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Bruno Doucey (Autre)Murielle Szac (Autre)
EAN : 9782362294396
160 pages
Editions Bruno Doucey (03/03/2023)
3.84/5   46 notes
Résumé :
Hélène Dorion, première Québécoise vivante au programme du Baccalauréat, vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s’évase. À travers cette expérience immersive dans la forêt des mots, elle nous invite à traverser les paysages pour aller vers « ce que l’on nomme humanité ».

En supplément, un dossier consacré à la poésie, la nature et l’intime, pour élargir les horizons du le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
🌳🌲Chronique🌲🌳

On croirait une histoire
Couverte de mousse et de lichen
Une histoire recouverte d'odeurs
Sylvestres et de vents déchaînés

On croirait effleurer les pins
Connaître les murmures de la brume
Élever ses syllabes vers les cimes
Des vers qui voltigent sur le blanc

Je sais ce qui parle en moi
Les forêts, la poésie, le ciel
Je sais ce qu'ils disent du monde
Qui dégringole sur les abîmes

Je sais les questionnements
De l'arbre, du verbe, des feuilles
Je sais qu'ils errent dans les rêves
Et les points morts de nos illusions

Mes forêts scintillent, savent
Rougeoient, pépient, dorment
Mangent, tanguent, nourrissent
Pleurent, glissent, avancent…

Mes forêts brûlent, crèvent
Arrachent, tombent, secouent
Griffent, tordent, achèvent,
Déploient, inspirent, expirent…

Nous sommes liées Mes forêts et moi
Comme du lierre qui court sur la peau
Comme du vivant qui perce sur le coeur
Comme du vert qui renaît inlassablement

Nous sommes liées Mes forêts et moi
Parce que la poésie est libre et sauvage
Parce que les rimes dispersent la beauté
Parce que les coupes reviennent en féerie

Mes forêts sont intuitives, impressionnantes
Légères, puissantes, rêveuses, porteuses
Animales, connectées, actives, fracturées
Désarmantes, aimantes, inquiètes, cassées

Et plus, je les regarde et plus, j'entends
Et plus, je les entends et plus, je les sens
Et plus je les sens, et plus, elles me touchent
Et plus elles me touchent et plus, je les aime

On croirait une histoire de retour aux sources
Mais c'est une chronique, une errance
Une aventure au milieu des racines de la vie
Un point d'ancrage sans ponctuation

On croirait une histoire de réciprocité
Mais c'est une expérience, un reset
Une exploration au coeur des écoulements
Une éclosion sublime sans le bruit du monde

On croirait d'ici une déclaration d'amour
À mes forêts -nos forêts, ses forêts-
Une déclaration Love qui se poursuit
Sur un chemin enchanteur dans les bois
Profonds et solitaires de l'humanité…

Coup de coeur expansif et infini❤️
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« Mes forêts sont de longues traînées de temps
elles sont des aiguilles qui percent la terre
déchirent le ciel
avec des étoiles qui tombent
comme une histoire d'orage
elles glissent dans l'heure bleue
un rayon vif de souvenirs
l'humus de chaque vie où se pose
légère une aile
qui va au coeur »

Mes forêts, Hélène Dorion @helene.dorion @editions.bruno.doucey

Et la lumière fut 🌟

Et la magie opéra, celle de la poésie, des mots, de leur enchantement… ✨

Mes forêts, c'est avant tout un chant d'amour à la nature sous toutes ses formes et par toute saison… un chant de pureté saisissante, de beauté envoûtante, un hymne, un refrain… une révélation aussi!

« Les feuilles
comme des flammes
étreignent le vide
puis tombent
dans la tempête souterraine
l'alchimie de vivre
et de mourir

les forêts creusent
parfois une clairière
au-dedans de soi »

Mes forêts, c'est aussi une réaction d'opposition au monde d'aujourd'hui, déconnecté de l'essentiel, versé dans le non réel, un monde sans attaches contre lequel s'érige la forêt, comme un lieu de repli et de vie!

