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EAN : 9781090090584
Steinkis Editions (01/04/2015)
3.78/5   18 notes
Résumé :
– Pourquoi on est là ? Chez ces gens ?
– Je ne sais pas. Papa a dit de ne pas s’inquiéter…
– Évitons de parler en arménien ici, Varto.

Avril 1915. La Première Guerre mondiale fait rage.Un adolescent turc, Hassan, se voit confier par son père une périlleuse mission : accompagner en lieu sûr deux enfants arméniens, Maryam et Varto.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Pour commencer je tiens à remercier les éditiions Steinkis et Babelio pour ce partenariat Masse Critique.

Cette bande dessinée sort pour la célébration des 100ans du génocide arménien dans l'empire ottoman.
Varto raconte l'histoire d'un frère et d'une soeur qui en voulant rejoindre leur oncle dans un village découvrent l'étendue de l'horreur qui a décimée leur peuple. Sur leur chemins ils rencontrent plusieurs individus , pas forcément très fréquentables qui sont comme les têtes semées d'un Cerbère le long de cette route infernale. Certaines scènes de nuit avec le personnage d'une vieille femme n'est pas sans rappeler la rencontre lugubre de Macbeth et les sorcières. Certes, les aquarelles en noir et blanc accentuent ce côté "voyage dans les ténèbres".

Contrairement à d'autres bandes dessinées qui traitent du même thème - le Cahier à fleurs qui met plus en avant le côté fiction ou Medz Yeghern qui met en scène la dimension internationale du génocide - cette bande dessinée-ci insiste sur la problématique "d'aujourd'hui", qu'on pourrait résumen en deux mots :

Et après ?

Le temps a passé, les témoins se sont éteints, pour la plupart en emmenant leurs secrets dans la tombe. Dans le même temps, le régime kémaliste est tombé, la mondialisation et l'économie de marché se sont intensifiées et les langues se sont déliées.
S'il est un peu plus facile d'en parler pour la population civile, pas sûr que le gouvernement actuel ne décide pas qu'il ait besoin de 80ans de plus pour amener le sujet sur la table des négociations...

Le dossier historique, très fourni à la fin de l'histoire explique d'ailleurs très bien le problème que pose cette négociation du passé pour le gouvernement turc actuel. Si la forme a changé, dans le fond, comme ses prédécesseurs, il n'est toujours pas prêt à affirmer qu'une partie de l'identité culturelle moderne de ce pays s'est construite grâce à des bourreaux. On peut le comprendre, mais refuser ce débat, en plus de refuser la "paix" aux descendants de ses victimes, c'est aussi nier que comme dans toute période sombre de l'Histoire, il y a eu des Justes qui se sont opposé à l'Ordre du pouvoir central et au risque de leur vie ont pu sauver quelques âmes innocentes et la fierté de la Turquie par la même occasion.
C'est indirectement à ces justes que Varto rend hommage.
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Le génocide arménien est un sujet plutôt grave qui ne se prête pas au divertissement. Une bd qui nous raconte une autre facette de celui-ci est toujours instructive pourvu que cela respecte certaines règles de bienveillance. L'auteur ne s'attachera pas à nous mener au coeur de ce massacre mais plutôt à définir certaines des conséquences. En effet, nous suivons le parcours de deux enfants Varto et sa grande soeur qui tentent de fuir mais sans le savoir. Cela crée la séparation avec la famille. Ils seront à la merci du moindre événement pouvant les conduire sur le chemin de la mort. Oui, c'est une autre facette du génocide qui est abordée à travers le regard innocent d'enfants.

A vrai dire, mise à part quelques images, on ne verra presque rien de cette déportation à grande échelle qui a affecté ces chrétiens dans un pays largement musulman. Pas un mot non plus sur la situation politique. C'est voulu par les auteurs qui ont préféré mettre l'accent sur le sentiment lié à la séparation familiale et à la détresse morale que cela entraîne. Ils sont restés dans un cadre purement intime.

