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sur 4055 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avec ce manifeste féministe, Virginie Despentes nous met littéralement un coup de poing dans la gueule, pour parler crument. Elle nous secoue par les épaules, nous sommes de nous réveiller, nous tacle, nous pique. Bref, elle nous assomme à coups de nos propres préjugés, contradictions et non-dits.

Elle commence par nous raconter son histoire ou plutôt comme elle est devenue Virginie Despentes, autrement dit une auteure assez incontournable tant par la critique que l’éloge. Puis, elle enchaine avec une longue anaphore « Je suis de celles qui… » et énumère tout ce qu’elle est, ce à quoi elle s’assimile ou bien ce à qui ou à quoi l’a assimilée la doctrine majoritaire, le regard des autres. Elle ne fait pas dans le simple et concret. Elle est à la fois celle qu’elle est et celle qu’on pense qu’elle devrait être. Elle écrit pour elle, pour nous, pour les femmes « J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf ».

Comme tous les précédents romans que j’ai lus de l’auteure, son langage est cru mais je ne la trouve pas spécialement grossière. Elle emploie des mots rarement écrits mais souvent oralisés, notamment entre amis. Choquante par son trop plein d’honnêteté ? Je ne trouve pas, je pense au contraire que cela sert au récit. Sa plume écorche nos préjugés bien ancrés pour y laisser une marque indélébile. Elle s’en prend à nos croyances populaires erronées « l’idéal de la femme blanche (…) je ne l’ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas ».

Elle commence par parler de la révolution sexuelle qui a eu lieu et qui a eu pour conséquence de libérer les mœurs et surtout les femmes. Elle critique la place des femmes dans notre société, malgré cette révolution, la vision de la femme assimilée à un objet, les diktats esthétiques imposés aux femmes, la maternité comme objectif de vie. Mais parallèlement, et c’est ce qui m’a beaucoup plu dans cet essai, elle se place aussi du côté des hommes dont le statut souvent enviable ne se révèle pas être parfait non plus. Elle décrit le machisme qui leur est imposé : être viril, insensible, ne pas pleurer, ne pas paraître faible, ne pas se maquiller, être courageux, réussir socialement… Ce qui nous pousse à nous demander : à quand l’émancipation masculine ? Quand les hommes réussiront-ils, eux aussi, à se libérer des stéréotypes dans lesquels ils sont enfermés ? Quand en parlera-t-on ?

Ensuite, elle parle avec une clarté indicible du viol qu’elle a subi. Elle dénonce le fait que ses agresseurs ne se voient pas comme des criminels et les propos ahurissants de la majorité : elle n’avait qu’à pas s’habiller comme ça, elle aurait dû faire ceci, elle aurait pu faire cela. Elle décrit le comportement à adopter après un viol aux yeux des autres pour être légitimée, crédible et on entraperçoit la double victimisation dont ces victimes font l’objet (le viol d’abord et le regard des autres ensuite). « Je suis furieuse contre une société qui m’a éduquée sans jamais m’apprendre à blesser un homme s’il m’écarte les cuisses de force, alors que cette même société m’a inculqué l’idée que c’était un crime dont je ne devais pas me remettre ».

Puis, elle désacralise nos opinions envers la prostitution, qu’elle considère être un métier comme un autre. Elle parle en connaissance de cause puisqu’elle l’a exercé. Elle revendique le droit pour les femmes le droit de disposer de leurs corps dans un but financier, sans pour autant être rejetées par la société. Elle remet en cause nos idées reçues selon lesquelles les femmes exerçant ce métier seraient des victimes. Elle critique la prétendue morale majoritaire, la censure du plaisir et des fantasmes, ainsi que la législation de prohibition qui l’accompagne « Interdire l’exercice de la prostitution dans un cadre légal adéquat, c’est interdire spécifiquement à la classe féminine de s’enrichir, de tirer profit de sa propre stigmatisation ».

