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sur 2691 notes
« Les liaisons dangereuses au temps des réseaux sociaux » selon la 4ème de couverture. Voilà qui est bien présomptueux. Et absolument pas mérité.

Nous voici donc en 2020. Oscar, romancier, insulte une comédienne (Rebecca) dans un post instagram. Il a connu l'actrice, actuellement sur le déclin lors de leur enfance (elle était amie avec sa soeur). Lui-même n'est qu'un romancier assez moyen qui arrive sur le devant de la scène médiatique car accusé de harcèlement moral et sexuel par Zoé Karana, attachée de presse et blogueuse, laquelle fut un temps sa stagiaire. Oscar commence alors une correspondance par mail avec Rebecca. Après des échanges assez vigoureux, pour ne pas dire agressifs, les relations vont devenir presque amicales.

Oscar est un abruti macho de la pire espèce, incapable de reconnaître que ce qu'il appelle de la drague n'est que du harcèlement. Rebecca n'est obsédée que par sa carrière dont elle n'accepte pas le déclin. Quant à Zoé, on ne sait pas trop ce qu'elle cherche.

Le livre est construit autour des correspondances entre Oscar et Rebecca, avec de temps en temps une publication de Zoé sur son blog. Trois personnes qui devraient se parler, échanger, qui ne font que soliloquer sur leurs états d'âme sans une seconde écouter l'autre.

De Virginie Despentes, j'attendais tellement plus sur ce sujet et avec un tel titre. Mais quel ennui. On se lasse rapidement des jérémiades d'Oscar, de l'égocentrisme de Rebecca, des interventions de Zoé. Au point que j'ai fini par abandonner à la page 200, après un mois de lecture laborieuse, m'accrochant à l'espoir d'une évolution, laquelle arrive à peine avec le confinement. L'auteure semble vouloir aborder toutes les problématiques qui sont dans l'air du temps et qui sont son fonds de commerce (drogue, metoo, homosexualité, covid, doutes sur la masculinité, sexe) sans en aborder une seule dans sa totalité, sa globalité ni défendre quelque point de vue.. Les monologues des deux principaux protagonistes tournent en rond et finissent par lasser tant elles sont monocordes.

Bref, grosse déception.
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« Je suis émue de voir ces gens qui déconnent autant que moi et qui, dans ce glissement général vers le grand n'importe quoi, se réunissent et font le contraire de ce que font les gens dans les dîners et sur les réseaux sociaux – s'avouent vaincus, s'avouent faibles, se montrent dans ce qu'ils ont de plus déglingué ».

Généralement, j'aime bien commencer mes billets par une citation qui, pour moi, résume le livre que je viens de lire. C'est drôle d'ailleurs de réussir à débusquer la phrase qui, quand je la lis, me semble dévoiler l'intention (ou en tout cas, l'une des) de l'auteur lors de l'écriture de son texte. Et cette phrase ici me touche, par sa sincérité cash et la vulnérabilité qu'elle dévoile. Car c'est ainsi que je pourrais résumer « Cher connard », roman qui divise, qui clive, et le plus souvent avec passion, comme son autrice, qui aime mettre une couche bien épaisse, tout du moins en apparence, de choc et de clash.

« Cher connard » est une preuve indéniable, si besoin encore était, que Virginie Despentes sait retranscrire l'air du temps, ici dans un roman foisonnant en ce qu'il réunit la lie des sujets en vogue depuis quelques années maintenant : les posts insultants, face visible du harcèlement, sur les réseaux sociaux, la recherche de gloire factice, les addictions (aux drogues, mais pas que), me too, le confinement (sujet qui offre de belles longueurs dans le roman en revanche)… des sujets déprimants, surtout révélateurs d'une certaine toxicité et écroulement de la société, le tout rédigé dans le style volontairement malpoli, gavroche, de l'autrice, espèce de repoussoir verbal anti-bourges pour ceux qui ne sauraient aller au travers.

Repousser pour ne garder que ceux qui s'accrochent, c'est bien résumer aussi le début du roman, qui commence sur deux gosses qui se disputent autour d'un post insultant. Sauf qu'en fait, ce ne sont pas deux gosses, mais deux adultes, Oscar Jayack le célèbre auteur qui, en plein scandale de harcèlement moral sur l'ancienne attachée de presse de sa maison d'édition, ne trouve rien de mieux à faire, entre deux gueules de bois, que d'écrire un post insultant sur Rebecca Latté, une célèbre actrice, qui lui répond en l'insultant elle aussi. Dans le monde réel, est-ce que celle-ci aurait pris la peine de répondre à un post infamant ? Et de commencer une correspondance épistolaire avec son agresseur après que celui-ci se soit excusé et écrit dans un tout autre registre, pour lui rappeler que Rebecca était l'amie d'enfance de sa soeur et qu'ils viennent du même endroit ? Je ne crois pas…

Une fois accepté ce point de départ fragile, « Cher connard » déroule donc les pensées – difficile de dire ici qu'il s'agit vraiment d'un roman épistolaire – de deux egos opposés qui ne prennent pas la peine de se répondre longtemps directement (autre signe des temps), lui le privilégié blanc égocentré insupportable d'auto-apitoiement qui vient d'un monde clairement dépassé, elle l'actrice à la gouaille bravache à la Béatrice Dalle (Rebecca m'a fait tellement penser à elle pour cette attitude 100 % rocknroll et bravache, mais aussi à l'autrice elle-même), qui est bien consciente squ'à plus de cinquante ans, elle commence à devenir hors course, et devient le héraut un peu opportuniste d'un féminisme qu'elle n'a pas toujours ressenti. de la confrontation entre ces deux personnes qui se ressemblent pour leur goût de l'amour (du) toxique, d'une intensité toujours plus grande et menant au drame, d'une identité fragile, naîtra une certaine amitié, qui permettra à Oscar de se rendre compte que oui, malgré tout ce qu'il pense, il est bien un connard fini, et à Rebecca de quitter son amant de toujours, la drogue.

