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sur 494 notes


"La vraie loi, celle que nous subissons tous les jours, est celle qui donne toujours l'avantage aux hommes."

***

Sous une chaleur écrasante, marteau à la main, quinze femmes concassent des pierres  quotidiennement pour en faire du gravier. Un véritable travail de forçat auquel elles sont contraintes,  afin de subvenir aux besoins de leur famille respective.

Apprenant la construction d'un aéroport international à  proximité et de ce fait l'accroissement des besoins en matières premières, ces compagnes d'infortune décident ensemble d'augmenter le tarif proposé aux entrepreneurs qui les exploitent depuis trop longtemps. 

Ceux-ci ne l'entendent toutefois pas ainsi. Bientôt secondés par une milice armée, ils tiennent à asseoir leur autorité en réprimant le mouvement contestataire. 

Menaces, humiliations, coups, tirs, emprisonnements, réquisition de la marchandise … autant de tentatives d'intimidation qui viennent légitimer le combat désormais en marche, de ces femmes résolues à ne rien céder.

"Ces hommes qui ont volé nos cailloux pensent que parce que nous sommes femmes nous allons nous taire comme d'habitude. Quand ils nous battent au foyer, nous ne disons rien, quand ils nous chassent et prennent tous nos biens à la mort de nos maris, nous ne disons rien, quand ils nous paient moins bien qu'eux-mêmes, nous ne disons rien, quand ils nous violent et qu'en réponse à nos plaintes ils disent que nous l'avons bien cherché,  nous ne disons toujours rien et aujourd'hui ils pensent qu'en prenant de force nos cailloux, encore une fois, nous ne dirons rien. Et bien non! Cette fois-ci ils se trompent! Trop, c'est trop!"

*

Ce qui n'était au départ que simple revendication d'ordre économique - être rémunérées au prix juste - se mue  progressivement en une lutte implacable pour la reconnaissance de leurs droits. 

Portée jusqu'au sommet du gouvernement, l'affaire pourrait bien faire grand bruit. Méréana, choisie comme porte-parole des opprimées, saura-t-elle faire entendre leur voix? 

En marge des négociations, dans un enchevêtrement de flash-back, les parcours individuels marqués par la misère, la guerre civile, la maladie (Sida, paludisme), les violences domestiques et sexuelles mais aussi les manquements du système corrompu se dévoilent. 

"Même si aujourd'hui  vous êtes logées à la même enseigne, chacune y a échoué en empruntant la route particulière de sa souffrance."

Ces portraits croisés particulièrement émouvants mettent en exergue une condition collective des plus déplorables et révoltantes. 

Viennent cependant contrebalancer la noirceur ambiante, une pointe d'humour salutaire ainsi que les valeurs de solidarité,  d'entraide, de courage ou encore de détermination illuminant le récit.

Écrivain d'origine congolaise, Emmanuel Dongala signe avec Photo de groupe au bord du fleuve un roman social, humaniste et engagé réellement poignant. 

Sans concession ni complaisance, il dénonce les travers de la société africaine qui profondément traditionaliste maintient abusivement les femmes sous le joug patriarcal et marital.

***

Leur combat est devenu au fil des pages le mien. Puisse-t-il devenir le vôtre…
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« Tu te réveilles le matin et tu sais d'avance que c'est un jour déjà levé qui se lève », mais pas ce matin. Méréana ne veut plus subir. Avec ses camarades casseuses de pierres, elles décident d'exiger l'augmentation du prix de leur sac de pierres. Pour la dignité, pour leurs enfants, pour construire leurs vies.
Cette décision va totalement bouleverser leurs existences et les conduire bien plus loin qu'elles ne l'avaient imaginé.
Un formidable hymne aux femmes, à la force du groupe et de l'entraide, au coeur de l'Afrique et bien sûr au bord du fleuve.
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C'est au bord du fleuve Congo, le deuxième fleuve le plus puissant du monde après l'Amazonie qu'une petite communauté de femme casseuses de pierres dans une carrière va se révolter pour lutter contre la baisse de prix de leurs marchandises alors qu'une inflation est déclarée sur le grand marché, une révolte qui ne s'arrête pas qu'au bord du fleuve mais qui va bouleverser le système politique du pays...
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Les femmes en Afrique ...quelle misère!

L'auteur nous raconte l'histoire d'un groupe de femmes qui cassent des pierres pour faire du gravier. Ces femmes ne sont pas aussi bêtes que les hommes et le pouvoir voudraient le croire, elles comprennent que leur gravier est recherché et demande une augmentation du prix d'achat. Alors s'engage un combat , difficile, pour obtenir cette augmentation et la dignité d'être payée correctement.

