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EAN : 9782354089719
512 pages
Editions Mnémos (20/05/2022)
3.5/5   25 notes
Résumé :
Au cœur de la tourmente insurrectionnelle.

Sous les fragments jumeaux de la lune brisée, la République des Neuf Cités tente de survivre sur un continent convalescent, menacée par la corruption grandissante du pouvoir et une guerre aux frontières qui ébranlent le régime des Gardiens.

Des usines métallurgiques où la gronde est plus forte chaque jour aux montagnes ocres où se massent les réfugiés, chacun devra faire face à ses choix, ses s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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263 ans après une terrible catastrophe : la République des Neuf Cités a établi sur le continent une société rigide constituée de trois classes fermées. le premier cercle est celui des Gardiens choisis parmi quelques familles. le deuxième cercle fournit les membres du Faisceau, jeunes hommes entraînés qui n'hésitent pas à tuer pour maintenir l'ordre et la paix ou pour… pas grand-chose. Et enfin, l'immense cercle des Laborieux, à l'espérance de vie faible à cause de travaux harassants (la dimension politique du roman transparaît assez vite dans le roman, alors qu'elle n'est pas suggérée dans la présentation de l'éditeur).

On reconnaît ici les « trois ordres » de nos cours d'Histoire : les religieux, les guerriers et les travailleurs. Car les Gardiens font respecter un modèle de société et une vision du monde décrite dans le Livre (on est presque dans une religion Du Livre). À propos de référence, on notera que baptiser les forces de l'ordre « Faisceau » n'est pas anodin, puisque c'est l'origine du mot fascisme : la société de cette dystopie a effectivement une dimension fasciste. La vie des Laborieux importe peu et ceux-ci, ainsi que tous ceux qui menacent le système, sont aisément éliminés. Beaucoup de membres du Faisceau méprisent les Gardiens et préfèrent ouvertement la force. le tableau ne serait pas complet sans les pérégrins, clandestins arrivant illégalement du sud, dont le modèle sur nos migrants va jusqu'à leur ethnie. Chassés de leurs terres, ils sont poursuivis par les membres du Faisceau. Plus largement, le racisme des habitants de la République est assumé. La dimension politique de ce roman est là aussi évidente.

Au sein des deux premiers cercles, les relations intimes et la procréation sont contrôlées via des cérémonies mensuelles, car les sentiments sont interdits et — officiellement — les couples sont formés sur des critères génétiques. Mais les puissants corrompent le système en versant des pots-de-vin pour avoir les jeunes femmes qu'ils préfèrent. le thème du sexe est exploité selon différentes facettes : contraint et en vue de la seule procréation, ou imposé par des hommes influents dans ce qui apparaît comme des viols (contre des femmes ou des hommes), ou encore interdit avec les prostituées de luxe, ou enfin désiré et libérateur.

Le roman va mettre en scène trois protagonistes narrateurs : Aulis, jeune fils d'une courtisane qui a osé rejeter le système, qui travaille dans une fonderie, Hadrian, membre des forces de l'ordre et négociant avec sa conscience, et Ariane, femme médecin du premier cercle qui essaie de pactiser avec les règles de sa classe.

Ce qui frappe dès les premières pages est la qualité de la prose : l'auteure aime explorer, montrer, suggérer, scruter des âmes de ses personnages, ou détailler les actions et leurs conséquences sur les êtres. En soi, c'est très bien, mais il faut souligner que dans cette ambiance très sombre, presque désespérée, creuser jusqu'au fond des pensées amères ou des événements funestes finit par être âpre, et il est impossible de dévorer ce roman d'une traite tant on se demande où est l'espoir. Dans cette dystopie rude, fouiller l'âme des êtres et expliquer en détail quelques journées dramatiques, au moment où la société peut basculer, c'est prendre le risque d'enfoncer le lecteur dans une certaine noirceur. Il faut apprécier la plume de l'auteure, qui est très travaillée, mais l'auteure prend (beaucoup) son temps. Il est probable qu'une partie du lectorat peine.

Les trois protagonistes sont une réussite du roman : trois personnages dans le système mais aspirants à autre chose, un peu à la marge, dans un monde où les désirs et les plaisirs sont étouffés. Des germes de révolte venant de différentes couches de la société changeront leur destin et surtout les feront douter (au moins pour les deux adultes).

En conclusion : une dystopie très sombre, avec une écriture littéraire qui prend (beaucoup) son temps pour appuyer sur la noirceur et une dimension politique prononcée. Il n'en reste pas moins que le roman est marquant.