Tout est bien qui finit bien, alors ? C'est bien joli l'amitié, c'est bien sympa de voir l'évolution (limitée jusqu'à un certain point) d'Oscar pour être autre chose qu'un prédateur malgré lui, mais pour moi l'intérêt de « Cher connard » (l'intrigue n'étant pas bien épaisse, car je pense très objectivement que l'autrice s'en fiche pas mal, ce n'est qu'un prétexte), ne se trouve pas là. Elle est dans cette lecture de l'époque par Virginie Despentes, dans sa manière d'analyser la période post-me too, cette espèce d'amertume proche de la gueule de bois qui claque au visage quand on se rend compte que les promesses induites par la vague Me too (la fin d'un système de harcèlement patriarcal institutionnalisé, dans la vie comme sur Internet) ne se sont pas concrétisées, et ne le seront peut-être jamais. le personnage de Zoé, la victime d'Oscar, est d'ailleurs celle qui s'en prend le plus dans la figure, le symbole de l'échec de Me too. Elle a dénoncé Oscar Jayack dans son blog, est-ce qu'elle s'en sort mieux ? La conclusion qu'on lit dans ce texte, c'est que non seulement Metoo n'aura pas été déferlante écrasante, mais qu'en plus la vérité n'est pas forcément une amie, et est surtout une utopie impossible sur internet et les réseaux sociaux, lieu de tous les dangers, dominés par une fachosphère mieux organisée que les autres mouvements. Glaçant et réaliste.
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Une fois n'est pas coutume… J'ai cédé aux sirènes du battage médiatique qui a entouré (et encore aujourd'hui ) la sortie du dernier livre de Virginie Despentes, « Cher connard ». je n'ai jamais lu cette écrivaine dont je me faisais une très vague idée. A part les mots féministe et punk, je n'y rattachais pas grand-chose.

Donc pour moi, « Cher connard », c'est le saut dans le grand bain.
« Cher connard » justement, c'est Oscar Jayack, la quarantaine, un écrivain qui a eu du succès mais qui a été rattrapé par la vague Metoo et qui subit, 10 ans après les faits, les conséquences de son comportement avec son ex-attachée de presse, Zoé Katana. En plein désarroi, il reprend contact via des messages avec une actrice qui aborde la cinquantaine sans illusions quant à sa valeur sur le marché du cinéma et de la séduction , Rebecca Latté, qu'il a connue dans son enfance. Cette dernière n'est pas au début très chaude pour lui répondre mais de fil en aiguille, leurs échanges se multiplient et chacun livre à l'autre ses peurs, ses angoisses, ses doutes, ses réflexions, ses souvenirs… Zoé, devenue quant à elle une militante féministe qui s'exprime essentiellement à travers son blog, intervient épisodiquement.

Il ne se passe pas grand-chose dans ce roman épistolaire mais il s ‘y dit énormément de choses sur notre monde contemporain. Les thèmes sont terriblement actuels : les différentes formes de féminismes, la vieillesse, la place des femmes dans le monde du cinéma, les relations hommes-femmes-pouvoir, l'amitié, l'ascension sociale, la démence des réseaux sociaux, le confinement… le plus important sujet demeurant les addictions et la volonté/difficulté de nos deux protagonistes principaux pour s'en sortir. Il paraît que Virginie Despentes souhaitait depuis longtemps écrire un livre sur ce sujet et c'est chose faite. L'auteure disserte tellement à ce propos qu'elle m'a parfois un peu perdue dans ses analyses très personnelles. J'avais parfois l'impression de lire un essai plus qu'une fiction. Alors certes, cela m'a un peu lassée mais ce petit ennui n'était rien face au plaisir que j'ai eu à lire certains passages profondément émouvants et touchants. L'évocation des réunions des NA (narcotiques anonymes) sont autant de moments de douceur et de solidarité qui révèlent toute la fragilité et l'empathie des êtres humains. L'amitié aussi qui se tisse entre Rébecca et Oscar est très belle. Quelle grande gueule cette Rébecca ! Mais quelle amie aussi ! Quant à Oscar, la remise en question de cet écrivain et père de famille pas top est palpable aussi. Des connards, il y en aura toujours malheureusement. On peut juste espérer que certains ouvrent les yeux sur leur comportement comme le fait peu à peu Oscar.

