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Les forêts apprennent
A vivre avec soi-même

Parmi les recueils de poésies présents sur ma table de chevet voici le petit dernier « Mes forêts » d'Hélène Dorion. Grâce aux superbes critiques de Sabine59 et de Zephirine, j'ai craqué pour ce beau livre flamboyant de couleur érable rouge de la part d'une auteure qui connait son sujet étant canadienne.

Se balader dans les forêts d'Hélène Dorion, ses forêts à elle comme l'indique le possessif, c'est, comme lors de promenades sylvestres, recueillir de petits trésors, quelques vestiges du passé, des images majestueuses, des odeurs d'humus et de sous-bois, des jeux de lumière, le souffle du vent entre les troncs, des sensations fugitives à la fois inquiétantes, imposantes et féériques, pour en revenir transformé.e et ressourcé.e. Un livre dans lequel chaque vers vient explorer votre intérieur pour mieux faire jaillir votre regard vers l'univers. Les forêts d'Hélène Dorion se veulent fusion de ce lieu si particulier et du corps, osmose et harmonie entre forêts naturelles et forêts intérieures, racines et branches entrelacées.

Les forêts creusent
Parfois une clairière
Au-dedans de soi

Hélène Dorion décline tous les dégradés des couleurs de la forêt depuis les bruns sombres jusqu'au vert tendre. Dégradés des émotions et sentiments poussés alors à leur paroxysme dans ce décor qui invite à la méditation et au retour sur soi.

Tout un champ de colonnes
Effleure les nuages

Lentes cicatrices
Dans la bouche de l'hiver
Un visage d'épines insoumises

Les forêts entendent
Nos rêves et nos désenchantements

Dans une écriture sensorielle et pure, Hélène Dorion nous touche, nous effleure, nous bruisse, nous craque, nous épine, nous érafle, nous hulule, nous craquelle, nous piétine, nous hurle entre racines et nuages, en captant le furtif, l'indicible, l'insondable…

Je suis cette ramille
qui frémit au bout du vide
trace un invisible chemin
vers l'horizon
chaque souffle
me dépouille d'un feuillage
me laisse vacante
comme la lumière qui va
elle aussi vers le soir

Les forêts d'Hélène Dorion se veulent aussi forêt du temps, le temps de l'Humanité depuis son aube, celle des balbutiements, et le temps humain. le Temps et le temps. de longues trainées de temps universelles et personnelles.

Mes forêts sont un long passage
pour nos mots d'exil et de survie
un peu de pluie sur la blessure
un rayon qui dure dans sa douceur
et quand je m'y promène
c'est pour prendre le large
vers moi-même

C'est ma première rencontre avec cette poétesse francophone. Je découvre une écriture d'une grande sensibilité dont la poésie me traverse et me touche profondément.
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" Comme résonne la vie" m'avait enchantée. Ce chemin de vie parmi les forêts canadiennes de l'auteure m'a encore plus séduite.

On retrouve l'attachement d'Hélène Dorion à ce lieu premier, la nature. Elle développe en trois parties ,qui sont comme des passerelles entre elles ,le thème des forêts, " mes forêts", écrit-elle, le possessif marquant bien la fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers.

le principe de l'anaphore est ici encore souvent utilisé, comme un mantra:

" Mes forêts sont mes espoirs debout
un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie"

" Mes forêts sont du temps qui s'immisce
à travers tronc branche racine
Elles traversent le feuillage du jour
capturent l'ombre capturent l'éclat"...

le souffle du vent dans les arbres, les bêtes mystérieuses de la forêt, "le bruissement du temps", quel merveilleux parcours poétique ! La forêt prend un aspect métaphysique, intemporel, tout en restant liée à l'intime de l'être.

