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Ce très court récit met en scène une femme, forcément jeune, forcément démunie, forcément douce. Mais voilà : le protagoniste la sent distante, il la sent loin de lui, et cela le tourmente au plus haut point. le geste ultime qu'elle aura, de se donner la mort, est écrit avec beaucoup de beauté et de force.

C'est dans le style que cet ouvrage brille; il est d'ailleurs très agréable de lire la deuxième partie où l'on accède aux notes que tenait Dostoïevski sur le livre, ayant une vision claire, un projet artistique détaillé.
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Oui j'aime les romans de Dostoïevski mais j'avoue que ce qui m'a attiré aux premiers abords, c'est le titre de ce récit et la couverture du livre (édition Babel) avec cette vielle main horrible, féroce tenant à tout prix à ses pièces de monnaie. Douceur et violence, les opposés qui m'ont amené à lire cette nouvelle écrite en 1876 par l'auteur après avoir pris connaissance d'un fait divers dans un journal : suicide d'une jeune couturière ne supportant plus sa précarité et difficultés financières.

Là, c'est le suicide d'une jeune femme qui se jette par la fenêtre. Elle gît désormais devant son mari, ce dernier bouleversé et impuissant. Il cherche à comprendre ce geste si brutal, fatidique. Il est le narrateur et il va se remémorer cette vie maritale…Petit à petit, il réalise, il ouvre enfin les yeux - mais trop tard - sur les faits, les gestes, les mots, l'indifférence, la répugnance de sa femme à son égard. Lui qui pensait, en la rachetant, la sauver de la misère…

Un récit puissant et poignant où plusieurs thèmes sont abordés par l'auteur : la différence de classes sociales, l'incapacité à accepter la différence de l'autre, l'impuissance, l'aveuglement et la cruauté de l'homme, les regrets (le narrateur pensant même qu'il aurait pu la sauver à cinq minutes près !…).

Un bon moment de lecture de la littérature russe. Lu d'une traite.
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Je suis (re)venu à la lecture de cette nouvelle suite au très beau billet de Suz, Bobby_The_Rasta_Lama. Merci à elle. C'est chouette, les découvertes et redécouvertes que l'on fait sur Babelio.

A nouveau quel texte impressionnant et terrible que celui-là formé d'un long monologue intérieur de cet homme plus tout jeune qui veille sa très jeune femme qui vient de se suicider en se jetant par la fenêtre avec une icône dans les mains.
Pourquoi s'est elle suicidée, et surtout, ce thème si dostoïevskien, quelle culpabilité chacun des partenaires porte?

Cette introspection lancinante, cette quête de la vérité, nous lectrices et lecteurs qui y assistons, nous propose tant de pistes différentes:
- l'erreur de cet homme d'argent, prêteur sur gages sans envergure, de prendre son épouse comme s'il faisait une acquisition, mais dont l'épouse découvre la petitesse et la lâcheté;
- l'insoutenable situation de deux êtres que tout oppose, un homme médiocre, tourmenté, complexe pour ne pas dire compliqué, soupçonneux, totalement incapable de déchiffrer son épouse, une femme simple, sans compromis, qui comprend l'impasse de leur relation et n'en trouve d'autre issue que la mort;
- l'incapacité d'accepter l'autre comme un être différent et non comme un objet;
- l'image illusoire que l'on se fait de l'autre qui génère la souffrance, la méprise qui conduit au mépris;
- l'incommunicabilité entre les êtres, lui qui finit par vouloir à nouveau posséder cette femme malgré le mépris qu'elle lui a voué, elle qui sans doute s'accommodait de cette vie de « paix séparée » sous le même toit, et qui, terrifiée, comprend que ce ne sera plus possible;
Etc…

Et c'est une fois de plus que je redécouvre cette peinture si forte, cette manière de raconter exceptionnelle comme si nous vivions en direct « la tempête sous un crâne ».
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"Quand on l'emportera, demain, sérieusement, que deviendrai-je ?"

Le "Journal d'un écrivain" de Dostoïevski (publié entre 1873 et 1881) contient - entre articles et essais sur divers thèmes - quelques nouvelles presque oubliées qui mériteraient d'être ressorties davantage à la lumière du jour.
Parmi elles "La Douce", histoire d'une centaine de pages, qui peut servir de lecture idéale pour une soirée où vous vous sentez inhabituellement heureux, guillerets et insouciants, tout en trouvant que cela dénature votre habituel pessimisme lucide. Rien de tel que quelques pages fiévreuses de FMD pour vous remettre les idées en place.

L'idée de la nouvelle est née le 3 octobre 1876. En lisant ce jour-là son journal, Dostoïevski tomba sur un fait divers hautement inspirant. L'article relatait le triste sort d'une jeune couturière Marie Borisov qui a mis fin à ses jours, prétendument à cause de son insoutenable situation financière. Mais davantage que par le côté social de l'affaire et par l'acte lui même, l'écrivain fut intrigué par un détail : la petite couturière s'est jetée d'une fenêtre en serrant dans sa main une sainte icône.
Dans son édifiante préface, FMD éclaire son lecteur sur sa démarche littéraire, en la comparant à celle de Victor Hugo dans "Le dernier jour d'un condamné" : le même saisi "sténographique" qui embarque le lecteur dans le flot des pensées du personnage : la technique du "courant de conscience" menée plus tard à la perfection par des auteurs comme Joyce, Proust ou Faulkner.
Ce qui ne veut pas dire que "La Douce" laisse stylistiquement à désirer, bien au contraire.