Voilà, pour une première rencontre avec Despentes, c'était vraiment pas mal. Malgré le choix d'un récit sous forme épistolaire et certaines tirades qui s'essoufflent, l'ensemble est très dynamique. A travers Rébecca et Oscar, c'est bien sûr la voix de l'auteure que l'on entend, utilisant un style bien à elle, plein d'oralité et d'énergie.
On pourrait reprocher à la romancière d'en faire trop en surfant sur la vague des sujets de société mais au final, elle s'empare de tous avec rage. Et on ne pourra pas lui retirer ça : quand Virginie Despentes traite un sujet, elle le fait à fond. A nous de suivre… ou pas.
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Correspondance entre deux lignes…de coke

J'ai un peu hésité avant d'ouvrir cette nouveauté 2022 qui enflamme quelque peu les milieux autorisés en cette rentrée littéraire. Bon, je n'ai pourtant lu ni libé ni Télérama, voulant rester ‘vierge' avant cette ‘expérience'. J'avais aimé les Subutex, alors, nous vernon bien.

Ce récit, où plutôt ces récits, c'est un peu comme une mer étale entre deux marées (c'est le breton qui parle), un moment de répit entre deux contractions. Il est composé des mails échangés par deux personnes d'origines modestes qui se sont connues enfants (elles ont sept années d'écart cependant), en province, dans les années 80, se sont perdues de vue et qui, épistolairement, se retrouvent bien plus tard, au septembre de leur vie (tout début d'automne) quand Paris les a pris dans ses bras.

L'une, Rebecca, devenue star de cinéma (un mix qu'on pourrait appeler Brigitte Dalle) est un peu sur ‘le retour', d'autant que, comme dit l'adage populaire, on ne peut pas être et avoir tété (picolé , sniffé, s'être piquée, shootée…).

L'autre, Oscar, un écrivain qui a connu un certain succès, se retrouve victime du syndrome de la page blanche et est en délicatesse (euphémisme) avec son ancienne attachée de presse qui l'accuse de harcèlement sexuel.

Ce sont leurs souvenirs réciproques qui refont surface au hasard d'une rencontre fortuite et à sens unique. Des souvenirs enfouis pour elle, toujours vivaces pour lui.

Sur leurs claviers AZERTY se tapent leurs réflexions par petites touches sur le temps qui passe, la nostalgie (ou non) d'une enfance vécue dans un monde si étranger à celui que connaissent les enfants d'aujourd'hui, leurs rapports à la notoriété, leur pouvoir de séduction, à l'âge qui avance, au corps qui s'épaissit et se fane, aux besoins et envies qui changent ou s'éteignent.

 Il est question de défonces, forcément (de légitimes ou illicites défonces, on est chez Despente tout de même), de digressions sur ce qui y mène, ce qu'elles produisent, procurent et pourquoi on les arrête, si on les arrête, si on y parvient.

Deux solitudes qui s'épanchent (logique s'il y a Despente) par écrit. Allo Macha, je suis dérangé(e). Modulation de fréquence radio du coeur en berne, ambiance comptoir en zinc  lumière tamisée au petit matin blême, voix éraillées et feutrées en veine de confidences intimes s. On ne se refait pas mais on refait son histoire à rebours ou bourrés, c'est selon.

Tiens, à propos d'histoire, je me dévoile un peu (un tout petit peu): J'ai quitté ma province et suis entré dans la vingtaine, les années 80 et la vie active en même temps.
Boum, le big bang !
L'autonomie, l'émancipation, ma vie m'appartient, mes choix aussi, on n'est pas ce que l'on naît, on est ce qu'on devient en gardant à l'idée, quand même, qu'il est important de savoir rester raisonnable. En 68, on aurait dit qu'il n'était pas raisonnable d'être raisonnable. En 80, ça avait déjà beaucoup changé.
La gauche au pouvoir, la FM vulgarisée dont je suis partie prenante me permet d'approcher des stars, quand ce mot n'était pas encore galvaudé  pour désigner des pseudo-célébrités d'un soir qui n'ont de talent que celui de se montrer.
Un autre monde pour le gamin que j'avais été. Lointain, inaccessible. Et pourtant !
Dilemme : le champ des possibles ou le chant des sirènes ? Torturé, je me soumets à la question.  Ce sera la voie(x) de la raison (Éducation, quand tu nous tiens) et bye la FM.
Les raisons de la colère alors, parfois, quand les regrets blanchissent mes nuits que la radio n'anime plus.
N'avais-je pas laissé passer ma chance, partir le train sans moi ?
Y aurais-je eu ma place ? La prétention de penser que oui, tant pis. Jamais ne le saurai. Frustration.

Alors je comprends cet Oscar et cette Rebecca, ces provinciaux qui ont fait le choix de rompre avec les diktats familiaux ancestraux qui toujours les hantent cependant, le choix d'une autre voie, moins prudente, plus ardente, dangereuse même. Ils ont osé, en ont vécu, mais à l'arrivée, quel constat quand leur tour de roue de la fortune semble passé ?
Et si tout cela n'était que vacuité (se dit celui qui va, cuité, du soir au matin comme du matin au soir) ?

Sur cette lunaire mer de la tranquillité vient cependant souffler un cyclone qui risque d'emporter Oscar (mais pas à Hollywood) : Zoé, son ancienne attachée de presse l'accuse de s'être laissé aller à quelques gestes déplacés.