L'écriture pure, intense, nous transmet son bel élan vital. Entrez dans cette forêt de signes et de songes, d'images saisissantes et d'approfondissement de soi! Vous ne le regretterez pas. J'ai quitté les forêts intérieures d'Hélène Dorion avec regret, mais elles ont laissé leur empreinte boisée , revivifiante, en moi.
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Mes forêts sont belles, mais je ne sais pas comment le dire.
Elles sont pour moi des îles, des horizons, des fragments de vies, des racines, des feuillages où bruissent des gestes, des battements d'ailes.
J'ai besoin de la forêt comme j'ai besoin de la mer. J'ai autant besoin du mouvement de la vague que de l'entrelacement des arbres.
J'ai besoin d'entendre et de sentir la forêt ; et quand je parle de la forêt c'est celle toute proche où parfois je vais courir, où parfois je vais marcher. Où parfois je m'arrête, je m'adosse, je m'enlace contre le tronc d'un hêtre, un en particulier, car dans une forêt on finit par se faire des amis.
Un jour, un samedi après-midi, je me rappelle être entré pour la première fois dans cette toute nouvelle librairie qui venait de s'ouvrir dans ma commune et qui s'appelle Elizabeth & Jo. J'y suis entré comme on entre dans une forêt, le coeur tremblant et les bras ouverts. Les livres étaient le feuillage de cette forêt nouvelle.
Elles s'appellent toutes les deux Julie, un pur hasard, même si Paul Éluard vous dirait qu'il n'y a pas de hasard, qu'il n'y a que des rendez-vous. Elles m'ont souri, comme on accueille quelqu'un dans sa maison. J'ai effleuré les livres autant que leur sourire. Je ne sais plus comment le sujet est venu, celui de la poésie, ah si ! je me souviens maintenant, j'ai demandé si elles avaient un rayon poésie. L'une d'elle, Julie donc, m'a évoqué justement l'envie de développer un rayon de poésie au travers de petites maisons d'édition peu connues encore et m'a montré ce qu'elles proposaient aujourd'hui, avec un coup de coeur pour une maison d'édition, les Éditions Bruno Doucey. C'est ainsi que je suis venu vers Mes forêts.
Ou plutôt, Mes forêts, ce recueil de poésie est venu à moi par ses branches tendues, comme des bras, des mains.
Hélène Dorion m'a invité dans ses forêts, ses vertiges, la douceur des mots qu'elle tisse pour dire la survie, l'exil, l'horizon.
Je suis venu dans l'odeur d'humus de ces pages et je m'en suis abreuvé. Ce fut une ivresse.
" les forêts nous promettent
l'écume et les embruns
sur l'épaule du présent
l'écorce du souvenir "
Je savais depuis longtemps que les forêts ont ce pouvoir mystérieux d'entrer en nous. Chaque fois que je traverse une forêt, je suis en même temps traversé par cette forêt.
Les poèmes d'Hélène Dorion m'ont traversé.
Mes forêts sont à quelques encablures près de celles décrites par Hélène Dorion.
C'est comme si Hélène Dorion avait percé en moi un trou pour y déverser des bruits d'oiseaux et de ramures, les odeurs d'humus et de la pluie sur les feuilles, le vertige qui se terre derrière cet édifice.
J'ai l'impression que ce qui se tait en moi bruit dans le feuillage de ces forêts. Je me suis reconnu dans chaque racine, chaque écorce, chaque déchirure.
Je sais que j'ai trahi des paysages. Je voudrais revenir vers eux, qu'ils me pardonnent et m'acceptent de nouveau.
Je me faufile dans les mots de ces poèmes, je vis, je revis, je revois.
Ces poèmes sont beaux comme la lumière qui dégringole dans une clairière.
Je balbutie, je tremble comme une feuille, une feuille qui n'est pas encore morte.
Mes forêts, - comme j'aime ce possessif pour une fois, comme on pourrait dire « mes enfants », « ma vie » aussi...
Mes forêts, je voudrais les clamer, dire les mots qui s'égrènent, se dispersent, fatiguent peut-être nos illusions ou les réconcilient.
J'avance à petits pas dans les pages, j'avance dans la nuit. Je capte des étoiles dans mes yeux. Elles sont retenues dans les branches éparses. Je les cueille avec mes doigts comme des fruits. Elles seront toujours là désormais, sommeillant dans le bruit du monde,
L'écoulement du temps...
« Une feuille tombe nue
comme s'égrènent les voix
dans leur solitude. »
Tout est beau dans le chemin proposé par Hélène Dorion. C'est une ivresse sylvestre.
C'est une promenade magnifique, une tangente vers l'ailleurs, étrangement nos pas reviennent sans cesse à nous.
Les forêts sont des rivages.
« où aller
quand il n'y a pas de commencement »
Je voudrais que tous les jours soient un commencement.
Une forêt d'éternité.
« par la lenteur du monde
je me laisse étreindre
je n'attends rien
de ce qui ne tremble pas »
Il reste sans doute à la fin de ces textes un sentiment de fragilité. Que peut la beauté des mots ou de la nature contre les barbaries ? Que peuvent les forêts merveilleuses ou agonisantes ?
Il nous reste alors nos forêts, amples et multiples.
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Enfoncez-vous entre les arbres de « Mes forêts », laissez-vous guider par les vers d'Hélène Dorion et vous sentirez l'odeur de l'humus, des feuilles, vous entendrez le vent dans les branches. C'est ce que j'ai fait et c'est ainsi que j'ai rencontré cette grande poétesse québécoise qu'est Hélène Dorion.
Ce recueil, né au plus profond d'une forêt, nous entraîne sur des sentes sauvages qui parlent de nous, de nos vies. Dans cette nature préservée, les arbres ont beaucoup à nous dire à qui sait les écouter vraiment et c'est ce que parvient à mettre en mots la poétesse.
« Les forêts sont mes espoirs debout »
Elle écoute les arbres, témoins du temps qui passe, de la vie et de la mort, ainsi que les saisons qui glissent entre leurs troncs
« Mes forêts sont un champ silencieux
de naissances et de morts
la mémoire de saisons
qui se lèvent et retombent. »
« Écoute » nous enjoint la poétesse, car la forêt, « c'est le bruit du monde, l'écoulement du temps » « Écoute » nous répète-t-elle, inlassable. On écoute et l'on entend ces « choses muettes et nues »
La forêt nous enseigne la lenteur, elle nous rend humble, nous apprend la résilience lorsque, dans nos vies, « il fait casse-gueule … il fait refus et rejet… il fait chimère ».
Mais le passé, déjà, s'efface devant le futur. « le temps jamais ne s'arrête nous dit l'arbre »
Nos histoires sont écrites dans la forêt où, nous confie la poétesse dans la dernière page, « quand je m'y promène c'est pour prendre le large vers moi-même. »
L'écriture d'Hélène Dorion, cristalline, délicate, est d'une grande sincérité. Elle nous chavire et nous emporte. La poétesse a su transcrire à merveille le chant de l'arbre dans le silence et la solitude de la forêt et c'est la vie qui palpite sous la canopée de ses vers.
J'ai adoré et vais poursuivre ma découverte de cette grande voix de la poésie francophone.