Il est également intéressant de voir que c'est un turc bien sage et malheureusement mourant qui est à l'origine du sauvetage de ces deux enfants suite à une promesse effectuée. On sait que dans la réalité des faits similaires se sont produits.

Bref, les turcs ne sont pas tous adeptes de la non-reconnaissance de ce grand massacre ayant causé la mort de près de 1.5 millions de personnes. On peut même affirmer que la plupart des turcs ont sauvé de nombreuses vies par des gestes de non-dénonciation ou d'aide plus marqué. Bref, il ne s'agit pas d'un règlement de comptes et les auteurs ont évité la facilité en soulignant les ambiguïtés des différents protagonistes et en gardant une certaine neutralité notamment dans le dossier complétant le récit dessiné en fin d'album. On évite également le côté pathologique et d'être submergé par l'émotion à tout va. C'est sans doute la grande force de cette oeuvre qui reste digne.

Ces enfants ne comprennent pas ce qui leur arrive. C'est assez effrayant. le lecteur arrive à mieux cerner leur psychologie avec ce qui se passe autour. Aujourd'hui encore près d'un siècle après les faits, cela hante la société turque qui n'a pas fait la paix avec son passé. Aujourd'hui encore, on risque 10 ans de prison en Turquie lorsque l'on emploie le mot «génocide» pour évoquer ces massacres.

Cette bd est une goutte d'eau qui pourrait contribuer à trouver le chemin de la paix et de la réconciliation entre ces deux peuples à l'occasion de la commémoration du centenaire de cette terrible tragédie. le message des auteurs est positif et universel. C'est ce qu'il faut retenir. Je vous invite par conséquent à jeter un coup d'oeil.
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Ouch !
Ouvrage terriblement dur, flou et sombre ;
Ouvrage terriblement lumineux, éclairant et beau.
Un roman graphique qui ne peut que bouleverser….dans tous les sens…à la fois

Dur, bien sûr, par les évènements relatés dans le contexte du génocide des arméniens

Dur, par les choix graphiques du dessinateur et du metteur en scène.

Beau, par les sentiments nobles voire l'amour qui ont parfois baigné cette horreur

Beau, par son étrange esthétique ; ce dessin, comme maladroit, sans ligne claire.

Sombre, comme une aquarelle en noir et blanc avec son flou ménageant le trouble ; un brouillard tempérant un peu l'horreur, la rage des évènements qu'il évoque ; un peu comme le demi silence gardé par les survivants du carnage, un peu comme pour épargner…
Trouble, par cet, à peine perceptible, décalage entre le dessin et l'instant qu'il évoque.

Beau, par les choix de l'éditeur dans la réalisation d'un objet à la couverture et au papier forts.

Éclairant, par la seconde partie, plus encyclopédique et non dessinée, qui, elle, plus du tout floue, énonce calmement les noms, les dates, les chiffres, l'horreur.

Lumineux, par la vive présence de la scène dessinée, comme une photo prise sur le vif. Une case m'a, sur ce plan, particulièrement ému. Elle montre Hassan près de son père très malade. le père est dans son lit. Hassan est contre lui enlaçant la tète de son père mais sans contact véritable, une main à peine posée sur celle de son père, et, ce détail, bouleversant : Hassan à demi assis, à demi allongé sur le lit, une jambe bottée étendue sur le lit, contre son père ; l'autre jambe encore en contact avec le sol. et ce simple mot : « père …»
Comme il est difficile de décrire par les mots un dessin si fort de vérité !



Vous voyez, ça part dans tous les sens, ça bouleverse.
C'est quelque chose qu'il faut avoir lu.

Merci aux éditions Steinkis et à Babelio pour cette découverte dans le cadre de Masse Critique.

Petit résumé si ça vous tente :
Durant la première guerre mondiale, Varto et sa grande soeur Maryam, arméniens, se voient confiés par leur père aux mains d'un ami turc pour les conduire vers leur oncle. C'est le fils de cet ami, Hassan, adolescent, qui va conduire les deux enfants à travers le pays dévasté par les tueries les destructions, encombré de charniers, de réfugiés, de fuyards de chien errants devenus fous.