Dans le passé, bien avant #metoo, j'ai également eu à ‘arbitrer' un cas de ce qu'à raison on appelle aujourd'hui, harcèlement. Alors je comprends cette Zoé qui n'avait rien demandé, rien sciemment provoqué, mais qui allait au boulot la boule au ventre et faisait bonne figure parce qu'on ne dénonçait pas ces choses là. Tabou.
J'imagine sa souffrance d'avoir dû supporter cette drague assidue pour conserver son emploi. Mais, je comprends aussi cet Oscar un peu beauf, old school, héritier d'un comportement patriarcal, qui, de bonne fois, sans s'en rendre compte ne faisait qu'une cour, certes un peu lourde, mais ô combien sincère à une Zoé dont il était tombé sincèrement  amoureux .
Et après tout, c'est un honneur, quand même, de susciter de la convoitise, non ? Et certaines sont si heureuses qu'on rende hommage à leur charme (les thons n'ont pas cette chance) !

Ce cyclone pourrait couper la communication entre nos protagonistes. Pourtant, leurs états d'âmes comme leur relation continuent de s'étaler tout au long des pages que nous tournons, leurs addictions restant leur terrain de prédilection, alcool, drogues…

Quelque part, nous entrons par effraction dans une espèce de roman vérité. Sans y avoir été invités (on a acheté le bouquin quand même), nous nous immisçons dans une discussion privée, en catimini, sur une page Facebook dont nous lisons tous les posts alors qu'ils étaient réservés à la seule intimité de leurs auteurs (for your eyes only). Voyeurs-liseurs, scrutateurs de vies qui n'ont finalement pas échappé à la banalité malgré les professions peu communes des rédacteurs.

Ce sont eux qui écrivent, mais ce sont aussi nous, nos amis, nos copains, nos voisins, nous tous qui hantons ces paragraphes, nous félicitant que même les gens paraissant extraordinaires peuvent avoir une vie d'une triste banalité.

Bien sûr que c'est un monde autre que celui de monsieur lambda, un monde où on est plus préoccupé par le prix du gramme de coke que par celui du litre de sans plomb 95 (fluctue-t-il de la même façon?), un monde où on s'interroge sur l'adresse du dealer le plus proche quand on part en vacances et non sur celle de l'intermarché (qui pue des pieds ou du Super U qui pue…) du coin.

On fraye avec un parisianisme bobo totalement déconnecté des préoccupations basiques, intellectualisant le quotidien à outrance mais qui, au fond, mène une vie somme toute très banale, juste en parallèle de la nôtre dans un second monde décalé, en retrait.
Eux aussi le Covid les scotchera chez eux comme toute la population plébéienne, eux aussi souffriront du confinement et chercheront à en outrepasser les règles, eux aussi se remettront en question, eux aussi évoqueront les faits de société actuels (féminisme exacerbé, #metoo, orientation sexuelle, parentalité, chirurgie esthétique,  vaccination…)

Alors, si les premières pages de ce roman épistolaire m'ont enthousiasmé, vraiment, arrivé à la moitié de l'ouvrage, j'ai commencé à patiner, avec l'impression d'essayer d'avancer sur une planche savonnée, ça ronronne planplan, ça redondance un tango verbal (un post en avant, deux en arrière), vais-je caler ou vais-je atteindre despentes pour enfin reprendre de la vitesse ? Vais-je devoir reprendre à mon compte cette contrepèterie cinématographique des années 80 de ‘connard le barbant' ?

Mais non, ça repart, l'intérêt me revient quand ils parlent, lui de ses relations violentes avec sa soeur, alors enfants, elle du viol qu'elle a subi à quatorze ans et de l'impact sur sa sexualité, lui de son sentiment d'être harcelé qui lui permet de réaliser ce qu'il a fait subir Zoé, elle de Zoé persécutée sur le net pour avoir dénoncé son harcèlement, lui de sa culpabilité se révélant à présent, elle de sa satisfaction devant une correspondance qui se transforme en psychothérapie.

Et quand, finalement, arrive l'ultime chapitre, avec lui arrive le sentiment de lire le meilleur du roman. Un dernier post de Zoé victime collatérale de cyber-harcelement en forme d'apothéose où elle résume sa vision du féminisme dans toutes ses composantes, un dernier post d'Oscar et de Rebecca, apaisés, revenus de leurs excès et prêts à se voir, dans la vraie vie.

Un début enthousiasmant, un ventre mou et bedonnant au centre puis une fin qui reprend des couleurs et de l'élasticité tels seront mes souvenirs de ce livre qui ne méritait pas de faire tant de gorges chaudes. Pas de quoi fouetter une chatte. Un conard ordinaire.

Et s'il y avait une bande sonore, piochons dans cette proposition les titres à y insérer :
-Confidence pour confidence 2.0 en temps de confinement ;
-les mots cent fois qu'on se dit avec les doigts ;
-shit, parle plus bas car on pourrait bien nous entendre ;
-Paroles, paroles, paroles !!
 
