AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 1294 notes
"La Religieuse" est une oeuvre choc pour la société du XVIIIème siècle.
Pour faire revenir à Paris un ami parti finir ses jours loin de la capitale, Diderot emprunte à une vraie religieuse le scandale de son appel à l'aide et concocte un récit suceptible de toucher le Marquis de Croismare.
Mais très vite il se prend au jeu, et avec passion il achève une oeuvre polémique, pamphlétaire et dénonciatrice sur la claustration au nom de la religion. Sans doute pense-t-il, en écrivant, à sa propre soeur, dont la santé mentale fut enterrée dans un couvent.
Suzanne est une fille illégitime, placée en couvent afin d'expier le péché de sa mère à sa place ; mais cette voie n'est assurément pas la sienne. Cette vie privée de la société des autres hommes déshumanise et dénaturalise ses victimes. La tyranie, la violence, l'impudeur. Suzanne est, dans un premier temps, victime des ses consoeurs, puis favorite d'une Mère Supérieure. Mais où qu'on la place, elle ne trouve que la folie.
Ce récit est percutant. Suzanne, pantin sous la plume de Diderot, se veut libre, et se fait la porte-parole révélatrice de l'injustice de la claustration, une faute sociale grave et génératrice de déshumanisation.
Un être humain n'est pas fait pour être enfermé. Il a besoin de la société de ses semblables, dans un rapport libre , sans clôture. Enfermer une jeune personne parce qu'on la considère comme une gêne est un crime.
Commenter  J’apprécie          111
Le thème de la condition des hommes et des femmes vivant dans les couvents ou les monastères a été abordé par tant d'auteurs ! Il a donné lieu aux récits les plus crus, les plus durs, les plus beaux, les plus atroces et les plus idéalisés. Parfois vrais, parfois fictionnels, voulant dénoncer ou louer le sort de vies hors le monde.

Diderot écrivit cet unique roman de son immense carrière littéraire pendant plus de 20 ans. Il inventa un genre littéraire inédit : le « mentir vrai ». Car la fiction qu'il nous propose est imaginaire mais tirée de faits sans doute réels et sans doute inspirés par la vie de sa propre soeur devenue moniale, comme l'héroïne de la Religieuse. Cet ouvrage paraîtra après sa mort.

Le texte est âpre et terrible. Fort bien écrit et ne peut être très éloigné d'une sombre réalité.

C'est évidemment un réquisitoire sans appel contre ce système religieux qui « incarcère » sans vergogne des milliers de jeunes femmes qui n'ont rien choisi et qui se retrouvent prisonnières à vie de hauts murs et de « supérieures » qui seront autant de geôles sordides et de geôlières inhumaines.

Inutile d'être grand clerc pour imaginer toutes les dérives qui peuvent naître de telles destinées. Diderot nous décrit tour à tour le champ des possibles : ascétisme forcené, folie, lesbianisme forcé, mysticisme, suicides…

L'athée revendiqué que fut Diderot ne mache pas ses mots ni sa colère. Ce livre est donc un brulot sans appel. Il sera rejoint des siècles plus tard par le livre de Yannick Grannec, « Les simples », et dans un registre totalement opposé dans le merveilleux « Dialogue des Carmélites » de Bernanos.

S'il fallait une morale à ce roman, elle serait simple : jamais il ne faut donner un pouvoir à qui que ce soit sans veiller à mettre en place des contre-pouvoirs. Contemporain de Diderot, Montesquieu théorisera la chose avec une clairvoyance indiscutable. Ils en ont sans doute parlé ensemble de nombreuses fois !

A lire pour celles et ceux que cette problématique si importante encore au XVIIIe siècle intéresse…
Commenter  J’apprécie          100
Je ne sais plus comment je suis tombé sur cet auteur et encore moins sur cette oeuvre mais je me rappelle avoir été très vite intrigué par son titre ainsi que sa couverture. Son résumé a terminé par me convaincre de découvrir ce classique de la littérature française dont je suis ressorti totalement marqué et subjugué à la fois.