Enfin, elle s’étonne des conditions de travail des acteurs dans l’industrie pornographique, des tabous comme la soumission qu’on interdit de montrer, des silences à propos du plaisir, notamment féminin, de la masturbation féminine.

Le style est incisif. Elle fait un monologue et tient le récit de bout en bout, sans prendre une inspiration. Elle débite. Elle en a gros sur le cœur et elle l’exprime. Elle n’a pas peur. Elle ose, elle dit tout.

Un nouveau féminisme qui donne à réfléchir, et vous, femmes, hommes qui me lisez, quel genre de féministe êtes-vous ?
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Sans réserve, Virginie Despentes livre un essai intime et virulent sur le féminisme. A travers son expérience dramatique du viol lorsqu'elle avait 17 ans, de ses années de prostitution, de ses errances professionnelles ou de son appartenance au mouvement punk-rock, elle élabore un discours argumenté (qu'elle étaye de ses lectures) éreintant les théories bien-pensantes sur le viol, la prostitution et la pornographie.
De ses mots crus et francs, elle aborde également les relations homme-femme, insistant sur l'infantilisation des femmes dont on entrave le libre-arbitre, la pression subie par les hommes, les supervisions abusives de l'Etat dans les choix que l'on est apte à faire. Elle écrit ce qui se tait, ce qui se cache, ce qui se juge. Elle ose raconter les stéréotypes, les convictions de masse suscitées par les médias (par exemple, le reportage sur la prostitution dont elle critique le manque d'objectivité), l'accueil de ses écrits dans la presse… Elle décortique les idées reçues qui conditionnent le regard de chacun sur le sexe, le couple, la liberté, l'indépendance, la violence, les pulsions. Elle interpelle.
Le discours de V. Despente, pertinent et articulé autour de son vécu – se taire, minimiser le viol dont on tait le mot, culpabiliser mais vivre, se relever – interroge sur les perceptions de chacun et sur les cheminements sociaux et éducatifs qui ont induit ces perceptions, cautionnant les violences faites aux femmes. L'ensemble est complexe. Néanmoins, ce discours peut parfois heurter par son extrême – ou par l'idée d'une pensée juste et unique- lorque V. Despentes aborde la prostitution dont la liberté de jouissance maitrisée et tarifée s'oppose à celle emprisonnée et gratuite au sein du couple. C'est un peu comme affirmer que l'une est libre, l'autre non, sans envisager que tout n'est ni noir, ni blanc, mais qu'une multitude de nuances s'appliquent à chacun de nos choix.
Il est difficile en quelques mots d'écrire ce que cet essai évoque. Je pense qu'il est important de le lire et de s'en faire une opinion propre en fonction de son vécu, de ses choix, de ses expériences, et de réfléchir sur les nombreux sujets d'actualités que les médias révèlent. Je m'interroge surtout sur le fait que cet écrit a été édité en 2006 et que, 10 ans plus tard, la situation des femmes demeure rigoureusement semblable…

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Virginie Despentes ne fait pas dans la dentelle dirons certains. Pour d'autre elle représente tout ce qui est vil et mauvais dans ce monde et pour d'autres encore elle correspond à une écrivaine qui nous donne des textes sur un milieu particulier, les bas fonds de notre société. Pour ma part, je fais partie de cette dernière catégorie. J'aime les auteurs qui nous donnent à réfléchir, ceux qui nous laisse avec nos questions, ceux qui sentent venir le malaise mais nous plonge encore plus profondément dans notre subconscient. Dans cette partie de notre cerveau que l'on se refuse souvent à écouter. Certes son texte peut paraitre dérangeant car il montre sans détourner les yeux une vérité qui est encore malheureusement bien trop présente aujourd'hui.