 
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Voilà ,je viens de refermer la dernière page de " Cher Connard" de Virginie Despentes et je suis toujours en vie. Oui , je le dis , bien vivante ! Je tiens à le préciser car je me suis demandé si en vue de la haine ambiante autour de ce livre , des fous furieux au verbiage fleuri comme j'en ai lus des tonnes n'allaient pas m'agresser par derrière tout en m'insultant de "sale féministe de merde islamogauchiste ". Je n'étais pas à l'abri non plus d'une donzelle qui aurait également pu me vider une canette de bière en pleine tête en hurlant " C'est une honte de faire la publicité d'une sale alcoolique vulgaire et sans talent qui défend des terroristes " ! Vous savez comme tous ces gens qui dénonçaient leurs voisins en des temps obscurs sans une once de réflexion voire même un éclair de discernement. J'ai pensé aller bouquiner en toute sécurité devant les locaux de Télérama ou des Inrocks mais j'habite un peu loin… Mais c'est une évidence , ca devient limite plus dangereux que d'ouvrir un Houellebecq qu'on comparait à Celine ! Allez savoir pourquoi… On prend des risques extrêmes à lire aujourd'hui… D'ailleurs je me demande si me procurer prochainement "Guerre" de ce "facho" de Celine ne va pas être problématique également , sait-on jamais dans l'ambiance actuelle , un nerveux ou une nerveuse pourrait me le faire regretter , pas un(e) illettré(e) , ni un(e) opprimé(e) , non non , juste un(e) tocard(e) qui viendrait de s'énerver sur Twitter au sujet d' une guerre entre Booba et les influenceuses ou un(e) bien pensant(e) limité(e) , bref une personne à l'encéphalogramme plat à qui parler de l'art et de l'homme n'évoquerait pas grand chose tant il /elle serait embourbé(e) dans sa triste lobotomisation crasse. Oui la société est ainsi , C'est noir ou blanc , pour ou contre , pas un pet de nuance , chacun met son grain de sel sur tout et sans compétence aucune , les rouages d'une machinerie de la pensée totalement abrutie par un néant abyssal du savoir. La preuve , combien sont-ils à descendre un livre qu'ils n'ont pas ouvert ! Seul un titre est maintenant un gage de valeur : "misogyne ou vulgaire " " elle n'écrit que de la merde" , " crade et saoularde" … Mais qui sont ces gens ? Les habitués d'Instagram ou Tik Tok et autres applis abritant les décérébrés qui fabriquent la violence verbale de masse ou ceux qui se drapent dans une fausse dignité arrogante préfabriquée au gré des courants de pensée anti-gauchiste du moment oubliant cependant la définition de " liberté " ou de " pensée" ? Peut-être les deux. Clairement la forme est là , mais le fond ? Vide. " j'aime , j'aime pas ". ils ont déjà un pied dans le métaverse , ne s'expriment que le pouce en l'air ou en bas , le fond est facultatif , la critique inexistante. Tout sonne creux.

"Le militantisme sur Internet c'est le fanatisme à l'état pur : une fois que les gens sont convaincus d'être du bon côté de la morale, ils jugent décent d'égorger l'adversaire." [ Virginie Despentes , Cher Connard]

Forte résonance…

En quoi ce début de chronique a un rapport avec le livre?

C'est limpide. Ils ou elles sont " Cher Connard" , ils sont ces pigeons qui chient sur les épaules en passant , ce qui me permet d'être dans le vif du sujet depuis le début sans oublier le plus ironique, ils servent et donnent toute légitimité à Virginie Despentes en étant finalement tout ce qu'elle dénonce et tout ce qu'ils (paradoxalement ) exècrent : la violence. Qui ose alors encore dire qu'elle est totalement à côté de la plaque ? Merci Messieurs , Mesdames , vous n'avez fait qu'étayer ma lecture , quant à servir d'étendard afin de prouver qu'elle est intégralement ancrée dans la réalité , n'abusons pas , je le savais déjà . La bonne nouvelle , c'est que Despentes est profondément humaine dans toute sa colère en plus d'être clairvoyante , de ce fait , faire le dos rond et laisser pisser reste la meilleure option. Nous ne sommes pas obligés de tous nous aimer après tout , cela dit je reste dans le camp des objectifs et de ceux qui écoutent , le camp de ceux qui ont le cran de dire ce qui défrise un petit monde et surtout , celui qui est capable d'entendre une opinion contraire à la sienne ,d' accueillir un discours étayé sans jugement hâtif. Je reste dans le camp des créateurs et des vecteurs de vie , de ceux qui insufflent des élans et provoquent un mouvement. Je reste , enfin , dans le camp des communicants et de la rébellion face à l'immobilisme et au sectarisme, je reste profondément Virginie Despentes et son "Cher Connard". Ne pouvant développer tous les sujets évoqués , j'ai privilégié ce qui m'a le plus parlé et surtout ce qui glisse sur la page instinctivement, ce qui m'habite et me brûle les doigts.

Alors je lis tout ce qu'elle a à dire au sujet de l'addiction :

"Quand on se défonce , c'est qu'on ne veut plus entendre parler ni de soi , ni des autres .C'est oser dire la vérité. Je ne t'aime pas , et je ne m'aime pas non plus. C'est toute ta lignée , c'est ta langue , c'est ton peuple , c'est ta terre qui est en cellule avec toi"

Des drogues au téléphone portable , des jeux débiles en passant par les réseaux sociaux , je me demande ce que nous fuyons dans cette société pour continuer ce que nous savons néfaste sans parvenir à s'en détacher. Sans doute la fuite de l'absurdité , le constat des illusions perdues , une certaine nostalgie des choses passé la quarantaine , un manque d'inspiration peut-être anesthésié , un désordre interne qu'on ne nomme pas et qu'on ne veut surtout pas remuer , cette violence envers nous-même que nous crachons sur autrui afin de mieux s'en délester. Un mal être .Un vide assourdissant. Un appel à l'aide. Une noyade programmée dans les abysses du fictif. Tout ca porte un nom :La tristesse.