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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique Babelio spéciale BD en partenariat avec les étidions Steinkis, Varto raconte à travers deux enfants le génocide arménien. Il ne s'agit pas de décrire le génocide mais plutôt de parler des conséquences sur deux enfants et leurs générations futures; parler de choses qu'il fallait taire.
J'ai lu il a deux mois le livre de Valérie Toranian qui m'a "initié" à cet évènement de l'Histoire dans son l'ivre L'étrangère, et j'ai été de suite très intéressée par cette BD lorsque je l'ai vu. Cette tragédie de l'Histoire, qui a commencé en 1915 et se serait officiellement terminé en 1918 bien qu'on sache que bien après des massacres eurent encore lieu, est donc le point de départ de cet album où l'on suit Varto 11 ans et sa grande soeur Maryam laissés par leur père à un ami afin de les sauver. C'est Hassan, le fils de cet ami turc, qui sera en charge de les conduire sain et sauf à leur oncle, ce qu'ils verront et vivront sur la route les marqueront à jamais.
Cet album en noir et blanc n'est pas politique, il ne cherche pas à incriminer ou dénoncer les massacres, juste à faire part de la souffrance vécue par deux jeunes enfants emportés par le tourbillon de l'Histoire puis des retrouvailles de deux générations suivantes parlant sous couvert du choix fait à cette époque de se taire, d'effacer le passé; c'est l'histoire de tant d'arméniens.

Cette BD au récit révoltant est juste de toute beauté, le choix du noir et blanc apporte une certaine distance qui m'a paru nécessaire notamment pour cette image de "mare aux cadavres" ou de viol qui empêche de rester bloquer sur des scènes qui en couleurs auraient pu choquer et ainsi se concentrer sur l'essentiel : la réconcialiation.

A la fin de l'ouvrage les auteurs y ont insérer des pages expliquant l'avant puis l'après génocide, les raisons qui ont conduit aux massacres et les demandes de reconnaissance.
Très très bel abum.

Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Proposer une double approche, fictionnelle et documentaire, s'avère une fois de plus fort pertinent.


Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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critiques presse (2)
BoDoi
05 mai 2015
Stéphane Torossian, peintre de formation, utilise ses pinceaux avec force et émotion, dans des dilués de noirs toujours intenses.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Culturebox
05 mai 2015
Un récit poignant, à travers le regard innocent des enfants.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Ils ne sont pas des nôtres, père ! Dieu ne ...
- Dieu ?! Mais qui es-tu pour prétendre le connaitre mieux que moi ? Je pense à Dieu tous les jours ! J'ai bientôt rendez-vous avec lui. Obéis-moi !
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Il n'y aura pas assez de chacals et de vautours pour manger tous les papas, les mamans, les tontons ... Le monde est à l'envers.
Les mères tuent leurs enfants pour les protéger. Les juges et la police persécutent les innocents. Le monde est heureux d'être à l'envers. Tous se salissent pour que personne ne parle !
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Les secrets des femmes restaient entre femmes...
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Ignorer le passé, c'est le rendre éternel.
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La négation du génocide arménien est aussi insupportable que celle de la Shoah.
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1,2,3 BD ! Chez les libraires ! et JLM Assurances BD vous présentent les BD coups de coeurs de Nicolas et la librairie- Galerie Nicolas Sanchez à Istres. Léo Loden, Privé Boucané Tome 29, de Loïc Nicoloff et Serge Carrère chez Soleil. Une histoire du génocide Arméniens, Gorune Aprikian, Jean-Blaise Djian, Kyung Eun Park, Petit A Petit Bd Eds Les prisonniers du temps. Une BD de Corbeyran, Christophe Bec et Paolo Grella chez Soleil Productions 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #bandedessinée #Manga #BD #jeu #concours Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires avec https://www.jlm-assurances.fr/! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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