Je remercie les éditions Mnémos et le label Mu pour l'envoi de ce livre.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Dans un futur assez éloigné, nous sommes entraînés dans un monde où la lune, désormais brisée en deux, rythme d'un nouvelle manière la vie des citoyens de la République des Neuf Cités. République sur le point de vaciller au moment où nous en faisons la rencontre ; république qui s'inspire fortement, sur certains points, de l'Antiquité gréco-romaine, sur d'autres, de certains travers de nos sociétés actuelles ; république qui nous met face à diverses castes bien catégorisées, particulièrement étanches, ce qui est encore renforcé par leur séparation géographique tout aussi franche et violente dans la principale cité. D'un côté, ceux qui ont fondé cette République, et desquels l'on ne peut faire partie que par népotisme, ou presque, et ceux qui les protègent, ainsi que la République, police politique et militaire de plus en plus violente et gangrénée par le pouvoir et la corruption ; de l'autre, les petites gens, celles qui triment pour peu, qui meurent jeunes, celles qui viennent de loin pour fuir les bouleversements, tant écologiques que politiques, provoqués par la fracture lunaire.

Et l'on suit, à travers une alternance de voix, d'abord bien délimitée, à l'image de la République, puis aux frontières de plus en plus poreuses entre les castes, alors que la République, elle-même, s'effondre, divers personnages issus de ces diverses castes, personnages riches, complexes, particulièrement intéressants, tout autant que l'univers dans lequel ils évoluent. Ce qui réunit ces personnages : l'amour, sous toutes ses formes, et un puissant désir de voir le monde qui les entoure changer, que ce soit Aulis, travailleur fils d'une courtisane aux liens importants avec des hommes de pouvoir, Ariane, fille d'un des Gardiens, femme médecin dans les quartiers pauvres de la cité, ou encore Hadrian, main armée du pouvoir.

Désirs utopiques et amoureux sont en effet au centre du roman quant aux principaux personnages, mais ils ne sont qu'une infime partie d'un roman qui met en jeu de nombreuses autres thématiques, telles les dérives politiques, culturelles, idéologiques... qui peuvent incomber à une société qui cherche à contrôler tout et tous, ou la résistance qui se met en place, de diverses manières, pour y faire face.

Thématiques somme toute très actuelles, servies qui plus est par une magnifique plume, très aboutie pour un premier roman, qui sait parfaitement quand devoir prendre le temps de décrire les choses dans leur moindre détail, ou quand, au contraire, accélérer le pas et le rythme de la narration, qui sait également, tout aussi parfaitement, instiller de la beauté dans un monde qui ne l'est pas, et instiller, tout aussi naturellement lorsque nécessaire, de la laideur dans ce monde qui n'en est que trop empli.

Mon avis parle de lui-même : j'ai adoré Sous la lune brisée, qui est ma plus belle découverte surprise de l'année. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, et j'ai été complètement happée par cet univers particulièrement cohérent, et ces personnages, qui m'ont touchée, jusqu'aux dernières pages. Je ne regrette vraiment pas mes incursions de plus en plus fréquentes dans les genres de l'imaginaire.
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Merci aux éditions Mnémos et au label Mü pour l'envoi. J'aime beaucoup découvrir des primo-romans de l'imaginaire francophone. Sous la lune brisée d'Anne-Claire Doly nous entraîne dans les derniers atermoiements d'une société à bout de souffle. Qu'en ai-je pensé ?

Ce qui surprend en premier dans ce roman, c'est que nous sommes dans une société bien étrange. le lecteur aura du mal à se situer : nous semblons être dans un futur lointain, la technologie est présente. Cependant, l'organisation sociale et politique s'inspire de de la Rome et de la Grèce Antique. le structure sociétale est stricte. Les étrangers n'ont pas de statut propre, comme ce fut le cas dans la Grèce de l'Antiquité. La politique est menée par des groupes de notables, rythmés par des familles de haute noblesse. Il y a même des indices culturels très clairs, comme la présence d'hétaïres, compagnes de luxe des riches et prostituées.

Entre la lune brisée et les problématiques de fertilité, la société semble avoir subi de nombreux revers et tente de récupérer via des règles contraignantes. Disons-le clairement, on frôle la dystopie. Les classes populaires sont condamnées à un travail ingrat et dangereux, dans lequel elles ont toutes les chances de mourir. Pire, ils ne sont pas éduqués, ce qui rend l'ascension sociale impossible, à moins de briller particulièrement en bataille, car les conflits avec les pays limitrophes semblent nombreux. Même dans ce cas-là, le népotisme est tellement ancré que ça semble peu probable.

