellentes critiques Presse. Comment justifier ces descriptions à vocation poétique mais qui, quand on les relit parfois avec attention, dévoilent toute leur incohérence ? « le silence était assourdissant, il se réverbérait contre la plaine, renvoyant l'échos de son souffle depuis les hauts plateaux au loin dans un bruit fracassant. »

Surviennent vers la fin quelques propos existentiels sur le destin et la violence, pour faire croire que le personnage principal a vécu une forme d'initiation :

« le fratricide a peut-être été le meurtre originel, mais ça revient à effacer un des côtés de ton visage de la surface de la terre. Les parricides sont une vengeance personnelle contre celui qui t'a créé en te condamnant à errer sur une terre où le désert existe. »

Evidemment cela permet de calmer le jeu après une vingtaine de pages de baston brouillonne où la confusion est totale pour le lecteur comme pour le personnage principal. Hélas, on s'attend tellement à ce règlement de compte entre gangs et les ressorts narratifs sont tellement pauvres que la scène manque cruellement de la tension nécessaire pour percuter le lecteur.

Au final, rien ne sauve vraiment à mes yeux ce livre qui aurait gagné en puissance en l'amputant des deux tiers. En le refermant, j'ai un peu l'impression d'avoir été arnaqué comme si je venais d'avaler un chile con carne, mais sans viande ni légumes, juste un plat avec trop de sauce bourrée de piments. Et là je clame : non à la mal bouffe, même en littérature !

Pour ceux qui sont tentés par ce genre d'histoires mais en incomparablement mieux, je préconise Méridien de Sang de Cormac McCarthy, La griffe du chien de Don Winslow ou le Grand nulle part de James Ellroy ou encore Lost man de Jane Harper. Mais A sang perdu, vous l'avez compris en ce qui me concerne, je lis et puis j'oublie.

Thomas Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Il y a les coups de coeur et...les coups de beurk.

Eh bien je suis navrée de situer ce roman dans la catégorie coup de beurk en ce qui me concerne.

Pour être tout à fait honnête, je n'ai même pas réussi à le terminer. J'ai atteint très péniblement les 130 pages, avec l'impression d'avancer dans un labour frais, dont la boue qui s'accroche aux bottes, rend la marche pesante et difficile.

Je suis vraiment restée à côté. A côté de l'ambiance, de l'histoire, des personnages. Comme une peinture abstraite qui ne parvient pas à émouvoir, à transmettre du sens.

Les phrases sont alambiquées, longues, mêlant plusieurs thèmes et sujets, pour en rendu fouilli qui manque de netteté et de fluidité.

Voilà. C'est rare que je ne finisse pas un roman, surtout après avoir réussi à passer le cap des 100 pages, mais définitivement non. Je suis même soulagée d'avoir pris la décision de ne pas le finir

Alors, faut-il le lire ? Je vous souhaite sincèrement d'y arriver.
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Une atmosphère sombre, glauque et pesante, c'est dans un endroit isolé que l'on commence à avoir le souffle coupé par cette ambiance macabre où nos emporte l'autrice.
" Un décor ambiance western avec des chevaux et des vaches tachées de sang."
Aucune pitié dans ce roman pour les faibles, seules les forts s'en sortiront en vie.
Wyatt va devoir partir dans une aventure sanglante, afin de retrouver une jeune fille assoiffée de sang qui n'a peur de rien.
Ensemble, ils vont devoir affronter des trafiquants et ils frôleront la mort à chaque mauvaise rencontre. Il apprendront à se découvrir avec méfiance et dans leurs esprits l'envie de tuer.
Lucy attends son frère, seule comme un fantôme elle survie dans sa maison où règne encore un profond malaise suite à ses erreurs passées.
Ici ce n'est pas trop le rêve américain mais un bon cauchemar teinté de rouge.
Les armes à feu, les armes blanches et la violence font partie de cette histoire qui franchement met parfois mal à l'aise, il n'y a rien d'amusant dans la vie de ces personnages mornes et tristes.
Pour les lecteurs qui adorent les romans noirs et ben c'est celui-ci qu'il faut lire, si vous aimez les bonnes giclées d'hémoglobine et les situations embarrassantes vous allez être servi.
Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Propulsé d'emblée dans une nature inhospitalière, attaqué de toute part, le lecteur entre tout de suite dans le vif du sujet. Même l'écriture, au début du roman, est haletante. C'est un peu déroutant dans les 100 premières pages puis le récit et les personnages s'installent :

Il y a Wyatt, jeune homme déjà écorché par la vie : physiquement et moralement. Et puis, il y a Lucy, sa soeur jumelle , être fantomatique dont on aimerait découvrir les mystères. Tout deux vivent au fin fond de l'Utah et essaient de faire survivre leur ranch, héritage familial. Et puis, un jour, tout bascule quand leur bétail est attaqué. Wyatt va se lancer dans une course-poursuite dans l'espoir de récupérer de quoi rembourser les bêtes perdues.
Le récit alterne entre l'itinéraire sanguinaire de Wyatt et le passé des jumeaux.