Je lis ce qu'elle a à dire au sujet de MeToo:

"[Zoé Takana ]Tout allait bien avant que tu l'ouvres"

Oui tout va bien quand le corps est à disposition et qu'on ferme sa gueule. Tout va bien quand l'attentat interne reste discret. Tout va bien quand même des femmes expliquent à des victimes que tout ca a toujours existé et qu'elles s'en sont arrangées avec dignité. Bullshit ! Je ne veux plus de cette société du patriarcat , je ne veux plus être muselée et faire partie d'un monde d'hommes. Je ne veux pas me taire . Je ne veux pas faire partie de cet ordre établi. Je veux disposer de mon corps librement. Je veux que la honte change de côté. Je veux l'abolition du privilège machiste. Je ne veux plus qu'on confonde hystérie et détresse , je veux que plus aucune femme hurle en silence. Je veux en finir avec ce " on ne savait rien , on a rien entendu" de la part des hommes qui tous , ne chassent pas mais restent de fait solidaires en faisant semblant d'être aveugles. C'est l'heure ou le temps des dominées est révolu , la dignité a évolué , la respectabilité change de camp , la réserve s'effondre , les rangs des dominants doivent vaciller. Quant à vous messieurs qui vous dites féministes , peut-être pourriez-vous plutôt vous occuper de l'émancipation masculine et nous laisser la lutte du féminisme...A chacun ses armes parce qu'au fond ce que nous entendons en sourdine c'est " Ce que vous dites , nous le comprenons ,mais ne vous libérez surtout pas de vos chaînes , vous risqueriez de briser les nôtres dans le mouvement". Un discours de chienne de garde ? Loin de là , comme le souligne Despentes " Je vous aime les garçons , certains d'entre vous ont fait mon bonheur[…] Je vous comprends , je vous entends , MeToo ca vous est tombé dessus comme une sale surprise. Vous allez vous habituer…" Je ne peux pas mieux dire.

Je lis ce qu'elle a à dire au sujet de l'enfance:

" [ Oscar] Ma fille , qu'est ce que je sais de la vie qu'elle aura ? Plus le danger réel auquel on les expose est grand , plus la protection qu'on exerce sur eux est méticuleuse , c'est paradoxal. Cet écart à quelque chose de grotesque".

Oui , la surprotection commence là ou la liberté de nos jeunes n'existe plus. Qui aujourd'hui pourrait dire qu'il a eu la même jeunesse que ses enfants ? Les sorties à la journée en vélo , les heures où l'on restait à la maison sans parents , cette habitude de se débrouiller seul , de rêver sans entrave , de connaitre les effets de l'échec , de savoir ce qu'est tomber , de se relever , de se construire. Aujourd'hui à la moindre raison qui déroge d'un mode d'éducation établi , c'est le psy qu'on appelle , c'est la grande ruée vers les tests pour tenter de faire rentrer dans les clous sa progéniture. C'est la société parentale de surveillance poussée à l'extrême quand en même temps on refuse au nom de la liberté individuelle les caméras de surveillance dans nos rues. C'est l'enfant roi conditionné à rentrer dans les rails d'une époque , adieu les rêves , ils sont remplacés par la loi du marché , formatés par les réseaux et dépourvus d'initiatives. Qu'est ce qu'on a foiré ? Peut-être juste le fait d'avoir oublié ce qu'était être un enfant. Ou peut-être "le fait de les avoir convertis en accessoires essentiels pour la bonne image de leurs géniteurs. "


Je lis ce qu'elle a à dire au sujet des classes sociales :

"[Oscar] "- Tu vois que t'aimes ca le luxe salope de pauvre" "Je l'aime bien , leur luxe mais j'ai toujours l'impression qu'ils ont besoin de vérifier encore et encore qu'ils font envie au reste du monde .C'est pour ca qu'ils ont besoin de créer autant de mystère. Pour être sûrs qu'on les envie parce que sans l'envie du pauvre , le bonheur du riche n'est pas incomplet : il est anéanti"

L'exception de la réussite dans les hautes sphères quand on vient du bas , sujet pas si tabou mais d'une violence inouïe. Un entre soi qui jamais n'oubliera de signifier d'où l'on vient pour préserver les élites d'une tâche qui s'est probablement perdue. le talent n'existe pas quand on est prolétaire , on est "exotique". le lieu de naissance définit qui nous sommes et c'est en jouant la carte de la soumission qu'on peut espérer une intégration. Me viennent alors 2 questions. Combien de temps les salopes de pauvres vont endurer ce mépris ? Et en même temps combien êtes vous à être prêts à baisser votre pantalon pour une part du gâteau ? Les réponses sont "longtemps" parce que vous seriez "beaucoup." Longues vies aux hautes sphères dominantes , "c'est fascinant de cracher plutôt sur des "pas trop haut" , sur celui qu'on pourrait être mais pas ceux qui sont vraiment à l'abri"


