J'ai trouvé ce roman il y a près d'un an, à Montreux. Je suis tombée sur un carton de livres à donner. Et oui, en rentrant de soirée certains sont accompagnés et de fait, moi aussi...
Qu'est-ce que cette histoire ? Non, rassurez-vous, vous n'allez pas remonter au temps du Japon médiéval - mais vous allez peut-être avoir envie de voir le film "Les sept samouraïs" !
Ce qui est bien dans ce roman, c'est que les gens sont tous autodidactes et intelligents. A tel point, qu'on a l'impression de l'être aussi ! (et ça fait du bien) Ils sont également complétement fous. Chacun est à la poursuite de sa lubie personnelle, franchissant des pays et des montagnes pour arriver... on ne sait où, et eux non plus.
Ludo lui, sait où il va. Génie dès son plus jeune âge il est pourtant comme tous les enfants sans père : il veut savoir qui c'est. Hélas, la révélation n'est pas satisfaisante. Après une brève confrontation il décide d'en trouver un de son choix - suivant ainsi un des préceptes ("Un bon samouraï esquivera le coup") du film fétiche de sa mère : Les sept samouraïs.
Se nouera alors des dialogues faramineux, plus rocambolesques les uns que les autres. Les hommes établissent des conversations alambiquées avec le garçon (âgé de 8 à 11 ans suivant les périodes), revenant toujours sur leur obsession respective, leur idée fixe.
Nous suivons les traces de Ludo de sa conception à son adolescence. Surdoué, volontaire, il est surprenant de lucidité mais garde toujours une certaine candeur et une fraîcheur... rafraîchissante (ok c'est nul). Épaulé par sa mère, Sybilla, splendide dilettante au summum de son existence et forcenée de travail à la chaîne pour assurer leur subsistance, il avance à son gré en côtoyant qui il veut (dans le métro, la rue, les musées, les bibliothèques, les librairies, au judo puis ses présumés pères) et ce qu'il veut (apprentissage de langues, lectures et films en tous genres, systèmes décimales, techniques de survie, astronomie, analyses de Fourier... - quand je vous dis qu'on en ressort intelligent de cette lecture !)
L'écriture est à la mesure du personnage : dense et explosive. Nous en avons de partout, depuis la narration indirecte libre (mise en parallèle du discours de la mère et de son fils qui réclame toujours plus de savoir dès 2 ans) au foisonnement de culture amassée. Sans oublier les questions existentielles que chacun (ou quasi) des pères présumés se posent, avec l'irruption d'un fils dans leur vie.
J'ai adoré ce livre. Même si je n'ai pas tout compris à l'emploi des syllabaires, aux séries de Fourier et que je pense être incapable d'apprendre une dizaine de langues.
L'intensité du récit est une joie de lecture, du début à la fin. (Je comprendrais toutefois que les redondances, le mélange des discours des personnages perturbent la lecture - moi c'est ce que j'aime !) Malgré les retombées accablantes de la fin du roman, une orée d'espoir se crée. La vie continue.
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( 23/04/2018 )
C'est un ovni littéraire! Je pense que personne n'est préparé à lire un livre pareil... Et à mon avis, on l'adore ou on le déteste! Je vous le dis tout de suite, j'ai adoré ;-)...
On croit à tout moment comprendre où l'auteur veut nous emmener et en fait, elle nous surprend à chaque détour, en nous offrant derrière son histoire des moments de réflexion intenses sur ce que peut être le sens philosophique de notre vie... Ecrit à la manière du pointillisme c'est quand on le referme qu'on prend conscience de ce qui nous a été offert de lire...
Tout commence avec Sibylla, jeune maman américaine qui pour garder sa carte de séjour en Angleterre, a accepté de travailler comme traductrice pour une petite maison d'édition. On comprend très vite que Sibylla n'est pas dans une situation de grand confort... Elle travaille, mais gagne juste assez pour élever son fils et payer le loyer d'une maison qui en hiver la pousse à travailler dans le métro... Pourtant Sibylla ne changera rien, ne voulant pas risquer un retour aux USA... Tout aurait pu rentrer dans une certaine routine, si son fils, Ludo, de 4 ans ne s'était avéré un petit HP... Curieux comme pas deux, il ne cesse de vouloir faire comme ça maman et par tout les moyens, il l'oblige à ce qu'elle lui apprenne les langues qu'elle connaît...
Jusqu'à ces 11 ans, nous allons être dans la tête de Sibylla... Et quand son fils vient entrecouper ses pensée, avec elle nous les reprennons quelques pages plus loin... Autour de l'anniversaire de Ludo, nous serons dans la tête des deux...
Commence en effet pour Ludo le besoin d'assouvir enfin sa curiosité de savoir qui est son père... Malgré ses incessantes question, Sibylla refuse de lui répondre... Elle estime que non seulement son fils n'a pas besoin de le savoir, mais que si un jour il devait savoir, il regretterait de l'avoir su... Il n'en faut pas plus à Ludo pour user de tout les stratagème pour arriver à son but... A l'image des 7 Samouraï de Kurosawa, il va apprendre à manier le sabre pour tracer sa voie et forger son destin...
Dans cette initiation, nous avons définitivement quitté la psyché de Sibylla pour suivre Ludo et découvrir enfin l'envers du décor de ce que fut les origines de sa vie...
Je n'en dirai pas plus... Vous avez ici un livre qui sort ici de l'ordinaire et qui vous chamboulera que ce soit par son style ou son contenu, voir même les deux... Alors bonne lecture et belle aventure ;-)!
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Ce livre est une sorte de joyeux fourre-tout, où rien ne semble avoir de cohérence. Typiquement le genre de livre que j'apprécie, mais ici, je dois avouer que j'ai du mal à atteindre la fin du roman. Sans doute parce que les personnages n'ont pas réussi à me séduire ; malgré tout, l'histoire est intéressante, la construction du texte fascinante, et l'ensemble est attirant par son côté fouillis mais construit !
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J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman ; il m'a rappelé Extremely Loud and Incredibly Close de Jonathan Safran Foer. le style est assez haché, mais l'auteur réussit à nous emmener dans le monde de Ludo et de Sybilla, sa mère. Ludo est surdoué. Sybilla l'élève seule car elle n'a passé qu'une nuit avec son père ; elle a couché avec lui par politesse. Ennuyée de voir grandir Ludo sans modèle masculin, elle décide de lui en fournir 7 : les 7 samouraïs du film de Kurosawa.
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Ils adoraient les mythes dans lesquels des individus devenaient fous furieux, buvaient des potions magiques, se transformaient en rochers dans les moments d’angoisse ; ils adoraient les scènes au cours desquelles des individus devenus fous furieux se mettaient à délirer en prononçant des discours étranges, fragmentés, truffés d’un vocabulaire injustement négligés ; ils adoraient se concentrer sur un quelconque élément trivial d’un mythe - ils étaient capables de tirer un Rosencrantz and Guildenstren de n’importe quel Hamlet.
Tu n'as jamais pensé à te faire avorter ?
Si, a dit Sib, mais c'était déjà très tard et il a fallu que je voie une conseillère, ils m'ont conseillé l'adoption & j'ai dit Oui mais comment pourrais-je être sûre que tes parents adoptifs t'apprendraient à mettre fin à tes jours si la vie ne t'intéressait pas & ils ont dit Quoi et j'ai dit — bon, tu sais que j'ai dit ce que n'importe quelle personne raisonnable aurait dit et nous n'avons tiré aucun profit de cette discussion.
Un bon samouraï esquivera le coup.