La petite illustration théâtrale, n°161 : Dalilah

En plein milieu des années 20, Paul Demasy impose au Théâtre contemporain le goût de la tragédie dont il semblait de détourner de plus en plus. S'il se refuse, habituellement à écrire des pièces contemporaines dans leur sujet, il se veut pourtant un auteur moderne.
"Racine, Corneille, Shakespeare étaient-ils des modernes pour leur temps. Ils n'ont pourtant traité aucun sujet qui leur était contemporain".
"Dalilah" est donc une pièce classique qui se veut résolument moderne.
Tout l'orgueil de Samson tombe en miettes et s'évapore devant la méchanceté de Dalilah. Ni l'intelligence, ni la force, ni le mépris ne l'empêchent de tomber dans le piège préparée par ces mains blanches de femme.
Le colosse s'écroule au moment où il croit devoir mépriser le plus profondément son frêle adversaire. le voici aveuglé, garrotté, réduit à l'impuissance, jeté dans la puanteur d'un cachot, livré à lui-même et à son désespoir.
La mort même lui est refusée, il est condamné à vivre, aveugle, enchaîné et tournant la meule comme un boeuf....Mais de sa volonté jaillit une consolation. La joie lui est rendue. La mort lui est donnée et de surcroît une vengeance lui est offerte.
Paul Demasy dit ne pas s'être soucié de composer une pièce historique rigoureuse, que son unique dessein était de construire une pièce attrayante. Il fait mieux que cela, il nous offre avec cette tragédie une pièce brillante et intelligente, faite de la rencontre d'un homme partagé entre son devoir et le désir et d'une femme capable de tous les mensonges, les subterfuges et les séductions pour mener à bien sa trahison.