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Je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Bruno Doucey pour l'envoi de ce recueil de poésie et la découverte de cette poétesse québécoise.
Hélène Dorion nous entraine dans les forêts profondes de son pays et c'est envoutant. Ses forêts sont vivantes, elle nous les rend si proches. Les forêts ont des vertus insoupçonnées
« Les forêts
apprennent à vivre
avec soi-même »
Elle nous dit tout de ses forêts, raconte le ruisseau, le rocher, la bête et le silence. Et surtout, elle raconte l'arbre, personnage principal, elle raconte chaque partie de l'arbre. le tronc « tout un champ de colonnes effleure les nuages » puis la branche, les feuilles, l'écorce, la cime et les racines qui « fendent le sol comme des éclairs »
Hélène Dorion sait nous raconter des histoires, celles des hommes nés avant nous et dont les forêts ont peut-être gardé la trace,
« La terre a commencé à recueillir nos histoires »
Mais l'harmonie n'est pas toujours là, et surgit la saison froide et le chaos
« guerres famines tristes duretés
c'est seulement l'hiver »
L'écriture d'Hélène Dorion est limpide et d'une grande sensibilité et j'ai eu beaucoup de plaisir à partir à la rencontre de cette poétesse à travers ses forêts.
« mes forêts sont des rivages
accordés à mes pas la demeure
où respire ma vie »