Pour aborder la fin de cette société, l'autrice choisit d'aborder plusieurs angles. C'est un procédé habituel mais particulièrement périlleux pour un premier roman. Anne-Claire Doly s'en sort bien, en proposant des personnages très variés. Allant du fils de l'hétaïre, laborieux et rustre, la femme médecin, qui exerce son activité car noble mais à la marge malgré tout, ou le soldat désabusé qui prend des décisions dangereuses. J'ai trouvé qu'ils étaient globalement bien construits, bien que certains soient peu attachants. En particulier Aulis, qui est le plus cohérent dans sa pensée et son évolution.

Le problème de cette narration apparaît cependant en milieu d'ouvrage. Certains chapitres sont assez longs et on perd en dynamisme. D'autant plus que ceux consacrés à Ariane se concentrent sur des aspects sentimentaux qui trainent en longueur. S'il n'est pas inintéressant de lire comment les vies sont broyées par le cours de l'Histoire, on perd de vue l'essence du récit. de plus, j'ai trouvé parfois que les motivations des personnages étaient eu explicites. Hadrian prend par exemple énormément de risques, même s'il fait partie d'une famille proéminente, et j'ai eu du mal à comprendre réellement pourquoi.

Si vous me liez depuis un bout de temps, vous savez que je reproche souvent à ce type de récit un rythme irrégulier. C'est le cas également ici. le début du roman nous plonge immédiatement dans cette atmosphère de fin de règne, cette culture spécifique. Mais le milieu du roman s'étale beaucoup sur les sentiments des personnages, ce qui casse le rythme. Heureusement, la fin du roman gagne en vitesse, notamment grâce à l'insurrection dont on entrevoit la construction. J'ai même trouvé la fin, avec sa violence et ses retournements de situation.

On sent en effet un vrai travail de recherche derrière le roman. le récit met en scène des thématiques approfondies : xénophobie, racisme, violences sociales… L'autrice ne fait preuve d'aucune complaisance quand elle met en scène les conflits et ses extrémités. Il y a également un travail de mise en scène et de progressivité dans la façon dont la lutte insurrectionnelle est représentée. Elle prend soin de bien détailler la corruption des élites, qui crée des inégalités et des frustrations.

Anne-Claire Doly nous livre une histoire sur la fin d'une société. Elle met en scène un univers qui respire le post-apo, mais reconstruit de façon à combler les failles connues. Inspirée par les sociétés antiques, les nombreuses inégalités et violences fatiguent la population. L'autrice donne la parole à plusieurs personnages qui vivent de façon différente ces temps changeants. le procédé donne vie à des personnages variés, mais il a tendance à ralentir beaucoup l'action. le milieu du roman est ainsi très centré sur des aspects sentimentaux. On sent cependant un vrai travail de construction du récit malgré un rythme inégal. D'autant plus que les thèmes traités, autour des inégalités sociales, sont bien mis en avant. C'est donc très prometteur pour un premier roman !
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Autant je connais les romans de Mnémos depuis un certain maintenant, autant je ne m'étais jamais intéressée - à tort - aux parutions de leur label Mu, un oubli que je viens de réparer plutôt avec réussite, en allant à la découverte du premier roman d'une professeure de philosophie française : Anne-Claire Doly, que je compte bien suivre désormais.


Avec un premier roman ambitieux, de plus de 500 pages quand même, celle-ci nous embarque dans un univers de SF post-apocalyptique où la Lune a été brisée, ce qui a drastiquement changée la Terre et surtout la civilisation qui peuple celle-ci. L'autrice nous emmène à la rencontre de trois personnages, trois destins, qui vont lutter contre le système très contraignant dans lequel ils vivent et pour cela s'inspire d'une littérature que j'aime beaucoup, celle d'autrices comme Ursula le Guin et N.K. Jemisin, dont j'ai eu l'impression de retrouver à plusieurs reprise l'ambiance de son chef d'oeuvre La Terre Fracturée.

Pour autant, je m'attendais à avoir un ambitieux décor d'une Terre post-apo avec cette Lune brisée et j'ai été un poil déçue que l'autrice ne brode pas dessus. Elle en parle brièvement mais ne fait qu'esquisser ce changement pour se focaliser ensuite plus sur les dynamiques des nouvelles relations humaines établies que sur les changements géographiques, climatiques ou géologiques. Je suis un peu frustrée.

Cependant, je dois avouer que j'ai été emportée par l'histoire de ces trois personnages et ce qu'il leur arrive dans cette nouvelle société que nous dessine l'autrice. Cela n'a rien d'original mais les thèmes et propos invoqués par l'autrice sont forts et bien développés tout au long de son histoire, qui est ma foi fort longue et aurait pu souffrir d'un étiolement, ce qui n'est pas le cas, malgré un gros creux que j'ai ressenti au milieu... La fin est forte et assène de belles vérités qui font mal.