Au fur et à mesure on découvre l'histoire de ces femmes, viols, abandons, dépouillées par la famille, accusées de sorcellerie tout est bon pour déconsidérer les femmes tant par les hommes que par d'autres femmes. Quant au pouvoir, corruption et violence avancent main dans la main pour mâter tout ce qui dépasse.

Ce roman donne une image rude de l'Afrique, les hommes, les femmes, les traditions, le sida, le pouvoir, rien n'est laissé dans l'ombre et on comprend combien il faut d'énergie pour vivre dans ces conditions. C'est un peu effrayant et désespérant mais toutes les histoires de ces femmes sont émouvantes et passionnantes , chacune est digne d'intérêt et l'espoir très réaliste qui les habite , les rend très humaines.

Un roman magnifique et un auteur talentueux.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Très beau livre sur la condition des femmes africaines et la vie quotidienne dans l'Afrique actuelle. Contrairement à d'autres récits (comme les Impatientes) ce roman, bien que racontant une histoire de femmes, élargit l'angle de vue et nous décrit une société corrompue, inégalitaire sans misérabilisme. le message est clair "l'union fait la force", tous les hommes ne sont pas des salauds et l'espoir fait vivre. On est happé car l'histoire de ce groupe de femmes au bord du fleuve mais je trouve que la tension se relâche à la fin ; j'ai parfois eu l'impression que l'auteur, qui avait maintenu la tension sur les 3/4 du livre, ne savait plus trop comment conclure ! Il n'en reste pas moins que ce livre à la fois sensible, émouvant et politique est à lire pour qui veut comprendre la société africaine.
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Comme toujours Dongala réussi à nous emmener dans un univers et nous montrer une facette de la vie au Congo.
Après ses autres romans, comme Un fusil dans la main, un poème dans la poche, ou le feu des Origines, l'auteur dresse un portrait où chaque personnage prend vie. Dans ce roman, c'est la vie d'une groupe de femmes dans toute leur diversité qui est retracée, mettant en avant l'action collective qu'elles réussissent à mettre en place pour défendre leurs droits. Ce faisant c'est un portrait de cette Afrique moderne, entre développement et pauvreté, soumise aux contraintes économiques et politiques venues de l'extérieur mais aussi la corruption qui en découle. Ce roman met aussi en avant la force et la joie de vivre, la sape, la rumba qui font danser les corps.
A recommander sans aucun doute.
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"Photo de groupe au bord du fleuve" n'a pas la violence de "Johnny, chien méchant" du même auteur (et qui fait partie d'une de mes plus grande claque littéraire), mais il dénonce tout autant les travers d'une société africaine, vraisemblablement la République du Congo.

Pour cela, le lecteur fait la rencontre de Mereana, mère célibataire qui devient la porte-parole d'un groupe de femmes casseuses de cailloux, luttant pour les vendre à un prix plus "raisonnable". Les conditions de vie, les inégalités homme femme, le machisme, la corruption y sont décrits clairement et simplement. A travers ses nombreux personnages, mais bien différenciés, Emmanuel Dongala pose en mots les maux de cette communauté.
Ce roman féministe termine sur une note d'espoir bien agréable tant les situations et histoires personnelles évoquées peuvent être dures, voire cruelles, mais pourtant toujours réalistes et credibles.

J'ai pris le temps de m'imprégner de ce roman et le conseille vivement.
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Ce livre a été recommandé lors du club de lecture Babelio en mai. C'est, pour faire court, un mouvement de revendications sociales de femmes ouvrières en Afrique.

L'histoire est annoncée en quatrième de couverture. J'étais un peu dubitatif au début, me disant qu'il n'y avait pas trop d'intrigue, de fait. J'ai aussi imaginé des témoignages un peu clichés comme il peut parfois en lire dans des chroniques de l'huma.

Et quelle claque j'ai pris, dès les premières pages. Ce livre est un témoignage extrêmement fort, qui montre la misère, l'abnégation et la résilience des femmes en Afrique. le portrait et le quotidien de ces femmes est brossé avec brio. Pas de sentimentalisme larmoyant. Je suis extrêmement admiratif de ces femmes qui luttent pour leur survie, et qui ne demandent rien d'autre que la dignité et le respect.

La narration est étrange (tout est à la seconde personne du singulier), ce qui peut rebuter au début, mais cela rajoute à la singularité de ce roman. Cet ouvrage ma rappelé "les impatientes" dans une certaine mesure.