Ne croyez pas que je glorifie Virginie Despentes ni que je prends une carte d'un parti politique quand je lis , je tente d'extraire le meilleur ou du moins ce que j'estime être le plus sensé dans une pensée , c'est cette liberté que je défends. Elle sait me heurter comme me fasciner , j'ai grandi avec " King Kong Théorie "elle a été une révélation , oui , elle mord parfois de travers bien que j'aime également " Mordre au travers " , m'a fâchée avec " Apocalypse bébé " , séduite avec " Vernon Subutex" , m'a fait sortir de moi lors de discours qui bien que virulents ne méritent ni justification ni célébration ,c'est juste un droit fondamental. C'est la raison pour laquelle Despentes est importante . C'est aussi la raison de ma colère qui ne pouvait en aucun cas être éclipsée de cette chronique , la colère est LE sujet de ce livre au même titre que le courroux. L'insulter pour ce qu'elle pense et minimiser son courage d'être sincère sans chercher à plaire est m'insulter au même titre que diverses personnes, c'est salissant , j'ai donc mon droit de réponse.

La subversivité à toute sa place en littérature , dans l'art en général ainsi que dans les débats sociétaux , c'est primordial. La contradiction capitale. La liberté de pensée essentielle bien que de plus en plus fragilisée ne doit en aucun cas plier devant cet amas d'individus embroussaillés dans des prises de positions immuables. Ces mêmes individus qui s'insurgent suite à la tragédie de Charlie Hebdo , qui brandissent " je suis charlie" tout en assassinant à leur tour une personne étant sur le même courant de pensée des victimes , Virginie Despentes. Mais avaient-ils déjà ouvert un Charlie Hebdo ?Il est là le pathétisme. elle est là l' exaspération , elle est dans ce livre la bile effervescente , elle se ressent à chaque ligne l'indignation , la rage exaspérée face à l'absurdité de notre temps et devant tous ces clichés véhiculés par des incultes se repaissant de la violence nauséabonde pour exister. Mais au milieu du chaos c'est l'intelligence , le dialogue et la réconciliation qui priment dans " Cher Connard" faisant un doigt d'honneur à tous les pigeons , c'est la faculté de Virginie Despentes à créer cette magie qui sous fond de discordance amène les deux protagonistes de ce roman , Oscar et Rebecca , à se confier sous forme d'échange épistolaire , à mettre au dessus de tout la lumière sur ce qui reste de l'humanité : L'amour , l'amitié , les blessures , les souvenirs , la littérature… C'est aussi cette capacité à parler de tout , à aborder tous les sujets sans langue de bois par le prisme de deux personnes radicalement opposées ,un tour de force d'une grande virtuosité qui mène le lecteur dans une profonde réflexion.

Pour toutes ces raisons vous devez lire Despentes , ce livre c'est vous , c'est nous , c'est aujourd'hui , c'est demain , c'est notre société , un livre n'est pas qu'un divertissement mais aussi une arme redoutable contre les maux. Que vous adhériez ou pas n'est pas l'essentiel , on a le droit de ne pas être en adéquation ou de ne pas supporter un auteur ou ses idées , mais en connaissance de cause , avec un discours cohérent et constructif parce que c'est ca la clé de la communion , du débat et des avancées.

Sans aucun doute un de ses meilleurs romans.

Je tiens à terminer cette chronique sur cette note d'optimisme … Tout n'est pas perdu :

"Mon grand-père me nourrissait de ses conneries. Il me les mâchait d'abord et les faisait passer de sa bouche à la mienne."[Jean-Paul Sartre.]

Bien à vous ( j' inclus les cher(s) connard(s))


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Il y a quelques jours, je lisais pour la première fois une fiction de Virginie Despentes et j'étais sans doute la dernière andouille à dire Dessepentes au lieu de Dèpente. Aujourd'hui, ma prononciation est corrigée et mon envie de lire les autres ouvrages de l'autrice est elle dévorante...
"Cher connard" est un roman épistolaire où Oscar et Rebecca échangent. Lui est un auteur à succès relatif pris dans la tourmente de Me too. Elle est actrice à la gloire passée, droguée jusqu'à la moelle. Leurs écrits seront parfois entrecoupés des pages du blog de Zoé Katana, ex-attachée presse d'Oscar, fan de Rebecca. Au coeur de cette correspondance, on retrouve : le Ouin-ouin on ne peut plus rien dire, moi j'aime les vrais mecs, oui la misère sociale crée des comportements violents, non il n'y a pas de fatalité, qu'est-ce que la culture?, pourquoi devenons-nous accros? et tant d'autres sujets. Au coeur de ce roman, Virginie Despentes présente des personnages plus vrais que nature, tantôt agaçants, tantôt terriblement fragiles. Elle analyse surtout la société contemporaine avec une plume férocement drôle ! Un roman totalement décapant et intelligent qui secoue un peu la rentrée littéraire 2022.
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Cher.e attaché.e de presse de Virginie Despentes,

Virginie Despentes a bien fait de démissionner de l'Académie Goncourt pour se consacrer à part entière à l'écriture. Après la trilogie Vernon Subutex, elle ne pouvait que décevoir ses admirateurs.

C'est là que vous intervenez, même si Virginie Despentes est tellement médiatique que son livre est déjà célèbre bien avant sa sortie en librairie à la rentrée 2022.