Il faut dire que Denis Diderot traite d'un sujet fort délicat et sensible et le fait de manière sincère et authentique et bien souvent violente et brutale. Grâce à sa plume aussi vive que directe ainsi qu'à son style des plus franc, ce dernier dépeint un univers aussi hostile et violent qu'il se veut pieu et apaisant. Les portes du couvent de Longchamp ne laisse aucun place à la bonté et l'altruisme mais ouvre les portes de l'enfer pour notre héroïne. Entre sévices morales et physiques, j'ai suivi avec intensité et émotion le triste sort réservé à Suzanne condamnée pour un acte pour lequel elle n'est en rien responsable. En effet, en qualité de fille illégitime sa mère la confiera dans le but d'expier son adultère au soin et à la parole de Dieu et à ses fidèles. Et alors que Suzanne rêve de liberté, d'amour et de vie, celle-ci fera la découverte d'un monde bien sombre et violent dont elle sera la principale victime. Bien que moins mis sous silence de nos jours, je ne peux qu'être admiratif de l'audace dont à fait preuve Denis Diderot lors de la rédaction de sa puissance et poignante satire. Bien davantage encore lorsqu'on connaît l'importante place de l'église au sein de la société de l'époque. D'autant plus que même si ce récit est d'une grande dimension fictive, ce dernier s'est inspiré de faits réels mais aussi du triste sort de sa soeur, morte dans couvent sous le coup de la folie. Ces découvertes ont accentué encore plus toutes les émotions ressenties au cours de ma lecture, largement perçues grâce sensibilité de l'auteur qui a su me toucher de part en part.

J'ai littéralement vibrer en parcourant le destin tragique de cette pauvre innocente et âme en peine qui ne rêve que de retrouver sa liberté et son indépendance. C'est pourquoi et malgré sa durée assez courte, La Religieuse se veut une oeuvre percutante et accrochante. Dès les premières pages, Denis Diderot m'a emporté dans son religieux et saint univers pour lequel je n'ai cessé de ma fasciner malgré toute sa perversité et de déviance. Cette curiosité n'aurait pu avoir lieu sans le Suzanne, le personnage principale de ce drame qui m'a, elle aussi, tout simplement subjugué. Je me suis très rapidement attaché à cette femme aussi résiliante que déterminée face aux nombreuses épreuves qui l'attendront. Il est impossible de ne pas fait preuve d'empathie face à une telle martyre. D'autant plus qu'à travers sa voix, c'est celle de toutes les victimes de ces sévices que s'est levé l'auteur, ce qui fait de son roman, une oeuvre marquante et incontournable.

Finalement et quand bien même une finalité précipitée et peut-être un poil trop confuse, La Religieuse m'aura fait traverser de violentes et belles émotions grâce à son délicat et sensible sujet. La plume de Denis Diderot retrace les pas d'une jeune femme éprise de liberté, enfermée contre son gré dans un monde débordant de perversité et de dépravation, avec réalisme et résonance tant le sujet se veut toujours actuel. En effet, tant que le voile de ce monde ne sera pas complètement levé, bien des mystères perdureront.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          100
Un fort beau roman, que ce grand classique écrit à la fin du XVIII-ième siècle. le premier livre de Diderot que j'ai lu : époustouflant !
Suzanne, dix-huit ans, toute jeune, mais enfant illégitime d'un inceste est placée dans un couvent puis dans deux autres, contre son gré.
Elle est contrainte à s'y faire à cette vie monacale, sa monotonie, ses prières, l'autorité à suivre jusqu'au jour où une mère supérieure s'éprend d'elle, Suzanne qui est toute belle encore, innocente, toute fraiche en dessous de ses bas, de ses habits de religieuse. Sont alors racontées les scènes amoureuses entre Suzanne et celle-ci, de bien jolis passages que je comprend parfaitement. Pour apprécier il faut lire entre les lignes. Ne dit-on pas que la chaire est faible ?
La fin du livre n'est pas ce que j'attendais. L'écrivain voulut-il terminer son roman trop rapidement ?
Commenter  J’apprécie          102
Quel modernité ! Quelle audace !! Je ne suis pas spécialiste du XVIIIè – ni de Diderot d'ailleurs – mais je sens que je ne vais pas résister à me plonger dans d'autres de ses ouvrages.

Cet auteur nous propose de faire la connaissance de Suzanne Simonin enfermée de force dans un couvent. Elle va alors écrire ses “mémoires”, elle va détailler les brimades, les quolibets, les humiliations mais aussi les histoires … d'amour vécues dans les différentes maisons religieuses qu'elle va fréquenter.

On imagine un seul instant l'accueil d'un tel roman à son époque … Diderot dénonce les violences, les maltraitances, la folie provoquée par les rigueurs de la religion mais aussi les histoires indicibles, insensées qui se déroulent entre les murs de ces établissements. Il s'agit là d'un roman engagé qui aborde les thèmes de la liberté de vivre et de penser, de la résistance, du droit d'aimer, autant de thèmes universels qui ont le pouvoir de séduire encore les lecteurs d'aujourd'hui.

