"J'imaginais rassembler dans un recueil les textes d'amis autour du Lecteur idéal, ce lecteur qui est le premier personnage que nous inventons, ce lecteur dans lequel nous tentons de nous glisser lorsque nous relisons, ce lecteur attentif et intransigeant. (p. 12)
Toute première lecture de cet écrivain... même si "Peste et Choléra" est depuis longtemps dans mes listes ! Inutile de vous préciser que les thèmes et le titre ont été les raisons spontanées de mon achat !!....
Un petit volume de textes rassemblés et remaniés, paraissent ici dans leur version définitive; ces derniers ayant été édités antérieurement dans différents ouvrages, dont le premier , "Lecteurs" , "Pour Pierre Michon", a paru dans le Cahier de l'Herne Michon, en 2017....etc.
Textes courts adressés à des amis- écrivains, il y est aussi beaucoup question de l'Amérique Latine, à laquelle Patrick Deville est très attaché, par le creuset littéraire existant dans lequel il a vécu et évolué...
L'auteur en profite pour digresser abondamment sur les difficultés, subtilités, talents du métier de "traducteur"....En parcourant le chemin de Patrick Deville, on voit à quel point il s'est impliqué au niveau de la traduction des textes. En 2001 , il déploie toute son énergie à la direction de la MEET (Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs), située à Saint-Nazaire, au sein de laquelle, passionné par l'Amérique du Sud, il a créé un Prix littéraire latino-américain....
"Aux Amis - --Pour Philippe Ollé-Laprune
(...)
Lisant toutes ces oeuvres, on songe à la phrase de Walter Benjamin selon laquelle "il existe un rendez-vous tacite entre les générations passées et la nôtre; nous avons été attendus sur la terre", parce qu'on n'écrit jamais seulement pour les contemporains, mais aussi toujours plus tard, pour des lecteurs qui ne sont pas nés encore. Les livres attendent dans nos bibliothèques d'être lus et relus et commentés après la mort de leur auteur : cette étrange fraternité des grands solitaires se joue des siècles et de la géographie, de l'espace et du temps. "(p. 54)
Grâce à cet opus, j'ai fait la connaissance avec le poète colombien, Zalamea, et de son poème culte " le Grand Burundun -Burunda est mort" ....Toutefois, Ce qui a retenu mon attention ce sont les observations, les passages décrivant le statut incroyable de "Lecteur"... "espèce universelle", qui se joue des siècles, et de toutes les frontières possibles !!
"Devenir lecteur est l'oeuvre d'une vie. Non pas seulement lire des livres mais lire la bibliothèque, les grands morts et les contemporains, emprunter les chemins de traverse, découvrir les connexions secrètes, les souterrains cachés qui relient les textes. Ecrire ne suffit pas. "(p. 40)
**Un petit livre incontournable pour "notre " communauté babéliote...de lecteurs passionnés et boulimiques !!...et tous les autres "dévoreurs de livres"...à travers le monde...
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Deville évoque dans de courts chapitres son rapport avec la littérature, avec les lecteurs, avec les mots. C'est fin et érudit. Peut-être une bonne introduction à l'auteur pour ceux qui ne le connaissent pas encore ou qui veulent le découvrir.
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Une réflexion sur les lectures et leurs lecteurs. Essai intéressant qui manque un peu de profondeur.
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Dans "L’étrange fraternité des lecteurs solitaires", Patrick Deville devise sur la condition de lecteur et d’écrivain. Un assemblage de textes érudits et jouissifs non moins étrange que son titre.
Lire la critique sur le site : Culturebox
J'imaginais rassembler dans un recueil les textes d'amis autour du Lecteur idéal, ce lecteur qui est le premier personnage que nous inventons, ce lecteur dans lequel nous tentons de nous glisser lorsque nous relisons, ce lecteur attentif et intransigeant. (p. 12)
Elle remettait les choses en place. On a bien assez d'un seul lecteur, certes, s'il a besoin de votre livre pour s'aider à mourir. Mais elle me disait bien davantage : elle levait le sortilège des Circes universelles. C'était elle le père maternel, le grand lecteur.
Page 14.
Aux Amis - --Pour Philippe Ollé-Laprune
(...)
Lisant toutes ces oeuvres, on songe à la phrase de Walter Benjamin selon laquelle "il existe un rendez-vous tacite entre les générations passées et la nôtre; nous avons été attendus sur la terre", parce qu'on n'écrit jamais seulement pour les contemporains, mais aussi toujours plus tard, pour des lecteurs qui ne sont pas nés encore. Les livres attendent dans nos bibliothèques d'être lus et relus et commentés après la mort de leur auteur : cette étrange fraternité des grands solitaires se joue des siècles et de la géographie, de l'espace et du temps. (p. 54)
Devenir lecteur est l'oeuvre d'une vie. Non pas seulement lire des livres mais lire la bibliothèque, les grands morts et les contemporains, emprunter les chemins de traverse, découvrir les connexions secrètes, les souterrains cachés qui relient les textes. Ecrire ne suffit pas. (p. 40)
Bonheur de Babel --- Pour Rainer Michael Mason
(...)Ainsi , Babel n'est pas une calamité mais un bonheur à la condition de ne jamais oublier que nous ne lisons pas l'oeuvre quand nous lisons une traduction, que celle-ci est une lecture possible parmi d'autres (...) Et c'est un bonheur d'ouvrir les nouvelles versions vers le français de Lowry ou d'Ovide , et de constater que le texte résiste lorsqu'il vaut. (p. 37)
Rentrée littéraire - "Samsara" de Patrick Deville - éditions du Seuil
Les deux héros de ce « roman sans fiction » semblent avoir vécu plusieurs existences. le jeune avocat londonien Mohandas Gandhi en redingote noire et chapeau haut-de-forme devint l'infatigable marcheur vêtu de drap blanc, tandis que Pandurang Khankhoje, lui aussi militant indépendantiste indien, bourlingua un peu partout dans le monde, du Japon à la Californie, combattant révolutionnaire au Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale, par la suite exilé au Mexique et proche de la petite bande de Diego Rivera et de Frida Kahlo. Il deviendra alors un scientifique célèbre, mènera des recherches en agronomie comme Alexandre Yersin, le personnage principal de Peste & Choléra venu en Inde lors de la grande épidémie de peste.
Le « samsara » définit la grande roue des vies successives à travers la réincarnation. Et c'est bien dans une grande roue que nous entraîne Patrick Deville dans ce nouveau roman, vaste fresque peinte tambour battant, sur un rythme haletant, de l'Inde coloniale puis indépendante, à travers les deux figures fil rouge de Gandhi le pacifiste, et plus encore de Khankhoje le révolutionnaire cosmopolite.
C'est pendant une autre épidémie, récente, que le narrateur parcourt un pays devenu le plus peuplé du monde, depuis les contreforts de l'Himalaya jusqu'à la pointe extrême du sous-continent, à Kanyakumari au sud du Tamil Nadu. Il rencontre des historiens et des géographes, des écrivains et des étudiants, et grâce à eux essaie de comprendre un peu l'histoire des bouleversements souvent terribles qui se sont enchaînés, depuis l'installation du Raj britannique à Calcutta dans les années 1860 jusqu'à nos jours.
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