Ouch !
Ouvrage terriblement dur, flou et sombre ;
Ouvrage terriblement lumineux, éclairant et beau.
Un roman graphique qui ne peut que bouleverser….dans tous les sens…à la fois
Dur, bien sûr, par les évènements relatés dans le contexte du génocide des arméniens
Dur, par les choix graphiques du dessinateur et du metteur en scène.
Beau, par les sentiments nobles voire l'amour qui ont parfois baigné cette horreur
Beau, par son étrange esthétique ; ce dessin, comme maladroit, sans ligne claire.
Sombre, comme une aquarelle en noir et blanc avec son flou ménageant le trouble ; un brouillard tempérant un peu l'horreur, la rage des évènements qu'il évoque ; un peu comme le demi silence gardé par les survivants du carnage, un peu comme pour épargner…
Trouble, par cet, à peine perceptible, décalage entre le dessin et l'instant qu'il évoque.
Beau, par les choix de l'éditeur dans la réalisation d'un objet à la couverture et au papier forts.
Éclairant, par la seconde partie, plus encyclopédique et non dessinée, qui, elle, plus du tout floue, énonce calmement les noms, les dates, les chiffres, l'horreur.
Lumineux, par la vive présence de la scène dessinée, comme une photo prise sur le vif. Une case m'a, sur ce plan, particulièrement ému. Elle montre Hassan près de son père très malade. le père est dans son lit. Hassan est contre lui enlaçant la tète de son père mais sans contact véritable, une main à peine posée sur celle de son père, et, ce détail, bouleversant : Hassan à demi assis, à demi allongé sur le lit, une jambe bottée étendue sur le lit, contre son père ; l'autre jambe encore en contact avec le sol. et ce simple mot : « père …»
Comme il est difficile de décrire par les mots un dessin si fort de vérité !
Vous voyez, ça part dans tous les sens, ça bouleverse.
C'est quelque chose qu'il faut avoir lu.
Merci aux éditions Steinkis et à Babelio pour cette découverte dans le cadre de Masse Critique.
Petit résumé si ça vous tente :
Durant la première guerre mondiale,
Varto et sa grande soeur Maryam, arméniens, se voient confiés par leur père aux mains d'un ami turc pour les conduire vers leur oncle. C'est le fils de cet ami, Hassan, adolescent, qui va conduire les deux enfants à travers le pays dévasté par les tueries les destructions, encombré de charniers, de réfugiés, de fuyards de chien errants devenus fous.
Les péripéties de ce naufrage ferons que les enfants, séparés, se « retrouverons » de nos jours, mais par descendants interposés