« elles sont un dessin de nature morte ignorant les écrans
sur lesquels on les regarde
sans jamais les voir mes forêts

sont chemin de chair et marées de l'esprit
un verbe qui se conjugue lentement
loin de facebookinstagramtwitter

mes forêts sont des rivages
accordés à mes pas la demeure
où respire ma vie »

Mes forêts, c'est encore un regard sur l'Histoire, un regard authentique, sans demi-mesure, un regard responsable et humble…

« on a piétiné la terre des uns
volé celle des autres
on a arraché des enfants à leur famille
on leur a inculqué nos croyances
on a balayé leurs rituels enseigné notre dieu
chassant avec lui l'esprit de la Lune
et du Soleil celui des saisons de l'humain
de la Terre »

Mes forêts, c'est également un hommage à la Littérature, un chant qui s'inscrit à la suite de celui des grands auteurs qui nous ont précédés…

« et l'on se met à rêver
du haut des falaises de Rilke
dans la forêt de Dante
on voit le passé
déjà on lit le futur
on aperçoit l'aigle et la corneille
qui déchirent le rideau de l'histoire
pour rejoindre nos pas »

Mes forêts, c'est enfin un chant qui m'a charmée et envoûtée, des mots qui m'ont touchée, murmuré à l'âme, un message que je souhaite transmettre largement et qui j'espère vous parviendra et vous enchantera également ✨

« À la table du silence
je suis cette branche
qui avance comme va le vent
sans père ni mère
des années de nulle part
poussées vers demain

je suis cette ramille qui frémit
au bout du vide
trace un invisible chemin
vers l'horizon
chaque souffle
me dépouille d'un feuillage
me laisse vacante
comme la lumière qui va
elle aussi vers le soir »

La poésie pour panser l'âme, la poésie pour enchanter la vie, comme un murmure avant la nuit… ✨


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Sans doute faut-il être canadien, avoir connu l'immensité silvestre pour pleinement comprendre cette poésie, me suis-je dit souvent. Car elle n'a suscité souvent que mon indifférence, en dépit de qualités certaines.
Malgré des expressions assez jolies, j'ai l'impression d'avoir parfois lu des banalités assez navrantes (« le feu / qu'on entend venir / on dirait une bête / prête à tout dévorer »). Dorion décrit avec grâce certains aspects d'un arbre, mais a peu suscité mon imagination, ne m'a pas beaucoup fait sentir la masse, l'épaisseur des forêts. Pour la comparer à un autre auteur au programme au baccalauréat, Ponge dans La Rage de l'expression a selon moi mieux su décrire l'impression que donne une promenade dans une pinède.

La première partie du recueil, composée de poèmes très courts, qui présente la forêt dans son éternité, est faible. Les sections suivantes sont plus intéressantes, qui décrivent notamment le saccage de la nature : la poétesse parvient à nous communiquer une sourde angoisse, la conscience d'un point de non-retour, un sentiment d'impuissance. C'est même intéressant de voir comment cette poésie contemporaine sort du rôle traditionnel – célébrer les beautés de la nature – pour prendre à bras-le-corps les problèmes actuels. Là aussi, la dénonciation des écrans et des réseaux sociaux verse parfois dans la facilité, mais j'ai trouvé intéressante la façon dont elle oppose aux « écrans » (qui font écran, cachent plus qu'ils ne font voir) une perception directe, beaucoup plus sensible de la nature. Il y a donc une vraie réflexion sur notre rapport à la nature en péril, sans didactisme.

Enfin, le recueil finit par une belle cosmogonie, ainsi qu'une belle histoire de l'humanité, qui prennent en compte la violence faite aux Premières nations, comme on dit au Canada, à travers notamment la mise à mal de leur rapport spirituel à la nature, l'homme ne recherchant plus l'harmonie avec celle-ci, mais sa domination. Là aussi, Hélène Dorion nous fait entendre une autre voix.
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Mes forêts_Hélène Dorion

mes forêts sont un amas de branches à décoder
ronces prêtes
à piquer
je dois débroussailler
plonger dans les fougères
le chant des ailes au vent
comme salut

Je continue mon exploration corps foret. J'aime l'exploration de l'autrice par les petits bouts de nature
J'aime moins la scission de ces poèmes dans son premier chapitre, les retours à la ligne m'écorchent un peu la langue. J'ai envie de les déplacer, de les lire autrement, les autres m'apparaissent plus fluides avec de très beaux passages en bouche. le décalage est étonnant.
Je comprends l'idée de célébrer ce recueil au programme du bac il possède de grandes qualités à décortiquer en apprentissage.
Un plus : On redemande les petits prix de la nouvelle collection poche chez Bruno Doucey avec les entretiens auteurs. Plus de contemporains please !
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Quel coup de coeur renversant !