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Mes forêts c'est un long plaidoyer poétique pour la nature.
Un appel profond sortit des entrailles de ces immenses étendues forestières du Québec ou vit l'autrice. En nous immergeant là où elle habite, Hélène Dorion veut nous faire ressentir son amour pour ces paysages sauvages et sublimes, mais surtout tisser un lien sensoriel avec ces végétaux que sont les arbres.
Comprendre la forêt dans tous ses aspects et explicitement appréhender sa nécessité absolue pour les humains, afin qu'ils puissent vivent en harmonie avec la nature et tout ce qui la compose. Car l'autrice n'hésite pas à nous renvoyer dans les cordes, en attirant notre attention sur la responsabilité que nous portons dans la destruction de notre environnement, que ce soit pour les forêts détruites, les animaux tués ou les peuples amérindiens chassés de leurs terres.
Dans un style personnel libre, bien à elle, l'autrice se moque avec une élégance caustique de nos modes vies, de notre indifférence aux douleurs du monde, petite leçon de vie pour qu'enfin, nous arrêtions la politique de l'autruche, face aux problèmes existentiels qui nous menacent.
On notera avec bonheur que ce livre de poésie sera au programme du bac 2024, merveilleuse reconnaissance pour l'écologie et retour en grâce de la poésie à l'école, il était temps !
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Je ne savais pas ce que j'allais lire, ne connaissant pas la poétesse.
Les premiers poèmes ne m'ont pas trop plu, d'un lyrisme particulier, assez froid. Ils sont une célébration de la nature sauvage - ruisseau, arbre, montagne, écorce..., de façon assez vague, avec des images déjà lues, sans une grande originalité selon moi. le Je n'intervient quasiment pas, c'est le Je d'un promeneur non nommé, auquel on ne peut pas forcément s'identifier, puisqu'il est très peu présent, et qu'il n'exprime pas ses émotions. Il est d'abord un regard, celui qui contemple.
Et puis, progressivement, le charme a commencé à opérer pour moi, quand la description du milieu naturel s'est animé, que les forêts sont devenues des personnages et plus un simple décor. Or, ces forêts sont fragiles, victimes de l'activité humaine. Ce n'est jamais dit explicitement, frontalement, mais de petites touches nous suggèrent l'intervention destructrice de l'homme : " bête qu'on pourrait abattre", forêt qui "grince" sous le bruit de la scie, les chemins sont des trous, des rayures dans le paysage. En devenant paysage par la présence de l'homme qui les peuple et les exploite, les forêts deviennent fragiles - mais donc intéressantes comme sujets d'écriture. C'est le monde moderne qui est coupable, le monde des réseaux sociaux, des écrans, toute cette modernité technologique et artificielle qui nous coupe de la nature et du monde sauvage, végétal et animal. La nature doit être rentable, elle doit produire des chiffres - un poème évoque ainsi plusieurs indicateurs macro-économiques comme le PIB.
Les forêts sont un objet d'écriture, car la nature est elle-même poète : les animaux et les plantes font oeuvre de poésie. Ainsi, "les petites bêtes dessinent un alphabet", le "poème avance sur la tige / Vole parfois sur les traces de l'oiseau". le Je écrit sur la Nature et sur la forêt, car depuis que l'homme l'habite, "la terre a commencé à recueillir nos histoires". Tout est écriture, "le poème s'avance".
Je découvre cette poétesse que je ne connaissais pas car son oeuvre est entrée au programme du baccalauréat alors que c'est une oeuvre poétique, en vers libre, d'une femme, francophone, et contemporaine. Je n'ai cependant pas lu d'analyse ni d'appareil critique de ce recueil, je ne livre que quelques impressions - et non interprétations - qui me sont venues à ma lecture.
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Magnifique recueil de poésie : une véritable ode à la nature et à l'introspection. A travers des mots, puissants et stimulants l'imagination, nous traversons la délicate frontière entre le réel et le subtil pour découvrir un monde parallèle où la nature serait un miroir de notre intériorité, de notre inconscient.