Cet essai est là pour présenter la place de la femme dans notre société. Une place qu'elle n'a pas choisie. Une place qu'on lui impose depuis longtemps et quand elle parvient à sortir de cette mélasse, on réalise que les situations n'ont pas toutes évoluées. Voici le sujet de cet essai. On regarde donc la place de la femme face à la sexualité, celle qu'elle a dans le monde du travail. Face à notre propre responsabilité, ou encore face aux hommes. Despentes nous présente bien plus qu'un texte féministe ultra sectaire ou autre, elle nous présente une vérité qui dérange. Bien trop souvent lorsque l'on parle de femme, les gens entendent féministes. Bien sûr l'un peut venir avec l'autre mais ils ne sont pas collés et les travers de l'un ne vont pas forcément toucher l'autre.

Pour ma part, je suis une femme certes, mais je ne me revendique pas pour autant comme féministe, néanmoins j'aime ces essais sur le sujet qui nous rappelle aussi notre responsabilité de femme pour trouver notre place dans cette société. Ce bout de texte nous sert de rappelle et devrait être confié à bon nombres de jeunes filles apeurées, esseulées ou simplement en plein doute.

Ce texte est intéressant car il présenté par une femme qui connait son sujet. Une femme qui n'a pas peur de dire tout haut ce qu'elle pense. Elle nous remet face à nos fantasmes enfouis, face à nos frayeurs également. Ces idées qui font peur car elle semble obsolète et pourtant elles sont encore trop présente. Cet essai est très fort, il est à mettre dans toutes les mains car il a encore aujourd'hui une trop grande résonance.
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Un livre coup de poing, d'un féminisme cash et radical, et d'une honnêteté sidérante.

Dès les premières pages, l'écrivaine brosse son portrait «en tant que femme inapte à attirer l'attention masculine, à satisfaire le désir masculin, et à me satisfaire d'une place à l'ombre». Puis elle définit ainsi le cadre de son lectorat : elle écrit pour tous ceux, hommes comme femmes, qui ne respectent pas les codes de la «bonne» féminité ou masculinité. C'est à dire, la virilité et la domination pour l'homme, le souci de plaire et la soumission pour la femme.

Par delà le récit que nous fait l'auteure de sa rencontre avec le féminisme, la dénonciation du patriarcat et des normes de genre imposées par la société (aussi réductrices pour les hommes que pour les femmes), elle aborde la maternité, le viol, la prostitution et la pornographie.
C'est souvent très drôle, comme quand, par exemple, elle vitupère contre les tenants du patriarcat : «C'est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n'y met pas assez du sien».
Le chapitre sur la prostitution, dont le point de vue est original et renseigné, est passionnant de lucidité sans fard.

Un essai qui a le mérite de faire réfléchir.
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Ce livre ne fût pas la révélation à laquelle je m'attendais. Peut-être parce que j'ai déjà beaucoup lu, écouté, réfléchi, discuté sur le sujet. Après les 4 podcasts de Victoire Tuaillon, Les couilles sur la table, consacrés à Virginie Despentes, le contenu du livre m'était déjà familier.

Virginie Despentes, on aime ou on aime pas, mais une chose est sûre, elle appuie là où ça fait mal. Là où on avait bien pris soin de ne pas regarder. Ca vient forcément gratter quelque chose en nous. Ce n'est pas toujours agréable mais c'est nécessaire pour se débarrasser de nos oeillères.

Si certains passages un peu trop imprégnés de psychanalyse m'ont dérangée, une chose revient souvent dans son discours et me parait importante: laissons parler les premièr.e.s concerné.e.s. Vous souhaitez parler de la prostitution? de sa légalisation, de son encadrement ou de son interdiction? Allez parler aux travailleur.se.s du sexe. Vous souhaitez parler de viol? Parlez aux victimes. de pornographie? Parlez aux acteurices. Leurs avis seront toujours plus pertinents que ceux des personnes non concernées directement.