Un roman saisissant, dérangeant aussi par la noirceur des personnages.
Je regrette seulement que la description de certaines scènes sanguinolentes ait pris le pas sur une plus grande profondeur dans l'histoire des personnages.
En tout cas, Rae del Bianco est certainement un auteur à suivre puisqu'il s'agit de son premier roman.
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Il faut dire que la couverture ne pouvait pas me rater, bisonophile en puissance tolérante sur les autres bêtes à cornes... il faut dire aussi que le titre claquait au vent, que le nom de l'auteur était euphonique, que le Seuil est l'éditeur de Sabato. Il y avait marqué Cormac McCarthy en petit, comme pour souligner quelque chose de maudit.
Derrière, les mots de la promotion indiquaient un western électrique et ultra-violent, la bio de l'écrivain, plaquée à côté de la photo d'une blonde au regard hanté, échappée d'American Horror Story, annonçait que Rae DelBianco avait abandonné l'élevage de bovins pour s'enfermer avec sa grand-mère de 88 ans afin d'écrire, enfin, vous voyez, le paquet Violente Rurale Amérique fascinante, offre à tes anciens dieux européens fatigués une nouvelle voix à dévorer...
Mais la promesse du moteur tonitruant n'a pas pu tenir la route et, à mi-chemin, je lâchai le morceau, bolide en panne.
Un morceau sanglant, poussiéreux et terreux, poisseux et brutal dès la scène d'entrée où le troupeau de Wyatt est décimé (du nom exact, puisqu'une bonne dizaine de têtes tombent dans la nuit, sous les balles d'un ennemi invisible). Celui-ci, vivant seul avec sa jumelle après des circonstances tragiques qui nous seront révélées au compte-goutte, part en chasse contre son agresseur à travers un Utah désertique et halluciné, pour tenter quelque chose plutôt que l'impuissance de devoir quitter les terres familiales à la suite d'un massacre qui les laisse, lui et sa soeur, exsangues à tout point de vue.
Mais si tout le détail de la chair coulante, suppurante, maculée, noircie, ensablée nous est déployé le long de laborieuses descriptions souvent confuses, il me semble que le couteau peine à passer sous le cartilage. On sent Rae DelBianco obstinée (en survol, lisant à partir de la page 140 une poignée de pages toutes les 20 pages jusqu'au final, pour comprendre sa construction et son choix romanesque), acharnée même à tourner autour de la plaie, de la mise à mort, de la survie en de sinistres conditions physiques, jusqu'au bout de l'épopée, essouflée à tirer sur tout ce qui bouge et faire souffrir convenablement ses tristes sires, mais de sa fosse sceptique, de son ventre pourri à elle, rien, je n'ai pas trouvé un seul son vibrant dans ce fracas, un son qui ne soit déjà désossé, à qui on aurait donné une chance de vivre. Les descriptions même, morceaux de phrases apposées avec des "et, ..., et...." à n'en plus finir, ne trouvent que de brefs envols aussitôt retombés, et l'effet viscéral ne fonctionne pas, les entrailles étant déjà sèches, à peine sorties. Bien sûr que la comparaison à McCarthy s'imposait, mais certes pas dans le sens de l'éloge. Plutôt dans le sens d'une cible qu'on a raté, à trop vouloir mimer un enfer qui ne peut pas simplement se travailler : le rythme, la musique de la phrase, surtout si tu dois filer à 180 km/h dans un pickup, ou encastrer ta moto dans un poney sauvage, la beauté d'une vision même - surtout - de violence infinie, c'est cette grâce injuste dont tu es dotée ou non et qui me semble, à moins que cela ne soit un problème de traduction (je ne suis pas compétente pour en juger), absente de ces pages. Décidément, je peine à trouver le livre total que j'affectionne particulièrement, dans cette rentrée littéraire : fond, forme, surprise et insolence.
Sans passion mais sans rejet, mais n'ayant pas le coeur d'y passer plusieurs heures encore, je rends À sang perdu à son destin, ne lui souhaite pas de mal mais ne peux rien pour lui.
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