Avec Mes Forêts, Hélène Dorion nous immerge dans des poèmes-tableaux, ode à la nature et à ses subtils détails.

Elle nous invite à regarder, écouter, sentir, toucher, gouter cette nature dont nous nous sommes trop éloignés au fil des siècles.

Car si l'humain a créé la culture (définition philosophique) par opposition à la nature, il en fait pourtant partie.

Avec des mots tendres, bruts, aériens, chantants, Hélène Dorion s'applique à trouver et à nous montrer l'humanité de la feuille nue d'un arbre, au ruisseau creusant les roches.

Elle rend le combat pour la crise climatique intemporel et universel en l'évoquant sans jamais le mentionner : nous sommes nature, elle est notre maison, et elle cherche à nous retrouver même si nous l'avons souillée, détruite. Car si elle décrit la situation de notre époque comme désastreuse, il n'est jamais trop tard selon elle de rendre à la nature ce que nous pouvons.

A découvrir et à partager au plus grand nombre !!!
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le silence

Si je marche
avec les ombres de ma vie
comme de lourds oiseaux
qui dévorent les promesses
Suis-je l'arbre suis-je la feuille
gorgée par les saisons

je ne sais pas
ce qui se tait en moi
quand la forêt
cesse de rêver
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Dans la forêt du temps
il n'y avait rien
ni ciel ni océan

au commencement
il n'y avait ni dieux ni humains
ni souffle ni solitude

au commencement le rien était l'obscur
le vide un long tunnel de silence

puis sont venues les eaux
est venue la Terre
comme une montagne qui émerge
est venu le ciel pour la couvrir

(extraits de Avant l'aube)
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guerres famines tristes duretés
c'est seulement l'hiver
sur l'écran d'aujourd'hui
s'annoncent les orages de demain
des chiffres pour ne rien dire
de l'inquiétude qui brûle nos mots
lettres échevelées
bientôt cassées comme pib
nip fmi

il fait un temps à s'enfermer
dans nos maisons de forêt
avec le bruit secret des nuages
qui souffle
de l'autre côté de la nuit
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Le tronc

tout un champ de colonnes
effleure les nuages

lentes cicatrices
dans la bouche de l'hiver
un visage d'épines insoumises

les forêts entendent nos rêves
et nos désenchantements
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une boule dans la gorge
quand les oiseaux recommencent à voler
mes forêts sont des doigts qui pointent
des ailleurs sans retour

elles sont des épines dans tous les sens
ignorant ce que l'âge résout
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Videos de Hélène Dorion (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hélène Dorion
Rencontre animée par Nicolas Dutent Son nom semble la relier à une constellation, mais sa présence au monde la rend indissociable des paysages qu'elle traverse : Hélène Dorion vit environnée de lacs et de forêts, de fleuves et de rivages, de brumes de mémoire et de vastes estuaires où la pensée s'évase. Dans ce recueil écrit au coeur d'une forêt, elle fait entendre le chant de l'arbre, comme il existe un chant d'amour et des voix de plain-chant. Et l'on entre à pas de loup dans une forêt de signes où l'on déchiffre la partition de la vie sur fond de ciel, sur fond de terre, sur fond de neige, de feuillages persistants et de flammes qu'emporte le vent, de bourgeons sertis dans l'écorce et de renouvellement. Un chemin d'ombres et de lumière, « qui donne sens à ce qu'on appelle humanité ». Figure majeure de la littérature québécoise et francophone, Hélène Dorion connaît aussi une forme de consécration en France avec ce recueil qui vient d'être inscrit au programme du bac.
À lire – Hélène Dorion, Mes forêts, éd. Bruno Doucey, 2023.
Projection du "Le bruissement du temps", court-métrage de Pierre-Luc Racine : https://www.youtube.com/watch?v=BTY1nzC_OVg
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