Nous nous retrouvons ainsi à suivre, dans cette vaste fresque, trois héros très différents mais aux aspirations similaires : être libre et balayer les diktats de cette société restrictive et toxique. Il y a d'abord Aulis, le fils d'une prostituée, fille d'un haut dignitaire de cette société, qui gagne sa vie en couchant avec l'élite de la cité. Aulis a donc une vision totalement biaisée et sombre des relations humaines. Par relation interposée, il croise Ariane, la demi-soeur de sa mère, qui est en apparence une femme médecin assez indépendante, qui remet en question la société très patriarcale et dominante dans laquelle les femmes doivent coucher avec des hommes tirés au sort lors de certains jours liés au cycle lunaire afin de pouvoir procréer et assurer une descendance plus nombreuse à cette humanité qui manque d'enfants. Elle s'y est toujours refusé jusqu'à ce qu'un ami de son frère, le toxique Alexandre, fasse une fois de trop pression sur elle. Et suite à une rencontre dans sa clinique, avec un homme différent de ce modèle, elle va se rendre compte de toutes les oppressions qu'il vit au quotidien depuis toujours. Enfin, il y a Hadrian, fils d'un des dirigeants de cette société, envoyé à l'écart comme enfant puis adulte soldat pour réprimer toute aspiration de rébellion de certains. Il va se lier et entretenir une relation homosexuelle avec l'un de ces rebelles, ce qui est formellement interdit sur les deux points.

Nous allons, ainsi, au cours de longs chapitres, en moyenne près de 50 pages à chaque fois, suivre le parcours de chacun. L'autrice plante d'abord le décor, nous faisant découvrir leur quotidien dans cette Terre qui nous est étrangère et cette nouvelle société singulière mais pas si différente des nôtres autrefois quand le patriarcat était encore plus fort qu'à présent et qu'il ne fallait pas dévier de la norme établie. Puis peu à peu, elle fait découvrir à ses personnages et à nous ce qui cloche dans les relations abusives familiales et "romantiques" qu'ils ont. Leur cheminement est long et complexe, souvent rude et douloureux. Ils sont victimes d'abus et l'autrice n'hésite pas à mettre les mots dessus, que ce soit en parlant de viol, de rejet familial, de séquestration d'une femme, etc. La voix pour s'en sortir n'a rien de simple, elle passe par la rébellion par l'esprit d'abord puis par les actes. Il y a révolution, il y a euthanasie, il y a mort également. C'est volontairement sombre mais un sombre tout sauf racoleur et profond au contraire.

J'ai beaucoup aimé le rythme et la plongée dans l'univers dans les premiers chapitres. J'ai eu un gros coup de mou au milieu suite à une pause de 2-3 jours dans ma lecture. Je me sentais perdue dans les personnages et ce qui se passait et en plus ça ne me passionnait pas. Puis quand les personnages, auxquels je m'étais quand même attachés, ont fait preuve d'introspection et que la révolte de chacun s'est mise en place, j'ai raccroché aux wagons et j'ai adoré le final.

Il y a certes des longueurs mais la teneur de ce roman et son ambiance, très proche par certains côté de La Terre Fracturée de N.K. Jemisin, avec cette Terre ravagée mais proche de nous, cette société qu'on pense en bonne voie mais au final très patriarcale et enfermante. J'ai vraiment beaucoup aimé ce qu'elle décrivait des destins de ses personnages, de leurs abus à leur lutte contre ceux-ci, transformant les chenilles en papillons. C'était dur, rude, mais tellement jouissif et émouvant. J'ai hâte de voir ce que l'autrice a encore à proposer sur le sujet et comment elle l'amènera, quels mots et maux elle choisira avec sa plume si forte et pourtant fragile comme du cristal parfois.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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"Sous la lune brisée" est le premier roman d'Anne-Claire Doly, mais si je ne l'avais pas su avant de le lire j'aurais pu croire qu'il s'agit de l'oeuvre d'une autrice déjà aguerrie et maintes fois publiée. Elle nous propose ici un roman de science-fiction qui même habilement propos éminemment politique et style très littéraire.