Magnifique livre à lire - aussi pour se rappeler la vie heureuse qu'on a dans notre société.
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Un roman très réussi, efficace, qui combine dans une histoire simple, sur un temps court, un bon aperçu de tous les travers d'un pays non nommé qui pourrait être le Congo. Et cela sur un ton suffisamment léger pour que la lecture ne soit pas plombante ni désespérante.
Méréana casse des pierres au marteau, de blocs de grès elle doit faire des sacs de graviers qu'elle vendra une misère, pour survivre, elle et ses 3 enfants. Déjà c'est le premier choc, je n'imaginais pas que ce métier archaïque et inhumain existait, aujourd'hui. Mais si ! Un travail pour les femmes tout en bas de l'échelle sociale.
Méréana est intelligente, elle écoute les informations à la radio, elle comprend que la demande augmente la valeur d'un produit. Ce gravier est nécessaire à la construction du nouvel aéroport, et elle voit que bien d'autres prix ont augmenté. Elle se dit qu'il n'y a pas de raison qu'elles n'en profitent pas aussi. Avec les autres femmes de la carrière, elles se mettent d'accord sur une revalorisation du prix du sac de gravier. Aussitôt dit aussitôt fait. Mais la répression armée est immédiate, les sacs sont confisqués, des femmes sont arrêtées, d'autres blessées. Courageuses, elles font front et maintiennent leurs revendications, en prenant soin les unes des autres. Un groupe très solidaire se crée.
Progressivement nous faisons la connaissance de l'histoire de chacune d'elles, et nous avons en filigrane un portrait de la condition féminine et des institutions du pays. Mariage forcé, répudiation, prédation sexuelle, accouchement mortel, ravages du sida, hôpitaux sans aucun moyens, cout exorbitant de la vie, corruption, népotisme, disparitions inexpliquées, tout y est.
Le meilleur dans tout cela : c'est que cette belle histoire qui conte le malheur, le courage et les aspirations des femmes soit écrite par un homme. Très fin, Emmanuel Dongala ne prétend pas parler au nom des femmes, il s'adresse à son héroïne Méréana, prenant la juste distance qui donne à la fois de la proximité et un retrait respectueux.
Vraiment une très belle lecture.
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prix Virilo - 2010 ; prix littéraire des Genêts - 2010 ; sélection du magazine Lire du meilleur roman français - 2010
Prix Ahmadou - Kourouma 2011

Mais comme il fait du bien ce livre sur la sororité - cette solidarité féminine qui est l'un des piliers d'une vie de femme réussie ! Comme elles sont formidables ces femmes, pas toujours très cultivées ou éduquées, mais qui ont une sagesse et une bienveillance naturelles ou transmises, même si quand elles sont très jeunes, elles font parfois des bêtises...

C'est ce qui est arrivé à Méréana, une africaine de trente deux ans- trois enfants, qui a longuement accompagné sa soeur Tamara morte du Sida récemment ; ce faisant, elle a perdu ses économies, son travail de commerçante et son mari, Tito, devenu ministre grâce à des élections truquées.

"Quand on est femme", surtout en Afrique, priorité à la maternité, la famille, la nourriture pour caler les corps. Si cette place de compagne, mère, fille, tante ou soeur n'est pas toujours enviable, loin de là, le fait de pouvoir compter sur les autres fait toute la différence : ensemble on peut lutter, ensemble on peut vaincre.

Pour gagner sa vie, momentanément, Méréana travaille sur un chantier de gravier : toute la journée, elle et d'autres femmes cassent des gros cailloux pour en faire des petits... La construction d'un nouvel aéroport, décidée par le président qu'elles ont toujours connu, va être l'occasion pour toutes ces femmes de demander aux acheteurs voyous une augmentation du prix d'achat de leurs sacs de pierres... ce qui la mènera, non sans heurts, jusqu'aux bureaux de la ministre de la condition féminine et de la femme du Président. Comment éviter alors d'être prises dans les méandres de la politique et la corruption régnante ?

Écrite en interpellant l'héroïne " Tu enlèves le panier que tu portes sur la tête et le tiens par les anses. Cela te permet de balancer plus amplement tes bras et de marcher ainsi plus vite. Tu as hâte d'arriver au chantier avant que les premiers véhicules d'acheteurs ne se présentent pour leur annoncer la décision que vous avez toutes prises hier à l'unanimité. Tu as été choisie comme porte-parole et, même si tu n'as accepté cette fonction que contrainte et forcée, il ne faut pas décevoir celles qui ont placé leur confiance en toi." (p 17) ce qui rend le récit intime et vivant, non dénuée d'humour, cette histoire est de celle qui marquent parce qu'elles contiennent ce qui fait le sel de l'existence : l'amour et le soutien que des êtres humains peuvent s'apporter pour traverser une vie souvent compliquée et difficile.
Un très beau livre !
Malgré la dénonciation d'exactions effrayantes commises à l'encontre du corps de femmes par des hommes qui usent de leur force, c'est un hymne à la vie quand on la vit ensemble, en se soutenant et en se battant pour des causes justes !
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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