Que peut-il bien se passer dans la tête d'un homme vieillissant, dont la jeune épouse vient juste de se suicider ? le corps à peine refroidi allongé sur la table ne peut plus répondre à la question "à qui la faute ?", et les pensées et les souvenirs du héros sans nom se bousculent en cherchant la réponse.
Ce n'est peut-être pas un hasard que l'histoire commence dans le magasin d'un prêteur sur gages, un endroit où on peut échanger toute chose - de valeur, sans valeur, et aussi des choses dont la valeur est impossible à calculer - contre de l'argent.
C'est là que notre homme va rencontrer sa future femme : une jeune fille fauchée, mais fière et pétillante. Et suffisamment intéressante pour qu'il ne supporte pas l'idée qu'un autre la sorte de sa misère par un mariage ; il lui propose donc à son tour de l'épouser.
Un acte d'amour ou de miséricorde ? Ni l'un ni l'autre. Notre prêteur sur gages s'achète un incompréhensible objet, censé devenir plus tard une "épouse idéale".
Le chemin est long et difficile, comme on va l'apprendre dans ce long monologue confus et plein de contradictions, qui fait ressortir tant la rigidité de l'esprit que des sentiments sincères. Peut-on aimer quelqu'un en attendant qu'il se transforme à notre image ? La crainte initiale de sa femme (le titre original "Krotkaïa" ne signifie pas seulement "douce" ou "docile", mais aussi "apprivoisée") se transforme peu à peu en mépris, puis en désespoir, et malgré tous ses efforts pour se justifier, l'homme finira par être frappé par la limpide vérité : ce mariage était comme une partie d'échecs qu'il pensait avoir sous contrôle, avant qu'on lui balaye la reine de l'échiquier.

Je ne peux pas m'empêcher de voir cette nouvelle comme une antichambre vers le purgatoire mental que sont les "Karamazov". Elle donne pareillement la définition de l'homme dans tous ses états et toutes ses métamorphoses. Mais si dans "Les frères Karamazov" l'idée centrale est développée sur mille pages à l'aide d'une dizaine de caractères et d'autant d'histoires personnelles, le fardeau que Dostoïevski charge sur le dos de son frêle lecteur avec "La Douce" est presque tout aussi lourd.

"Нет, серьёзно, когда её завтра унесут, что ж я буду?"
4,5/5 pour cet exploit, et merci à la camarade Michka17 de m'avoir fait connaître cette nouvelle.
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Je suis sincèrement désolé mais je n'arrive juste pas à digérer les diatribes pathétiques des personnages de Dostoïevski. Dans ce roman, l'homme du sous-sol dostoïevskien fait son grand-retour mais en tant que prêteur-à-gages. Toujours minable et toujours méchant, le personnage principal m'inspire tellement de haine que je n'arrive pas à apprécier ma lecture. Est-ce peut-être le signe que l'auteur a atteint son but?
(J'ai dû lire ce court roman en langue russe durant ma dernière année de bachelor et j'avoue que sa lecture m'aura été très pénible.)
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c est un magnifique roman
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La nouvelle date de 1876. Elle est parue à l'époque dans la revue "Le journal d'un écrivain" dont le rédacteur unique est Dostoïevski. Elle s'inspire d'un fait divers.
Le narrateur est un prêteur sur gage. Sa jeune femme vient de se suicider. Elle est étendue sur une table, ainsi que le veut la tradition orthodoxe. Dostoïevski nous indique lui-même avant le récit que le narrateur est en plein désarroi. Il passe d'une pièce à l'autre à la recherche d'une "élucidation". Il se met à parler tout seul, se remémore sa vie, leur rencontre, leur mariage, avec des à coups, d'une manière embrouillée.

C'est une nouvelle remarquable; une introspection, criante de vérité. Un récit où l' on ne s'ennuie pas. Il n'y a pas de pleurnicheries. Je trouve la nouvelle résolument intemporelle ( le suicide, l'incommunicabilité, la solitude des êtres) et plutôt féministe. On comprend les deux êtres mais on plaint cette douce jeune femme que son mari n'a pas su prendre dans ses bras.
Lu dans la traduction de Michel Tessier, 2017 ( blog Mediapart).
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bon roman
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Un homme, ignominieusement chassé de l'armée à cause d'un malentendu, tient une officine de prêteur sur gages. Il y fait la connaissance d'une jeune orpheline très pauvre qu'il épouse. Cette dernière se défenestre peu de temps après leur mariage.
Devant la dépouille, le veuf s'interroge sur la cause de ce suicide. Il comprend peu à peu qu'il a épousé cette jeune femme sans défense afin de se venger sur elle des injustices qu'il a subies. Il ne l'a ni battue, ni affamée, mais lui a imposé au fil des mois un silence inhumain, une désapprobation muette, une écrasante domination.
Il sait maintenant qu'il a détruit celle qu'il aimait et qu'il a retrouvé l'enfer de la solitude.
Du beau Dostoïevski, comme on l'aime.
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De loin, pas le plus abouti selon moi et pas le plus apprécié des oeuvres courtes du maître. Ce n'est que mon avis. Je vais, je crois, vite l'oublier. le livre, pas mon avis.
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