L'action se déroule dans notre futur, plus de deux siècles avec un cataclysme, non explicité dans le texte, qui a rendu invivable une grande partie du globe et a brisé la Lune en deux. Neuf cités-Etats se sont emmurées pour s'isoler des réfugiés qui tentent de s'y mettre à l'abri. En leur sein, la société est divisée en trois cercles : le premier cercle, composé des Gardiens, issus de familles aristocratiques qui gouvernent la cité ; le deuxième cercle, qui forme le Faisceau, l'armée dont le rôle principal est de neutraliser les migrants en dehors des murs ; le troisième cercle, les Laborieux qui n'ont comme privilège que celui d'être à peine mieux traités que les réfugiés clandestins. La sexualité et la natalité sont contrôlées et organisées lors de cérémonies où les partenaires pour quelques nuits consécutives sont tirés au sort, quand le hasard n'est pas influencé par quelques puissants fortunés. La loi qui interdit les relations avec les personnes d'un autre cercle.

Quand le récit commence, la colère gronde dans la cité. le Faisceau semble sur le point de déclencher un coup d'état contre les Gardiens, tandis que des partisans du Troisième cercle prépare une révolution pour reprendre le pouvoir des mains de ceux qui les oppriment.

Dans ce cadre quasi-dystopique, l'autrice nous propose de suivre la destinée de trois personnages : Aulis, un Laborieux adolescent dont la mère, issue de l'union interdite d'une aristocrate et d'un Laborieux, se prostitue ; Hadrian, un militaire dont l'homosexualité et la conscience l'isolent de ses camarades de combat ; Ariane, aristocrate qui veut continuer à exercer son métier de médecine dans les bas quartiers.

Les ingrédients sont réunis pour un récit puissant et très politique. le début est toutefois un peu lent, d'autant que le style littéraire et presque poétique d'Anne-Claire Doly peut surprendre voire dérouter le lecteur. Globalement, le rythme reste lent, même si cela s'accélère légèrement la fin. Je dirais que si le cadre proposé m'a tout de suite séduit, j'ai mis un peu de temps à entrer véritablement dans le récit, avant de me laisser emporter progressivement par la qualité de la plume, la puissance du récit et l'humanité des personnages.

C'est une lecture exigeante mais puissante, un grand roman de science-fiction qui parle de révolution, de migration, d'exil, d'eugénisme, d'amour, et d'humanité en général.
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critiques presse (2)
Syfantasy
17 mai 2023
Des fonderies où travaille Aulis jusqu'aux froides contrées qu'arpente Hadrian, vous vivrez intensément chaque page et chaque mot arraché à l'âme de ces êtres uniques en leur genre, jusqu'à une liberté qui ne semble jamais venir.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Elbakin.net
31 janvier 2023
Le résumé pose correctement le décor. La fin du monde a eu lieu, détruisant la lune au passage (mais on n’en saura malheureusement pas plus), et le système corrompu qui lui a succédé est sur le point d’exploser. Post-apo + renversement sociétal : l’ambiance est on ne peut plus sombre. Et si vous pensez en entendant « fresque ample » ou « souffle épique » qu’il y aura un parterre de héros un peu plus lumineux pour contrebalancer tout cela, n’y comptez pas.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le système d'Épreuves censé répartir chacun selon ses mérites et capacités périclitait, inutile de le nier, mais qu'y avait-il de condamnable, après tout, dans l'hérédité ? Raisonnablement reconduite par quelques règles hygiéniques de bon sens, elle pourvoyait efficacement à ce que la frilosité des gouvernements successifs n'autorisait plus, sinon au compte-goutte. Les quelques parvenus qui laissaient leur nom dans une entreprise décisive pour les Neuf Cités renforçaient la bonne conscience des élites, démontrant si besoin que l'édifice social n'était pas verrouillé et les chances égales.
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La doctrine virile du second Cercle se ramenait à la seul injonction qu'il le fallait, mais il avait suffit à Hadrián de pousser la porte d'une ferme pour comprendre qu'il y avait bien des manières d'être un homme, et qu'un simple pas de côté, pourvu qu'on en prît le risque, affranchit des voies les mieux tracées.
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Ainsi les choses doivent-elles être, se disait-il son souffle peu à peu allongé, ses bras refermés autour de Côme, à l’embrasser où fraîchissait sa peau humide. Ainsi pour l’amour dont la vérité gît, radieuse et fragile, entre deux corps épuisés, rendant caduques les catégories et leur efficace nomenclature en genres, races ou espèces.
À la veille de se rejoindre, les Orphelines Sélènes semblaient elles aussi vouloir en témoigner. Deux fragments d’un même tout que le chaos du monde n’avait pas réussi à anéantir, laissant de part et d’autre de l’étendue stellaire ces croissants dentelés, unis douze nuits par an au zénith d’une course absurde.
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Les hommes meurent mais pas leur rêves, ni ce qu’ils sont capables de bâtir s’il en est d’autres pour reconstruire ailleurs, une promesse au creux de l’oreille.
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