Superbe écriture, très belle plume de l'auteur. J'ai adoré l'univers, l'ambiance, la poésie. Un coup de coeur d'une auteur de poésie contemporaine. A découvrir !
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Comme une urgence.
Quand, de retour du bain de foule de Montreuil, au milieu d'un train tout aussi bondé, le besoin d'un bain de forêt, de nature, de sève et d'écorce se fait sentir.

"Si peu me fait vivre
Quand c'est plein d'étoiles
Et que s'avance le poème."
Un vers et tout est bousculé. le ciel et la terre. La perception du monde. Un vers et j'ai succombé à la beauté de ces forêts intérieures. Au bruissement des paysages.
"Le bruit du monde
L'écoulement du temps"
Il suffit de fermer les yeux. Et de respirer. Ces respirations profondes qui apaisent et permettent d'avoir conscience de soi. Et de mieux appréhender ce qui est autour. Sans crainte.
"Et quand je m'y promène
c'est pour prendre le large
vers moi-même."
La distance et la proximité, se perdre pour mieux se retrouver. Comme une bouffée d'humanité première.

Hélène Dorion est une de mes plus belles découvertes poétiques de cette année. Ce recueil fait partie de ceux qui m'accompagneront. Et ne quitteront plus ma bibliothèque. Depuis une semaine, il est là, je l'ouvre au hasard, il fait écho en moi. Ces mots sont comme un chant qui palpite, toujours plus près du coeur. En @vleel_ les paroles d'Hélène Dorion avaient raisonné si fort déjà. Sa voix "de plain-chant" a facilement trouvé un chemin en moi.
Et je rêve de m'asseoir au milieu des bois. Et prendre le souffle, à nouveau. le large vers moi-même.
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La poésie m'a prise à l'adolescence, lorsque Baudelaire et Les fleurs du mal se sont retrouvées au programme pour mon Bac de Français, elle coule en moi avec douceur et se diffuse à travers mes pores pour de temps à autre venir noircir une feuille blanche, elle aime venir se reposer aux creux de mes humeurs et danser la valse des mots aux grès du vent qui invisible inspire vos sens. La forêt respire la nature celle qui embrase nos émotions, et découvrir Hélène Dorion et son recueil de poèmes Mes forêts m'enthousiasme, pouvoir découvrir le ressentit de cette poétesse Québécoise à travers sa prose et retrouver l'humus de ces forêts, l'immensité de cette jungle de verdure, le silence des bois et le vertige de cet univers sauvage. Je tiens à remercier Babelio pour cette masse critique et les éditions Bruno Doucey pour cette lecture, c'est toujours un plaisir de faire de nouvelle rencontre prosaïque et s'aventurer dans cette forêt intime d'Hélène Dorian.
Ces forêts sont de longues trainées de temps, des greniers peuplés de fantôme, ces espoirs debout, ces nuits très hautes, dès son premier poème Hélène Dorion présente sa forêt comme une échappatoire, une fuite temporelle vers qui elle aime se perdre. Ce tableau forestier est composé de quatre parties, L'écorce incertaine, Une chute de galet, L'onde du chaos et le bruissement du temps entre l'épiderme de Mes forêts, cinq long poèmes débutant tous pas Mes forêts sont….
La première partie s'articule de proses titrées, L'horizon, L'arbre, le ruisseau, le rocher, le tronc, L'île , La branche, Les feuilles , La déchirure, L'écorce, L'humus, le mur de bois, La cime, La bête, Les racines, le silence, L'ocre, le houppier, Les brèches, le temps, le sentier, le feu, Les vents, Un lit, et L'aile sont l'apanage de petites virgules , des vers très court pour des poèmes moléculaire, non pas des Haïkus, ces poèmes japonais, Hélène Dorion capture le furtif, l'insondable dans cette écorce incertaine, puis chavire dans l'onde du chaos avec plus de longueur et d'épaisseur , les poèmes sans titre cette fois-ci traversent le silence du vent dans le chaos de la forêt et cette nature que traverse notre poétesse de l'autre côté de l'atlantique, où son regard se perd dans l'urbanisme pour s'ouvrir à celui de ces bois, d'un jardin, des saisons qui régulent les saisons, il y a ces césures qui rompent la monotonie , qui coupent le temps, qui dessinent le désordre, puis notre société que peint succinctement Hélène Dorion à travers ces forêts qui peuplent nos maison, avec ce leitmotiv, « il fait un temps » qui débute certain de ces poèmes , laissant libre court à notre auteure à dessiner le monde qu'elle regarde à travers ces sentiments et sensibilités, elle marche, elle rêve, elle devient une ramille qui frémit, un arbre foudroyé, elle s'incline, elle écoute, elle devient le poème qu'elle écrit pour revivre toutes ces humeurs face à la forêt et le paysage qu'elle perçoit. La nature devient une oeuvre d'art sous la plume de ces poètes et Hélène Dorion a ce plaisir de faire partie de ces créateurs de plaisir.
La dernière partie, le bruissement du temps est composé de trois longs poèmes, Avant l'aube, Avant l'horizon et Avant la nuit est celle qui a su battre mon coeur, une sensation de bien-être, c'est fabuleux cette façon poétique de raconter la création du monde, cette forêt du temps comme elle le nomme, comme si la forêt était là, bien avant tout, puis le bourgeon , la feuille et la réalité ! qui consume Avant l'aube, Avant l'horizon travaille l'humain de la terre, celui qui devient propriétaire du ciel et de l'océan, celui de la quête, celui de son évolution et d'une horizon naissante où ce monde aurait son histoire, Avant la nuit, est le plus intime, laissant les souvenirs de notre poétesse s'inviter à sa prose, finissant par ces vers :