“Où est donc le mal de s'aimer, de se le dire, de se le témoigner ? Cela est si doux !”

Le récit de cette religieuse donne à voir un texte résolument moderne à la rédaction dynamique et soutenue. La situation de cette jeune femme permet à l'auteur de traiter de sujets sensibles et tabous. J'ai apprécié la double énonciation présente tout au long de l'ouvrage et qui rythme astucieusement l'intrigue, Suzanne s'adresse au marquis et lui raconte sa vie au couvent, en tant que lecteur nous assistons à ces événements comme avec indiscrétion … ce qui rend le récit encore plus intime et personnel.
Lien : http://www.adeuxlignes.fr/la..
Commenter  J’apprécie          100
En lisant Diderot, on est frappé par sa grande modernité, son ton, ses idées, tout ça au XVIIIème siècle...
On connaît l'histoire de la religieuse, ensuite adapté en film : un enfermement subi, l'absence de vocation, des misères au quotidien puis la séduction de la mère supérieure... le passage à l'âge adulte se fait ici apparemment en tout naïveté, mais on ne peut échapper à la violence du propos et des faits décrits.
Côté texte, bien entendu une langue travaillée et accessible à la fois, tout le talent de Diderot, qui philosophe sans en avoir l'air... Par contre, la fin m'a surprise par son côté abrupt et beaucoup moins travaillé que le reste, comme si Diderot en avait eu marre.
Sinon, une (re)lecture à savourer pour son côté largement intemporel.
Commenter  J’apprécie          100
Je suis un jour tombé au hasard sur ce roman en me promenant dans les rayonnages d'un magasin, j'ai lu la 4eme de couverture et j'ai été conquise par celle-ci. La lecture ne m'a pas déçu, j'ai adoré, un classique qui se lis très bien. On y voie la vie de cette femme au couvent qui n'est pas aussi rose que l'on pourrait le croire.
Commenter  J’apprécie          100
Je ne connaissais pas Diderot. Je croyais qu'il avait fait une encyclopédie et que vu le travail que ça avait du demander qu'il n'avait sans doute rien pu écrire d'autre. ^__-

Que cela fait du bien de lire un écrivain de talent. Et je n'ai moi même pas assez de talent pour exprimer le bonheur que j'éprouve à lire chaque ligne d'un tel auteur. Hormis l'histoire ce sont chaque phrase que l'on lit comme on dégusterait lentement un bon cocktail ou le plus savoureux des mets, tellement les mots sont bien choisis pour nous communiquer toute l'émotion,la justesse des pensées, des sentiments, relater les faits ou encore nous décrire les lieux, les ambiances et bien sur les personnages. Une richesse qui plus est n'est pas pompeuse...

Le plaisir de lire c'est bien cela !

Il y a des auteurs qui partent pourtant d'une bonne idée et qui, parce qu'ils ne maitrisent pas tout l'art d'écrire et la magie du vocabulaire, réalise un ouvrage médiocre et il y a ceux qui grâce à un talent divin (?) sont capables de tout raconter. Quand bien même l'histoire serait des plus simples, il resterait le plaisir de la langue... le talent.

Et pour ne rien gâcher l'histoire de cette petite religieuse cloitrée de force qui va subir de ses paires les pires humiliations et sévices est juste passionnante, un rien de sulfureuse, scandaleuse, saisissante, poignante. le gout amer que nous laisse ce roman est celui des hommes qui depuis toujours abiment, salissent, déforment, l'unique message de paix et d'amour de dieu (s'il existe ;). La dépravation et la férocité de l'église face à la pureté véritable de l'âme et du coeur de cette petite Suzanne.

Mon seul bémol est que j'aurais voulu savoir ce qu'allait devenir Suzanne ou Marie. Je suis presque inquiète pour elle lol


Commenter  J’apprécie          102
Un livre sous forme de témoignage

La force de ce livre, c'est que nous lisons le récit de Suzanne Simonin sous forme de lettre à un Comte. Ce n'est pas une romance, ce n'est pas une vie gaie. C'est la vie d'une jeune femme élégante, intelligente, qui se demande pourquoi ses parents préfèrent ses soeurs ainées. C'est l'histoire d'une jeune femme qui va littéralement payer les fautes de sa mère. Et on ne peut s'empêcher de se demander tout le long du livre s'il s'agit d'un vrai témoignage ou d'un récit tourné pour critiquer l'institution de l'Eglise. Devant la beauté du texte mais aussi devant ces poignantes descriptions, on se surprend à avoir envie qu'une telle personne aussi noble ait existé. Mais devant la méchanceté dont les gens et les institutions font preuve, on préfèrerait que cela ne soit qu'un argument de l'auteur.

