AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,46

sur 107 notes
5
6 avis
4
14 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis Pura Vida, Patrick Deville mène une aventure romanesque particulièrement originale, chacun des récits de ce qu'il appelle « le projet Abracadabra » étant consacré à l'exploration personnelle (le narrateur, ici, acteur et témoin, est clairement, à chaque fois l'auteur), géographique et culturelle, d'une partie, plus ou moins vaste du monde, mêlant avec brio, l'évocation de ses rencontres, des anecdotes souvent plaisantes, des plongées dans l'histoire et la lecture d'autres grands explorateurs ou écrivains, et, parfois, des prises de position politiques. Et on aime le suivre sur le fleuve de ces divagations, au fil de l'eau comme au fil des associations d'idées, de fulgurances pleines de fantaisie mais toujours pertinentes… Dans Amazonia, il nous invite à une traversée du sous-continent latino-américain, de Belém aux îles Galápagos, le long du géant Amazone, puis à travers la cordillère des Andes et les vagues du Pacifique. Nous découvrons sous son regard et celui de son fils qui l'accompagne des lieux mythiques, Manaus, Iquitos, Guayaquil, en même temps qu'il retrace l'histoire de la découverte par les européens de cette partie du monde, une découverte devenant rapidement, selon le même processus qu'il avait décrit pour l'Afrique congolaise dans Equatoria, une colonisation et une exploitation, l'attrait de l'or et des richesses végétales aidant. Et de convoquer quelques héros, natifs ou de passages, de la légende locale, Aguirre, Fitzgerald, Humboldt et, bien sûr, Bolivar, mais aussi ses compagnons de plume, quelques grandes voix de la littérature, Cendrars, Montaigne ou Borges… Pourtant, si ce roman évoque avec force tous les bienfaits pour l'humanité de la nature amazonienne et la nécessité, aujourd'hui urgente (la coïncidence des incendies récents au Brésil ou en Bolivie, les informations sur les ravages de la déforestation ne peuvent que donner plus de force à ce réquisitoire) de la protéger, il perd un peu du charme des précédents récits (déjà Taba-Taba, l'avant-dernier, nous avait un peu agacé à cause du même défaut, et le petit essai qui paraît en même temps qu'Amazonia, L'étrange fraternité des lecteurs solitaires, pâtit de semblable égocentrisme), à cause d'une trop grande importance donnée à la personne de l'écrivain et, ici, de ses rapports avec son fils ou sa compagne. On a envie de dire à l'auteur, pour qu'il ne finisse pas par mal vieillir, eh, Patrick, efface-toi un peu, n'avance pas autant sur la scène, tu caches, tu gâches le décor…
Commenter  J’apprécie          60

A chaque voyage, Patrick Deville nous embarque dans une folle découverte des lieux qu'il visite et, le plus souvent, des gens qu'il rencontre avec ses digressions foisonnantes d'informations. L'aventure culturelle prend ici tout son sens et j'aimerais assez parcourir le monde de cette manière. Il voyage avec son fils, ce qui donne à voir une complicité père-fils ainsi qu'une émulation intellectuelle stimulante. Heureux hommes que ceux-là dans le partage, les frictions afférentes aux habitudes de l'un et de l'autre n'entament en rien le lien indissociable qui les unit. C'est indiscutablement la différence avec les autres "promenades" planétaires de l'auteur, plus axées sur des personnages emblématiques de telle ou telle région du monde. Les digressions historiques et descriptifs de destins hors-normes , Humbold, Pizarro ou Aguirre nous font vivre des flash- backs étourdissants dans une Amazonie elle-même terre de folies, nature exubérante exhalant ses senteurs addictives avec effet immédiat sur des hommes pour lesquelles cette démesure devient un défi à relever, présomption un peu vaine, de la recherche de l 'hypothétique Eldorado à la construction de l'Opéra de Manaus, oxymore culturel que la Nature dans sa toute puissance se chargera de ronger jusqu'à la dernière planche et que dire du bateau de Werner Herzog, Fitzcarraldo, qui donna au film éponyme une aura mythique, le mot "culte" ici un peu faible pour décrire l'aventure d'un tournage aux allures de huis-clos étouffant, affrontement dantesque entre le metteur en scène et l'acteur Klaus Kinski, psychopathe imprévisible et dangereux, très "amazonien" dans son comportement.
Ce livre fait partie d' une série que l'écrivain-voyageur, l'expression est on ne peut plus appropriée, poursuivra sous d'autres latitudes.
Comme tout voyageur, Deville a un port d'attache, Saint-Nazaire, lieu de son enfance, un hôpital psychiatrique dans lequel exerçait un de ses parents, lieu évoqué par ailleurs, recul nécessaire sur la folie des hommes, l'autre, qui s'exerce sur le poumon de la planète.
Où et qui sont les fous ?
A lire absolument, enrichissant et dépaysant.
Merci à lui
Commenter  J’apprécie          40
Patrick Deville est un écrivain qui voyage, d'un pays à l'autre, afin de prendre le pouls de l'humanité. Cette quête perpétuelle se fait pour notre plus grand plaisir puisqu'il partage à la fois ce qu'il voit, ce qu'il entend, ce qu'il ressent. C'est toujours bien écrit et Amazonia est bien dans la lignée de ces romans travaillés, ouvrage sur lequel l'auteur revient afin d'en livrer le meilleur, le plus précis, dans une évidente volonté de pédagogie.
Commenter  J’apprécie          50
Livre difficile à situer dans la jungle des parutions.
Articulé autour de la relation Père-fils. Se situe en Amérique du Sud.
Mais pas que.
Le positif : une très belle écriture, une foultitude de références historiques, on y croise Simon Bolivar, Louis Pasteur, Charles Darwin, Alexander von Humboldt et j'en passe... plusieurs fois même car le chemin des uns croise celui des autres comme dans un entrelac d'influences croisées. Cela se lit comme dans une descente au fil de l'eau (de l'Amazone bien sûr).
Le subjectif : ce n'est pas exactement un roman au sens classique du terme, le narrateur (l'auteur lui même) se met en scène avec son fils sans que l'on perçoive vraiment autre chose qu'un long passage du temps. de plus, il se dégage de ces rencontres une sensation de contemplation de soi d'une petite intelligentsia littérato-bourgeoise d'une certaine vacuité.
Bref, c'est un beau roman inutile sans ces personnages historiques croisés au fil de ces belles pages.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (312) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}