Si l'on est pas toujours d'accord avec elle, son avis sur de nombreux sujets nous amène à y réfléchir, à voir les choses sous un autre angle et à nous faire notre propre avis. Et c'est bien là le plus important, continuer à réfléchir et à cheminer, à se déconstruire.
Lien : https://libereedeslivreset.b..
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Cet essai a été publié en 2006, et personne n'écrivait ainsi. Depuis ces dernières années, la parole des femmes porte dans l'actualité beaucoup de thèmes évoqués dans ce livre. J'ai apprécié le style de Despentes, très efficace pour exprimer son expérience des relations humaines. Évidemment, elle décrit la position dominante des hommes dont souffrent les femmes, dont la plupart peuvent, à des degrés différents, se reconnaitre dans cette injonction de soumission bénévole. Ce livre même s'il exprime la réalité avec des mots crus, nous relie à des femmes qui vivent une réalité violente et banale. Je lirai encore cette autrice nécessaire.
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Ce fut une mauvaise idée de lire ce livre après Cher Connard et les 3 Vernon Subutex. J'ai un peu saturé, j'ai envie de lui dire « Change de disque ».


Je suis mal placé pour la critiquer, car moi aussi, je répète peu ou prou les mêmes concepts dans mes livres, dans lesquels la rupture est toujours un thème central.

King Kong Théorie est peut-être un de ses meilleurs livres, mais le moment fut mal choisi. Je me suis lassé de ses exagérations sur les « hommes » et les « femmes ». Un coup on est tous les mêmes, un coup on est différents… Je ne suis pas friand des essais, il me semble qu'elle infuse mieux ses messages et ses combats dans ses romans.

Tata Despentes, je t'aime bien, tu m'intéresses, je te retrouve dans quelques années. Tu m'as un peu saoulé, bien que je ne nie pas la pertinence de tes analyses.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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J'aime lire des livres sur les sujets de société. Bien évidemment le féminisme m'intéresse beaucoup car il interroge la manière dont j'ai été éduqué, le comportement des personnes qui nous entourent, les structures d'une société, et surtout il me permet de remettre en question des schémas que je pensais innés. Ainsi, je tiens à ne pas reproduire certaines choses, idées, réflexions pour mon enfant, mais également pour évoluer de mon côté, partager et échanger.
Dans ce livre, il est abordé des sujets tels que la prostitution, le viol, le porno.
Le point de vue de l'autrice est intéressant car je ne l'avais pour certains sujets jamais encore entendu développé. Cela permet d'étayer ma réflexion.
Cependant, les débuts de la lecture étaient difficiles, car je ne suis pas très partisane de la provocation et du langage trop virulent. Bien évidemment je reconnais son utilité car les mécanismes de communication et d'intégration d'une idée sont multiples et différents selon les personnes.
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Il était temps que je me fasse une opinion sur cette auteure et surtout ces livres. Mieux vaut tard que jamais ! Il est certain que son dernier roman, très médiatisé et chroniqué, a participé à mon envie. N'empêche, j'ai voulu commencer par le commencement. Et c'est une très bonne découverte, une claque !
Virginie Despentes écrit comme elle parle, avec force, conviction et rage parfois. Comme un cri, elle parle de la liberté des femmes. Et ici particulièrement de sexualité. Viol, prostitution, pornographie,...entre témoignage, essai et autobiographie, les thèmes et les mots sont crus et ça fait mouche ! J'ai aimé sa façon d'écrire sans détours.
Je ne compte pas m'arrêter la sur la découverte de cette auteure fascinante.
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Avec un style cru et sans concession, Virginie Despentes nous parle de sa vision de la femme dans la société.

Ce pamphlet aborde avec une écriture brute des thématiques brûlantes. Il porte un nouveau regard sur la conception du viol, de la pornographie ou de la prostitution dans notre société et promeut l'émancipation féminine.

Avec un récit viscéralement personnel, Virginie Despentes dépeint sa jeunesse dans les milieux punk et son parcours. Cette colère qui donne toute la force à ses mots, Virginie Despentes semble la porter en elle depuis son adolescence. Avec un cri de rage tonitruant, cet essai fait imploser les normes de la société.

Je n'ai peut-être pas totalement adhérée au ton provocateur et colérique de ce livre, mais je ne peux que vous recommander de vous faire votre propre avis au sujet de ce manifeste engagé, pilier des récits féministes.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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