le temps jamais ne s'arrête
nous dit l'arbre
nous dit la forêt
et sur la branche du présent
un poème murmure
un chemin vaste et lumineux
qui donne sens
à ce qu'on appelle humanité

Ces cinq poètes qui enveloppent la structure de ce recueil, Mes forêts, sont le pilier même de ces textes, ils sont des guides, ils sont riches, ils sont l'image de notre Québécoise à travers ces forêts, elles sont un champs silencieux, du temps qui s'immisce, lièvres et renards, des bêtes qui attendent la nuit, une planète silencieuse, sont des rivages, le bois usé d'un histoire, les longues tiges d'histoire, des cages de solitudes, des doigts qui pointent, un long passage et j'oublie tous les autres, ces forêts sont des mots du coeur, des vers qui sèment derrière eux la sensibilité d'un amoureuse de la nature et de la flores qui composent le tableau picturale et odorante des forêts.
Lorsque j'ai commencé Mes forêts, j'avais une appréhension à cette poésie contemporaine, à ces vers qui quelques fois sont trop moléculaires, laissant flotter des mots sans sens qui s'alignent et s'évaporent dans le chant abscons de cette modernité, ils se croisent, se perdent, s'invitent, il y a une destruction de la phrase, c'est hachée devenant une simplicité complexe de lecture, mais Mes forêts ont su me réconcilier avec cette prose contemporaine, même si cette première partie m'a laissé de marbre, Mes forêts ont toujours eu une place dans ma vie, je suis rurale, je tourne la tête et l'appel de la forêt réveille mes sens, me protège, me réconcilie et calme mes humeurs, je n'oublie pas ma lecture dernière Mousse de Klaus Modick, une ode à la nature, à la végétation, une méditation sur notre cohabitation avec ce paysage végétale et ici la mousse, et celle La vie secrètes des arbres de Peter Wohlleben, ces lectures diverses invitent la forêt à peupler nos coeurs et inondent notre âme d'une onde salvatrice, comme si j'errai dans les chemins de terre au coeur des bois proche de chez moi, respirant la beauté créatrice de la nature, ces arbres rejoignant le ciel, l'odeur inextricable de toute cette verdure qui vous donne le vertige, une sensation de liberté et de petitesse, devenir humble face à la vie qui nous entoure, cette diversité végétale, animale et le cycle des saisons qui rythme La forêt !
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