De tous les thèmes abordés dans Cher Connard, celui qui me paraît avoir le moins retenu l'attention des Babeliotes, c'est l'âgisme. Dans notre société vieillissante, l'invisibilité des femmes de plus de cinquante ans mérite bien quelques coups de griffes.

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Le roman épistolaire 2.0 : les lettres, c'est ringard à l'ère du numérique. Cet échange de mails entre Rebecca, une actrice de cinquante ans qui n'a plus autant de succès qu'avant, et Oscar, un auteur, propulsé au coeur d'un scandale #Metoo, est assez improbable au début tant les réparties sont virulentes. (Sinon je n'aurai pas tenu plus de 300 pages avec des insultes et autres attaques du même acabit). L'échange s'adoucit, la discussion se fait d'abord autour du harcèlement qu'il a fait subir à son attachée de presse de l'époque puis on part sur le confinement et autres confidences. La discussion s'apesantit sur certains sujets mais on n'échappe pas à quelques banalités sur la vie quotidienne. Cependant, on sent le changement d'état d'esprit de chacun suite à leurs décisions qui vont les fraire grandir. S'insèrent également quelques extraits du blog de Zoé Katana, l'attachée de presse en question pour mettre en exergue son état d'esprit et contrebalancent leurs réflexions sur le sujet en fil rouge. Un roman d'actualité (#MeToo, covid, confinement etc) qui met en lumière beaucoup de problèmes de la société d'aujourd'hui : comment être féministe, le harcèlement sur le web, la drogue... j'ai été un peu déconcertée par la position prise autour du scandale entre Oscar et de Zoé, on a l'impression que cette dernière exagère les faits de l'auteur, qu'il n'est qu'un gentil auteur dont on abuse de la bienveillance... On reconnait quelques impressions de la période de confinement, le nouveau comportement des autres.
Pour mon premier Virginie Despentes, j'ai été agréablement surprise par ce roman au titre surprenant. Il n'est exempt de quelques défauts : les échanges sont un peu quelconques, peu de chamboulements même si le sujet s'y prête. Malgré tout, j'ai aimé cette histoire autour d'une amitié improbable, un humour corrosif, la réflexion sur la société actuelle. A voir, peut-être me tourner vers un autre de ses titres ?
#cherconnarddespentes #NetGalleyFrance
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Cher connard,

Ainsi s'ouvre le message incendiaire que Rebecca Latté, actrice quinquagénaire encore sublime, envoie à Oscar, écrivaillon sur le retour, alors qu'il vient de critiquer son physique sur les réseaux sociaux.

C'est le début d'un grand échange par mails interposés entre Rebecca et Oscar. Rebecca, c'est un peu la Béatrice Dalle du livre. Elle crame la vie par les deux bouts, est accroc à la came et méprisante. Oscar est un écrivain moyen en manque d'inspiration, addict, et qui se retrouve pris dans la vague #meetoo, pour avoir harcelé son attachée de presse, Zoé Katana, blogueuse féministe.

Très vite, la pandémie de covid 19 et le confinement s'installent. L'échange entre les deux personnages s'intensifie, se confiant sur l'état du monde, la célébrité, les réseaux sociaux, le féminisme et leur addiction aux produits, qui semble les souder.

Chacun change au contact de l'autre et c'est une réelle amitié femme-homme qui se dessine sous nos yeux, par touches pudiques. Oscar revoit sa copie, son rapport au féminisme et à sa propre masculinité nous surprend. Rebecca s'assagit et tente de devenir sobre.

Ce texte a ses défauts... le style épistolaire empêche toute action et les personnages en sortent un peu plaqués, artificiels. de même, il n'y a pas vraiment de réponses d'un mail à l'autre, ni de fil conducteur. Chacun lance son avis sur le monde et le roman prend parfois la forme d'un essai brouillon. Beaucoup de sujets sont traités et le sont forcément de manière peu approfondie.

Mais ça reste un beau roman et le lien entre les personnages est touchant, ainsi que leur combat pour devenir sobre. Les réunions Narcotiques Anonymes m'ont fait chaud au coeur. Tant de bienveillance...

La verve de Despentes n'est pas en reste. Ce livre est bourrée de punchlines qu'on aimerait ressortir au bon moment. Ultra-contemporain, ce texte est une photographie du monde du début de la pandémie. Virginie Despentes a le don pour cerner son époque et en saisir les tendances.

J'ai largement préféré Vernon Subutex, mais je retrouve ici des personnages abîmés et grande gueule qui m'ont émue.
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Wow ! Au début repoussée par le titre, je ne m'attendais pas à apprécier autant ce livre ! Il s'agit d'échanges de courriels entre trois protagonistes (deux femmes, un homme) et à mon avis cela permet à Virginie Despentes d'explorer différentes facettes de sa personnalité sous le masque des personnages, de s'exprimer sur des thèmes multiples (féminisme, désir, addictions...). C'est facile à lire, très actuel (écrit pendant le Covid et déjà certains éléments de cette période nous paraissent maintenant à peine croyables...) C'est pour moi comme un témoignage sur l'époque, ça dépote, il y a de l'humour et des phrases percutantes toutes les deux lignes...Et puis, au bout du compte, ce n'est pas si pessimiste. Plutôt porteur d'espoir. Ce fut donc une bonne surprise.
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