Vérité ou fiction, je vous laisse vous en faire votre propre conviction, votre propre opinion. Mais cela fait une quinzaine d'années que ce livre me bouleverse. Vous avez là un bel exemple de destinée imposée, de l'exemple de la vie des femmes de l'époque. En effet, Suzanne, ici, n'a pas le choix et doit aller au cloître sous la pression de la famille. Et pourtant, elle montre par elle-même qu'elle ne peut y vivre, car elle s'en rend malade littéralement. Mais sa famille l'obligera tout de même à prendre le voile. Et l'Eglise elle-même sera complice alors qu'elle sait très bien que Suzanne n'a pas la vocation.



Une vie tragique pour critiquer les institutions de l'Eglise

La vie de Suzanne est tragique car elle est profondément pieuse. Et elle se remet sans cesse à Dieu pour sauver sa vie et ses choix. Mais au delà de Dieu, il y a l'Eglise. On voit la vie dans différents cloîtres à travers Suzanne. On se rend compte que les prêtres et les soeurs ne sont pas si pieux que cela. Nous avons la description exacte de membres de l'Eglise qui vont emprisonner Suzanne jusqu'à ce qu'elle accepte de prendre le voile, sous la pression seule de la famille. La vie monacale de Suzanne est sous le signe d'un pur mensonge mais les perversions de l'Eglise vont bien au delà.

Tout au long du roman, nous voyons Denis Diderot citer les écrits de l'Eglise pour les mettre en contradiction avec ses actes. Et c'est ce qui fait toute la force de ce livre. Nous voyons Suzanne prise littéralement de Passion en priant Dieu. Et c'est toute la contradiction de cet écrit. Nous avons l'image de Suzanne qui incarne la Foi et l'innocence face aux défauts des institutions car sa prise de position face à l'Eglise va la rendre non seulement illégitime de par sa naissance mais aussi hors la loi au devant de la justice des hommes.


La religieuse de Diderot, un roman toujours aussi actuel.

On pourrait penser que ce roman engagé ait pris de l'âge mais il n'en est rien. Quand on regarde les institutions de l'Eglise, on se rend compte que rien n'a vraiment changé ces dernières années. Elles continuent à nous dicter des lois interprétées des écrits de la Bible, mais données par des dirigeants. Diderot nous conseille de suivre notre coeur de chrétien, de vivre la Foi selon des principes de vie, mais non en fonction des lois des institutions qui nous enferme et nous peuvent nous empêcher de vivre pleinement nos croyances.

Quand nous regardons les actualités, avec le débat du mariage des prêtes, du mariage des homosexuels, du port du préservatif, des écrits cachés du Vatican, rappelez vous que ces modes de fonctionnement sont décriés dans la Religieuse de Diderot. Ce livre n'apporte aucune réponse mais sert à mettre en lumière ce que nous cachons chaque jour. La Foi, que vous l'ayez ou non, et sous quelque confession qu'elle soit, n'est pas affaire d'hommes mais affaire de divinités, de coeurs. Et ceux qui nous dirigent dans la Foi devraient se soucier de leur spiritualité plutôt que de pouvoir.

Et par cette écriture simple et touchante à la fois que ce roman me pince le coeur à chaque fois que je le lis.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          104
Très agréable lecture

J'avais lu que c'était un livre sur l'enfermement et il est vrai que l'histoire de cette jeune fille née du péché est une relation de son emprisonnement au couvent. de mère supérieure en mère supérieure, Suzanne cherche à fuir une condition imposée.

En fin de lecture, il me semble néanmoins que le roman est moins celui d'une liberté entravée que celui des amours non réciproques. Une fille non souhaitée qu'une mère ne peut aimer, une fille qui ne trouve pas l'amour parmi ses proches et qui le quête chez une mère supérieure, une religion d'amour où un couvent entier torture une jeune fille désirant s'en extraire, une mère supérieure qui ne parvient pas à atteindre l'amour et le plaisir physique auprès d'une jeune arrivante.....

Au fil du roman, Suzanne surmonte les murs entourant sa liberté, seul le refus de l'amour partagé reste indépassable. Mais n'est-ce pas la seule impuissance de l'omnipotent Dieu: celle de se faire aimé? L'amour que le croyant porte à son dieu est-il réciproque? l'amour inconditionnel est-il une réalité?

Etonnamment donc, La Religieuse fut pour moi un roman d'amour

Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (4887) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
445 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}